Dépenses publiques : un pognon de dingue, mais pas perdu pour tout le monde

Où l'on découvre que 850€ de dépenses publiques sur 1000 sont bel et bien de la pipe que le privé ferait mieux de récupérer rapidement.
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Emmanuel Macron à La French Tech Night en janvier 2016 (Crédits : Christophe Pelletier, CC-BY-NC-SA 2.0)

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Dépenses publiques : un pognon de dingue, mais pas perdu pour tout le monde

Publié le 18 janvier 2019
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Avec un discours fleuve et plus de six heures de direct, le GrRand DébaAat NationaAal est lancé. Enfin, youpi youpi, les Français vont pouvoir exprimer toutes leurs doléances, tous les soucis qui les tracassent, les fins de mois difficiles, la bureaucratie galopante, les vexations fiscales et surtout, surtout, essayer de comprendre où part ce « pognon de dingue« .

Eh oui : avec le tournant de l’année 2018, la France a battu un bien beau record puisqu’elle affiche maintenant plus de 1 000 milliards d’euros de prélèvements publics à l’année (1 057 milliards pour être précis). Et pour cette coquette somme (qui représente à la louche deux fois et demi le budget de l’État), le citoyen français peut s’enorgueillir d’avoir une administration médiocre, des infrastructures vieillissantes, une police épuisée, une justice débordée, une armée usée, une couverture sociale pleine de trous et des politiciens calamiteux.

Afin d’illustrer la situation avec le brio qu’on lui connaît, les services de l’État se sont même fendus d’une intéressante imagette résumant ces dépenses ce qui permet justement de fournir une explication d’où part tout cet argent, et ce, même si cette explication est loin d’être complète et cache une réalité que certains pourraient qualifier hardiment de sordide.

C’est malgré tout un fort joli tableau qui permet de donner une idée des grandes masses. On y découvre ainsi un régalien particulièrement rikiki, flirtant avec les 60 euros avec tout de même 4 euros (sur les 1 000 dépensés) pour assurer au citoyen une justice efficace. 60 euros pour disposer d’un état de droit, ce serait véritablement bon marché (à ceci près que l’État français n’en est plus un depuis un moment).

À ces dépenses, on ajoutera probablement un peu de recherche organisée par l’État (même si on se tâte franchement pour mesurer l’impact économique des dernières découvertes de nos brillants chercheurs-fonctionnaires) pour 23 euros tout de même, 37 euros d’une dette qu’on ferait bien de continuer à rembourser sauf à devoir se frotter vigoureusement au crépi de la réalité et une trentaine d’euros pour le coût de nos administrations, les 66 euros dévolus semblant outrageusement généreux face aux sévices qu’ils sont capables d’offrir.

Ceci nous fait un total de 150 euros et, par contraposée, 850 euros dépensés dans la foultitude de baltringueries diverses et variées, et autres sprinklers à pognon déchaînés qu’on nommera pudiquement « la redistribution sociale à la française », c’est-à-dire cette illusion de couverture sociale, ce mythe rigolo du filet de sécurité collectif et ce pipeautage éhonté d’une solidarité qui s’évapore systématiquement dès qu’on en a besoin et réapparaît dans les discours avec une constance étonnante dès qu’il s’agit d’augmenter les prélèvements, ponctions et autres taxes.

En effet, outre le délabrement complet des services qu’on met généralement en face de cette solidarité à la pointe du fusil fiscal, on ne peut que constater que, pour chaque branche, le secteur privé en concurrence fournit mieux et moins cher. Ce n’est pas un effet de manche : école, santé, retraite et dans bien d’autres domaines, le secteur privé a amplement prouvé, de nombreuses fois en France et partout ailleurs dans le monde, qu’il savait faire mieux et pour un prix bien plus modique que les montagnes d’argent que l’État ponctionne aux Français.

