Restaurer la nature en Europe face à l’obsession du pacte vert

L’obsession du pacte vert va mettre à mal notre agriculture.

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Restaurer la nature en Europe face à l’obsession du pacte vert

Publié le 25 août 2023
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Le 12 juillet 2023, le Parlement européen a voté à une courte majorité le projet de loi sur la restauration de la nature qui prévoit de ramener au moins 20 % des terres et des mers dégradées du Vieux Continent à leur état d’origine d’ici à 2030, et d’ici à 2050 d’étendre ces mesures à tous les écosystèmes qui doivent être restaurés.

D’emblée, il convient de s’interroger sur la notion « d’état d’origine ».

À quel niveau l’Europe situe-t-elle cet état d’origine ? Au Paléolithique, au Moyen Âge, ou avant la révolution industrielle ?

Cette question est importante, car affecter 20 % des surfaces terrestres ou marines à ce retour brutal et drastique ne sera pas sans conséquences graves qui ne semblent ni prises en compte ni même envisagées, dans aucun des textes prônant cette révolution.

Cet objectif est ambitieux, car il prévoit de multiplier par dix les surfaces actuellement protégées (zones Natura 2000, zones des conservatoires naturels de l’environnement..)

 

Objectifs envisagés promus

  • Inverser le déclin des populations de pollinisateurs d’ici à 2030, puis accroître leurs populations
  • Aucune perte nette d’espaces verts urbains d’ici à 2030, une augmentation de 5 % d’ici à 2050, un minimum de 10 % de couvert arboré dans chaque agglomération, ville et banlieue d’Europe, et un gain net d’espaces verts qui seront intégrés dans les bâtiments et les infrastructures
  • Dans les écosystèmes agricoles, augmentation globale de la biodiversité et évolution positive pour les papillons de prairies, les oiseaux des milieux agricoles, le carbone organique dans les sols minéraux sous les terres cultivées, et les particularités topographiques à haute diversité biologique sur les terres agricoles.
  • Restauration et remise en eau des tourbières drainées utilisées à des fins agricoles, et dans les sites d’extraction de tourbe
  • Dans les écosystèmes forestiers, augmentation globale de la biodiversité et évolution positive de la connectivité forestière, du bois mort, de la part des forêts inéquiennes, des oiseaux des milieux forestiers, et des stocks de carbone organique
  • Restaurer les habitats marins tels que les prairies sous-marines ou les sédiments, et restaurer les habitats d’espèces marines emblématiques telles que les dauphins et les marsouins, les requins et les oiseaux de mer
  • Supprimer les obstacles présents sur les cours d’eau de manière à transformer au moins 25 000 km de cours d’eau en cours d’eau à courant libre d’ici à 2030.

 

Déclin des pollinisateurs 

Selon la source :

« À l’échelle mondiale, 75 % des espèces cultivées pour l’alimentation dépendent de la pollinisation animale, et 50 % des terres cultivées de l’UE dépendantes des pollinisateurs sont déjà touchées par un déficit de pollinisation. »

Bien que les sources de ces assertions ne soient pas citées, tout observateur honnête peut remarquer que la production des surfaces en céréales (blé, orge, maïs, riz…), pas plus que les prairies naturelles et les betteraves ou les vignes ne sont inféodées à la pollinisation des insectes.

La diminution des insectes pollinisateurs est multifactorielle, et il n’est pas certain que l’interdiction totale des insecticides permette un rapide croissance de leur nombre, tant la présence de nouveaux insectes invasifs soit néfaste et difficile à combattre sans insecticides (cochenilles, cicadelle de la flavescence, Drosophila Suzukii…).

L’interdiction totale de produits de défense des récoltes se traduira par une perte totale de beaucoup de productions. La polémique sur les néonicotinoïdes et les betteraves sucrières en est un exemple évocateur. La lutte contre les pucerons prédateurs par des coccinelles est une utopie : quand les coccinelles arrivent pour manger les pucerons, les dégâts sur la culture sont déjà irréversibles.

La promotion de l’utilisation des insectes pour remplacer les protéines animales dans l’alimentation humaine est une entreprise hasardeuse : les pays où les criquets se reproduisent naturellement de façon incontrôlée sont ceux dont les populations sont les plus soumises à la famine.

 

Des papillons dans les prairies

Certes, ce sont des pollinisateurs, mais les agriculteurs savent que ces lépidoptères ne sont pas des fervents visiteurs des arbres fruitiers et des plantes potagères.

