La participation du Royaume-Uni à Horizon Europe et Copernicus : quels enjeux ?

Londres et Bruxelles ont annoncé s’être mis d’accord sur la participation de la Grande-Bretagne au programme de recherche européen Horizon Europe et à Copernicus, le programme européen d’observation de la Terre.

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La participation du Royaume-Uni à Horizon Europe et Copernicus : quels enjeux ?

Publié le 26 septembre 2023
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Dès qu’il s’agit du Brexit, cet affront fait à l’Union européenne, la pensée désidérative ou wishful thinking décide dans la plupart des rédactions de l’angle des articles et de la titraille.

Tout se passe comme si la ligne éditoriale dépendait de croyances basées sur ce qui est agréable à imaginer pour un globaliste opposé par principe aux nations libres, plutôt que sur des faits réels, vérifiables ou rationnels. À la moindre occasion, les politiques et les médias mainstream voient poindre la fin du Brexit. Mais la Grande-Bretagne ne rejoindra plus jamais l’Union européenne, rappelait encore Boris Johnson dans sa chronique du Daily Mail. 

Pourquoi l’ancien Premier ministre Boris Johnson soulignait-il qu’au lieu de paraître embarrassés par le Brexit, les conservateurs doivent le défendre, en exploiter les avantages – et expliquer pourquoi partir était courageux, remarquable et juste ?

 

Parce que cela n’a pas empêché la Commission européenne et le gouvernement britannique d’annoncer le 7 septembre que le Royaume-Uni participera à Horizon Europe et Copernicus.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré :

« L’Union européenne  et le Royaume-Uni sont des partenaires et alliés stratégiques essentiels, ainsi que le prouve l’accord conclu aujourd’hui. Nous continuerons d’être à la pointe de la science et de la recherche au niveau mondial. »

On estime globalement que le Royaume-Uni devra verser une contribution annuelle moyenne de près de 2,6 milliards d’euros pour participer à la fois à Horizon Europe et à la composante Copernicus du programme spatial.

Le gouvernement britannique avait auparavant, c’est-à-dire sous Boris Johnson, négocié son maintien dans les programmes concernés via l’accord de commerce et de coopération signé fin 2020. Mais les querelles liées au statut de l’Irlande du Nord avaient conduit à la suspension du Royaume-Uni, l’Union européenne, outrepassant ses prérogatives, ayant « exigé que [ce] problème […] soit d’abord résolu », rappelle la Radio Télévision Suisse.

Londres et Bruxelles ont annoncé s’être mis d’accord sur la participation de la Grande-Bretagne au programme de recherche européen Horizon Europe et au programme européen d’observation de la Terre Copernicus.

La base de l’association du Royaume-Uni à ce programme est l’accord de commerce et de coopération conclu avec Boris Johnson, qui est entré en vigueur en 2021. Il régit la nouvelle relation entre les deux parties après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

L’accord contient un paragraphe qui énonce explicitement « la poursuite de la participation » de la Grande-Bretagne à Horizon Europe. En raison de désaccords autour des dispositions commerciales en Irlande du Nord, la Commission européenne avait toutefois sauté sur l’occasion pour refuser de négocier l’accord sur la recherche avec Londres. Coûte que coûte, il fallait faire payer très cher la volonté d’indépendance du Royaume-Uni pour dissuader la moindre velléité d’indépendance des peuples européens.

Le régime de Bruxelles avait son os à ronger, ils ont exigé que le problème en Irlande du Nord soit d’abord résolu. L’accord de Windsor, conclu le 27 février dernier par le Premier ministre Rishi Sunak, a finalement permis de trouver une soi-disant solution à la question des contrôles aux frontières en Irlande du Nord qui sauve la face des uns et des autres.

