L’Allemagne a tué la France et l’Europe a tué l’Allemagne

Comment l’Allemagne est en train de détruire l’Europe avec sa politique énergétique.

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L’Allemagne a tué la France et l’Europe a tué l’Allemagne

Publié le 9 août 2023
- A +

Sur le papier, et il y a cinquante ans de cela, l’Union européenne semblait une excellente idée. Avec les dernières décennies et, notamment, les cinq dernières années, l’idée a rapidement viré au cauchemar et tout s’y déroule comme si la construction européenne avait été conçue pour ruiner la France puis, maintenant, l’Allemagne.

Pour tous les thuriféraires de la superstructure étatique européenne, il ne fait pas de doute que le réveil sera d’autant plus long qu’il sera brutal et douloureux. Pour les autres, le doute n’a déjà plus sa place, surtout que ces derniers mois, des informations dont seuls les initiés disposaient jusqu’alors commencent à fuiter abondamment.

C’est ainsi qu’on a récemment appris (ou disons, redécouvert) que Dominique Voynet, alors ministre de l’Environnement sous le gouvernement Jospin entre 1997 et 2001, aurait consciencieusement fusillé le nucléaire français, en s’assurant que ce dernier ne serait pas épargné par les malus taxatoires qui touchent le pétrole, le charbon et le gaz.

On pourrait charitablement (ou niaisement) croire que l’action de Voynet contre la filière nucléaire française n’était que le fait d’une erreur de personne ou d’une mauvaise compréhension des enjeux. Il n’en est rien : en réalité, il ne s’agit pas d’une erreur tactique, stratégique ou idéologique, mais cela s’inscrit bel et bien dans un projet de longue haleine visant à affaiblir la France depuis la fin des années 1990.

Ce projet, essentiellement piloté par les Allemands, a consisté à tout faire pour détruire le potentiel industriel de la France en utilisant différents lobbies, puis, depuis 2015, l’agenda 2030, et très notamment son volet écologique pour s’assurer de l’arrêt et du démantèlement de la filière nucléaire française.

Le but pour les Allemands était d’amoindrir, puis d’annuler l’avantage compétitif des Français en matière d’énergie électrique. Le lobbying constant d’associations plus ou moins écologistes, systématiquement en défaveur du nucléaire bien avant les autres énergies (et surtout pas le gaz – le géant du gaz russe, Gazprom, arrosant régulièrement les écolos allemands), l’infiltration de lobbyistes allemands au plus haut niveau des institutions françaises, la mise en place d’un marché de l’électricité fortement défavorable aux opérateurs français, l’imposition de prix de l’électricité fixés arbitrairement pour favoriser les énergies alternatives intermittentes et non-pilotables et divertir une masse considérable d’argent public dans les poches de promoteurs privés amis des politiciens bien placés, tout aura aidé ces dernières années pour garantir des difficultés grandissantes au nucléaire français.

 

Et de façon claire, les industriels français ont progressivement perdu l’avantage énergétique à rester en France : une fois les prix de l’électricité de plus en plus proches de ceux d’outre-Rhin, il n’est pas plus intéressant d’être en France qu’en Allemagne, d’autant qu’on y trouve plus facilement une main-d’œuvre mieux formée, et nettement moins de pénibleries paperassières administratives.

Malheureusement, si l’objectif semble rempli pour les Allemands, la survenue du conflit russo-ukrainien a profondément modifié la donne, d’autant qu’il s’est doublé de choix géopolitiques de plus en plus hasardeux des institutions européennes : poussée par un exécutif américain ravi de voir l’Europe se tirer une balle dans le pied, les sanctions économiques, puis le sabotage de NordStream auront durablement modifié la donne énergétique allemande dont l’industrie se retrouve à présent dans une situation tendue.

Sans surprise, le moteur industriel européen, essentiellement allemand, commence à caler : dans un récent article de Politico, on apprend par exemple que la capacité de l’Allemagne à attirer les investissements des entreprises a subi une baisse alarmante l’année dernière, lorsque plus de 135 milliards de dollars d’investissements directs étrangers en sont sortis, et que seulement 10,5 milliards d’euros y ont été enregistrés. Comme les coûts de l’énergie ont explosé, les industries chimique et métallurgique grosses consommatrices d’énergie et piliers de l’économie allemande, ont donc choisi de déplacer leurs usines à l’étranger.

Le bilan n’est pas réellement réjouissant, et on comprend que si la situation devait durer, l’économie allemande pourrait se prendre une gamelle mémorable. Ce qui pourrait n’avoir été qu’un petit mauvais moment à passer, une récession purement technique, est en passe de se transformer en renversement fondamental de situation économique qui pourrait fort bien emporter toute l’Europe avec elle.

Cette désindustrialisation allemande, que l’Italie ou la France sont incapables de compenser (les deux pays pataugeant actuellement dans leurs propres problèmes économiques de plus en plus graves), entraîne des phénomènes nouveaux outre-Rhin, avec par exemple le début d’un exode des travailleurs allemands à l’étranger.