Mais un autre aspect important, caché derrière les chiffres plus ou moins gros de ces dépenses publiques, reste l’invraisemblable quantité d’argent qui est dépensé en pure perte, c’est-à-dire en face duquel on ne retrouve absolument aucune création de valeur, aucun service public, aucune richesse créée en retour pour le contribuable. Ces sommes représentent au final des milliards d’euros de débilités survitaminées mais sont, on le comprend, extrêmement difficiles à évaluer au total.

Parmi ces dépenses incontrôlées et incontrôlables, on trouve évidemment la pléthore d’associations lucratives sans but, de commissions bigarrées, de hautotorités rigolotes, de comités Théodule et d’agences creuses dont l’objet n’a jamais été autre chose qu’alimenter les copains et les coquins de la République. La Cour des comptes produit régulièrement de tristes rapports où s’égrainent la liste de ces coûteuses officines et de leurs dispendieuses idioties. Rassurez-vous, ces rapports n’ont aucun impact.

Cependant, pour illustrer mon propos, j’utiliserai l’actualité qui fournit comme il sied une amusante collision avec ce sujet : avant qu’Emmanuel le président débite des poncifs devant des maires, s’est tenu le CES 2019 à Las Vegas. Le CES (Consumer Electronics Show), c’est la grand-messe des gadgets technologiques où sont régulièrement dévoilées les dernières innovations électroniques à la pointe. Or, suite aux excitations politiques — essentiellement pendant le quinquennat hollandesque — autour de la nécessité impérieuse pour la France d’avoir une place importante dans ce show, l’habitude a rapidement été prise d’y envoyer, en « représentation », un maximum des start-up françaises sous le label fumeux de French Tech.

À tel point que cette année fut marquée par la surpopulation française dans les allées du salon : aux 26 start-up sélectionnées par Business France (le côté national), il faut ajouter les 160 autres entreprises que les régions françaises ont invitées à leur frais. Et parmi elles, on en trouve un paquet qui, si elles peuvent aimablement qualifier le produit de gadgets, se demandent même pourquoi elles sont dans ce show. Au final, la délégation française y est maintenant plus présente que la délégation américaine, pourtant réputée pour représenter à la fois la plus grande quantité de start-up dans le monde, et fournir le plus gros contingent de celles qui réussissent de façon plus ou moins spectaculaire.

Autrement dit, la politicaillerie française a, comme prévu, choisi la quantité à la qualité, et a claqué « un pognon de dingue » pour aboutir à une overdose grotesque de French Tech sans intérêt qui a fini par noyer les quelques pépites qui auraient pu sortir du lot. Bien joué.

Ce pognon se retrouve certainement, caché dans les petites lignes de bilan budgétaires qui seront agglomérés en lignes plus grosses puis en lignes énormes, les petits ruisseaux de dépenses idiotes finissant par faire des torrents de gabegies absurdes cachés par des cataractes de redistributions moyennement pertinentes.

En somme, derrière cette répartition des grandes masses proposée par les services de l’État, la facture qui se voit, il y a celle qui ne se voit pas, et qui ne fera l’objet d’aucun débat tant ces affolantes niaiseries sont réparties sur tout le spectre : par une sorte de définition quasi-religieuse, si une dépense publique est engagée, c’est qu’elle n’est pas idiote et qu’elle est même indispensable !

Le GrRand DébaAat NationaAal est donc lancé. Mais avec son cadre déjà fixé dans le credo débile du « pas moins d’État mais mieux d’État » qui oublie commodément toutes les épaves communistes de l’Histoire passée (Russie, Chine) et récente (Venezuela, Corée du Nord, Cuba, …), qui oublie encore mieux qu’aucun pays dans le monde n’a d’État aussi obèse qu’en France, il n’y a réellement aucune chance qu’une prise de conscience s’opère enfin.

Ce pays est foutu.
—-
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  • En effet, le tableau est assez pudique sur les dépenses inutiles ou superflues. On a donc affaire à de l’affichage, comme d’habitude.
    Mais il faut bien justifier la ponction!

