Bassines vs écologistes : la bataille de l’eau

Découvrez pourquoi le stockage d’eau en bassines est vital pour l’agriculture et l’environnement.

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Bassines vs écologistes : la bataille de l’eau

Publié le 15 avril 2023
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Les opposants obstinés aux bassines de rétention d’eau, voire à tout stockage de l’eau en vue d’irrigation viennent de perdre une bataille mais leur bellicisme entretiendra leur pugnacité.

Le tribunal administratif de Poitiers a rejeté ce mardi 11 avril des recours des opposants aux projets de retenue d’eau. Cela ne présage pas pour autant la fin du contentieux.

Alors que des aides existent encore pour subventionner la récupération des eaux de pluie des toitures des particuliers, les écologistes s’opposent même violemment à ce que les agriculteurs puissent eux aussi stocker les eaux en période de pluviométrie excédentaire pour l’utiliser en période de sécheresse.

L’article L 210 -1 du Code de l’environnement énonce :

« L’eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d’intérêt général. »

L’article L 211-1 du même Code précise :

« Cette gestion prend en compte les adaptations nécessaires au changement climatique et vise à assurer : […]
4° Le développement, la mobilisation, la création et la protection de la ressource en eau ; »

Il semble évident que le stockage de l’eau par pompage dans les nappes phréatiques superficielles ou dans les eaux de surface en période de pluies excédentaires répond à la perfection aux exigences de la loi. J’ai déjà démontré que lorsqu’elles atteignent un niveau maximum de remplissage, les nappes superficielles se déversent soit en surface soit par des rivières souterraines dans la mer.

Il est également démontré que le pompage dans ces nappes, régulièrement surveillé depuis trente ans par le BRGM (graphique ci-dessous) n’a modifié ni le niveau maxi, ni le niveau mini de ces nappes. Les variations annuelles résultent de l’évaporation naturelle, des pompages estivaux et du remplissage par l’infiltration des pluies.

 

Pourquoi certains idéologues écologistes forcenés ne veulent pas admettre que tout mettre en œuvre pour retenir cette eau qui repart à la mer dans une période où son abondance peut être néfaste (inondations, modification de la salinité des parcs ostréicoles aux embouchures des fleuves) est d’un intérêt général et commun ? Pourquoi prétendent-ils que créer des bassines de stockage est plus un accaparement de l’eau par certains que d’autres qui remplissent leurs piscines quand leur voisin doit se contenter d’un débit réduit à son robinet d’eau car il a des difficultés à payer les factures ?

 

La jalousie des opposants ?

Ne viendrait-elle pas de l’article 641 du Code civil :

« Tout propriétaire a le droit d’user et de disposer des eaux pluviales qui tombent sur son fonds.[…] La même disposition est applicable aux eaux de sources nées sur un fonds.[…] Lorsque, par des sondages ou des travaux souterrains, un propriétaire fait surgir des eaux dans son fonds, les propriétaires des fonds inférieurs doivent les recevoir ; mais ils ont droit à une indemnité en cas de dommages résultant de leur écoulement. »

Il ressort clairement de la loi qu’un propriétaire peut utiliser l’eau qui tombe sur ses terres, qui en sourd ou qu’il a pompé dans la nappe sous-jacente. Elle peut être utilisée pour son usage personnel qui rejoint l’intérêt général dans le cas de l’irrigation.

En effet, l’eau qui rejoint les nappes phréatiques provient pour sa presque totalité de l’infiltration des pluies tombées sur les terres agricoles et rurales. L’eau qui tombe sur les surfaces artificialisées (urbanisations, infrastructures routières) rejoint directement les cours d’eaux pour se jeter directement dans la mer, avec dans la majorité des cas aucun traitement de dépollution des ruissellements. Les citadins ressentent donc comme une concurrence toute utilisation de l’eau par les agriculteurs, et les sécheresses qui se succèdent ne font qu’amplifier cette acrimonie.

Le principal reproche fait à l’irrigation est d’utiliser de l’eau lors d’une période de pénurie. Les niveaux des nappes sont surveillés par piézométrie télé-enregistrée et les arrêtés préfectoraux régulent ou interdisent toute irrigation pour préserver la ressource vitale. Les installations d’irrigation sont elles aussi contrôlées (compteurs plombés télé-enregistrés) et tout manquement au respect des arrêtés préfectoraux est très sévèrement sanctionné.

L’argument des opposants aux bassines relatif à l’évaporation des bassines est totalement erroné.

Le focus (ci-dessous) du graphique précédent sur l’année 2021 est explicite : du 16 février au 15 avril, et du 1er octobre au 6 décembre le niveau de la nappe descend dans une proportion de 14,42 % de sa hauteur maximale et ce en dehors de la période d’irrigation. La capillarité naturelle des sols et l’évapotranspiration des végétaux en sont l’explication.

