Les gaz à effet de serre émis par l’élevage des bovins : 18 % ou 3 % ?

De leur naissance à l’abattoir, les vaches sont-elles si néfastes pour la planète ? Les chiffres divergent. Mais une chose est sûre : les bovins sont d’une incontestable utilité pour l’être humain.

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Les gaz à effet de serre émis par l’élevage des bovins : 18 % ou 3 % ?

Publié le 29 avril 2019
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Les militants de la lutte pour la protection de la nature, des animaux et de la planète appellent la société civile à réduire la consommation de viande et proposent d’introduire des taxes supplémentaires sur les produits à base de viande pour dissuader leur consommation. Selon eux, cela aura un effet bénéfique sur l’environnement et réduira la quantité de GES responsable du changement climatique ainsi que la pression sur les écosystèmes naturels.

En 2006, la FAO (l’organisation de l’ONU pour l’agriculture et l’alimentation) a évalué à 18 % des émissions la responsabilité de l’élevage dans l’émission des gaz à effet de serre et le réchauffement climatique. Avant même les transports. Ce chiffre a eu l’effet d’une bombe et sert de base à tous les lobbys anti-viande et pro-végétariens (Les Échos du 8 janvier 2019). Sans que personne ne sache à quoi les 18 % correspondent ! 18 % des émissions de GES de la planète (volcans compris) ? Mesurés ? Calculés ? Sans importance, le chiffre est assez grand pour crier haro sur les vaches.

Le cycle naturel de la vache

La FAO inclut dans son évaluation les émissions de l’élevage à proprement parler, celle des déjections animales et celles des consommations énergétiques des animaux, mais aussi des émissions comme celles liées à la destruction des forêts au profit des cultures fourragères ou découlant de la production des aliments du bétail, du transport de la nourriture des animaux et même leur acheminement à l’abattoir.
La FAO a revu ses calculs à la baisse quelques années après, a reconnu que ses bases de comparaison avec les transports étaient fausses et qu’il aurait fallu inclure dans l’impact des transports celui de la fabrication des véhicules et de l’extraction des sources de l’énergie. Contributions indirectes que la FAO n’a pas prise en compte dans les calculs concernant les transports auxquels elle compare l’élevage. Sollicitée par Les Échos, l’organisation n’a pas répondu.

Proche du parti Démocrate américain, le think tank Word Resource Institute (WRI) propose quant à lui des chiffres qui limitent l’impact de ces deux secteurs à leur responsabilité directe dans l’émission de gaz à effet de serre. Et conclut que « les transports seuls émettent environ 23% des gaz à effet de serre tandis que l’élevage seul en émet 5,4 % ».

Pour l’Agence américaine de Protection de l’Environnement (EPA), les plus grandes sources de gaz à effet de serre sont la production d’électricité à égalité avec les transports devant l’industrie 22 %, l’agriculture 9 % dont l’élevage 4 %.

Le professeur américain Frank Mitloehner, de l’université de Davis en Californie, spécialisé dans les sciences animales et dans l’environnement, estime dans une tribune publiée par Science Alert que la renonciation collective à la viande ne ferait baisser l’émission de GES que de 2 % et ne servirait pas l’environnement mais au contraire aurait un effet néfaste.

Que peut-on conclure de ce bref panorama ?

Comme disent les 500 célébrités qui proposent de bannir la consommation de viande tous les lundis « Nous pensons que chaque personne peut faire un pas significatif dans ce sens pour l’un ou l’autre des motifs suivants : la sauvegarde de la planète, la santé des personnes, le respect de la vie animale ».

Voir dans l’élevage bovin l’Armageddon de la planète n’a aucune base scientifique. L’élevage bovin ne met nullement en la planète en péril. L’émission de 18 % de GES est une pure spéculation analogue à celle qui voit la consommation d’eau par le bétail à 15 000 litres par kg de viande (empreinte eau, chiffre qui prend en compte la pluie qui tombe sur l’herbage !). Du respect de la vie animale, on ne peut pas discuter mais il faut noter que si on ne mange plus les vaches elles disparaîtront forcément et ne subsisteront plus que dans les zoos comme beaucoup d’espèces de nos jours. Pour l’amour des vaches, on les aura fait disparaître.

