Un argument massue contre le socialisme auquel on ne pense pas

Le socialisme connaît un renouveau chez les millenials, qui n’ont pas vraiment connu la faillite de l’URSS et n’étaient pas nés lors de la démolition du mur de Berlin. Un argument décisif pourrait les convaincre.

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Berlin 1989, Fall der Mauer, Chute du mur - Credit Raphael Thiemard (Creative Commons)

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Un argument massue contre le socialisme auquel on ne pense pas

Publié le 28 février 2019
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Par le Minarchiste.

Dans un débat entre capitaliste et socialiste, on en arrive inévitablement à l’argument pointant dans la direction de l’URSS, de la Chine, de l’Allemagne de l’Est, de la Corée du Nord, de l’Éthiopie, de la Yougoslavie, de Cuba, du Venezuela, du Cambodge et des nombreux autres pays qui ont expérimenté le socialisme, où les choses ont mal tourné, et où s’est installé un État corrompu, autoritaire, totalitaire, voire dictatorial.

La réponse du socialiste sera très probablement que ces pays n’étaient pas vraiment socialistes, donc ça ne compte pas. Le débat va ensuite typiquement sombrer dans un inutile dialogue de sourds, accompagné d’une bataille de faits historiques parfois difficiles à vérifier et de statistiques plus ou moins fiables concernant des événements qui se sont produits parfois il y a longtemps.

Il existe toute une panoplie d’excellents arguments économiques et moraux démolissant le socialisme, mais il y en a un de plus que l’on oublie souvent.

Le socialisme démocratique

L’essence même du socialisme n’est pas dictatoriale. Elle va même jusqu’à grandement augmenter, en théorie, l’importance de la démocratie, permettant aux masses de prendre part aux décisions sur la gestion de la société et de l’économie. Les entreprises seraient, par exemple, gérées par des comités administratifs composés de membres élus par les travailleurs.

Donc, le socialisme n’est pas dictatorial, mais hyper-démocratique. Ainsi, le processus décisionnel ne serait pas contrôlé par des technocrates au sommet, accouchant d’un plan central auquel tout le monde doit se soumettre. Ce processus irait plutôt du bas vers le haut, par le vote des citoyens.

Mais dans la réalité cela ne se passe jamais de cette façon…

Le problème fondamental

Le problème avec cette vision est l’ignorance rationnelle des électeurs. Les gens sont systématiquement ignorants des informations pertinentes relatives à leurs choix électoraux ; car le coût d’acquisition des informations, en termes d’efforts et de temps, est très élevé comparativement aux bienfaits escomptés, surtout quand on considère la faible probabilité qu’un vote individuel puisse influencer le résultat d’une élection.

De nombreuses études ont démontré que la plupart des résidents de pays démocratiques ont peu d’intérêt envers la politique et ne suivent pas les nouvelles d’affaires publiques, à part un survol des grands titres. Ils ne connaissent pas les détails des débats les plus intenses et importants du moment. Ils ne comprennent pas vraiment les positions des partis politiques sur les principaux enjeux et ils votent souvent pour des partis ayant des positions différentes d’eux sur ces enjeux.

Aux États-Unis, 70 % des électeurs ne sont pas en mesure de nommer les 2 sénateurs de leur État.

La raison pour laquelle la plupart ne se renseigne pas est que chaque vote individuel a bien peu de chance d’influencer le résultat de l’élection. Les individus n’ont donc pas d’incitatif à dépenser du temps pour se renseigner, voire même pour voter.

En effet, les taux de participations aux élections sont généralement très faibles, et le sont encore davantage aux élections municipales et scolaires, du moins au Québec, soit lorsque les enjeux sont encore plus près de la population, ce qui n’augure pas bien pour le socialisme démocratique…

Dans un système socialiste, la quantité de sujets sur lesquels les citoyens devraient se renseigner serait décuplée, augmentant ainsi encore davantage les coûts individuels de recherche et d’assimilation des informations.

