La rentrée promet d’être chaude

Les idées reçues ont la vie dure. Surtout en France.

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Emmanuel Macron-3 By: Jacques Paquier - CC BY 2.0

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La rentrée promet d’être chaude

Publié le 20 août 2019
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Par Claude Robert.

La période estivale constitue un moment privilégié : au détour d’un hôtel, d’un embarcadère, d’un bar ou d’une table d’hôte, elle offre à qui sait la saisir la possibilité d’un véritable brassage sociologique. Ainsi permet-elle de rencontrer des personnes de tous les milieux, âges et origines, et de prendre en quelque sorte la température du pays, après une année il faut le dire passablement mouvementée (grèves SNCF, hausse des impôts, révolte des Gilets jaunes).

Et sans surprise, l’humeur des Français qui se dégage de ces conversations — provoquées, voire dérobées — n’est pas mirobolante. Les frustrations s’expriment à la moindre sollicitation, tel un gaz surchauffé qui n’attend qu’une étincelle. Elles sont comme racornies par le temps, à fleur de peau du surmoi bouffi d’idéologie, de moins en moins capables d’interpréter les réalités économiques de façon objective :  

— les riches et le capitalisme sont  la cause de tous les maux
— Macron est un autocrate ultra-libéral de droite.

Les riches et le capitalisme, le fléau mondial actuel

Le journal Libération a beau avoir un lectorat qui se réduit à peau de chagrin, et Mélenchon des soutiens de plus en plus rares, ces deux vecteurs n’en ont pas moins laissé des traces indélébiles dans le cerveau d’une partie de la population. Pour elle, les riches sont des profiteurs. Ils quittent le pays pour payer moins d’impôts, ce qui devrait être interdit. Quant au capitalisme, c’est bien connu, celui-ci sème la désolation un peu partout sur la planète. Il est devenu urgent de changer de système…

Macron, l’autocrate ultra-libéral de droite

Concernant le Président, les avis apparaissent peut-être un peu moins irréels puisque son côté dictatorial semble partagé par de nombreux citoyens, et ce quelle que soit leur origine. Les tirs sur les Gilets jaunes, la propension à en découdre avec de simples distributeurs de tracts, les faibles résultats en matière d’arrestation des casseurs n’ayant rien à voir avec le mouvement, l’affaire Benalla… tout cela sont des faits qui ont été relatés par les médias malgré la retenue qui les caractérise en général et qui ont visiblement marqué les esprits. 

À l’inverse, le poids des quelques mesures symboliques prises par le Président a considérablement biaisé la perception de sa personnalité sur le plan purement politique. Le fait d’avoir supprimé l’ISF est très sévèrement jugé, tout comme la privatisation des ADP, de la FDJ et de Engie. Ces décisions sont interprétées comme la preuve irréfutable de son « ultra-libéralisme ». Ceci, ajouté aux violences contre les Gilets jaunes, a mécaniquement contribué à lui affubler l’image d’un « facho ultra libéral de droite ».

Derrière ces interprétations, un long travail d’endoctrinement des consciences

Il est impossible d’espérer de ces citoyens qui se sentent plus ou moins en situation de frustration sociale la meilleure objectivité analytique. Faire la différence entre le capitalisme d’État, typique des régimes socialistes ou communistes, et le libéralisme économique, apanage des pays dont les citoyens sont plus libres exige en effet un minimum de discernement économique.

Or, non seulement ce discernement est hors d’atteinte, mais il a été savamment, patiemment et méthodiquement empêché. Les médias de gauche, très majoritaires en France, précédés puis secondés par les programmes économiques de l’Éducation nationale, n’ont en effet de cesse de travailler les mentalités pour les dresser contre les riches et le monde concurrentiel. Médias et programmes véhiculent des  mensonges dont se repaissent avidement la plupart des frustrations exprimées. En flattant le ressentiment voire même la jalousie, sentiment qui semble incroyablement répandu dans l’Hexagone, ceux-ci font accroire que le monde actuel n’est que le vaste champ de ruines du libéralisme, ce dernier, sciemment confondu avec le capitalisme d’antan, ayant semé l’appauvrissement des pauvres et l’enrichissement des riches un peu partout.

