LFI veut imposer un moratoire sur les méga-bassines : clientélisme ou simple bêtise ?

La France Insoumise veut imposer un moratoire de dix ans sur la construction de méga-bassines, alors même que la France est sous l’eau depuis quelques semaines…

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LFI veut imposer un moratoire sur les méga-bassines : clientélisme ou simple bêtise ?

Publié le 18 novembre 2023
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« Que d’eau, que d’eau ! »

C’est l’exclamation attribuée au président Patrice de Mac-Mahon à la vue de la crue historique de la Garonne, à Toulouse, le 26 juin 1875.

« Que d’air, que d’air ! » brassé à l’Assemblée nationale au sujet de l’eau et des « mégabassines », pourrait-on dire aujourd’hui.

Les dépressions – au sens météorologique – se suivent sur la France avec la régularité d’un métro parisien quand il fonctionne normalement. Elles apportent d’importantes quantités d’eau dont une partie réhumidifie les sols et recharge les nappes phréatiques, une autre repart à la mer en pure perte pour nos écosystèmes et nos besoins, et une autre encore inonde d’importantes portions de nos territoires.

C’est le moment qu’a choisi la députée la France Insoumise Clémence Guetté, certes un peu forcée par le calendrier législatif, pour annoncer qu’elle présentera « les 21 et 30 novembre à l’Assemblée une proposition de loi pour un moratoire sur les méga-bassines ».

Il n’est pas vraiment nécessaire de revenir sur le principe et la fonction des réserves de substitution, appelées « mégabassines » avec une intention malveillante de dénigrement : il s’agit en terrain plat, ne se prêtant pas à la construction de retenues collinaires ou de barrages sur des cours d’eau, de stocker l’eau détournée d’une rivière ou, plus souvent, pompée dans la nappe phréatique quand elle est pleine, pour l’utiliser pour l’irrigation pendant la saison de végétation.

De telles réserves existent déjà, par exemple, dans le sud de la Vendée et fonctionnent à la satisfaction de tous (ou quasiment), même de milieux « écologistes » qui y étaient hostiles au départ.

Mais, plus au sud, elles sont devenues un totem à abattre, ou plutôt à vandaliser.

La situation météorologique – et non « climatique » – actuelle ne présage en rien des situations climatiques futures. Elle illustre cependant l’utilité des réserves de substitution qui sont en construction ou envisagées précisément dans la région où les nappes, très réactives, sont maintenant (plus que) pleines.

Mais le groupe de la France Insoumise voit les choses autrement. Il a donc déposé une « proposition de loi visant à instaurer un moratoire sur le déploiement des méga‑bassines ».

Cela se veut sans doute subtil : un moratoire est en principe plus facile à vendre qu’une interdiction pure et simple. Mais ne nous leurrons pas : la proposition n’a aucune chance de prospérer.

Voici le texte de l’article unique proposé :

« Dans un contexte de changement climatique et en raison des impacts sur la ressource en eau et de leurs conséquences écologiques, économiques et sociales, il est instauré un moratoire suspendant la délivrance des autorisations pour la construction de méga‑bassines telle que prévue par les articles L. 214‑1 et suivants du Code de l’environnement.

Dans l’attente d’une réforme législative en la matière, ce moratoire est instauré pour une durée de dix ans à compter de la promulgation de la présente loi, y compris aux projets en cours d’instruction. »

L’exposé des motifs est introduit par le paragraphe suivant, mis en chapô :

« Cette proposition de loi vise à aller vers la souveraineté alimentaire en protégeant les consommateurs, les agriculteurs et l’écosystème de la spéculation internationale sur les productions agricoles et de la raréfaction de la ressource en eau encouragées par les projets de méga‑bassines. »

On pourrait s’arrêter là pour la démonstration du ridicule de la proposition et de ses motivations.

Mais le texte nous révèle d’autres surprises.

Sont notamment convoqués à la barre :

  • le suicide des agriculteurs ;
  • l’absence alléguée de « débat démocratique » ;
  • la rareté alléguée des ressources en eau ;
  • l’utilisation de pesticides.