Les bovins sont indispensables à l’Homme

L’élevage bovin est irremplaçable comme source de protéines viande et lait, aucune source végétale ne peut actuellement le remplacer sauf processus industriel d’extraction-concentration (farine de pois par exemple). Les fameuses lentilles une fois cuites n’apportent que 8 g de protéines pour 100 g, contre 25 g pour la viande. Notre intestin n’est pas fait pour digérer des végétaux. Mais surtout l’élevage bovin est fondamental en raison de sa production de lait, notamment pour la fabrication du lait infantile. La vache est en effet essentiellement élevée dans le monde pour son lait.  Il n’y a pas actuellement de substitut au lait de vache. Pour une grande part de l’élevage bovin, la production de viande est un sous-produit de la production de lait. N’était sa production de lait, il y a longtemps que la viande bovine aurait été remplacée par la viande de cochon et de poulet. Sans le débouché en viande en fin de lactation, l’élevage bovin ne serait plus économiquement rentable et se traduirait par une accumulation de vaches post-lactation comme en Inde où on les héberge dans des EHPAD pour vaches à la retraite. À noter quand même que l’Inde est le premier ou le deuxième exportateur mondial de viande (halal, essentiellement de bufflonnes).

18 %, 14 %, 5 %, 4 % des GES, tout est fonction des termes de la comparaison. Si on inclut dans les GES produits par les bovins le transport de leur alimentation et la déforestation dont elle serait indirectement responsable, le trajet de la vache à l’abattoir, etc. et qu’on veut comparer les GES produits à ceux émis par le transport par exemple, il est clair qu’il faudrait inclure les GES émis par les voitures, les avions, les cargos… non seulement leur consommation de carburant, mais aussi le coût en GES de la production de ces carburants, et comme dans le cas de la vache, les GES émis au cours du cycle de vie de ces moyens de transport. Pour un train par exemple : extraction minière ou synthèse des matériaux, fabrication de la motrice et des wagons, installation des rails avec leur occupation territoriale, consommation du fonctionnement, frais d’entretien, et pour finir prix de l’envoi à la casse dudit train. Prenant en compte ces éléments ajoutés à ceux concernant les avions, les cargos, les paquebots, toute la fabrication des armes de guerre et leur utilisation, et autres satellites, en prenant en compte leur cycle de vie total et non seulement leur fonctionnement, alors le pourcentage des GES émis par l’élevage pourrait être estimé. Et évalué par rapport au service rendu.

Je n’entrerai pas ici dans le débat sur le rôle discutable et discuté des GES dans le changement climatique. Pas plus que je ne ferai l’hypothèse d’une collusion entre le GIEC et le lobby antivaches. Ceci est un autre débat.

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  • Moi, dont le cri de guerr’ fut toujours  » Mort aux vaches!  »
    Plus une seule fois je n’ai pu le brailler.
    J’essaye bien encor, mais ma langue honteuse
    Retombe lourdement dans ma bouche pâteuse.
    Ça n’fait rien, nous vivons un temps bien singulier…

    Merci, Georges

  • Buffalo bill le premier ecolo extremiste non vegan a sans doute sauve la planete en exterminant les bisons de facon industrielle pour faire passer le cheval de fer ,lui ne pete pas.

  • Les bouses des animaux sont riches en matières organiques, potassium etc..
    Ces dernières favorisent la verdure et la floraison, voyez quand vous ajoutez de la bouse à votre verger, la culture sera plus verte.
    La verdure remplit des fonctions climatiques. Les plantes et arbres absorbent le carbone, qu’ils extraient de l’atmosphère, créant ainsi un effet de refroidissement.

    Ils puisent l’eau du sol, qui s’évapore dans l’atmosphère, créant des nuages ​​bas reflétant les rayons chauds du soleil (un mécanisme connu sous le nom d’évotranspiration qui conduit également au refroidissement de l’atmosphère terrestre). Voyez la corrélation de la pluie abondante et la végétation dans les zones végétales, type Amazonie ou Jungles asiatiques ou africaines.

    En résumé, le CO2 est un élément vital de la vie. Il crée selon les alarmistes un réchauffement et aussi un refroidissement par le vert qu’il favorise.

    Le climat est un agrégat de millier de données. Nous assistons a une surenchère d’études toutes plus bidonnées les unes que les autres qui doivent aller dans le sens des subventions.
    Pau’v C02, coupable qui n’a pas la parole pour se défendre.

  • Chic, encore des taxes à venir.
    Oui, mais c’est pour notre bien, c’est l’État qui le dit.
    Quel plaisir d’être encore dans des couches et berné bercé par une image parentale.

  • Il y a derrière toutes les folies qui nous sont imposées par le soft power, au minimum, des intérêts bassement mercantiles.
    https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/economie/comment-le-mouvement-vegan-veut-detruire-la-filiere-agroalimentaire-traditionnelle-106201
    Au-delà, le lien entre le lobby anti-vaches et le GIEC, est le mondialisme. Cette idéologie qui vise à déstructurer nos sociétés, à les appauvrir pour établir une domination mondiale.