Il est même consternant de découvrir combien la structure du raisonnement à l’origine de ces postures quasi paranoïaques est primitif, pour ne pas dire infantile si ce n’est syncrétique ! Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, il se résume à ces quelques équations :

— s’il y a des pauvres, c’est à cause des riches ;

— le libéralisme, le capitalisme, le capitalisme d’État et l’ultra-libéralisme ne font qu’un ;

— le libéralisme, le capitalisme, le capitalisme d’État et l’ultra-libéralisme sèment la désolation ;

— le libéralisme, le capitalisme, le capitalisme d’État et l’ultra-libéralisme ne profitent qu’aux riches ;

(quand bien même les impôts et le périmètre de l’État ne cessent de croître), Macron est ultra-libéral puisqu’il a supprimé l’ISF et qu’il privatise des entreprises publiques ;

(quand bien même les impôts et le périmètre de l’État ne cessent de croître), Macron est de droite puisqu’il a fait preuve d’une autorité musclée contre les Gilets jaunes ;

— les frustrations que je ressens à titre individuel sont celles de tous les Français et de tous les citoyens du monde. 

Nul ne sait dans quelle proportion exacte de la population ces équations sont profondément ancrées. Mais elles semblent tellement répandues qu’il paraît désormais plus que probable que la rentrée sera tout autant chaotique que la première partie de l’année. Il y a comme un parfum de révolution dans l’air…

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  • « Faire la différence entre le capitalisme d’État, typique des régimes socialistes ou communistes, et le libéralisme économique, apanage des pays dont les citoyens sont plus « libres » exige en effet un minimum de discernement économique. »

    exactement! c’est ce que je veux dire dans par ^provocation j’écris que « le peuple est con »…et la democratie est donc bien assise sur
    une fumisterie qui consiste a enfumer les cons pour les faire voter comme il se doit..
    On râle souvent sur la forfaiture politicienne .. mais qui les a mis là?
    la « classe moyenne » pleurniche que macron l’étrille , mais qui a voté pou lui? et qui va continuer?
    Macron « l’ultra libéral  » fait ce qu’il faut pour augmenter la capacité dirigiste de l’administration et la surface de l’etat

    • Comme pour l’élection de F. Hollande, E. Macron a bénéficié des voix d’électeur qui ont cru sincèrement à ses promesses martelées par les media, comme par exemple la suppression de la taxe d’habitation ou bien la diminution du nombre de parlementaires.
      Ces promesses phares ont occulté le fond du programme.
      Eh bien ce sera pareil la prochaine fois!
      Et on parlera toujours d’une prochaine rentrée chaude, comme dab.

      • « Il ne faut pas craindre le suffrage universel, ils voteront comme on le leur dira  » (Tocqueville).
        Le vrai pouvoir est à chercher du côté des médias…

  • Si il y des pauvres , c’est a cause des riches…c’est bien a cause des riches que des politiques mediocres se succedent en france !

  • « Faire la différence entre le capitalisme d’État, typique des régimes socialistes ou communistes, et le libéralisme économique, apanage des pays dont les citoyens sont plus « libres » exige en effet un minimum de discernement économique »

    Loin de moi l’idée de faire la fine bouche, mais parler de capitalisme d’Etat à la mode communiste (cf Chine par ex) à propos de la France me laisse tout autant perplexe que, pour l’auteur, dépeindre Macron en autocrate ultra-libéral…

    • dans combien d’entreprises pensez vous que l’etat a mis ses gros doigts?
      oui la france est comme la chine , administrée

      • J’aimerais que l’esprit de nuances que réclame l’auteur à propos de Macron soit également partagé par ceux qui confondent le capitalisme d’Etat chinois et le capitalisme à la française… C’est trop demander ?

        • mais pour moi je ne vois pas de difference désolé dans les deux cas
          les entrepreneurs sont tolérés certes mais en passant sous les fourches caudines de l’appareil d’etat

      • J’ajoute que si vous allez faire un tour du côté de l’indice de démocratie ou de l’indice de liberté économique, vous verrez qu’entre la Chine et la France, il n’y a pas vraiment photo. Tout comme entre Macron et n’importe quel autocrate de la planète…

  • Idées reçues n°1 :
    – Les riches et le capitalisme sont la cause de tous les maux
    – Macron est un autocrate ultra-libéral de droite.