Il y aurait bien peu de chances que votre vote concernant, disons, les conditions de travail, fasse son chemin jusqu’au comité central en charge d’intégrer les résultats du vote dans le plan économique central et qu’il ait un impact sur la décision finale. Donc il serait irréaliste d’espérer que le socialisme démocratique puisse fonctionner.

Dans son classique The Logic of Collective Action, Mancur Olson explique que même si une large proportion de la population partage un même point de vue pour une politique publique, il est peu probable que cela mène à un mouvement concerté visant à faire adopter ces politiques ; car plus le groupe est important, plus les gains escomptés per capita sont faibles. Donc le rapport entre le coût de se mobiliser et les bienfaits attendus devient moins favorable. Le choix rationnel consiste à être un « passager clandestin », c’est-à-dire de se fier sur les plus motivés à se mobiliser.

C’est pour cela que les systèmes démocratiques en viennent inévitablement à être contrôlés par des groupes d’intérêt qui réussissent à obtenir des avantages au détriment de la population en général. Le meilleur moyen de se prémunir contre ce phénomène est de confier le moins de pouvoirs et responsabilités possibles aux politiciens.

C’est sans doute ce résultat qui attendrait un pays socialiste, mais avec des conséquences pires encore que dans le système actuel puisque le gouvernement contrôlerait une part encore plus grande de l’économie. On se retrouverait rapidement avec des travailleurs mal informés et désengagés, subordonnés à des bureaucrates corrompus et contrôlés par de petits groupes d’intérêts. Au final, c’est ce que les pays socialistes ont obtenu dans l’histoire récente…

Le socialisme dans la pratique

Si les pays qui ont sombré dans le socialisme n’étaient pas véritablement des pays socialistes, on peut aussi dire que les pays au sommet du classement de la liberté économique tels que les États-Unis, le Canada, la Suisse, l’Australie, les Pays-Bas, le Danemark et la Suède entre autres, ne sont pas vraiment capitalistes et que tous les problèmes attribués au capitalisme ne sont pas vraiment causés par ce système, mais plutôt parce que les gouvernements de ces pays sont intervenus de manière à s’éloigner du capitalisme.

Ainsi, en vertu de cet argument, on ne peut pas comparer le vrai socialisme au vrai capitalisme, car aucun pays n’a jamais vraiment adopté de tels systèmes économiques. Cependant, on peut comparer les pays qui s’approchent le plus du capitalisme nommés ci-dessus, à ceux qui se sont le plus approchés du socialisme, également nommés ci-dessus.

C’est là que l’argument socialiste s’écroule, car sur à peu près n’importe quelle mesure, les pays capitalistes font excessivement mieux que les pays socialistes !

Dans les pays qui ont expérimenté le socialisme dit imparfait, nous avons observé les mêmes symptômes : stagnation économique, désillusionnement de la population, répression politique, corruption, totalitarisme, etc. Ces pays disposaient pourtant des environnement socio-culturels, historiques, démographiques, ethniques et géographiques différents. Malgré cela, le taux d’échec a été de 100 % !

Il serait donc temps de passer à autre chose… Par contre, le socialisme connaît un renouveau chez les millenials, qui n’ont pas vraiment connu la faillite de l’URSS et n’étaient pas nés lors de la démolition du mur de Berlin. Ces socialistes se disent  démocratiques et aux États-Unis sont représentés par Bernie Sanders, Elizabeth Warren et maintenant Alexandria Ocasio-Cortez. Ces politiciens sont de véritables Donald Trump de gauche, utilisant le populisme à l’autre extrême du spectre politique. Dans cette perspective, cela n’augure rien de bon pour les États-Unis.

Ce billet a été inspiré par Hugo Newman, PhD, docteur en théorie politique de l’Université de Dublin. Il était auparavant un fervent défenseur du socialisme, mais a changé son fusil d’épaule et est maintenant un anarcho-capitaliste.

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  • mais alors..les partisans du socialisme le sont aussi de façon mal informée..
    non c’est foutu, on dirait des cycles..