Les porteurs de projets estiment l’évaporation des bassines à 3 ou 4 % des volumes alors qu’une étude de Météo-France estime l’évaporation sur les lacs réservoirs du bassin de la Seine à 10 %, ce chiffre incluant la porosité des sols qui augmente par infiltration la perte en volume de l’eau stockée. Dans les bassines sur géomembrane étanche, cette infiltration n’existe pas.

 

L’irrigation, une pratique vitale pour tous

Une terre sans eau c’est un désert sans vie. Dans un contexte de sécheresses à répétition et d’une population mondiale en constante progression, il faudra bien dans nos régions encore privilégiées prendre modèle sur les zones géographiques où les sécheresses sont pires et où les habitants ont su développer des méthodes pour apporter aux plantes et aux humains l’eau indispensable à leur survie.

L’idéologie de promouvoir (d’obliger ?) des cultures plus frugales en eau trouve ses limites dans la nécessité de nourrir les populations. Leur rendement est si faible que dans les zones où elles sont pratiquées, elles ne suffisent pas à les nourrir. Chaque être vivant doit avoir ses besoins en eau couverts sans quoi il périclite et meurt. Les cultures nourricières ont besoin d’eau pour transformer le CO2 contenu dans l’air en hydrates de carbone bases de toute nourriture. De la bonne quantité d’eau qui leur est fournie au bon moment découle leur rendement en quantité et en qualité.

Il est donc de l’intérêt commun d’apporter cette eau au moment crucial pour assurer le rendement optimum. L’irrigation permet d’ajuster les apports aux besoins afin d’éviter les pertes de récolte engendrées par les sécheresses excessives et les augmentations de prix à la consommation engendrées par ces fluctuations.

Le stockage de l’eau en période de pluviométrie excédentaire est une pratique intelligente et nécessaire. De nombreux exemples désormais admis par tous en portent témoignage. Les lacs de retenue du bassin versant de la Seine permettent d’abonder l’étiage du fleuve en période déficitaire et le temps de leur remplissage hivernal limite les risques de crues. Il en est de même en Charente où les lacs de Mas Chaban et Lavaud permettent de réguler le débit estival du fleuve Charente. Il faut noter qu’en décembre 2019, la moitié du débit du fleuve a rejeté en deux jours l’équivalent du contenu de Mas Chaban, soit 14,2 millions de m3 d’eau. Comme quoi il y a de la disponibilité encore inutilisée.

Savoir utiliser l’eau pour assurer de la nourriture pour tous est le challenge incontournable. Il est fort dommage de perdre du temps et de l’énergie à devoir prouver une telle évidence.

 

Voir les commentaires (13)

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  • Je n’a jamais vu d’hydrogéologue , qui sont les sachants en matière d’eau souterraines chez les écologistes. Les bassines comme les barrages ou les glaciers sont des régulateurs du débit d’eaux superficielles dans les rivières et les fleuves. La maîtrise de ces flux hydriques doit aussi se faire par la connaissance de ces eaux invisibles. Ce doit être une obligation dans chaque commune de connaitre les entrées par la pluie du système et les sorties, par l’utilisation de l’eau, les rivières, l’évaporation et les eaux souterraines. C’est par un bilan régulier que chaque commune ou bassin versant pourra dire si ils sont en déficit hydrique ou pas.

  • Avatar
    jacques lemiere
    15 avril 2023 at 8 h 28 min

     » L’eau fait partie du patrimoine commun de la nation. » quand on admet ça…sans nuance… il n’y a théoriquement pas de limites..
    On pond des textes idiots et collectivistes à la pelle..

    Alors certes…jouer sur l’hydrologie ou l’hydrographie.. doit être évalué, d’un point de vue libéral, sous l’angle des « nuisances causées à autrui.. car sinon ça se règle à coups de gnons.. pondre ce genre de texte conduit justement à l’inverse.. »l’eau est dans l'(interet commun  » je suis en charge des bien communs..donc..tu femes ta gueuel..et tu obéis ou acceptes.

    autant je comprends qu’une personne qui se voit directement impactée par une bassine proteste..devant un tribunal… autant j’ai du mal à suivre les politiques…

    bon c’est pas simple..parce quand on pose de laisser les gens libres de se développer,, l’environnement en général et l’eau on les protège pas.. on ‘essaye de les impacter « le moins possible »…
    or il n’y pas pas de définition du moins et du plus …. objective..

  • Avatar
    jacques lemiere
    15 avril 2023 at 8 h 50 min

    on peut sinon on doit entamer un débat sur le concept de bien commun..
    commun à qui?
    ça connait les frontières?
    ça se traduit pas quoi?
    ça inclut quelles eaux? une nappe « fossile »?
    quid si je produis de l’eau moi même chimie astéroïde.. ..elle elle à moi ou au commun..?
    que l’eau est un « droit »?

    il y a sans doute une idée de « part juste »… est ce que ça inclut l’environnement les animaux? la faune sauvage? la flore?

    non il faut poser les choses d’une autre façon..

    le concept r de bien commun est un marche pied du collectivisme et du totalitarisme .. et du controle du développement humain.. laissé à l’appreciation des responsables du bien commun..

    nos action se font aux dépens de l’environnement… protéger l’environnement est une idée dangereuse…
    qui s’oppose au développement humain.. donc à la liberté..
    et non ce n’est pas un point de language.

    l’écologisme est un choix idéologique terrible pour la liberté.