    Idées reçues n°2 :
    – Les riches et le capitalisme sont la cause de tous les biens
    – Macron est un autocrate socialiste tendance communiste

  • Si des centaines de millions de gens dans le monde sont sortis de la pauvreté depuis quelques dizaines d’années, c’est bien parce que de nombreux pays dont les plus peuplés (Chine, Inde) ont commencé à introduire davantage de libertés économiques.
    Mais chut, il ne faut pas le dire aux Français, ils pourraient se mettre à douter de la supériorité du socialisme sur le libéralisme.

    • Oui mais ces pauvres pays socialistes ne savent plus quoi faire de leurs milliardaires.nous ,beau pays ou il fait bon vivre , on recherche desesperement des milliardaires pour manger du homard breton sans se faire choper les mains dans la caisse….cela ne serait pas plutot nous ces socialistes pas beaux du tout ?

    • Libertés économiques accompagnées d’avancées sociales tels que les congés payés, les congés maternité/paternité, le salaire minimum, le chômage, les formations proposées, les plans d’aides, etc. Il y a plein de facteurs

  • Quand plus de la moitié d’un pays bénéficie d’avantages payés par une minorité qui se réduit mais sur qui se concentrent les prélèvements pas étonnant qu’ils en demandent TOUJOURS PLUS,déjà le titre d’un bouquin d’il y a au moins 30 ans …..et aujourd’hui on nous bassine sur toutes les ondes avec l’allocation de rentrée scolaire qui est un véritable scandale dans la mesure ou cela sert à tout sauf aux fournitures scolaires,les montants sont très importants et je peux vous dire que quand on ne la touche pas(mais qu’on la finance largement…) on ne dépense pas des sommes pareilles pour des rentrées en primaire ni collège et pourtant mes enfants étaient très bien équipés!

  • Donnez leur des jeux, du pain et du vin disait César. Et tout le monde était content.!!!!!!!!!

  • macron est un vaste fumiste qui sert ses intérêts et ceux qui l’ont mis en place ( la suppression de l’ISF a permis de rembourser ses donateurs).
    Il n’apporte rien à la France et son quinquenat sera une « daube »; c’est une simple marionnette!
    Il n’y a aucun libéralisme dans sa politique qui est purement d’inspiration socialiste, j’ai peur qu’il nous conduise au chaos.

    • Tout et n’importe quoi. Oui, c’est un fumiste qui n’a aucune idée structurée d’où il emmène le pays, mais non, la suppression de l’ISF (ou plus exactement sa transformation en IFI) ne sert pas tant ses donateurs que l’économie en général. Le problème, c’est qu’on a l’impression que lui-même ne sait pas à quoi ça sert et qu’il serait bien en peine de l’expliquer.

    • La transformation de l’ ISF en IFI a surtout permis d’ élargir l’assiette d’imposition à des familles détentrices de gros patrimoines immobiliers sans qu’elles soient forcément fortunées. Ceci est particulièrement dégueulasses car il touche des gens qui peinent à entretenir leurs biens, et c’est d’autant moins d’argent qui s’échange dans le secteur du bâtiment. On nage avec cet impôt dans ce que l’état est capable de faire de plus crasse: laisser croire et paraître tout le contraire de ce qui est.

  • C’est bien de le réaliser, et c’est bien de l’écrire pour que tous les lecteurs ici qui ont cru que le mouvement des GJ était un soubresaut libéral ouvrent les yeux. Le problème c’est que la plupart des gens aujourd’hui ne sont absolument plus sensibles à un discours basé sur une explication rationnelle. Les seuls arguments entendus sont ceux du registre émotif. Les médias, politiques, réseaux sociaux l’ont bien compris et tous les discours sont maintenant construit la-dessus, ce qui auto-entretien le mécanisme.
    Pour convaincre du bien-fondé du libéralisme des gens lambda pris dans la rue, sans culture économique, il faut donc s’appuyer sur un discours construit sur l’émotion. Une bonne phrase d’accroche je crois est « Et sinon vous en avez pas marre de voir le pays à 10% de chômage quand certains de nos voisins sont au plein emploi ? »

    • Tout à fait d’accord sauf que l’exemple que vous donnez reste encore dans le registre du rationnel, et que ce registre n’a aucun effet. Quand je cite les chiffres du chômage de l’Allemagne, des USA, de la Suisse, de l’Autriche, de l’Angleterre, de l’Irlande, de la Pologne, etc… ils ne sont pas crus. Enormément de gens pensent que c’est la désolation dans le reste du monde. C’est devenu dément

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