    • une remarque..j’ai des membres de ma famille qui assimilent le fait de faire sont marché..l’exemple m^me de la mise en pratique du marché libre comme une réaction face au « capitalisme »..alors…

    • Hmm dire qu’ils sont mal informé ce n’est pas exactement ça. Ocasio-Cortez est diplomée en économie je crois comme beaucoup d’autres économistes. Dire qu’ils sont mal informés est donc stupide. Les principes socialistes sont DANS la nature humaine au même titre que les principes libéraux. Les supprimer reviendrait à supprimer une bonne partie de l’humanité. C’est contraire à l’esprit libéral n’est ce pas ?
      En fait le socialisme devient nocif et absurde lorsqu’il est une doctrine politique et qu’on essaie de l’appliquer contre les réalités humaines.
      Toutefois en vertu d’une loi naturelle, la majorité se compose d’individus avec des idées socialistes et libérales. On ne devrait pas essayer de supprimer tout idée socialiste dans ces individus mais simplement j’ose dire, y donner plus d’importance aux idées libérales. Ménageons leur part socialiste pour laisser leur esprit ouvert de sorte à pouvoir fertiliser leur part libérale.

  • Que signifie  » Donald TRUMP  » de gauche ?
    Vouloir mettre chaque personne dans une boite, Anarcho-capitalisme, socialiste ou capitaliste, me gêne profondément. Je préfèrerai que les choix de chacub soit pris en compte et remplacer 90% des députés et sénateurs par le vote des français.

  • Pour les millenials, il suffit de passer pour quelqu’un de cool/sympa sur instagram (montrer ses activités, ce qu’on mange…) et ils votent pour vous. (je suis un millenials et j’en connais des comme ça).
    En même temps l’éducation au US n’est guère mieux que chez nous. Donc des têtes vides, c’est simple à manipuler, comme chez nous.

    • Dommage que vous ne citiez pas « Le Centralisme Démocratique », un des outils les plus achevés de pouvoir absolu qui ait jamais été inventé .

  • « sur à peu près n’importe quelle mesure, les pays capitalistes font excessivement mieux que les pays socialistes »

    Cependant, il est peu probable qu’un pays totalement capitaliste ne soit jamais un eden. Beaucoup partiront de ce constat pour justifier le « progressisme » comme un socialisme doux.
    L’énorme problème que je vois (même s’il ne remet pas directement en cause ce qui précède) c’est que le socialisme doux à tendance à glisser inéluctablement vers le socialisme dur.

  • Article extrêmement pertinent qui permet de comprendre pourquoi les électeurs ont laissé le capitalisme dériver vers le pseudo-capitalisme de connivence fondé sur la création monétaire incontrôlée capté par les prédateurs et le libéralisme devenir un mantra (hélas !) pour les bureaucrates afin de justifier leur pouvoir qui est en train de démanteler les classes moyennes et avec elles, la véritable initiative privée.

  • Bien sur qu’il n’y a pas de démocratie si celle-ci se fonde sur l’ignorance rationnelle. Mais lors du dernier référendum français, 6 mois de débats ont précédés le vote de fin mai 2009 et que croyez-vous qu’il arriva ?
    Les français ont dit majoritairement NON contre l’entier de sa classe politique et que croyez-vous là encore qu’il arriva, l’Etat et ses valets rattrapèrent cette erreur de casting par un vote de ses affidés.
    Et croyez-vous que ces gens auxquels les politiciens avaient confisqué le vote enfilèrent des gilets jaunes ? Non bien sur, mais la pression montait dans la marmite pour que le couvercle se soulève 15 ans après. Et elle n’est pas prête à retomber puisque les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.

