Panique sur Twitter : la censure vous rend parano

Si l’État intervenait moins dans le domaine de la liberté d’expression, il y a fort à parier que notre défiance envers les réseaux sociaux diminuerait.

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Panique sur Twitter : la censure vous rend parano

Publié le 1 août 2018
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Par Frédéric Mas.

Une mise à jour de Twitter visant à supprimer des milliers de faux comptes déclenche la panique. S’agirait-il en fait d’une nouvelle vague de censure idéologique ? L’affaire Benalla, la censure des comptes Facebook, Youtube et la chasse aux fake news suscitent tout de suite la suspicion des twittos. Pour beaucoup, si des milliers de comptes ont sauté, c’est parce qu’ils gênent politiquement le pouvoir en place, les puissants de la Silicon Valley ou les cabinets occultes de l’Élysée. La même crise de panique avait traversé Facebook le weekend dernier, devant les soupçons de censure du site parodique Nordpresse.

Du côté de Twitter, les conditions d’utilisation sont très claires : la liberté d’expression s’arrête là où commence la « conduite haineuse ». Ainsi est-il précisé sur le site que « Nous [Twitter] ne tolérons pas les comportements relevant du harcèlement, de l’intimidation ou du recours à la peur pour réduire un autre utilisateur au silence. Si vous voyez sur Twitter du contenu qui enfreint ces règles, merci de nous le signaler. »

Si, parfois, les contours de la « conduite haineuse » qui vous catapultent vers la sortie sont sujettes à discussion, cette fois-ci le petit oiseau bleu est innocent. Twitter a décidé de supprimer dans la nuit du 30 au 31 de nombreux comptes français, et a lancé de concert une série de vérification d’identités. La raison des multiples couacs de mardi matin est donc assez simple, et est même plutôt saine : il s’agissait de purger les fausses identités, les discours de haine délirante, les followers bidons et les comptes truqués qui pullulent sur Twitter. Seulement, une telle mesure se double de la vérification de vrais comptes, suspendus ou interrogés le temps de la vague de contrôle.

Censure coûteuse

Les réseaux sociaux font ce qu’ils veulent, mais faire le ménage idéologique de temps en temps est coûteux en termes d’image. Les réseaux sociaux ne sont pas des espaces publics et répondent aux conditions d’utilisation que les usagers ont bien voulu accepter en s’y inscrivant. Donc, avant de crier à la censure généralisée, il convient de se reporter aux conditions générales d’utilisation. Mais, une fois ce point de droit posé, une fois la nécessité pour les médias sociaux de « nettoyer » de temps en temps leurs plateformes, avec tous les risques que cela comporte en termes de subjectivité, la colère et la frustration demeurent. Comment se fait-il que les réseaux sociaux se comportent en dictateurs ? N’auraient-ils pas tendance à taper sur les conservateurs et à épargner les islamistes ? Ou les macronistes ? Se comporter comme des gouvernements n’est donc pas bon pour les affaires.

Il faut dire que certains des gourous semblent tout faire pour attiser les soupçons, à commencer par Mark Zuckerberg, de Facebook. Après l’élection de Trump, il est l’un des premiers se présenter comme le porte-étendard contre les fake news, et à demander aux pouvoirs publics d’étendre la censure au nom du vrai et du juste. L’entente entre certaines franges du business des réseaux sociaux, notoirement très progressiste, et les gouvernements envenime donc la situation.

La censure généralisée

Le verrouillage généralisé de la liberté de parole encourage la suspicion de censure et la frustration des internautes. La susceptibilité de ces derniers ne serait pas si importante sans la régulation de la parole publique en Occident. Et en France en particulier.

L’intervention systématique de l’État pour condamner les propos jugés haineux, qu’ils soient racistes, homophobes ou sexistes, la production de discours moraux par les pouvoirs publics ainsi que la police des comportements en matière de religion ou de comportements publics est en train de créer les pires conditions possibles pour le débat public. Si l’État intervenait moins dans le domaine, il y a fort à parier que notre défiance envers les réseaux sociaux diminuerait.

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  • Twitter permet le débat : avec 280 caractères laissez moi rire !

  • d’après jacques attali :  » il y a trois force qui font peur à l’élite : le National , le Social et les réseaux sociaux , qui sont en train de les cimenter ; la domination des puissants va être plus difficile que prévue ;

  • Je crois que l’affaire Benalla n’a servi à rien. Sans vouloir aborder le fond, la forme me suffit avec toute cette brochette de voyous et d’escrocs qui ont pris parole. Ce n’est que de la manipulation et du mensonge, et l’exemple le plus marquant de cette affaire qui reflète la mentalité de la société majoritaire, « ils n’ont qu’à venir me chercher » rien de plus misérable et malpropre, une sale bande mafieuse qui depuis de longues années déjà détruit peu à peu la société entière. Certes nous avons des records du monde, le foot, mais aussi les taxes et prélèvements divers, la corruption, la prétention, et bientôt la saleté et une dictature de plus en plus présente. Les projets de loi à venir vont encore favoriser cette dictature rampante alors que la grande majorité des Français ne sont devenu que des loques avec lesquels la mafia politico/administrative se permet et fait croire à tout et au pire à venir.