  • Hier dans « 24 heures Pujadas », les journalistes ont salué le tableau fourni par Bercy qu’on retrouve dans cet article. Aucune critique, rien qu’une grand messe. Il y a même eu F de Closets pour dire qu’on devait ponctionner encore plus les retraités!!!

  • Je pense que le simple fait que les dépenses régaliennes sont le deuxième petit poste de dépense, à égalité avec l’administration publique, résume l’état actuel du pays.

    « Pourquoi croyez-vous que les politiciens construisent des écoles au lieu de prisons? A leur âge, ils risquent pas de retourner à l’école! » – Coluche

  • Qu’en est-il de la dette? 100% du PIB ou déjà plus. Parce que, à force d’aligner des déficits de 3%, la dette ne peut qu’exploser. Impossible qu’elle reste à 97%…
    L’état de grâce est terminé, maintenant, c’est état de Grèce qui attend la France 🙁

  • Justice = 4 €, lol, tout est dit, le pied intégral pour la racaille

  • Rien de nouveau sous le soleil. Pour preuve, ce court sketch de Raymond Devos qui date de 1979 et pourrait avoir été écrit ce matin : https://www.youtube.com/watch?v=hz5xWgjSUlk

  • Ce qui manque cruellement dans ce tableau publié par Bercy c’est la répartition productif-improductif de chaque poste budgétaire; par exemple dans l’éducation, combien pour les salaires dans les établissements et combien dans les services des académies et du ministère? C’est là qu’on verrait d’où le système fuit. La France n’a pas un problème de moyens mais un problème de gestion. Et il en résulte un grand gaspillage de ces moyens puisqu’ils sont très mal gérés.

    • C’est à peu près 50-50. Dans le primaire, je peux être plus précis, je dirai 17/28 de productif, et 11/28 d’improductifs. Dans la territoriale, ça dépasse l’entendement, 70 à 80% d’improductifs. Dans le supérieur je dirais 25%.
      Attention: je ne dis pas que ces gens ne font rien, non ils travaillent vraiment. Le % de gens qui ne font vraiment rien est faible (quelques % à vue, mais ils sont invirables bien sûr). C’est juste que leur travail est objectivement totalement inutile.
      Et remarque finale: pourquoi les productifs n’essaient pas de se débarrasser des improductifs? Car c’est inutile, le budget sera baissé, les productifs n’auront aucune prime. La règle d’or: mieux vaut un budget mal dépensé que non dépensé.

      • « pourquoi les productifs n’essaient pas de se débarrasser des improductifs » et si on leur proposait une augmentation de salaire et une prime pour chaque nuisible planqué ou non ?

    • et pour les hopitaux…

  • Hier dans 24 heures Pujadas, les journalistes ont salué le tableau fourni par Bercy qu’on retrouve dans cet article. Aucune critique, rien qu’une grand messe. Il y a même eu François de Closets pour dire qu’on devait ponctionner encore plus les retraités!!! Vous parlez du niveau des journalistes!!!

    Cet article est moins fouillé que “ Chers Gilets jaunes, la France est un pays désindustrialisé”.

  • « Avec un discours fleuve »

    La ressemblance avec l’URSS, Cuba ou la Corée du Nord est de moins en moins fortuite. La démesure aussi inouïe que ridicule des forces employées (1 policier pour 1 manifestant officiellement compté) face à des manifestants pour la plupart pacifiques, puis surtout les 1200 GJ blessés, en sont un autre témoignage édifiant. Enfin, les manipulations médiatiques éhontées des organes financés par l’Etat obèse ne sont pas sans rappeler la glorieuse Pravda, jusqu’à la récupération franchement gauchiste du mouvement pour tenter d’effacer les revendications initiales, celles qui auraient fait véritablement mal à l’Obèse puisqu’elles le mettaient en cause dans ses fondements.

  • On pourrait économiser 500€ sur les 1000€ sans efforts. Mais les fonctionnaires ne veulent pas. Le plus simple serait déjà de supprimer le stars de fonctionnaires. Un seul droit social fistal et juridique. Cela me semble fair.

