Le contre-budget des Républicains : un pétard mouillé ?

Pour Pierre Robert, le contre-budget proposé par Les Républicains, s’il présente des mesures salutaires, ne va pas assez loin. C’est un véritable changement de logiciel dont la France a besoin pour sortir de son marasme économique et démocratique.

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Source : Flickr

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Le contre-budget des Républicains : un pétard mouillé ?

Publié le 23 octobre 2023
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Plutôt que de réagir mécaniquement à la mise en Å“uvre de l’article 49.3 par le gouvernement en déposant une motion de censure qui n’aurait aucune chance d’aboutir dans la configuration actuelle de l’Assemblée nationale, Les Républicains a présenté un contre-budget conforme à ce qu’il pense être bon pour redresser les finances publiques de notre pays où pas un budget n’a été voté en équilibre depuis 1975 (sur ce sujet, voir l’entretien réalisé par Contrepoints de la députée LR Valérie Louwagie).

Sur ce point, le diagnostic est connu de tous : un niveau de prélèvements obligatoires trop élevé, des dépenses publiques non maîtrisées et un endettement colossal qui a franchi la barre des 3000 milliards d’euros.

Des propositions timorées

Face à une situation si préoccupante qui met notre pays en danger (selon le président de la Cour des comptes « nous ne sommes plus devant les risques, ils sont là ») ce que propose LR paraît pour le moins timoré.

Son document de travail propose certes de bonnes mesures, comme la diminution des droits de succession et de donation pour encourager la solidarité intergénérationnelle, ou l’augmentation des plafonds du quotient familial pour venir en aide aux familles, ainsi que quelques pistes d’économies budgétaires.

Mais d’autres sont franchement contestables. Tel est le cas de la baisse de la fiscalité pesant sur les carburants fossiles. Elle représenterait une perte de recettes de l’ordre de 5 milliards d’euros alors que la décarbonation de notre économie est devenue un impératif aux yeux de la majorité de nos contemporains.

D’autres paraissent d’emblée insuffisantes, comme la petite accélération du processus de suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt qui mine leur compétitivité et devrait d’urgence être supprimé, ou encore la diminution paramétrique des cotisations sociales sur les bas salaires.

En définitive, il n’y a dans ce document que peu de mesures d’économies structurelles, alors que leur absence dans le projet de loi de finances présenté par le gouvernement est le principal reproche formulé par Les Républicains à son encontre.

On le comprend mieux si on considère que dès le début du texte, quasiment en exergue, figure une phrase donnant la tonalité de tout ce qui va suivre :

« Une cure d’austérité brutale et prolongée avec une possible réduction des pensions de retraite et des traitements des fonctionnaires, mettrait en danger notre pacte social. ».

Répondre aux nouveaux défis du monde

Là est le nœud de la question, car ce pacte dont les bases ont été posées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par le Conseil National de la Résistance, est manifestement incapable de répondre aux nouveaux défis du monde dans lequel nous vivons.

De la volonté de le sauver découle un contre-budget qui ne propose qu’un aménagement à la marge de l’existant à travers une série de dispositions que seul pouvait inspirer un profond respect du totem technocratique.

On y trouve notamment une mesure one shot consistant à faire remonter vers le centre la trésorerie des opérateurs publics. En revanche, pas la moindre velléité d’envisager un quelconque dispositif de désindexation des retraites alors que les actifs au chômage seraient pénalisés, une mesure difficilement applicable sans déclencher de violentes réactions dans un pays où les chômeurs sont toujours vus comme des victimes. Quant à la réduction de l’aide médicale d’État (AME), elle rapporterait peu, alors qu’elle serait dangereuse pour la santé publique.

Autres faiblesses du projet : y figurent en bonne place des pistes éculées comme celle de la lutte contre la fraude sociale, un marronnier dont les fruits ont toujours été décevants, ou celle de la rationalisation de l’action publique, un autre serpent de mer difficile à chevaucher. Attention, la RGPP qui, comme chacun le sait, a donné de brillants résultats est de retour !