Il ne faut donc pas trop compter sur eux pour améliorer les rendements des productions de fruits et légumes.

La PAC a déjà prévu de les favoriser en imposant des jachères faunistiques qui peuvent favoriser les abeilles avec des plantes spécifiques, mais dont les surfaces viennent en déduction de celles de productions vivrières.

 

Restaurer les tourbières et les zones humides

Si l’on prend en compte l’estimation officielle de 2014, les milieux potentiellement humides couvrent 23 % du territoire métropolitain, soit près de 13 millions d’hectares.

Le quatrième plan national des milieux humides prévoit de doubler les surfaces de milieux humides intégrés dans des zones de protection forte, soit une augmentation de 110 000 hectares pour la métropole, et de procéder à l’acquisition de 8500 hectares de zones humides d’ici à 2026.

Les zones humides sont présupposées être des zones de stockage de carbone. L’évolution de l’épaisseur végétale d’une tourbière est estimée à 5 cm par siècle. C’est une des facultés considérée comme bénéfique par le stockage du carbone issu du CO2 de l’air.

Cependant, on peut tenter de comparer cette captation avec une plante cultivée, allez, soyons provocateur : le maïs. J’ai déjà prouvé la capacité de cette culture : un hectare de maïs capte annuellement 16,32 tonnes de CO2 de plus qu’un hectare de forêt. Cette captation engendre la production d’environ 15 tonnes d’hydrates de carbone, dont sept tonnes de tiges et racines pour une densité d’environ 105 kg au m3 qui sont restituées au sol. Ce qui donne une épaisseur annuelle d’environ 0,66 cm de masse végétale répartie sur l’hectare… 66 cm par siècle, soit 13,2 fois plus de stockage de carbone que la tourbière.

Par ailleurs, une tourbière, qui se comporte comme une roche végétale, peut retenir 80 % de sa masse en eau. Selon les défenseurs des zones humides, celles-ci peuvent donc restituer progressivement cette eau, mais déduction faite de l’évapotranspiration des végétaux qui la composent. Cette évaporation est largement plus conséquente que celle d’une retenue collinaire qui s’y substituerait, et qui permettrait d’irriguer les cultures environnantes pour nourrir les populations.

Restaurer une zone humide dans un espace qui a été drainé pour permettre des cultures est-il judicieux dans un contexte de risque de pénurie alimentaire ?

 

Évolution de la connectivité forestière

Les forêts sont des habitats naturels pour une faune diversifiée et plus ou moins mobile.

Cette notion de connectivité est déjà prise en compte lors de l’urbanisation ou de la construction de voies de communications. Des passages aménagés (viaducs, tunnels crapauducs) sont inclus dans les cahiers des charges et réalisés à grands frais.

L’Europe veut aller plus loin en multipliant les trames vertes et bleues qui figurent déjà dans les registres parcellaires graphiques des déclarations PAC des agriculteurs. La multiplication de ces zones est prévue pour favoriser les déplacements de la faune sauvage. Mais dans un contexte où les dégâts de gibiers (sangliers, cerfs, chevreuils) sont déjà considérables, le rayon d’action de ces dégâts sera étendu et les effets délétères multipliés. De plus, la création de ces coulées vertes morcellera des parcelles agricoles, générant de la concurrence avec les cultures adjacentes, des complications et des pertes de productivité dans les exploitations.

Cette création de zones boisées supplémentaires (haies, zones non cultivées) va s’ajouter aux surfaces forestières françaises, lesquelles se sont agrandies, passant de 14,1 millions d’hectares en 1985 à 17,1 millions en 2021. Il faut noter que cette superficie était estimée entre 8,9 et 9,5 millions d’hectares (Cinoti, 1996).

En 1831, la population française était de 33,595 millions. Elle est aujourd’hui de 65,8 millions d’habitants. Face à son augmentation drastique, par un lobbyisme forcené à Bruxelles, les écologistes veulent imposer encore plus de diminution des surfaces cultivées. Sont-ils incapables de prévoir une perte d’indépendance alimentaire ?

 

Restaurer le cours naturel des cours d’eau

Autre lubie de nos experts en morphologie des cours d’eau : supprimer tous les barrages ou ouvrages sur les berges afin d’améliorer la continuité écologique de l’eau vers son aboutissement final : la mer.