  • Pour info, une société européenne (DSM), a développé un molécule de synthèse qui, quand elle est ajoutée à l’aliment des ruminants, modifie les fermentations ruminales et fait baisser significativement la production de méthane (qui est un gaz à effet de serre).
    Mais cette molécule ne serait intéressante pour les éleveurs que si, et seulement si une réglementation drastique sur la production de GES est adoptée pour les ruminants.
    Passons sur le fait que cette molécule est de synthèse et fait déjà hurler les écologistes, mais AMHA, je doute qu’elle soit développée un jour car il faudrait que toutes les vaches du monde l’utilisent pour arriver à une quelconque efficacité.

  • On oubli que la vache mange des végétaux qui ont capté le CO2 dans l’air. Bref c’est un cycle qui ne relargue pas du carbone fossile contrairement aux transports

    • OK pour le CO2, mais pas le méthane.

      • Le carbone du méthane vient aussi du carbone végétal lui-même issu de la séquestration du CO2 atmosphérique. Donc il n’y a pas de relargage de carbone fossile dans le cycle. Mais la vache in fine convertit tout de même du CO2 en CH4 dont l’effet de serre est beaucoup plus intense (20x?). En revanche le CH4 moins stable que le CO2 a une durée de vie moyenne beaucoup plus faible et son effet de serre dure beaucoup moins longtemps (8 ans contre 150 ans?). Ce qui me fait soupçonner finalement que la vache pète et rote vertueusement du point de vue du désordre climatique supposé.

  • étant donné que c’est à la fin de la foire que l’on compte les bouses, que fera t on lorsqu’il n’y aura plus de vache ?

    est-ce remplaçable facilement par les émissions terminales des licornes ?

  • les vaches et leurs proute ne sont pas plus néfastes que n’importe quel animal sur terre ; le seul animal néfaste c’est l’homme et pas besoin de gazer pour ça ;

    • La femme nullipare n’est pas néfaste en ce qu’elle n’est pas coupable de contribuer à la croissance exponentielle de l’espèce et que sa propre empreinte définitivement bornée est in fine négligeable.

  • J’ai traduit Frank Mitloehner ici:

    http://seppi.over-blog.com/2019/03/point-de-vue-il-faut-cesser-de-blamer-les-vaches-pour-le-changement-climatique.html

    Voir aussi :

    http://seppi.over-blog.com/2018/12/les-rots-des-vaches-contribuent-ils-au-rechauffement-climatique-vous-serez-surpris.html

    Le débat sur les « émissions » occulte à mon sens la question de la « disparition ». La principale contribution des ruminants aux émissions est constituée de méthane, à durée de vie courte dans l’atmosphère. Il en résulte que — toutes autres choses étant égales par ailleurs — les vaches d’aujourd’hui remplacent le méthane produit par les vaches d’il y a une ou quelques décennies.

    Elles contribuent à un « flux », pas un « stock »

    En revanche, quand vous utilisez un combustible fossile, vous produisez du CO2 qui, compte tenu de son temps de disparition très long, alimente le stock.

  • Deux remarques :
    1 le méthane n’est un gaz à effet de serre que pris isolément, dans la réalité de l’atmosphère sa fréquence d’absorption des IR est déjà occupée par la vapeur d’eau dont la teneur est plus de 100 fois supérieure, donc cette hiostoire c’est du flan inventée par des ignares
    2 sans élevage pas d’engrais organiques donc plus d’agriculture bio qui refuse les engrais azotés de synthèse (qui sont les même molécules mais sans les saloperies telles les e-colis …)

  • Entre les Végans qui interdisent (parfois avec violences) de les manger, les amis des animaux qui leur trouvent un âme et les écologistes qui leur reprochent de péter, il ne restera plus à ces pauvres bestiaux l’adoption par les humains en tant qu’animal de compagnie.

    • Un animal de compagnie dont il faudra penser à vite à se débarrasser du corps, à la fin de vie échu….
      Ou alors, rationnellement, on avance un peu plus vite cette fin de vie afin de réduire le coût d’équarrissage. Et en si prenant assez tôt, on peut faire quelques bénéfices. Et finir par un élevage… :))

  • Quel plaisir de vous lire! Merci!

  • Le ù est un rapport entre deux nombres. Numérateur, et dénominateur ,ramené au dénominateur de référence 100 !Quele le résultas des rappots suivants: Nombres d’écolos, divisés par le nombre de cons, et /ou Nombres de cons divisés par le nombre d’écolos !
    La difficultés apparait immédiatement que fait-on des écolos-cons d et des cons-écolos ?
    Numérateurs, ou dénominateurs ?
    A l’abattoir, avec les vaches,
    L’écolo Méthanisé, constitue , carburant bio et noble.
    CQFD.

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