Sur le même mode, il s’agit également de stabiliser les effectifs de l’État et de ses opérateurs (alors qu’il faudrait les réduire drastiquement) et de supprimer une grosse niche fiscale dont bénéficient les transports maritimes (alors qu’on sait que dans chaque niche un gros chien est prêt à aboyer).

Le document prend même le caractère d’un grimoire alchimique lorsqu’il évoque (page 25) de mystérieux, « gisements d’économies supplémentaires très importants chez les opérateurs de l’État, en particulier en termes de dépenses de fonctionnement », des gisements vus comme prometteurs mais qui « devront être identifiés au cours des prochaines revues des dépenses »…

Retarder l’inéluctable écroulement

En définitive, en tentant de rapetasser tant bien que mal un système en bout de course, ce contre- budget ne fait que retarder son écroulement qui parait désormais inévitable.

En l’état actuel de l’opinion que caractérise une profonde ignorance de l’économie, et alors que nos responsables politiques continuent à osciller entre un libéralisme édulcoré et un étatisme omniprésent, le système semble en effet ne plus être réformable.

Seul un choc encore bien plus fort que celui subi par la Suède en 1993 pourrait rendre envisageable la thérapie de choc qui permettrait au pays de se redresser en mettant fin au système de l’emploi à vie des fonctionnaires, à l’étatisation de l’éducation, et aux multiples dispositifs consistant à ponctionner les entreprises d’une main pour soutenir de l’autre celles qui ont la faveur du Prince.

Voir les commentaires (9)

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  • L’article est particulièrement à charge. Je rappelle que les républicains ne sont pas au pouvoir. Il ne peuvent donc que suggérer à Macron, qui lui, maitre de la France, décidera. Donner des conseils trop extrêmes au souverain ne pourrait que l’irriter.
    Cependant, dans leurs propositions, tout n’est pas fait dans l’unique intérêt de la nation. Des propositions comme la suppression de l’AME sont une arlésienne de la droite, et ne peuvent que fâcher la gauche de Macron.
    Ainsi leurs conseils sont timorés (ce qu’il faut), mais aussi certains sont idiots et contreproductifs. Il ne faut pas trop attendre non plus de ceux qui nous ont gouvernés pendant des dizaines d’années…

    • Soit ils ne sont pas au pouvoir, et il devraient indiquer ce qu’ils feraient s’ils y étaient, soit ils y sont et ils doivent éviter de prétendre qu’ils n’y sont pas. Tout ça sent le beurre, l’argent du beurre, et la compromission avec la crémière par dessous.

    • De puis 1975 pas de budget en équilibre. Ce n’est pas aujourd’hui ou demain que le LR va en proposer un comme par magie. Sinon, ils seront virés du gouvernement. Tant que la France ne sera pas sous tutelle européenne ou du FMI, ce sera open bar pour nos élus.
      Pourtant beaucoup de solutions existent pour diminuer les dépenses.
      Arrête de l’AME pour les étrangers, limitation du RSA à 5 ans dans la vie d’un individu, suppression à vie des aides sociales aux fraudeurs et durant 5 ans aux délinquants, limitation des subventions aux ONG et aux associations à 1500€/an par l’état et les différentes collectivités et les entreprises, le reste devant leur être donné par les Français directement. Suppression des financements des syndicats. Comme Reagan, mise au chômage de 1 million de fonctionnaires. Fusion des régimes de retraite et de sécurité sociale des fonctionnaires avec ceux du privé. Suppression des financement aux anciens présidents de la République. Cotisation et adhésion des élus au chômage.
      Pour toute manifestations, l’organisateur est responsable pécuniairement des dégâts y compris ceux des casseurs, et des coûts des soins des blessés.
      Obligation pour les retraités de se présenter 1 fois par mois au consulat pour justifier qu’ils sont en vie, et de consulter un médecin français avant toutes opérations médicales ou diagnostic d’une longue maladie. Etc, etc.
      Bref, l’égalité et la fin de la gabegie.
      Et surtout, limitation des indemnités des élus au salaire médian de leurs électeurs.

