Par Johan Rivalland.
Avec un tel titre, je ne pouvais passer à côté. Je pouvais y voir peut-être un lien de parenté avec le petit essai de Georges Steiner Ceux qui brûlent les livres ou le mémorable Fahrenheit 451, entre autres. Et venant de la plume d’un tel philosophe de renom, cela pouvait s’annoncer prometteur.
Beaucoup trop court
Cependant, je puis dire que je suis malheureusement resté sur ma faim. Non pas que l’idée ne fût pas intéressante. Mais c’est trop court, beaucoup trop court. À peine quatre petites pages version liseuse électronique (gratuites, cela dit, pour ceux que cela intéresse). Et que j’aurais aimé d’une plus grande force encore.
Ce très court pamphlet n’en mérite pas moins d’être porté à notre connaissance. Il trouve sa place au sein de notre culture et défend des idées qui nous sont chères. Surtout à une époque de régression comme la nôtre, où nous avons beau disposer comme jamais ce ne fut le cas auparavant d’un large accès à de la littérature et à de l’information, grâce notamment à l’Internet. Mais dont on peut déplorer qu’elle débouche sur le triste constat de ce que Jean-François Revel dénommait La connaissance inutile.
Pour autant, c’est bien par la lecture et par la connaissance, que l’on peut espérer échapper le plus possible aux maux qui nous gangrènent : la violence, l’obscurantisme, l’intolérance, les préjugés, l’arbitraire. Car il n’y a pire fléau, en fin de compte, que l’ignorance.
Et c’est pour cette raison que ce petit texte parodique, au même titre que l’excellente Pétition des marchands de chandelles de Frédéric Bastiat, revêt un caractère remarquable.
La dénonciation des obscurantismes
Prenant la forme d’un édit oriental contre l’interdiction de l’imprimerie, le procédé vise en réalité à dénoncer les formes d’obscurantismes quelles qu’elles soient, et les procédés de censure où qu’elles aient lieu.
L’ironie de l’auteur s’appuie sur le ridicule des arguments et la multiplication des hyperboles, pour mieux souligner les manipulations du pouvoir et combattre les despotismes. Plus certainement celui de son temps, à travers la manière dont le pouvoir tente de s’appuyer sur les croyances du peuple pour asseoir son autorité. On y notera d’ailleurs l’attachement habituel de Voltaire à combattre la puissance religieuse qui lui est associée, en tant qu’instrument au service du politique.
Mais la portée en est finalement plus large, puisqu’on peut parfaitement étendre ces maux à notre époque, et à notre société actuelle. Car derrière la vitrine de nos démocraties vertueuses et tolérantes se dissimulent, nous ne le percevons que trop clairement, des formes de plus en plus évidentes de censures de toutes sortes et de restrictions. Parfaitement insidieuses, car elles prennent toujours l’apparence des bons sentiments et des bonnes intentions. Que seule la connaissance, dont la lecture peut être un excellent vecteur, peut parvenir à déjouer. Quand elles ne portent pas le nom si pratique et si commode d’intérêt général…
- Voltaire, De l’horrible danger de la lecture, Les éditions de Londres, mars 2012, 16 pages.
Intérêt général et solidarité, les deux mamelles du despotisme.
Donc: une élite accommodante gardant le savoir, un enseignement minimum qui s’arrête à l’apprentissage, des ouvriers sachant travailler, des soldats sachant tuer. L’état idéal?
Il faut des travailleurs pour entretenir ces messieurs, une police et une armée pour éviter toute révolte de ces serviteurs. C’est le régime Chavez! Les GJ ont démontré que c’est aussi celui de la France!
gratuit : https://www.bacdefrancais.net/de-l-horrible-danger-de-la-lecture-voltaire.php
ou bien ; https://fr.wikisource.org/wiki/De_l%E2%80%99horrible_danger_de_la_lecture
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