 

On s’arrêtera là pour un argumentaire qui ne fait que ressasser des positions bien connues.

Pour la rareté de la ressource, on tombe dans le cocasse, sachant que l’on pompe quand les nappes sont pleines, voire excédentaires, dans le cas des installations ciblées par la proposition :

« … la construction de nouvelles infrastructures conduit à une augmentation des volumes d’eau stockée dans ces réservoirs. Davantage d’eau est donc disponible pour l’irrigation, accentuant les déficits de disponibilité de l’eau, disponibilité déjà affectée par le changement climatique. Les méga‑bassines renforcent donc la non‑disponibilité de la ressource en eau, conduisant à la construction de nouvelles infrastructures : un véritable cercle vicieux. »

Bref, il n’y a pas assez d’eau, mais il y a trop d’eau… S’il y a un cercle vicieux, c’est bien celui de l’argumentation.

Elle se termine par un appel à la « bifurcation du modèle agricole ». Elle « doit être soutenue, afin de garantir des prix rémunérateurs pour les agriculteurs d’une part, et la souveraineté alimentaire d’autre part ».

Cela doit se passer dans le cadre d’un bouleversement du système économique, par exemple « la définanciarisation de l’eau et de l’alimentation ». Les députés LFI qui ont fait Sciences Po (il y en a…) nous dirons ce que cela veut dire concrètement…

Tout cela est risible, mais aussi inquiétant.

Il s’est trouvé un groupe politique de 75 députés qui a jugé opportun d’utiliser sa niche parlementaire pour une proposition de loi, au mieux clientéliste, qu’il sait condamnée d’avance. Et il l’a assortie d’un exposé des motifs qui est en dernière analyse, par sa bêtise, une insulte au système démocratique.

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  • Voyons: accumuler les excédents pour raréfier la ressource et la revendre au plus offrant, ça sent le capitalisme, pollueur de surcroît (moustiques -> chikungunya -> Big Pharma).
    Le catéchisme pastèque est toujours distrayant.

  • Ces gens contrôlent plus ou moins le système administratif, lequel prime sur toute réalité. Je vous invite à comparer l’arrêté sécheresse en vigueur ce mois-ci dans le département d’Ille-et-Vilaine (https://propluvia.developpement-durable.gouv.fr/propluviapublic/recherche?code=35&nom=Ille-et-Vilaine&toggle=SUP&layer=isDepartement) avec les mesures faisant état de niveaux exceptionnellement hauts (tous les 20 ans seulement) au même endroit https://info-secheresse.fr/catchment/J7/indicator/stream-flow

  • Ces gens contrôlent plus ou moins le système administratif, lequel prime sur toute réalité. Je vous invite à comparer l’arrêté sécheresse en vigueur ce mois-ci dans le département d’Ille-et-Vilaine avec les mesures faisant état de niveaux exceptionnellement hauts (tous les 20 ans seulement) au même endroit.

  • « clientélisme ou simple bêtise ? »
    Je dirais plutôt « sénilité du patron de LFI », soyons charitables que diable!

  • Quand va t on sanctionner les habitants du pas de Calais qui accaparent l’eau et la stockent a l’interieur même de leurs maisons?

    • Il ne faut pas le dire aux écolos , ils vont organiser une manif contre ces profiteurs !

    • Il faut installer des pipeline pour acheminer l’eau entre les Hauts de France et La Nouvelle Aquitaine ( Bon, si les écolos sont d’accord?)

      • Tulle-Perpignan suffirait sans doute.

        • Peut-être, mais ça ne soulagera pas les habitants du Pas de calais! Il y a beaucoup trop d’eau par rapport à la consommation de bière!

          • C’est vrai. En revanche, pour soulager ces pauvres habitants, il serait sans doute plus simple de se demander à l’avenir si quelques curages et dragages préventifs ne seraient pas plus opportuns que la foi dans la généralisation des sécheresses avec le changement climatique…

            • Certes, mais comme les pratiques divinatoires ont pris le pas sur la science et la raison, et que ça coûte moins cher que les dragages, curages et autres aménagements préventifs, il ne reste plus aux Ch’tis qu’à s’acheter des bateaux!