  • Bien sûr. Le programme alternatif de LR est sans saveur, sans goût et sans intérêt. Une mignardise fade. Alors qu’on attend un bon gros cassoulet des familles !
    La même vieille recette. On rogne un peu l’AME pour montrer combien la lutte contre l’immigration est importante. Tu parles Charles ! On met le paquet sur la politique fiscale familiale, quand en bon libéral, il serait temps que les poules pondeuses de luxe arrêtent de compter sur la solidarité nationale. Mais oui Marie-Chantal !
    Cerise sur le gâteau : cet article démonte une des rares mesures libérales d’ampleur de ce budget qui est la réduction des taxes sur les carburants. Et promeut un truc qui n’a aucun effet sur quoi que ce soit : la fin du statut des fonctionnaires. Alors qu’il faut en réduire le nombre, et surtout mettre un terme définitif à notre tropisme réglementaire.

  • les députés LR (11%) des députés sont ultra minoritaires a l’assemblée nationale ,mais ils semblent croire qu’ils peuvent changer les lois tout seuls.
    ils auraient eu en effet un pouvoir d’influence élevé ,s’ils avaient accepté de participer au Gouvernement ou fait un accord ,une alliance avec les Gouvernementaux .
    Plusieurs de leurs idées fortes (droits de donation intergénérationnels limités ou même supprimés comme dans 8 pays de l’UE ) par exemple auraient probablement pu être mis en place officiellement et rapidement .
    Le problème central ,bloquant semble être la réélection de certains députés (mal élus) et confrontés au RN dans leur circonscription ,qui ont peur de la sanction populaire en cas de collaboration avec le Gouvernement.
    Comment de plus faire confiance a certains députés (19) qui n’ont pas respecté
    les consignes de vote tres claires du President Ciotti ?
    Ils sont peu nombreux et indisciplinés car désunis !!!

  • Et la suppression des multiples subventions sans aucun intérêt général, attribuées sans débat ouvert et contradictoire ? Un intérêt électoral peut-être ?

  • Il serait temps aussi que quelqu’un remarque que nombre de recettes peuvent être supprimées sans problème. L’effet Laffer compenserait avec les autres recettes le manque à gagner. Mieux encore, cette compensation n’apparaissant qu’à posteriori sur l’exécution du budget, il faudrait impérativement supprimer des dépenses pour ne pas paraître creuser le déficit. Or les dépenses de pure idéologie, notamment les subventions écologiques, peuvent être supprimées sans autre problème que d’affirmer bien haut : « Nous sommes dans une passe critique, nous ne pouvons pas nous le permettre ! ».
    Enfin, sur ce point, les écolos ne voteront pas LR pour avoir soutenu les idées écolo, ces voix sont inaccessibles, autant en faire son deuil. Réduire la taxation des carburants est en ce sens une excellente mesure : elle favorise tous les secteurs économiques, elle peut se justifier par le principe qu’une taxe ne devrait pas pouvoir porter sur une autre taxe, et il est facile à démontrer que faute d’alternative, l’effet désincitatif est nul.

    • Réduire la taxation sur les carburants fera mécaniquement augmenter nos déficits récurrents !!!!
      Ah nos populistes jamais a cours d idées fumeuses !!!!
      La concurrence doit être inscrite dans tous les domaines retraite santé transport chômage énergie culture…..même dans le régalien
      Nos armées doivent se concentrer sur l action militaire pure et sous traiter toute la logistique, l entretien du matériel…….comme nos FOD qui doivent rester sur leur cÅ“ur de métier

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