Plusieurs prétextes sont avancés pour supprimer ces barrages :

  • Obstacles à la libre circulation des poissons et faune aquatique
  • Évasement en amont des barrages et eutrophisation de l’eau par ralentissement du courant
  • Création d’embâcles
  • Digues empêchant l’étalement de l’eau lors des crues

 

Il est curieux que les barrages qui permettent d’alimenter les moulins, dont chacun pourrait produire de l’électricité, empêchent aujourd’hui plus qu’hier la circulation des poissons.

Depuis des siècles qu’existent les moulins, les salmonidés auraient dû disparaître depuis bien longtemps.

En ce qui concerne l’envasement, la réglementation actuelle prévoit les curages et leurs modalités.

La suppression d’un barrage ou d’une retenue collinaire sur un ruisseau peut conduire à l’assèchement total en été, alors que la retenue maintenait une zone en eau durant tout l’été, bénéfique à la faune, et à une végétation aquatique. En période d’étiage, les retenues d’eau en amont du barrage d’alimentation d’un moulin conservent des poches d’eau qui permettent à quantité de poissons d’attendre le retour du flux de la rivière avec les pluies d’automne.

En ce qui concerne les digues, suite aux inondations de secteurs urbanisés construits dans des zones inondables, il est préconisé d’en supprimer certaines pour permettre aux rivières de s’étaler sur les terres agricoles, avec comme corollaire des dégâts aux cultures, et pollution éventuelle.

Autre question : nos écologistes vont-ils supprimer les barrages des castors ?

De fait, la raison majeure, et cachée, de la volonté d’accélérer au maximum l’écoulement des cours d’eau ne serait-il pas d’évacuer au plus vite la pollution des stations d’épuration qui se déversent dans le milieu naturel ?

 

Un futur inquiétant

Dans le premier pays agricole de l’UE, on ne peut que s’inquiéter de la volonté obstinée d’une minorité agissante, bien structurée, n’hésitant pas à employer des méthodes violentes et dévastatrices (Sainte Soline, train de céréales…) pour monopoliser l’actualité médiatique et faire avancer une idéologie soi-disant écologique qui vise à restreindre les surfaces cultivées, et contraindre les paysans à des méthodes de culture du XIXe siècle.

Peu importe que la France devienne totalement dépendante alimentairement des importations, pourvu que l’espace rural devienne un jardin de loisirs pour citadins libres de toute retenue ?

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  • Tout se déroule comme prévu en EURSS.

    Le gosplan se met en place, et les famines approchent.

    Et les idiots européens revotent pour lol

  • Les écologistes s’occupent de tout sauf de l’écologie à laquelle ils ne sont pas formés et ne veulent surtout pas comprendre quelque chose. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont les plus fervents défenseurs de LFI. Ce n’est qu’un moyen d’être élu et de toucher les indemnités de député (le top étant celles de député européen non imposables).
    Et les sans dents votent bovinement.

    • non c’est de l’ecolgisme… »protéger la nature » ne peut se faire qu’en ne faisant..rien.

      c’est inhumain..littéralement.

  • Pourquoi ne pas faire sauter le barrage de Serre-Ponçon ?
    L’écologie politique veut protéger toutes les espèces vivantes sauf une, une telle détestation de ses semblables relève de la pathologie mentale.
    Les écolos ne seraient rien si des partis, réputés raisonnables, ne se compromettaient pas avec eux dans de vulgaires magouilles électorales.
    Les médias portent également une immense responsabilité en diffusant, à longueur d’antenne, des messages anxiogènes de canicule qui dure 3 jours, de sécheresse asymptomatique…alors qu’ils ne donnent jamais la parole à de vrais agriculteurs qui ont pourtant considérablement amélioré le travail de leurs sols et qui ne sont pas responsables d’un hypothétique changement climatique.
    Avant de donner des leçons à tous, les militants écolos devraient se porter volontaires pour désherber les cultures bio à l’aide d’une binette éco-responsable. Après quelques jours de labeur, quelques ampoules et courbatures, il n’est pas impossible qu’ils retrouvent un peu de bon sens.

  • Les bobos des villes savent mieux que tout le monde ce qui est bon pour la planète.

    • Comme tous les députés écologistes : ils n’ont jamais mis un pied dans la campagne sauf pour soutenir les casseurs des manifs écolos.

  • Supprimer les barrages???? Et « l’energie verte » qu’ elles produisent? Et aujourd’ hui elles protègent les poissons en les passant d’ un côté à l’ autre du barrage…
    Les bobos des villes n’ entendent rien… de rien du tout.

  • « Restaurer les tourbières et les zones humides ». Ah on va restaurer la malaria avec du coup?

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