Le programme post-Brexit de Boris Johnson est-il libéral ? Pas si sûr.

La réalité économique et la nécessité de rassurer les milieux des affaires vont l’obliger à faire des choix cruciaux qui permettront de savoir si les conservateurs ont conservé une part de libéralisme ou si la page du thatchérisme s’est tournée.

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"Iron Lady" Margaret Thatcher By: Glenn Dettwiler - CC BY 2.0

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Le programme post-Brexit de Boris Johnson est-il libéral ? Pas si sûr.

Publié le 21 janvier 2020
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Par Alexandre Massaux.

L’été dernier, lors de l’arrivée au pouvoir de Boris Johnson, j’écrivais que celui-ci était et proposait un programme post-Brexit libéral. Six mois plus tard il est nécessaire de vérifier si c’est toujours le cas. Boris Johnson et le parti conservateur britannique ont remporté une victoire digne de Margaret Thatcher en décembre. Vont-ils suivre les traces de la Dame de fer ou bien la direction politique du parti a-t-elle changé ? La victoire de la droite britannique marque-t-elle un retour d’une politique libérale ? Force est de constater que les premiers signes ne sont pas si encourageants que ça d’un point de vue libéral.

 

Le programme conservateur britannique : des dépenses et de l’interventionnisme

 

Le manifeste du parti conservateur déclare que le Brexit doit permettre de déployer le potentiel du Royaume-Uni. Néanmoins, les propositions mises en avant sont les suivantes : davantage d’argent pour le National Health System, « Des millions investis chaque semaine dans les sciences, les écoles, l’apprentissage et les infrastructures tout en contrôlant la dette », et « Atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 avec des investissements dans des solutions d’énergies propres et des infrastructures vertes pour réduire les émissions de carbone et la pollution ».

On se rend compte que la politique des conservateurs va être davantage portée sur l’interventionnisme étatique qu’avant. Ces lignes directrices sont confirmées lors du discours à la Reine du Premier ministre Johnson en décembre 2019. Si le manifeste pouvait avoir une portée électoraliste, ce discours est censé montrer la vraie nature du programme qui va être mis en œuvre par le nouveau gouvernement.

Ironie du sort, les éléments mis en avant par les conservateurs anglais sont assez proches du programme de la Commission d’Ursula Von Der Leyen qui repose lui aussi sur des investissements publics pour développer l’économie et l’orienter afin d’atteindre des objectifs sociaux.

De manière plus générale, les deux programmes ont un esprit assez similaire et de ce fait montrent une lacune du côté des Anglais : quels vont être les éléments pouvant rendre le Royaume-Uni compétitif face au marché commun européen ? À bien regarder, le programme des conservateurs britanniques est devenu semblable à celui d’une droite chrétienne-démocrate d’un pays continental correspondant au niveau européen à la position du PPE. Les axes principaux se concentrent sur le social et sur l’idée de protéger les citoyens à tout niveau, même si les conservateurs anglais semblent éviter le protectionnisme économique.

En effet, s’il y a bien un domaine sacrifié dans le programme des conservateurs britanniques, c’est l’économie. Les mesures visant à gérer l’économie post-Brexit représentent moins de un cinquième du programme et encore moins du discours de Boris Johnson. Cette situation est, à bien des égards, préoccupante sachant que les principaux enjeux et problèmes liés au départ du Royaume-Uni sont d’ordres économiques.

 

Une dynamique défavorable pour le libéralisme

 

La faible dimension libérale du programme de la droite anglaise n’est néanmoins pas un hasard. En fait, le problème était déjà visible depuis le référendum du Brexit en 2016. Les thèmes de libertés économiques ont été secondaires dans les débats qui ont préféré évoquer les questions sociétales et l’immigration. Il n’est pas surprenant qu’il en soit de même pour le programme du parti conservateur qui a dû retrouver sa place sur la scène politique après avoir été affaibli par l’UKIP puis le parti du Brexit.  Néanmoins, on peut s’interroger sur les choix des conservateurs compte tenu  que le parti du Brexit était plutôt libéral contrairement à l’UKIP.

Cette situation montre aussi que les thématiques libérales, chères à Margaret Thatcher, reposant sur un rôle de l’État réduit et l’économie de marché libre ne sont plus vendeuses politiquement, y compris au Royaume-Uni.

Par conséquent, il sera intéressant de suivre l’action du gouvernement de Boris Johnson. La réalité économique et la nécessité de rassurer les milieux des affaires vont l’obliger à faire des choix cruciaux qui permettront de savoir si les conservateurs ont conservé une part de libéralisme ou si la page du thatchérisme s’est tournée.

 

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