  • Statut, put… d’iphone capitaliste qui corrige n’importe comment.

  • @titi, exactement ! La France fonctionne à la dépense ! Plus on dépense et plus ils ont du pouvoir. La structure pyramidale faisant que chaque niveau veut sa petite bourse à dépenser pour exister. Et plus ils existent moins l’on peut vivre. A priori l’on a dépassé le stade de l’équilibre privé/public. L’on est réellement dans une servitude. Le privé est esclave du public.

    • Rien que les horaires vous le rappelle : vous devez passer à la Sécu ou aux impôts : 8h-12h/13h30-16h du lundi au vendredi. Le service public ? Pas accessible au public ! Même pas l’idée de finir plus tard ou de faire journée continue 2 jours dans la semaine. Ils sont pourtant assez nombreux, non ?

  • il est impossible pour les productifs de la fonction publique de faire virer les improductifs pour au moins deux raisons.
    1) les improductifs ont voté pour la CGT ou équivalent quand ils ne sont pas eux-mêmes des représentants syndicaux.
    2) les organisations syndicales sont les seules qui débattent / cogèrent les services publiques avec les équipes de direction de ces structures ( quand certains membres de ces équipes ne sont pas eux-mêmes d’anciens CGTISTES ou équivalents).
    Vous comprenez mieux maintenant !

    3) essayer, c’est risquer de se faire taper dessus au sens propre comme au figuré, quand ce n’est pas plus ( vécu ! mais indémontrable pénalement, sont pas complétement débiles ces CGTISTES, c’est pour cela qu’ils sont dangereux).

  • l’horodatage des commentaires est incorrect.

  • @ lapaladine , f de closet , devrer mieux fermer sa bouche , qu’il nous parle lui de sa retraite !!! Est -il normal qu’un élu député apres 3 mandats de 5 ans ( 15 ans ) touche 100 % de son salaire (indemnité ) alors qu’une personne en travaillant 42 ans touchent a peine 60% de son dernier salaire ..
    et en plus certains député ont accumule les retraites : député voir president Region , departement , sénateur bref certain on cumulé des retraite entre 15 a 20 000 euros par mois en plus se trouve President d’une commission a 15 000 euros par ce qui veut presque 500 000 euros de salaire annuel ..
    je propose a de closet 1500 euros de retraite !! facile de dire il faut baisser les retraite !!!

    • Si on ne baisse pas les retraites non provisionnées, on les fait payer par les générations suivantes qui ne toucheront jamais la leur. La question est: qui va-t-on piller?

  • Tiens c’est rigolo, vous mettez l’éducation dans la foultitude de baltringueries.

    • Peut-être parce que, au-delà même de la qualité du service dispensé, ce dont on a besoin c’est de l’instruction, et pas de l’éducation (lire : endoctrinement) ?

      • @durru
        Jordan Peterson est d’accord avec vous. D’après lui, les lieux de formations des enseignants (les ex-I.U.F.M en France) sont des camps d’endoctrinement. (https://www.youtube.com/watch?v=hg7quoymDPg) Dans cette vidéo, il dit que dès que l’Etat dit qu’on ne peut pas sortir son enfant du système scolaire, il est plus que temps de l’en sortir.
        Le cours d’Histoire donné aux élèves de 6ème, sur la Grèce, comporte un chapite sur la démocratie. La démocratie y est décrite comme possible seulement avec peu de personnes (des citoyens). A Athènes, il y avait 400.000 habitants, dans la « cité » composéede la ville et de la campagne. Sur ces 400.000, il n’avait que 40.000 citoyens. Athènes est comparée à la France et ses 66 millions d’habitants (environ 47 millions de citoyens), donc la démocratie athénienne, directe, n’est pas possible. Il faut donc recourir aux intermédiaires : les représentants.
        J’ai trouvé cela hallucinant : et les élections nationales ? C’est pas de la démocratie directe ça !?

      • Nan, pour les gardiens du dogme, l’instruction c’est bien trop dangereux.

  • Les commentaires sont fermés.

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