  • Ce que je trouve insupportable c’est cette publicité faite par les télévisions pour cette idéologie climatique et les exactions. Ce n’est plus de l’information mais du bourrage de crâne et de la fabrique de peur

    10
  • Pour ou contre les bassines dans un pays qui en 2017 avait plus de 364 stations d’épuration ne respectant pas les exigences de la DERU, on veut construire des bassines pour des gens qui utilisent toujours azote et phosphore

    -5
    • C’est quoi les exigences de la DERU ? En quoi ne seraient-elles pas parfaitement arbitraires, voire les résultats de marchandages connivents entre incompétents ?

  • Comme d’habitude désormais l’agriculture cristalise les tensions entre environnement et production. Dés lors ce n’est pas étonnant que les écolos et la Confédération Paysanne s’opposent aux méga-bassines. Et dans tous les combats, il y a le combat emblématique où tous les excès sont possibles. Misère ! Il y a pourtant des arguments recevables parmi les opposants, malheuseusement pour eux noyés dans un spectre fourre-tout anti-société capitaliste.

    Je n’ai pas d’opposition de principe aux retenues d’eau comme éventuelle solution de substitution. Pourtant dans l’état, 2 ou 3 petites choses me gênent. Les bassines sont largement financées par l’Etat via les Agences de l’eau et la taxation de tous les usagers. Or ces bassines sont créées par un collectif d’agriculteurs sous forme d’association qui bénéficient exlusivement de l’eau récupérée et des retombées.
    De plus, l’eau est souvent pompée dans un cours d’eau voisin à partir d’un débit minima. Or certains retours affirment que ce seuil n’est pas respecté et dans tous les cas il n’y a pas de contrôle.
    Enfin ces bassines sont accordées par l’Etat en contrepartie de pratiques agricoles plus vertueuses (on pourra juger de la pertinence de ces pratiques mais c’est un autre débat). Or là aussi les retours semblent montrer une inertie totale des agriculteurs bénéficiaires faute de contrôle.

    D’un point de vue libéral, les conditions d’installation et d’exploitation de ces bassines sont sujettes à discussion et ce n’est pas non plus étonnant que des tensions s’excercent alors.

    • D’un point de vue libéral, la question qui se pose est de savoir si ces bassines seraient construites en l’absence de toute idéologie et avec une répartition purement technique de leurs coûts sur les bénéficiaires. Et le problème est qu’il est absolument impossible de se procurer les chiffres pour faire le calcul.

    • Bonjour,
      Allez donc dire aux agriculteurs qu’il n’y a pas de contrôles ! Les pompages ne sont autorisés que lorsque les niveaux sont suffisants, et à la moindre infraction ou seulement erreur de timing, l’agriculteur voit arriver les agents de l’OFB ou de la police de l’eau arme à la ceinture et amende ou tribunal à la clé.

    • Je ne crois pas à l’esprit de nuance de ces opposants.
      Pour eux, l’équation est simple. Bassines = agriculture intensive = pas glop.
      Voilà pourquoi on y retrouve tous les anticapitalistes de la terre et des syndicats comme la Confédération paysanne pour laquelle, sans trop forcer le trait, l’agriculture doit se limiter à 3 poules et 1 canard.
      Ces gens sont autant imperméables à l’argumentation que le fond d’une (méga)bassine.

  • Problème totalement articiel dans un pays qui ne ressemble pas au désert de goby…. Il y a sans doute quelques problèmes régionaux mais qui empêche d’avoir des interconnections entre régions, personne, sauf le fric… Et puis, pénurie égale, augmentation des contraintes, augmentation des prix… L’époque veut cela, nous culpabiliser sur tout, on consomme trop, on met la planète en danger, risible ! Ils sont même en train de créer des problèmes alimentaires en Europe, pourquoi…. Blackrock doit avoir la réponse. Comme, par exemple, l’achat de toutes les terres cultivables… Le fric, toujours le fric. Un fric qui ne vaut plus grand chose en occident….

  • il n’y a pas de pénurie d’eau, juste des politiques qui veulent s’occuper de ce domaine.

  • Probablement depuis le début de la civilisation humaine, l’eau a toujours été domestiquée par les agriculteurs. C’est une base pour l’alimentation. Les pays moins industrialisés, hors circuits touristiques, ont, la plupart du temps, cette servitude et ne peuvent suivre les caprices de leur climat. Il suffit de visionner les documentaires TV les concernant, particulièrement en Asie. J’en ai moi-même parcouru, le sac à dos…

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