Un article de l’Institut Coppet.
UN CAMPAGNOL INVISIBLE À L’ŒIL NU
(Journal des économistes, 7e série, tome IV, octobre à décembre 1904, p.79-81)
Niort, 5 octobre 1904.
Il en est des campagnols comme des éclipses.
Chacun sait qu’il y a des éclipses invisibles à Paris et en France qui, au contraire, sont visibles en Angleterre et à Londres et réciproquement ; là même où elles sont visibles, pour bien les voir il faut les regarder avec un verre.
De même, les campagnols qui ravagent en ce moment nos campagnes en France ne sont pas visibles en Angleterre mais, à l’inverse, il y a un campagnol d’une espèce particulière qui, actuellement, est invisible en France à l’œil nu mais qui a été visible, et qui a été vu en Angleterre et chassé du pays ; ce campagnol, c’est le protectionnisme.
Les ravages de ce campagnol-là sont considérables, mais ils sont invisibles à l’œil nu ; pour les voir, il faut mettre des lunettes.
Non pas qu’il soit besoin de fortes lunettes : avec des verres ordinaires, un moment d’attention suffit. Il y a même ceci de curieux, c’est que le protecteur en chef de cette espèce de campagnols, M. Méline, fournit obligeamment les lunettes pour les voir.
En effet, qu’est-ce qu’un campagnol, que lui reproche-t-on, et pourquoi cherche-t-on un virus pour s’en débarrasser ?
Un campagnol est une petite bête qui ravage et détruit les productions de la terre, raisins, légumes, céréales, et qui remplace ainsi l’abondance par la disette : là , par exemple, où un vigneron aurait fait cent barriques de vin, il n’en récolte que cinquante, et ainsi pour les autres récoltes.
De là les souffrances du pays qui voit son marché mal approvisionné, d’où il résulte que par suite de la cherté résultant de la rareté des produits, chacun est insuffisamment pourvu et les pauvres gens, notamment les ouvriers, à cause de la cherté des prix, sont obligés de boire de l’eau.
Cela posé, qu’est-ce que le protectionnisme et comment opère-t-il ? M. Méline va nous l’apprendre :
« Si vous protégez Pierre, dit-il, vous atteignez forcément Paul, C’EST INÉVITABLE : par exemple, la taxe de 3 francs sur l’avoine est payée par Paul, le cultivateur, qui achète de l’avoine pour ses chevaux. » (Voir l’Officiel de mai 1890).
Comment se fait-il qu’un tarif qui joue à la frontière, à la douane, produise son effet sur le marché où se vendent les avoines, le blé, le pain et autres produits et renchérisse les prix, pour l’avoine de 3 francs, pour le blé de 7 francs par 100 kilos ?
Ici, regardons bien, nous allons voir les ravages de ce campagnol.
M. Méline et ses amis, ayant observé les ravages du campagnol ordinaire et autres bêtes malfaisantes de cette sorte, qui changent l’abondance en rareté et par la rareté produisent la cherté, voulant favoriser les producteurs, lesquels veulent vendre cher leurs produits, n’ont trouvé rien de mieux pour arriver à leurs fins, que d’opérer sur le marché une disette artificielle, une rareté qui sera cause de la cherté.
Ces protecteurs ont dit à leurs protégés : nous allons chasser du marché par la barrière des tarifs de douane les produits étrangers qui vous font concurrence : de là une disette, une rareté qui, aux dépens des acheteurs mais à votre profit, corrigera l’abondance ; nous ferons la cherté par la disette.
De là les tarifs du protectionnisme.
La protection, c’est la disette ou ce n’est rien.
Remarquons bien, en effet, que le seul moyen à la disposition des législateurs, pour enrichir leurs protégés à nos dépens, c’est de faire la rareté, la disette sur le marché.
La preuve, c’est que lorsque la récolte est abondante, la concurrence intérieure avilit les prix et les tarifs ne jouent plus, ils font l’effet D’UN CAUTÈRE SUR UNE JAMBE DE BOIS.
De là les gémissements de M. Méline au sujet de la surproduction : cet étonnant homme d’État se plaint sans cesse de ce qu’on produit trop, de la surproduction du coton, de la laine, comme il dit dans son jargon, cet organisateur de la disette.
Le voyez-vous bien, maintenant, le campagnol du protectionnisme ?
Les fermiers d’Angleterre, les cultivateurs du Danemark, ont mis leurs lunettes, l’ont bien vu et bien observé, et ils ont trouvé un virus qui les en a débarrassés.
Dimanche dernier, j’ai réussi à le montrer aux cultivateurs du canton de Surgères : tous ceux-là l’ont vu qui ne se sont pas volontairement bouché les yeux.
Si j’avais eu affaire aux cultivateurs des autres parties de la France, aux fermiers, aux petits agriculteurs, je crois bien qu’ils l’auraient vu aussi, avec les lunettes fournies par M. Méline. Je conseille aux propriétaires, grands et petits, aux grands propriétaires surtout, de prendre le plus tôt possible des lunettes pour le voir et pour se mettre à la recherche d’un virus. Attention, messieurs les propriétaires, c’est ici une espèce de rongeurs toute spéciale.
Ce campagnol-là ronge les racines… DU DROIT DE PROPRIÉTÉ.
