Affaire Mendy : préférons l’État de droit au tribunal populaire

Acquitté par la justice, le footballeur Benjamin Mendy signe au FC Lorient, suscitant débats et polémiques. Entre justice formelle et justice populaire, la question de la légitimité du tribunal médiatique se pose plus que jamais.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 2

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Affaire Mendy : préférons l’État de droit au tribunal populaire

Publié le 27 juillet 2023
- A +

Champion du monde 2018, Benjamin Mendy, acquitté par la justice britannique de viols et d’agression sexuelle, signe au club de FC Lorient, en Ligue 1. Bien que la justice ait tranché, l’opinion s’interroge et les féministes s’activent. Pourquoi ?

Les procédures judiciaires avaient gelé toute perspective de carrière du footballeur français, poursuivi en Angleterre depuis trois ans.

Maintenant blanchi par la justice, il lui est reproché de signer aussi vite un contrat avec le club de FC Lorient, et tenter ainsi de se reconstruire.

Cet état de fait interroge une nouvelle fois sur la légitimité du tribunal médiatique ou de la justice des réseaux sociaux. Sans doute bien plus expéditive que celle délivrée dans les prétoires dans un État de droit, peut-on ainsi faire fi d’une décision judiciaire au prétexte de libérer la parole des femmes ?

Fort du phénomène #MeToo ô combien légitime, la voix des victimes est entendue plus que jamais partout en France et dans le monde, et c’est une excellente nouvelle que la justice puisse être rendue plus utilement et plus rapidement.

Pour autant, cette libération de la parole doit intervenir dans le respect des principes fondamentaux de notre droit, à commencer par la présomption d’innocence et l’autorité de la chose jugée.

Sauf à considérer que n’importe qui peut se faire justice lui-même en un tweet ou une simple déclaration péremptoire dans un média, l’institution judiciaire demeure garante du respect de ces principes, des suites qu’elle donne – ou non – à une plainte conformément au droit applicable.

Que ce soit donc en Angleterre ou en France, ou partout ailleurs, rien n’autorise à critiquer une décision de justice ad vitam.

Des recours existent, ils peuvent être exercés, et doivent donc l’être.

Les violences sexuelles doivent être combattues, mais pour donner toute sa légitimité à cette cause, elles doivent l’être dans le respect des principes du droit, sinon elle se décrédibilise toute seule, et manque donc son objectif.

 

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)
  • “mais pour donner toute sa légitimité à cette cause, elles doivent l’être dans le respect des principes du droit, sinon elle se décrédibilise toute seule, et manque donc son objectif.”
    En toute logique, on ne devrait même pas avoir à le rappeler en France du 21° siècle, tant il est évident que si l’on fait confiance à la justice, on se doit d’en respecter les décisions et de vérifier qu’elles sont bien appliquées! Le drame, c’est que certaines affaires laissent planer un doute sérieux sur l’indépendance de la justice.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
Fameux pataquès que celui déclenché le week-end dernier par le tout nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (LR) à propos de l'État de droit. Dans un court entretien avec les journalistes du JDD dans lequel il confie d'abord son chagrin et sa colère face à l'effroyable meurtre de la jeune Philippine survenu au moment où il prenait ses nouvelles fonctions, il conclut crûment, crânement, en affirmant que : "L’État de droit, ça n’est pas intangible ni sacré. (…) La source de l’État de droit, c’est la démocratie, c’est le peuple souverain."... Poursuivre la lecture
5
Sauvegarder cet article

Face à l’islamisme et aux attaques terroristes, l’État français a pris une mesure courageuse : interdire les Laguiole et les Opinel. Finis les pique-niques entre amis, fini le saucisson coupé sur les bords de Seine : le Laguiole est le danger.

Amis scouts et randonneurs, votre canif fait de vous un terroriste.

Les couteaux de poche sont classés comme des armes de catégorie D dont le port est prohibé. Jusqu’à présent, une tolérance était appliquée. Mais face à l’ampleur des attaques « au couteau », l’État, qui veut votre bien, a ... Poursuivre la lecture

Lorsque la célèbre affaire Dreyfus éclata, à la toute fin du XIXe siècle, la position de tolérance des libéraux français avait déjà été maintes fois réaffirmée, et leur mobilisation « dreyfusarde » ne devait surprendre personne.

Gustave de Molinari, Yves Guyot, Frédéric Passy, figurent parmi les signataires des protestations publiées par le journal l’Aurore, en 1898. Ce soutien public s’accompagne d’ailleurs d’un engagement privé : Gustave de Molinari, par exemple, envoie une marque d’attention à Édouard Grimaux, professeur à l’École P... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles