Les solutions du privé pour circuler autrement en ville

Des heures perdues dans les bouchons, des heures perdues pour se garer, des dégradations récurrentes en plus de la pollution, c’est trop. De nombreux moyens de circulation alternatifs voient donc le jour depuis quelques années.

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Les solutions du privé pour circuler autrement en ville

Publié le 20 septembre 2017
- A +

Par Jean-Baptiste Boone.
Un article de l’Iref-Europe

Les villes ont grandi sans que les moyens de circulation évoluent. Tant et si bien que la grande reine voiture a commencé à poser quelques problèmes de bouchons ou de stationnement. Les pics de pollution parisiens et les images irréelles de villes chinoises embrumées ont fini de nous en convaincre : la voiture devient un mode de locomotion compliqué en ville.

Des heures perdues dans les bouchons, des heures perdues pour se garer, des dégradations récurrentes en plus de la pollution, c’est trop. De nombreux moyens de circulation alternatifs voient donc le jour depuis quelques années. Il s’agit souvent de partage de véhicules.

Solutions étatiques, solutions privées

Ici comme ailleurs, plusieurs approches étaient envisageables : celles que les Français préfèrent, étatiques, et d’autres relevant d’initiatives privées. C’est ainsi que Paris s’est lancé dans Vélib et Autolib au frais du contribuable, et donc à ses risques, tandis que Cityscoot et les Chinois Mobike ou Ofo cherchaient par eux-mêmes d’autres solutions.

Les Vélib’ ont été installés en 2007 à l’initiative de la ville de Paris. La mairie déléguait la gestion à la société JC Decaux après un étrange appel d’offre mêlant vélos et panneaux publicitaires.

Ce montage particulier et les multiples avenants ont coûté plus de 90 millions d’euros, selon un rapport paru en 2016. Le succès commercial a pourtant été au rendez-vous avec plus de 100 000 utilisations par jour, ce qui rend les pertes d’autant plus incompréhensibles.

Des sociétés privées plus libres

À l’inverse, les sociétés privées de partage de vélo supportent dès le début l’intégralité des risques financiers. Certes, en 2007, tout était encore embryonnaire, la technologie comme le rayon d’action.

Le système utilisé aujourd’hui par Vélib couvre une vaste zone mais présente quelques inconvénients, comme le garage des vélos, problème largement évoqué dans les journaux français. Cependant, il n’y a là rien d’insurmontable.

En revanche, pas de bornes ni limites géographiques comme pour le Vélib. Il est étonnant que ce soit en République populaire de Chine que ce système complètement indépendant des autorités se soit développé.

Le contrat parisien arrivant à échéance en 2017 a été attribué à un autre prestataire qui prévoit le changement de l’intégralité des bornes et des vélos. Vu les possibilités actuelles, il aurait été possible de renoncer à la gestion municipale de ce service finalement très simple, quitte à organiser les stationnements par des mises à disposition d’espace – aujourd’hui il existe 40 000 bornes utilisant chacune au moins 1m² . La mairie aurait ainsi été déchargée des risques financiers, contractuels et fiscaux.

Autolib contre Cityscoot

Autolib, géré par le groupe Bolloré, est un exemple remarquable de ce qu’il faut éviter de faire. Le contrat de délégation de service public (sic) permet au groupe prestataire de partager les pertes, estimées à 179 millions d’euros, avec la mairie. Ces voitures grises, souvent sales, coûtent cher et, à l’instar du Vélib’, réduisent le nombre de place de stationnement, ce qui n’est pas sans poser des problèmes dans la capitale.

À l’inverse, l’émergence de la société de location Cityscoot (certes soutenu par la BPI, mais pas seulement) s’est faite sans concertation publique. Et là aussi le système s’avère à la fois bien plus ingénieux et plus simple que celui qui a été imaginé pour la mairie de Paris par Autolib’.

Contrairement aux véhicules d’Autolib’, les scooters peuvent se garer partout sous la responsabilité de leurs utilisateurs et les batteries sont changées par la société de façon rapide et simple.