Ce n’est pas d’aujourd’hui…
Le commerce et gouvernement considérés relativement l’un à l’autre – Condillac
Le sujet est traité de manière très claire.
Si les politicards persistent il doit y avoir des intérêts pour eux, que l’on ne voit pas !
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Mais les libéraux voient ce que les autres ne voient pas, ou en tout essaient de voir à travers les apparences qui sont parfois trompeuses. Ne me dites pas que vous ne voyez pas l’intérêt personnel qu’on les politicards à taxer, réglementer, contraindre le commerce, je ne vous croirez pas.
Croirai pas…grrr..
c’était pour faire… grrr…
le protectionnisme oblige les ouvriers à boire de l’eau, c’est pour leur bien.
ce qui est toujours ennuyeux c’est l’incapacité chez les défenseurs du libre échange à comprendre où se situe leur intérêt.
l’ouvrier est utile à la bonne marche du pays mais il est aussi inculte ,brute et souvent illettré et il est bon pour la société que les décisions le concernant soient prises par des gens éduqués et chrétiens.
voulons nous d’un société qui s’adonne à l’alcool? au stupre? NON! il faut donc protéger les ouvriers contre ce qui peut sembler être leur gré.
En outre les campagnols jouent un rôle écologique majeur dans les écosystèmes , ils sont un des éléments modestes mais moteur d’une chaîne alimentaire qui si elle était brisée conduirait au pire. Ils limiteznet de fa
ils limitent disais-je la prolifération des basses castes de la société en les affamant, seul moyen de modérer la pullulation tant la morale,t la décente et la vertu n’agit pas comme elle le devrait dans les bas fonds où la promiscuité règne.
et pis, bien sûr , c’est rapport au carbone.
Mon intérêt en tant que consommateur est de payer le prix juste, et non pas de me faire carotte par des politiques qui faussent la concurrence en mettant des taxes, des barrières douanières, en protégeant les industries nationales, pour mon bien.
Oui Jacques protégeons les gens contre eux même, ce sont de grands enfants irresponsables, sauf quand ils votent, bien entendu.
C est du second degré Jacques votre tirade sur les ouviers ignares qui picolent et s’adonnent au vice, et les choix de société compatibles avec la morale chrétienne ?
Je n avais pas remarqué que vous étiez une dame patronessse.
C est bien de l’ironie ?
C’est peut-être du second degré, mais du second degré qui ne dénonce pas suffisamment la vision de classes à la Bourdieu qui est à mon avis à l’origine de bien des maux, protectionnisme compris.
Bah les sociologues de combats qui ont des vues constructivistes et interventionnistes n’ont malheureusement jamais réussi à m’influencer.
Je préfère Boudon. Vous devez connaître.
Pour les autres.
https://www.catallaxia.org/wiki/Raymond_Boudon.
Et Article de CP qui déchire tout
https://www.contrepoints.org/2013/10/11/142169-du-sociologisme-sociologie
Bah les sociologues de combats qui ont des vues constructivistes et interventionnistes n’ont malheureusement jamais réussi à m’influencer.
Je préfère de loin Boudon, mais quelque chose me dit que vous devez connaître l’indivualisme méthodologique mieux que moi.
https://www.catallaxia.org/wiki/Raymond_Boudon.
Article de Boudon sur CP :
https://www.contrepoints.org/2013/10/11/142169-du-sociologisme-sociologie
Bourdieu, pas bien.
Boudou, très bien.
Boudou ?
pas mieux…
;-D
Je ne peux m’empêcher de penser à l’actualité des campagnols qui interdisent les promotions et favorisent les produits bio à la production peu fertile au prétexte de protéger les agriculteurs.
Ces’t campagnol évolué, qui boit du Champagne… bio ou plutôt pas…
Contre les campagnols, mon grand père m’avait appris à glisser des morceaux de carbure de calcium dans les trous à recouvrir d’une pierre.
Au contact de l’humidité de la terre, l’acétylène dégagé me débarrassait des petits nuisibles.
Mais là je suis un peu démuni…
Ceux qui nous parlent sans cesse de taille de gâteau fixe devraient réfléchir au moins un poil. Dans cette logique, plus l’état donne une part plus grande à certains, plus la part des autres est petites. Ces derniers sont donc plus pauvres sans raison, alors que les premiers se vautrent dans la facilité. Satisfaits de ces mesures, ils voteront volontiers pour le parti politique ayant instauré ces mesures, devenant des clients plutôt que des électeurs.
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Au mieux ils vous diront : « Bah ton truc est logique et marche en théorie, mais dans la vraie vie cépapareil. Notre théorie n’est pas logique, ne fonctionnent pas mise en pratique, mais elle est mieux, tu n’as pas de coeur  »
Au mieux.
Je me souviens de quelques actions du gouvernement des années 50 et début 60:
Importation des pommes de terre pour faire baisser les prix
ou la mise sur le marché du fameux beurre d’interventionµ.
C’est une bonne illustration de la réalité ; il y a aussi le fait que parfois , rarement, le protectionnisme réussit mais uniquement sur le court terme ce qui induit en erreur….
https://entrepreneurs-pour-la-france.org/Les-impasses/Politique-industrielle/article/Protectionnisme-impacts-positifs-puis-negatifs