  • Exact en caricaturant l’électeur a comme centre d’intérêt le football, le tiercé, le loto et c’est tout… Par contre il a systématiquement un point de vue très tranché sur la politique et l’économie sans quasi jamais potasser ces sujet. De l’or en barre cette crasse ignorance pour nos politiques…

  • forcement le socialisme propose aux uns de vivre aux crochet des autres

  • Cette manière de comparer le socialisme au capitalisme est parfois intéressante, mais là où le bat blesse, c’est que le S (comme son avatar le communisme) est une idéologie, et le C à l’origine un mode de production de richesses, qui a été ensuite théorisé.
    Le C est un mode de mise en commun (apporter à une structure argent et outils) des moyens de production.
    Le fait est que du Moyen Age à aujourd’hui encore, le mode de production capitaliste est un formidable accélérateur de l’expansion des richesses et du bien-être dans le monde.
    Le S est, du moins théoriquement, un autre moyen de mise en commun des moyens de production, sauf qu’il englobe par principe et autoritairement tous les biens…
    C’est donc idéalement la meilleure manière de diffuser la richesse au profit de tous.
    D’un côté (C), c’est l’initiative individuelle qui permet le développement des richesses dans un contexte libéral.
    De l’autre(S), c’est l’Etat, historiquement « révolutionnaire », accaparé dans des conditions nécessairement violentes, qui impose aux individus le mode de production. Avec pour conséquence inéluctable les désastres économiques et démocratiques sans cesse répétés dans toutes les expériences socialistes ou communistes.
    La grande mutation du système capitaliste moderne, qui crée des accumulations de richesses et de puissance qui révoltent les hommes d’aujourd’hui, c’est probablement la politique nord-américaine, des Accords des Bretton Woods en 1944, à sa décision du 15 août 1971 mettant fin à la convertibilité US$/Or.
    Ce super C transfrontalier prendra quelques décennies à déposséder les Etats de leur pouvoir régulateur, leur souveraineté, livrant le monde à la puissance impérialiste, au sens le plus classique, des USA.
    C’est là que l’autorité des Etats, produit qu’on le veuille ou non d’un consensus national, a été ruinée.
    De sorte qu’il ne faut pas s’étonner de la résurgence récurrente des socialistes de tout poil, qui exploitent habilement ce déficit d’Etat souverain.
    On voit bien là que seul un état d’esprit libéral, autrement dit le respect absolu de l’individu dans la société, est de nature à faire coexister liberté individuelle et nécessaire organisation de la société.
    Mais le libéralisme n’est pas dans la nature des foules, biberonnées aujourd’hui à l’information de masse dans un environnement essentiellement urbain, par conséquent collectif.
    L’exemple de la Suisse, qui conserve encore un esprit national et des pratiques démocratiques authentiques (les votations sur initiative), est intéressant ; pays de la concentration capitaliste, rural même dans ses réflexes collectifs, mais qui pratique le consensus.
    Enfin il ne faut pas tout jeter dans le communisme ; basé sur l’esprit national, il a pu produire quelques résultats indiscutables. Pour qui a voyagé en Russie, on est encore aujourd’hui étonné par la culture du Russe moyen, francophile malgré tout, dont les enfants ont un niveau PISA exceptionnel.
    Ce peuple, affreusement ravagé par le communisme, conserve une maturité politique qui lui fait accepter son super-tsar Vladimir P, garant d’une recomposition au long cours.
    Pas si simple, n’est-ce-pas ?

  • Les Castro, Staline, Pol Pot, Mao, Chavez, etc. . n’ont certes pas tout a fait réussi, mais ils ont montré la voie. Hamon , Mélenchon, Besancenot vont relever le défi et sauver l’humanité !
    Allah Haouakbarre

  • C’est surtout les programmes, le système éducatif très centré Marxiste qui formate les millenials.
    Les formations littéraires, les sciences sociales et economiques sont un monopole de gauche. C’est qu’au contact du monde réel que les gens changent.
    http://lequidampost.fr/pourquoi-le-communisme-nest-il-pas-aussi-deteste-que-le-nazisme/

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Aurélien Duchêne est consultant géopolitique et défense et chroniqueur pour la chaîne LCI, et chargé d'études pour Euro Créative. Auteur de Russie : la prochaine surprise stratégique ? (2021, rééd. Librinova, 2022), il a précocement développé l’hypothèse d’une prochaine invasion de l’Ukraine par la Russie, à une période où ce risque n’était pas encore pris au sérieux dans le débat public. Grand entretien pour Contrepoints par Loup Viallet, rédacteur en chef.

 

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