Du point de vue de la construction européenne, cela ressemble de plus en plus à un échec cuisant. En revanche, du point de vue des Américains, cela affirme une tendance déjà en place depuis le tournant du siècle : entre la guerre en Ukraine et les actuelles difficultés économiques majeures du Vieux Continent, l’Europe divisée est une réalité rentable pour les États-Unis dont le niveau de vie a continué à augmenter ces vingt dernières années, au contraire du niveau de vie européen qui a, lui, globalement stagné (au mieux), voire baissé (dans certains pays, notamment en Italie).

À tel point que, comme le soulignait déjà un article de 2019 de FEE et qui n’est pas démenti à ce jour, les 20 % les plus pauvres des Américains sont en moyenne plus riches que la plupart des nations européennes. Les pauvres vivant aux États-Unis ont ainsi accès à davantage de ressources matérielles que la moyenne de la plupart des pays les plus riches du monde…

Le bilan des dernières années est sans appel : à force de lobbying, jouant sur la naïveté française qui croyait en être restée à une entente franco-allemande quelque peu romancée, l’Allemagne a durablement fusillé l’industrie française. Et au moment où elle allait enfin assurer sa suprématie sur tout le continent, la guerre en Ukraine et les décisions européennes qui furent prises à la suite ont fusillé l’industrie allemande.

Bravo : à présent, l’Europe est foutue.

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  • Enfin
    Merci H16
    Quand je me souviens des bisous honorant Angela Merkel qui d’un Nicolas Sarkozy à l’origine de l’Arenh et de loi Nome en 2011, qui d’un François Hollande qui proposait /organisait pour être élu la fermeture de 14 réacteurs nucléaires (avec le bisou Angela) qui d’un Emmanuel Macron avec Elisabeth Bornes fermer Fesseneim (le bisou pour François)
    La 3e guerre avec l’Allemagne et la France a eu lieu et comme d’habitude il y a eu deux perdants et les collatéraux. Et l’on jura que l’on n’y prendrait plus dirait La Fontaine .
    Mais quand va t’on arrêter l’impunité de tous ces incompétents voire criminels ?

  • Teeserstudio.com à voir

  • Tout cela est voulu, piloté même par nos élites et en toute logique par ailleurs, du moins de leur point de vue. A partir du moment où on passe en mode sauvetage d’une planète qui serait en train de brûler parce que son climat se serait subitement déréglé et qui plus est, quand on prétend devoir montrer l’exemple aux autres parce que nos grands-parents ont utilisé trop de charbon pour se chauffer, l’hubris et les folies destructrices inspirées par de petites prophétesses médiatiques peuvent se donner libre cours. Dernier exemple en date :
    https://lpost.be/2023/08/05/lindustrie-europeenne-sacrifiee-sur-lautel-de-la-concurrence-et-de-la-mondialisation-debridees/
    Et contrairement à ce que les journalistes bien-pensants essaient de nous faire croire, le sacrifice de l’industrie europénne sera perpétré non sur l’autel de la concurrence mais bien sur celui de la déesse Pachamama.

    10
  • Avatar
    jacques lemiere
    10 août 2023 at 6 h 39 min

    ben si on souhaite la sobriété , c’est une grand succès..

  • Plutot que de parler de l’Allemagne il faudrait parler des écologistes allemands. Mais il n’y a pas eu besoin d’eux pour que la France se sabote toute seule. Le mouvement de dénucléarisation est globale et surtout depuis Fukushima. Les suisses aussi voulaient la fermeture de Fessenheim. Les luxembourgeois veulent la peau de Cattenom. Les belges il y a encore deux ans avaient demandé à Engie la fermeture de ses centrales.

    Dans l’Europe entière les écologistes ont eu énormement de pouvoir ces vingt dernières années via leur alliance avec les partis sociaux démocrates. En France ils ont même étaient le parti majoritaire aux européennes. C’est depuis ce moment que la droate a cru bon continuer dans cette voie tel Sarkozy qui a fait les yeux doux à Nicolas Hulot pendant sa campagne et qui une fois président a fait le Grenelle de l’environnement.

    Mais finalement c’est parce que les écologistes sont trop justeboutistes que le nucléaire est en train de renaitre. En imposant des calendriers serrés sur la transition énergétique, il y a enfin eu un volte face en France et ailleurs. L’Allemagne n’y est pour rien.

  • Les Allemands ont vite compris le potentiel qu’ils pouvaient tirer de l’apprenti despote Mitterrand. Son incompétence hors norme a été vite détectée outré Rhin. Et comme le chef ne peut pas s’entourer de personnes plus compétentes que lui sous peine de passer pour un abruti, Mitterrand s’est entouré de gens à son image. Nos « ennemis » allemands ont vite compris qu’il n’avaient même pas à investir des millions pour que l’industrie française tombe.
    Quant à l’Europe, l’Allemagne joue depuis cette époque perso. Il n’y a qu’à voir récemment comment elle a imposé la taxe sur l’acier et l’aluminium importés pour protéger ses aciéries. Elle a un plan directeur et la fin du gaz russe n’est qu’un petit aléa. Ce n’est pas parce que son industrie ralentie que la bête est morte. Loin de là ! Elle n’hésitera pas à utiliser autant de charb qu’il faut pour compenser le gaz russe.
    La « crétinerie » de nos dirigeants à croire au couple franco-allemand en dit long sur leur capacité à nous gouverner.