La fin du business model étatique

Enfin, on peut prévoir que les systèmes de partage de voiture portés par les constructeurs (DriveNow, Car2Go) eux-mêmes achèveront de détruire ce business model étatique qui aura coûté si cher. Et si cela arrive, qui se chargera du coût de démantèlement des bornes et de destruction des voitures ? Eh bien… le contribuable parisien !

Ces exemples montrent de façon admirable comment des initiatives privées viennent répondre aux besoins réels (faciliter les trajets de particuliers) et non pas supposés et imposés (réduire le nombre de voitures).

Les entreprises qui les ont lancées interviennent sans engager les collectivités et donc les impôts des Français, pourvu qu’on ne les entrave pas à coups de réglementations ou de concurrence déloyale de sociétés semi-étatiques.

Elles assument l’intégralité des risques encourus ; en cas de perte, le préjudice est supporté par le promoteur et non par le contribuable. Leur environnement concurrentiel les pousse à l’innovation permanente afin de satisfaire leurs clients.

Ces exemples viennent enfin rappeler que l’État ou les collectivités sont incapables de porter des projets industriels. C’est normal, ce n’est pas leur rôle.

Sur le web

À lire aussi : 35 milliards pour les transports IdF, appel au moratoire

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  • Souvenir d’un voyage à Montréal en 2009 : mes amis là-bas étaient membres d’une association d’auto-partage. Ils réservaient une voiture quand ils en avaient besoin, on leur indiquait où la récupérer. Les clés étaient sur la roue arrière, la seule condition était de remettre la voiture à disposition après usage en bon état et avec de l’essence. Il suffisait de la garer quelque part et d’indiquer à l’association où elle était, pour que la personne suivante puisse la trouver.
    Pas d’intervention d’un élu quelconque là-dedans.

  • Bonjour

    On pourrait libéraliser le transport collectif et faire des taxico ou taxi-brousse avec des auto entrepreneurs avec des minibus.
    Moins de chômage, service bas coût et flexible, plus de grève de la CGT, pas de pb de parking.

  • Ça marche du tonnerre en Chine, la ville de Shenzhen vient de révéler les dernières statistiques il y a quelques jours, les transports en vélo partages est devenu majoritaire dans la ville, dépassant le métro et les bus.

  • les mots changent…avant pour rentré dans ine ville.vous devez payé. (( OCTROI DE PASSAGE))
    Et si vous avez une ou des marchandises là dîme (( taxe))..
    nous avons changer les mots mais nous avons rien inventé. …

  • Root cause: les emplois sont concentrés dans les grandes métropoles, particulièrement en région parisienne. Les travailleurs n’habitent pas en majorité à Paris intra-muros, mais dans les villes-dortoirs situées en banlieue.

    Tout ce petit monde entame une danse quotidienne du type métro-boulot-dodo où les croisements et entrecroisements se suivent et se ressemblent.

    Et visiblement, il n’y a que peu de chances que les choses changent: les sièges sociaux sont tous concentrés aux mêmes endroits, les postes les plus alléchants situés dans ces mêmes lieux.

    Créer des stations intermédiaires? C’est multiplier les temps de trajet. Mettre des barrières fiscales? Il faudra donc réinstaurer la gabelle, les questes et autres dîmes. Imposer un moyen de locomotion? Récolte d’incivilités, de moyens de compression d’êtres humains, de hausses de coûts pour un résultat médiocre.

    Les principaux ingrédients pour rediriger ces flux pourraient plutôt être la stimulation de pôles industriels dans des zones plus éloignées que les anciennes « villes-nouvelles », ce qui limiterait alors les arbitrages des foyers qui recherchent les meilleures conditions pour trouver rapidement un emploi.

    • Une autre solution pour ceux qui le peuvent : travailler en ligne depuis chez soi, café où autre lieu de son choix pourvu qu’il y ait internet et des prises de courant pour brancher son laptop.

      À partir de là, c’est une bonne partie des gens qu’on ne retrouve pas dans les bouchons et plus besoin de construire des métros ou tramways qui coûtent la peau de la partie la plus confortable de notre anatomie.

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