Le logement continue à s’enfoncer dans la réglementation

Si les administrations cessaient d’empêcher les investisseurs privés de s’intéresser au logement, elles économiseraient une grande part des 45 milliards de dépense publique consacrés au secteur.

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Façades d'immeubles à Paris - Luc Legay - cc by sa 2.0

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Le logement continue à s’enfoncer dans la réglementation

Publié le 8 mars 2019
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Par Jean-François Bauer.
Un article d’Entrepreneurs pour la France

Après les destructions de la dernière guerre, l’administration et le législateur se sont précipités pour gérer la pénurie de logements et la loi de 1948 a fixé un barème scientifique des loyers dans les logements anciens. Avec des révisions annuelles inférieures à l’inflation, le système a créé des rentes de situation pour les locataires et a entraîné une dégradation du bâti ancien faute d’entretien.

À partir des années 1970 une sortie progressive de la loi de 1948 a rendu une relative liberté au marché locatif et relancé la modernisation du parc ancien. Durant les années 1980, des blocages ont été instaurés.

En 2014, une nouvelle fixation administrative des loyers est apparue dans la loi ALUR ; après son annulation par la justice, elle est réapparue dans la loi ELAN votée en 2018 et devrait commencer à s’appliquer en 2019, « dans les zones où l’on constate des loyers élevés, un écart important entre les loyers du secteur privé et ceux du parc social et de faibles perspectives de construction ».

Ainsi, malgré un pourcentage de logements sociaux le plus élevé d’Europe, de multiples lois et un budget d’aide au logement de 45 milliards d’euros par an, la crise du logement subsiste en France 75 ans après les destructions de la guerre ! Il est tentant d’en conclure que c’est la réglementation elle-même qui en est responsable.

L’action publique pousse à la hausse des prix et freine la construction neuve, en réduisant les zones constructibles, en imposant des normes de construction toujours plus coûteuses, des délais croissants d’instruction des permis de construire et en multipliant les taxations.

L’action publique réduit l’offre locative privée par une législation déséquilibrée en faveur des locataires, une faible rentabilité due à une très forte taxation et de multiples contraintes réglementaires assorties de pénalisations. Ainsi les compagnies d’assurance ont liquidé leurs immeubles de logements et les particuliers se sont jetés en masse sur Airbnb qui a connu à Paris sa plus rapide progression dans le monde !

Les dernières mesures renforcent encore les contraintes pour les bailleurs non publics par des mesures punitives pour l’encadrement des loyers, son application aussi à la construction neuve, et l’instauration à venir d’un permis de louer préalable à la mise en location…

On est loin du choc d’offre annoncé pour faire baisser les prix de la construction neuve et les loyers, et les effets se font déjà sentir : un récent sondage a révélé que 40 % des bailleurs privés envisageaient de ne pas relouer les logements qui se libéreraient et les mises en chantier de logements repartent à la baisse depuis deux trimestres.

Dans certaines villes la gestion des organismes publics de logement et l’utilisation massive du droit de préemption urbain donnent l’impression que l’objectif est d’abord de contrôler la plus grande part possible des logements des électeurs !

 

Pour sortir du cercle vicieux de l’étatisation du logement :

  • abroger les mesures de blocage de la loi ELAN et les 25 % de logements sociaux de la loi SRU ;
  • rééquilibrer les rapports bailleurs-locataires ;
  • libérer la constructibilité en revenant à des règles de volume, de prospect et de viabilité ;
  • confier la délivrance des permis de construire aux intercommunalités et généraliser effectivement les délais limite de réponse ;
  • baisser le coût de la construction par l’allègement des normes et des taxes ;
  • égaliser la fiscalité entre la construction privée et le secteur social ;
  • supprimer l’aide à la pierre dans la construction neuve ;
  • regrouper les offices d’HLM et financer la construction de nouveaux logements par la vente des anciens aux occupants ;
  • appliquer les surloyers et les fins de bail pour libérer des logements sociaux ;
  • réserver les logements sociaux disponibles à ceux que l’aide à la personne ne suffit pas à solvabiliser. Il n’y a plus de raison aujourd’hui de réserver en priorité des HLM pour les fonctionnaires ;
  • alléger l’imposition des loyers d’habitation sur le modèle belge pour permettre la mobilité géographique des propriétaires ;
  • pour la rénovation des logements existants laisser faire les choix techniques par les professionnels et les propriétaires. Le dernier décret sur les ravalements oblige à obtenir une dérogation pour ne pas devoir envelopper de laine de verre une façade en pierres de taille !

 

Conséquences sur l’emploi :

  • 100 000 logements neufs de plus par an représenteraient 150 à 200 000 emplois (possible en trois ans).
  • chaque rénovation supplémentaire de logement ancien crée environ un emploi par an par logement.
  • faciliter la mobilité géographique des propriétaires permettrait la diminution des emplois non pourvus pour cause d’éloignement du domicile.

 

Si les administrations cessaient d’empêcher les investisseurs privés de s’intéresser au logement, d’empêcher les architectes de construire, d’empêcher les propriétaires de louer, et prenaient l’engagement de le faire durablement, elles économiseraient une grande part des 45 milliards de dépense publique pour le logement et bénéficieraient de la relance d’un secteur économique créateur d’emplois peu délocalisables.

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  • Si … si … si…
    oui, mais nous sommes en France !
    La France des fonctionnaires et des bureaucrates qui a permis au pays de régresser pendant les 45 dernières années, de liquider son Industrie, de surtaxer sa population, etc, etc
    Oui, mais voilà, nous avons l’ENA, e5 ses brillants cerveaux responsables de toutes ces calamités.

  • Je crois que c’est un suédois ( je peux me tromper) qui a dit :
    il y a deux façons de détruire une ville, les bombardements ou l’encadrement des loyers.
    Ceci se vérifie tous les jours dans ce pays communiste qu’est devenu la france.

    • Tout à fait François56, il s’agit d’Assar Lindbeck en 71 à l’attention des élus de son pays.
      C’est pour dire que cette chimère du contrôle de loyer n’est pas toute jeune…

  • Il faut supprimer le « Logement social » , et construire beaucoup plus de logements adaptés et destinés a ceux qui souhaitent ce lancer dans leur acquisition. ça s’appelle adaptée l’offre aux besoins , ce qui n’est pas possible avec des règles a la con définies a priori. Au préalable il convient de savoir ce que signifie les mots « Urbanisme » et « Qualité de vie »

  • Pour aller plus loin, y a t il des exemples sérieux de pays qui ont libérer leur secteur du logement et de la construction ?

    Par exemple, étonnamment, j’ai appris que la Suisse est hyper réglementée sur ce point, d’où des logements extrêmement chers.

    Qu’en pensez vous ? À t on des études sur les normes de sécurité minimales à conserver ?

    Merci ?

  • totalement d’accord ! Avec le m2 à 15000 à l’achat à Paris, il n’est pas possible d’acheter de toute façon, c’est mieux de louer 1000 euro par mois pour 30m2 ! Bien sûr ce prix n’est pas déraisonnable vu que les salaires suivent (après tout, qui payent les salaires ? ben les consommateurs pardi ! Mettons le café à 5 euro !) Et comme les travailleurs ont des salaires de fou qui leur permettent d’avoir un logement décent à des prix de taré tout en ayant largement de quoi dépenser par ailleurs, l’économie tourne à fond !
    En théorie bien sûr. En théorie.
    Mais chuuut !

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