              • Car…il faut le dire, ce projet de barrage était soutenu et présenté par un « expert » en sédimentation marine venu de Nice, qui avait prétendu que sans le barrage, l’estuaire serait obstrué par les vases et les sables en dix ans : nous sommes en l’an 2000, donc trente ans plus tard et, sans le barrage, l’estuaire fonctionne toujours.
                La bataille de la Canche, histoire des grands combats, Ensemble pour la Nature.
                10 ans étaient peut-être une exagération, et 50 plus réalistes…

            • Bien souvent ce sont les ecolos qui empechent les travaux d’entretien et de curage des canaux, fosses et rivieres, pour ne pas deranger les grenouilles et les poissons!

              • Le cas de la Canche est à ce titre exemplaire. Les autres fleuves de la région sont sans doute moins emblématiques, mais réunissent eux-aussi les mêmes caractéristiques de mise en avant d’arguments écologiques pour renoncer à une artificialisation sécurisante : retenues permettant des chasses, canalisation, gestion des risques d’envasement, etc.

              • ce qui est parfaitement en accord avec l’écologisme… et qui n’a jamais été décidé par les écologistes..qui n’ont jamais eu le pouvoir mais par des tas de loustics qui surfent sur la popularité de l’ecologisme…

                le parlement combien d’eolo? pas beaucoup…mais…combien se revendiquent d’un vrai écologisme.. pas loin de 100% ..

                il faut le dire et le répéter protéger la nature ne peut pas être mis en priorité…et être pas en accord avec le progrès humain…
                on a fait le choix au néolithique sinon avant.

  • On sait bien que les écolos et leur allié La Farce Insoumise sont contre tout : les barrages, les bassines, le nucléaire, les autoroutes… Sans être expert ça parait logique de stocker l’eau à l’automne pour en avoir en été . Cela se fait depuis l’antiquité .

  • mouais… voyons qu’est ce qui « permet à LFI fi de dire des choses pareilles??
    c’est la protection de la nature… concept vague LARGMENT partagé dans lopinion car pas encore exposé comme inhumain…

    c’est comme l’égalitarisme..

    ne vous moquez donc pas de lfi , à ce sujet, .moquez vous de l’envronnementaisme et de l’ecologisme et dénoncez le.
    .Car en effet si vous voulez protéger la nature.. eh bien pas de bassine..
    et sans doute pas d’agriculture..
    l’absurdité est de vouloir « protéger la nature!!!!  »

    q

    -1
    • je regarde souvent les vidéo d’un agriculteur.. qui a sorti une vidéo se plaignait des écolos… car il ne peu pas curter et ses champs son inondés.. je lui ai dit que les écolos n(‘ont jamais été au pouvoir en réalité..et que les lois environnementales ne sont pas de leur fait…mais de la singulière popularité de écologisme..
      il s’est cru obligé de répondre à sa propre vidéo disant qu’il était écolo..

      non… l’écologisme est une idiotie…
      personne ne se lève le matin avec le BUT de détruire la nature..
      le monde ne se sépare pas entre destructeurs et protecteurs…!!!

    • la vérité ne se joue pas au vote vous savez..

      lfi ici fait de l’ecologisme, crever de faim ou perdre son gagne pain est secondaire…

      non le progrès technique n’est pas « mieux » pour la nature.. me progrès technique modifie l’impact sur la nature…

      Les résidus de pesticides de synthèses est ce mieux pour l’environnement au sens large.. qu’uneplus grande emprise agricole? vous avez 10 heures..

      .

      ici c’est pas la faute au collectivisme de lfi qui doit rester la substance du reperches qu’on lui adresse, mais ses prétentions l’ecologistes..

      une idéologie qui pose que nous surconsommons et nos sommes surpeuplés doit être maniée avec précaution;..

      mais c’est vrai..SI votre souci premier est de préserver une nature originelle alors la terre est bel est bien surpeuplée..

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