Cet été, Contrepoints vous fait revivre la première année de nos ministres. Pour commencer, nous vous proposons quelques concertos montebourgeois.
Par Constance Mas.
Souvenez-vous, c’était le 16 mai 2012.
Dans un printemps résolument plus que joyeux, carrément rose, vous découvriez un nouveau ministère au nom fleurant bon l’URSS : le ministère du redressement productif. À sa tête fut nommé un Arnaud Montebourg, chaud bouillant, bien décidé à être productif ; ce n’est ni son ignorance, ni son incohérence qui allait l’arrêter.
Quand l’automobile française s’est retrouvée dans la mouise, c’est tout naturellement qu’il s’est jeté dans la bataille, indifférent à sa propre insignifiance et pratiquant gaiement la mauvaise foi .
Puis, pendant quelques mois, faute d’industrie moribonde à réorganiser, notre productif ministre ne s’est pas laissé aller à l’oisiveté : il a fait le tri dans ses factures de téléphone, s’est essayé au mannequinat – made in France, s’il-vous-plaît – puis reconverti en critique de presse. Une tornade de changements minutieusement pas préparés qui ont permis au ministre de s’afficher dans un nombre consternant de situations étranges et rigologène.
Mais c’est après cette introduction plutôt dissonante, somme toute discrète, que les concertos montebourgeois ont commencé à nous casser sérieusement les oreilles.
Lorsque monsieur Montebourg a indiqué la porte à la famille Mittal dans un accès d’humeur, il n’y a guère eu que le Mayor Johnson pour nous en faire sourire. Lorsqu’il a ressuscité l’idée de nationalisation en piétinant au passage la propriété privée, on a cru à une blague : souhaitait-il nous renvoyer des dizaines d’année en arrière ? Ou le gouvernement avait-il simplement perdu les pédales ?
Difficile de savoir dans cette pluie drue de bouillonnements intempestifs d’un ministre effervescent ; il n’en restait pas moins que l’ambiance se dégrada franchement à l’approche du nouvel an : faisant moult vœux flamboyants d’archaïsme, par exemple résolument tourné vers une sidérurgie mourante, le frétillant ministre repartait alors vaillamment à l’assaut d’un libéralisme fantôme dans une France en quasi-soviétisation.
Forcément, toute cette exubérance rarement à propos a fini par déclencher des problèmes : à force de marcher sur les pieds de ses petits camarades, le petit Arnaud s’est malencontreusement attaqué à plus fort – et plus drôle que lui, le PDG de Titan. Correctement tatanné par le PDG, il s’est ensuite forcé à plus de discrétion, ne sortant de son silence que pour proposer un impôt supplémentaire sur le diesel (original, non ?), réprimander un directeur de la BPI un peu trop consciencieux ou étaler son ignorance de l’économie comme à son habitude, oubliant au passage le fiasco de ses propres méthodes.
Mais ne vous inquiétez pas ! Notre cher ministre reprend du poil de la bête. Il se trouve maintenant de nouveaux chantiers, et même de nouveaux ennemis. Voilà qui promet un beau troisième mouvement à ce concerto, dont la vigueur, si elle épuise l’orchestre, semble donner des vitamines au chef, persuadé d’aller quelque part d’un jarret vigoureux. Espérons que le final arrivera bien vite, certains, dans les violons et les cuivres, approchent dangereusement de l’apoplexie.
En attendant, profitez donc de l’entracte pour réviser vos classiques.
Retrouvez le feuilleton de l’été de Contrepoints ici.
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Revivez les « bêtises » de Montebourg dans les articles de Contrepoints :
La méthode montebourgeoise :
- Aaah, le redressement productif…
- Montebourg ou le ministre de l’Agitation Improductive
- Méchante concurrence et vrais pignoufs
- Quelle mouche a piqué Arnaud Montebourg ?
- Gouvernement téléphone maison
- Montebourg en marinière : le « made in France » est-il la solution ?