  • Qu’est-ce que disais il y a quelques mois?
    CEEF ❗

  • L’Allemagne avec son programme énergétique stupide , aggravé par les sanctions non moins absurdes contre la Russie , vient de commettre son troisième suicide collectif en un siècle, en y entraînant avec elle le continent européen. Personne n’obligeait – et n’oblige – la France à accepter de la suivre dans cette politique qui met l’Europe au tapis. Les Français n’ont qu’une chose à faire avant qu’il ne soit trop tard: sortir de toutes ces constructions idéologiques qui nous ruinent et nous dirigent vers une guerre , à, savoir l’Europe de Bruxelles et l’OTAN. Ce qui précède sera évidemment taxé d’extrême droite, mais comment s’appelle quelque chose dit extrême qui devient majoritaire ?

    • Avatar
      jacques lemiere
      11 août 2023 at 7 h 15 min

      vous supposez donc qu’il ya des « programmes » non stupides…

      et ça c’est le coeur de la planification..

      « moi je ne suis pas un con… »

      quand on aime la liberté individuelle..on refuse TOUTE panification étatique surtout quand c’est important…

      alors c’est quoi un programme politique énergétique « pas stupide »..

  • L’Europe est devenue l’exécutant – pour ne pas dire l’exécuteur – du WEF et de son great reset dont l’objectif est d’asservir la grande majorité de la population au bénéfice de quelques uns. D’une manière générale toutes les institutions internationales le sont devenues et devraient toutes être démantelées

  • Je ne souscris pas vraiment à cette analyse, très proche de celle servie par Michel Gay récemment (https://www.contrepoints.org/2023/07/18/459932-la-guerre-secrete-menee-par-lallemagne-contre-le-nucleaire-francais). Tout d’abord, si on veut comprendre quoi que ce soit aux relations « internationales », il convient de bien distinguer l’intérêt des dirigeants de celui des peuples qu’ils gouvernent, qui sont opposés. Les gouvernements n’ont généralement pas besoin de l’aide d’autres gouvernements pour conduire leurs assujettis à la ruine. Par leur acceptation de la folie de l’Euro, les dirigeants allemands ont mené une politique résolument hostile aux travailleurs allemands, contraints de travailler gratuitement pour les privilégiés des pays voisins. Avant l’Euro, la différence de productivité entre les travailleurs allemands (soutenue par le capital) se traduisait régulièrement par une appréciation du Mark, ce qui engendrait une hausse du niveau de vie de ces travailleurs sur tous les produits importés. l’Euro a mis fin à cette compensation. Parallèlement, il a engendré une désindustrialisation dans les pays dans lesquels la productivité est moindre (généralement à cause de politiques interventionistes débiles), car il n’était plus possible de compenser cette moindre productivité par une dépréciation de la monnaie locale. Le niveau de vie a longtemps stagné (au lieu de baisser comme il l’aurait du) dans les pays en voie de désindustrialisation, grâce aux importations, payées en pseudo créances des exportateurs (Allemands, Néerlandais, Chinois…) sur les importateurs avec un Euro surévalué. En gros, les dirigeants des pays exportateurs donnent de l’argent aux dirigeants des pays importateurs pour qu’ils achètent une partie de ce que produisent leurs travailleurs et leur capital, au détriment de ces travailleurs et de ce capital. Comme l’illustre l’exposé ci dessus, tous les gouvernements sont d’une une incroyable malveillance envers les peuples qu’ils gouvernent. Concernant l’idéologie pseudo verte, dont l’idéologie anti nucléaire fut l’une des premières manifestations concrètes (avec l’arnaque des pluies acides qui allaient détruire nos forêts), elle est essentiellement basée sur la haine de l’homme, du progrès technique qui lui permet de s’épanouir et de prospérer et partant, de l’énergie en général, sans laquelle il n’y a pas de machines donc pas de progrès technique. Il est vrai que le peuple allemand (à l’ouest), fut pour son malheur l’un des premiers à y succomber, ce qui s’explique par son statut de vaincu de la 2e guerre mondiale, sujet à toutes les cupabulisations. Cependant, aujourd’hui, cette idéologie mortifère a gagné l’ensemble du monde occidental, USA compris. Pour sortir de la désindustrialisation, il faut d’abord abandonner cette idéologie.

  • C’est quand même un peu facile d’accuser l’Allemagne quand les politiciens français prétendûment responsables ont tout fait pour saborder non seulement le nucléaire mais aussi l’industrie en écoutant benoîtement les sirènes et les cassandres du réchauffement climatique. Et ça continue avec la publicité indigente pour la voiture électrique.

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