 

Parmi les dix meilleures universités d’Europe, sept sont au Royaume-Uni

Boris Johnson rappelle dans le Daily Mail :

« Je me souviens qu’en 2016, nous avions tous un débat animé sur ce qui se passerait si nous quittions l’UE. Certaines personnes étaient particulièrement préoccupées par le risque pour la participation du Royaume-Uni à Horizon – une collaboration scientifique parrainée par l’Union européenne. Le Brexit serait un désastre, ont-ils dit, pour les échanges scientifiques. Plus de conférences financées par l’Union européenne dans de charmantes villes européennes ; plus d’articles conjoints avec des chercheurs d’autres universités européennes ; plus de participation britannique aux percées européennes communes.

Je dois dire que j’étais un peu sceptique à ce sujet, et je l’ai dit à l’époque. Il ne me semblait pas que le domaine de l’effort scientifique et de la recherche se limitait à l’Union européenne. Parmi les dix meilleures universités d’Europe, sept se trouvent au Royaume-Uni, une en Suisse et deux seulement dans l’Union européenne. Les partenariats scientifiques sont aussi mondiaux et instantanés qu’Internet. »

Cela étant, pourquoi quitter l’Union européenne aurait signifié quitter des projets comme Horizon ? En supposant que les Britanniques souhaitaient rester.

Quoi qu’il en soit, Horizon n’était pas politique. Cela ne faisait pas partie du grand projet fédéraliste caché du régime de Bruxelles. Le Royaume-Uni contribuait largement au projet, tant sur le plan financier, que sur le plan de la recherche, la recherche britannique ayant un niveau de classe mondiale.

« Qui serait assez fou pour virer le Royaume-Uni d’Horizon ? poursuit Boris Johnson. Eh bien, il s’est avéré que j’ai sous-estimé la mesquinerie de nos amis et partenaires. Ils ont décidé temporairement de mettre fin à l’adhésion du Royaume-Uni, même s’ils voulaient et avaient besoin de nous. Maintenant, je suis ravi de dire qu’ils ont cédé, et nous sommes de retour, et à juste titre.

C’est ce que nous, Brexiters, avons toujours dit qu’il arriverait, et devrait arriver. Nous avons dit que nous pouvions obtenir le meilleur des deux mondes — quitter l’Union européenne, mais continuer avec des partenariats et des collaborations de toutes sortes. QED (quod erat demonstrandum), comme on dit dans le monde académique. »

Le cadre de Windsor, qui enferme l’Irlande du Nord dans des parties du marché unique, rendant de fait plus difficile, mais pas impossible, pour le reste du Royaume-Uni de diverger du droit de l’Union européenne, a permis cette coopération scientifique internationale. Le pays a néanmoins préféré ne pas revenir dans le programme de recherche atomique Euratom. Le Royaume-Uni développera notamment une stratégie nationale en matière de fusion nucléaire, « soutenue par un budget de 650 millions de livres sterling [environ 750 millions d’euros] jusqu’en 2027 ».

 

En revanche, que ceux qui imaginent le Royaume-Uni rejoindre l’Union européenne se calment un peu, cela signifierait — selon les règles de l’Union européenne — que la Grande-Bretagne devrait abandonner la livre, adhérer à l’euro, et abandonner le contrôle national de la politique monétaire et, logiquement, fiscale.

Pour rejoindre l’Union européenne, la Grande-Bretagne devrait payer encore plus à Bruxelles qu’auparavant et adhérer à l’objectif d’une Europe fédérale. Aucun gouvernement britannique sérieux ne l’accepterait, comme l’a rappelé l’ancien Premier ministre Boris Johnson dans sa chronique du samedi dans le Daily Mail, journal qu’avait choisi Churchill pour s’exprimer depuis les États-Unis en 1931, pendant sa propre traversée du désert.

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  • Si la participation des britanniques au programme Copernicus a été conditionnée à l’Irlande par l’Europe, cela ne peut que se comprendre. L’Europe n’a pas envie de se retrouver à nouveau avec une guerre civile chez elle : elle avait pris fin avec l’entrée de la Grande-Bretagne dans l’Union.
    Mais Johnston, pour son ego, et comme tout bon politicien, n’a cure des gueux qui reprendront les armes.

  • C’est simple, la recherche britannique, étant donné son niveau d’excellence, est indispensable pour l’Europe.

  • Les commentaires sont fermés.

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