- Cette Une de The Economist qu’on ne veut pas comprendre
- Vœux d’Arnaud Montebourg : la France, ce beau pays (dont on ne sort pas)
- Arnaud Montebourg, un Don Quichotte qui brasse du vent comme les moulins
Affaire PSA :
- Montebourg aide PSA. Le constructeur, résigné, s’attend au pire.
- PSA montre que Montebourg n’est qu’un petit fusible
Affaire Florange/Mittal :
- Mittal : Boutons les industriels hors de France
- Boris Johnson invite les 20 000 emplois de Mittal à Londres
- Florange : la propriété privée, cette relique barbare
- La sidérurgie plutôt que les start-ups !
- Florange ou l’évidente panique gouvernementale
Affaire Petroplus :
Affaire Titan :
Festival de mesures montebougeoises :
C’est vrai qu’on n’entend plus trop guignol depuis que le PDG de Titan l’a remis à sa place.
Quel article kré kré méchant !!! Faut dire, question clowneries dans le rectangle à images, il a assuré, le Nono. A ce niveau-là, c’est du grand art.
Bon, dès le départ, le décor était planté : un Ministère du redressement productif, faut dire, on en avait un besoin urgent ! Mais malgré tout, ça suffit pas pour en faire une bonne pièce. Il fallait un branquignole de première. Et là, le Nono nous a joué toute la gamme.
Très très fort.
Sympathique incompétent! Pas comme d’autres qui sont encore plus incompétents mais beaucoup moins sympas…
Que demande l’amateur de théâtre de marionnettes, celui qui a voté Hollande dans un grand élan républicain et, qui, la larme à l’oeil, a vu s’aligner autour du Présigland une équipe pour le moins improbable ?
Des personnages bien diversifiés,frétillants d’ingénuité, de pétulance, et dont les résultats importent peu, du moment qu’ils ont fait leur numéro de claquettes …
Une fois bien comprises les règles du casting, ne boudons pas notre plaisir : Montebourg est PARFAIT !
Comme son Président, il n’aime pas les riches, mais il ajoute au thème une note incomparable de solidarité, de volontarisme, de courage style « qui a peur du grand méchant loup », et agite perpétuellement son sabre de bois pour faire peur aux moulins …
Ajoutons une inefficacité totale et fort rassurante, des postures de comedia del arte, et un sourire qui doit faire craquer les ménagères …
Mais il exerce aussi un rôle considérable dans la pacification des conflits sociaux : désormais, dès qu’il approche, les salariés savent qu’ils sont foutus et baissent pavillon 🙂
Voila donc une première recrue de premier plan, attendons la suivante 🙂
Il a tout de même révélé de sacrés problèmes de corruption au sein de son parti, ce n’ est pas rien. Il n’ est pas libéral, ignare en économie, il prône la démondialisation…comme dirait l’ autre quand la Chine se cassera la gueule dans un immense fracas, il redeviendra crédible, le Montebougre.
Et Yahoo? Pas un mot de Yahoo? Son plus grand succès??
J’ai suivi scrupuleusement le discours de mon Arnaud, je me suis lancé dans une fabrique de boîtes à caca made in France. Avec mon site Cacator.com (c’est du latin donc c’est sérieux).
Je vais conquérir le monde avec mes produits made in France (merde in France).
Et si personne n’en veut, je vais demander des aides ! Et pourquoi pas le crédit impôt recherche ?
Franchement, des boîtes à caca ! C’est pas de l’innovation ça ?
C’est pas un exception culturelle ?
non … ?
Bon d’accord, j’habite en Suisse c’est un problème ?
+1000 🙂
cacator.fr, si je peux me permettre…
Pierre Manzoni, la boite à merde.
Non ce n’ est pas un concept nouveau.
Commencer par Montebourg, c’est tomber dans la facilité… -)
Je trouve cette rétrospective tout à fait exacte, à un détail près, celui qui suppose que le Gouvernement aurait perdu les pédales. C’est là une totale méconnaissance des rapports……
L’Archiduc du Blabla Soviétique est effectivement une sorte de référence absolue de ce qu’un ministre doit à tout prix éviter d’être.
Un peu comme le degré zéro kelvin dans le domaine des températures…