Un néo-féminisme contre les femmes

Elle exacerbe une « guerre des sexes » où les deux camps, qui ne se rencontrent que dans la violence, sont perdants.

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Un néo-féminisme contre les femmes

Publié le 10 mars 2023
- A +

Par Jean Gabard.

 

Il faut être aveuglé pour ne pas reconnaître que les luttes féministes n’ont pas totalement abouti et que l’égalité en dignité et en droits, depuis peu dans les textes, est encore peu respectée. La nécessité de poursuivre le travail pour plus de justice et moins de violence est d’ailleurs soutenue par une majorité de la population. Fort de ce soutien, des féministes que l’on peut appeler néo-féministes considèrent que seules les femmes peuvent être féministes. Elles en profitent pour élargir leurs revendications, certaines de ne pouvoir défendre, dans tous les cas, que la démocratie. Elles transforment le féminisme des années 1960 en une idéologie fortement inspirée des études de genre et plus récemment du wokisme.

Avec ces néo-féministes, la lutte justifiée des études de genre contre les discriminations se trouve transformée. Il ne s’agit plus de dénoncer et combattre ce qui dans les inégalités provient de la construction sociale sexiste, mais de montrer que toutes les inégalités ont pour origine les discriminations et la construction sociale. Il faudrait en finir avec toute différence, toujours jugée injuste. C’est ainsi que les néo-féministes veulent ignorer non seulement la structuration différente et inconsciente du psychisme mais aussi les effets de la biologie sur les comportements qui, depuis quelques années, sont pourtant prouvés par les sciences. Elles ne retiennent que la construction sociale, elle aussi inconsciente, qui serait forcément sexiste. En évitant les nuances, elles peuvent militer avec davantage de certitudes.

L’idéologie néo-féministe, devenue dominante, dénie la différence des sexes et ainsi ne permet pas de l’étudier et d’apprendre à la gérer. Au lieu d’améliorer le « vivre ensemble », elle aggrave les malentendus et le sexisme. À celui des hommes qui ne peuvent vivre avec la différence des femmes qu’à condition de les inférioriser, s’ajoute une idéologie qui, en réaction, n’explique la différence des hommes que par leur mauvaise éducation. En n’évoquant pas une infériorité de l’ensemble des hommes, elle croit éviter l’accusation de sexisme. Il s’agit pourtant bien de ne pas considérer comme normale la différence, mais au contraire problématique et, ce qui est encore plus pervers, d’en attribuer la responsabilité non pas à la nature masculine mais aux hommes eux-mêmes. C’est ainsi que ce qui était considéré comme des qualités masculines devient des défauts que les hommes sont appelés à corriger.

Condamnant le machisme de leurs aînés et ne parvenant pas à avoir des comportements comparables à ceux des femmes, des hommes, diabolisés, culpabilisent. Certains s’évaporent plus qu’ils ne se métamorphosent quand d’autres se bloquent, se replient dans la « maison des hommes » ; et pour sauver leur identité qu’ils sentent menacée, justifient leur machisme. Si, déjà, l’évaporation des hommes commence à être regrettée par de nombreuses femmes, l’incompréhension croissante qui favorise les extrêmes, en inquiète encore plus. Elle exacerbe une « guerre des sexes » où les deux camps, qui ne se rencontrent que dans la violence, sont perdants.

 

Jean Gabard, conférencier et auteur de Le néo-féminisme contre la famille – Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, janvier 2023.

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  • Moi, je suis d’accord. Mais pour l’égalité, il faut :
    1) supprimer les religions monothéistes. En effet, la femme est soit responsable du bannissement de l’homme de l’Eden dans la religion judéo-chrétienne (et ne parlons pas de leur absence d’âme qu’un pape leur à finalement octroyée sans justification), soit elle est impure dans l’islam. À ce titre, il leur est impossible de prétendre à une quelconque égalité. Or il s’agit là d’une position au dessus des lois humaines puisqu’elle a été écrite par Dieu.
    2) supprimer la séparation des vestiaires et douches homme/ femme. Hé oui, la fin de l’apartheid a bien supprimé la fin de ces vestiaires et douches pour blancs et noirs pour montrer leur égalité. Donc mesdames féministes, assumez votre désir d’égalité freudien jusqu’au bout. 😂😂😂😂

    • J’apprends ce jour qu’à Berlin, les femmes pourront désormais se baigner torse nu en piscine.
      L’ultra-féminisme, c’est pas si mal…

  • Derrière l’arbre du combat suicidaire néo-féministe, se cache la forêt des comportements libérés des femmes ordinaires, pas moins reprochables que ceux des hommes. Cela fait une belle égalité non ?

  • Il y a une sémantique qu’on ne peut éviter : les mâles sont machistes; les femmes sont fascistes.

  • Avatar
    Pierre Allemand
    10 mars 2023 at 21 h 59 min

    En réalité, ce n’est pas l’égalité avec les hommes que les féministes recherchent. Leur idéal, ce serait, en fin de compte, d’être des hommes.

  • Les commentaires sont fermés.

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