Primaire de la droite : sous le signe de la prudence

Premier débat autour des primaires à droite, une première analyse du point de vue libéral.

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Primaire de la droite : sous le signe de la prudence

Publié le 14 octobre 2016
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Par la rédaction de Contrepoints.

Primaire de la droite : sous le signe de la prudence
By: European People’s PartyCC BY 2.0

Il y avait sept candidats à la primaire de la droite qui s’affrontaient hier dans un débat télévisé. Sur plusieurs grands thèmes, on a pu juger du comportement des prétendants et d’une partie de leur programme.

Primaire : la droite est prudente

Après le débat d’hier, la première impression qui domine est que la droite la plus bête du monde n’existe plus. Les échanges sont restés relativement corrects. Il semble qu’étant donnée la situation du pays, intelligemment mise en valeur en début d’émission, tout le monde ait compris qu’il ne fallait pas trop insister sur les querelles personnelles.

Du reste, chacun des candidats s’est engagé à respecter le résultat de la primaire et à soutenir le vainqueur. On peut toujours penser que le résultat sera respecté alors que le soutien des perdants sera modérément actif, mais les choses ont le mérite d’être enregistrées et donc opposables dans le futur.

La droite a aussi choisi une primaire ouverte. Elle privilégie donc :

  • l’image face à une gauche qui n’aurait pas manqué de lui reprocher un déficit de démocratie avec une primaire fermée,
  • indirectement, les candidats centristes, plus rassembleurs en vue du premier tour où il s’agira, a priori, simplement d’être deuxième pour l’emporter,
  • l’exposition médiatique : si tout le monde ou presque peut voter, il y a beaucoup plus d’intérêt pour les médias à se prendre au jeu.

Les favoris, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, se sont montrés très prudents. Entre un ancien Premier ministre calme, posé et présidentiel et un ancien Président qui a cherché à ratisser large en semant des graines dans tous les bords de la droite tout en maîtrisant sa diction par de nombreuses pauses, il n’y a pas eu de grande prise de risque. Les poursuivants sont suffisamment loin pour risquer de perdre une place au deuxième tour.

Pour les rejoindre, ce sont donc ces poursuivants qui doivent faire l’effort, sans pour autant se livrer à des attaques déplacées. Ainsi, Bruno Le Maire s’est présenté sans cravate, pour se donner une image plus jeune et détendue, mais son comportement envers les journalistes, un tantinet agressif, n’a pas plaidé en ce sens. François Fillon s’est montré pugnace mais sans agressivité, tranquille et sûr de lui, avec la bonne connaissance des dossiers qu’on lui connait. Compétent et raisonnable en somme. Nathalie Kosciusko-Morizet a souffert d’une image hautaine, peut-être trop polie et trop peu naturelle pour réellement convaincre. On a retrouvé le Jean-François Copé des batailles à la tête de l’UMP, celui qui était agressif et arrogant. Enfin, Jean-Frédéric Poisson n’avait rien à perdre. Il dégage une proximité avec le peuple assez naturelle et ne se laisse pas impressionner par les « éléphants » qui sont ses adversaires.

Économie et sécurité : de la tentation libérale à la tentation liberticide

À des degrés divers, sur un plan économique, l’idée que tout ou partie des solutions libérales sont parmi les meilleures fait clairement son chemin. Si Alain Juppé a raté sa réponse à la spectatrice qui l’interrogeait sur la différence avec 1995, il présente certaines mesures plutôt libérales comme la baisse de l’impôt sur les sociétés, tout en renforçant les fonctions régaliennes de l’État.

Nicolas Sarkozy propose une baisse de l’impôt sur le revenu ainsi que de ramener la dépense publique à 50% du PIB. La maîtrise de la dépense publique et la gestion des retraites tient aussi une place importante pour François Fillon. Dans ce domaine, c’est Nathalie Kosciusko-Morizet qui est la grande gagnante avec une proposition de flat-tax, pas de nouveaux fonctionnaires en dehors du régalien, la retraite par points et l’incitation au travail indépendant.

Bruno Le Maire propose aussi une baisse du nombre de fonctionnaires et une maîtrise de la dépense publique, mais laisse un sentiment d’emprise forte de l’État sur l’économie. Les autres candidats se sont situés plutôt étatiste (J.F. Poisson) ou plutôt dans un registre pragmatique, proche des aspirations du MEDEF (J.F. Copé).

Pour ce qui est des aspect sécuritaires, on observe une abondance de propositions liberticides. Alain Juppé s’est prononcé pour le renseignement, la prison et l’État de droit, dans l’optique la plus traditionnelle qui soit vis-à-vis de ces questions. Face à lui, expulsion de fichés S, retraits de nationalité, interdiction du salafisme et autres mesures plutôt liberticides se sont affrontées.

Les élections approchent : les germes du libéralisme réapparaissent

Bien sûr, aucun des candidats ne vend un système pleinement libéral. Lorsque la droite a la possibilité de gagner, elle se veut toujours plus libérale qu’elle ne l’a jamais été.

Une fois au pouvoir, il y a toujours une bonne excuse pour l’être moins que prévu. Espérons que cette fois-ci, quel que soit le vainqueur, cette tendance, même partielle, ne sera pas oubliée, afin qu’on puisse en mesurer les effets positifs sur le pays.

 

Voir les commentaires (8)

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  • Pour moi NKM a gagné la bataille du libéralisme, même si je trouve que son discours manque un peu d’entrain.

    C’est la seule me semble-t-il qui a proposé une réforme fiscale choc (pas un choc fiscal, une réforme de simplification) qui me semble nécessaire aujourd’hui tant nos modes de prélèvements sont complexes (donc antidémocratiques)

    • Il ne sert à rien de proposer une réforme fiscale choc si l’on n’a pas d’abord fait un choc de réduction sur les dépenses. Le taux de 20% pour la flat tax NKM est déjà considérable en lui-même, mais si les dépenses ne sont pas maîtrisées, à combien montera-t-il ?

    • Le revenu universel…. c’est libéral?

  • Mouais (pour faire court).

  • « expulsion de fichés S, retraits de nationalité, interdiction du salafisme et autres mesures plutôt liberticides »
    Lol. Ca fait penser à la citation habituelle « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. »
    Nickel les gars, continuez à soutenir ceux qui veulent votre mort.

  • Un candidat qui se veut libéral doit présenter à minima :
    – fustiger les grandes menaces qui sont le collectivisme et l’Islam (personne sur le premier point, seul Poisson sur le 2nd)
    – diminution de l’Etat : ie tailler dans la fonction publique, fermer des administrations. (LeMaire, Sarko et NKM, mais très très limité)
    – diminution de la législation : ie limiter le droit à un nb de page, annuler le droit du travail, annuler les législations anti armes, etc. (Fillon et NKM pour les auto entrepreneurs)
    – diminution de la taxation : ie annulation de pléthore de taxes, flat taxe pour le restant. (NKM mais que sur les revenus et en gardant l’ISF…)
    – refuser l’ingérence extérieure : sortir de l’UE, l’OTAN, l’OCDE (Personne)
    – refuser l’interventionnisme externe : les troupes françaises restent en France (Personne)

    Autrement dit ils couvrent même pas 1% du spectre. Et ce sont les promesses pré électorales.

    • Chaque candidat avait un temps de parole trop court pour exposer toutes ses idées. Il faut aller voir les sites de chacun et éventuellement le comparatif de l’IFRAP.

  • que de la démagogie

  • Les commentaires sont fermés.

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