  • La vitesse de propagation et l’exagération d’une (pseudo) info est proportionnelle à la censure. (cf ex dictature démocratique de l’est)

  • Je trouve que la censure a un effet bénéfique sur la consommation de papier, donc l’environnement, en obligeant les gens à écrire entre les lignes…

  • Ce qui est gênant c’est que beaucoup de comptes (dont le mien) ont été suspendu pour avoir enfreint les conditions d’utilisation.
    Or, sur ce compte, je n’ai que écrit ou relayé que du contenu politique mais rien de diffamatoire.
    Par contre, visiblement, certaines opinions non progressistes, sont mal venues sur twitter.
    J’ai donc dû passer par la procédure consistant à fournir mon numéro de téléphone pour réactiver mon compte.

    Je note au passage, que cette procédure est sélective, car j’ai par ailleurs, un autre compte que je n’utilise que pour partager des photos que je fait d’œuvres d’art et là, sur ce compte, pas de téléphone à fournir, juste des nouvelles conditions à valider.
    Conclusion : il y a bien eu un tri des comptes, en fonction du message politique relayé, avec un avertissement « sans frais » pour certains, ce qui laisse à réfléchir en matière de liberté d’expression.

  • « […] Si l’État intervenait moins dans le domaine, il y a fort à parier que notre défiance envers les réseaux sociaux diminuerait. »


    Mouais… Moi aussi je suis favorable à ce que l’Etat cesse de censurer les racistes ( et homophobes et sexistes.) Cependant je ne suis pas dupe pour autant : j’ai conscience qu’arrêter cette censure étatique ne suffira pas à rendre les racistes moins paranos. La fin de cette censure étatique est certes une étape nécessaire, cruciale, indispensable, mais ce n’est qu’une première étape. Tout le système est pourri donc c’est l’ensemble du sytème qui est à revoir.

    Par exemple, autoriser un agriculteur complètement facho à exprimer sa haine envers telle ou telle ethnie ne suffira pas à le rendre plus responsable si on ne lui enlève pas les éventuelles subventions protectionnistes dont il bénéficie.
    De même qu’autoriser un rappeur raciste anti-blanc à exprimer sa haine ne suffira pas à le rendre plus responsable si on ne lui enlève pas les éventuelles allocs dont lui ou sa famille bénéficie.

    Bref, autoriser l’agriculteur facho ou le rappeur anti-blancs à dire toutes les conneries qu’ils veulent ne suffira pas à les calmer si on ne les empêche pas de continuer à bénéficier de tel ou tel privilège étatique qui les désincite à devenir responsable. La situation continuera à s’envenimer tant que la liberté ne sera pas associée à la responsabilité.

    • Quand on autorise à dire les conneries, celui qui les dit passe pour un con.
      Dans le cas contraire, il passe pour une victime.

      • « Quand on autorise à dire les conneries, celui qui les dit passe pour un con. »


        @Gada1 : Il passe pour un con dans une société libérale où les gens n’ont pas le temps d’écouter ses conneries du fait qu’ils sont trop occupés à survivre par leurs propres moyens.

        Il passe pour un génie dans une société socialiste où les gens ont le temps d’écouter à longueur de journée ses conneries du fait qu’ils peuvent survivre sur le dos d’autrui tel des parasites.

      • « Dans le cas contraire, il passe pour une victime. »


        @Gada1 : Exact. D’où mon opposition aux censures étatiques, malgré le fait que je considère que les supprimer ne résoudra qu’une infime partie du problème.

  • L’une des raisons qui peut expliquer pourquoi les réseaux sociaux sont très à gauche vient sûrement en partie des utilisateurs. Les gens de gauche sont beaucoup plus intolérant et n’hésite pas a faire des fausses plaintes pour descendre la côte d’utilisateurs qui ont une opinion non-conforme.

    L’endoctrinement fait également en sorte qu’ils sont nombreux.

  • susciter la peur n’est pas toujours un problème..
    si vous dites à une personne ce que vous dites est diffamatoire..je vais le signaler..est une menace…et fait peur..et est parfaitement acceptable en soi…

  • Je me réjouis du fait suivant : twitter ou farce de bouc, cela coute en énergie.
    Imaginons juste que les fournisseurs d’énergie fassent pression sur le contenu de ces applications… Par exemple question énergie.
    Juste pour rire hein…

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