Macron : un discours protectionniste incohérent aux États-Unis

Imiter les Américains sur les subventions serait suicidaire vu notre niveau de dette et de déficits publics.

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Emmanuel Macron BY EU2017EE (CC BY 2.0)

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Macron : un discours protectionniste incohérent aux États-Unis

Publié le 3 décembre 2022
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Malgré des divergences de ton (agressif à l’égard de Biden lorsqu’il s’exprime devant les seuls représentants de la communauté française aux États-Unis, moins pugnace lors d’évènements officiels avec le président de la première puissance mondiale), Macron a peu ou prou déroulé un discours protectionniste lors de sa visite aux USA : après les années de porte-parole d’un libre échangisme sans limites, le président a redécouvert lors de la crise du covid les vertus de la réindustrialisation, à l’instar de tous nos partenaires commerciaux.

Ainsi, la visite aux États-Unis a été présentée – du moins à l’opinion publique française, car outre-Atlantique il s’agit simplement d’accueillir le séculaire allié français, sous les mânes de la grande histoire des démocraties- comme une contestation de l’Inflation Reduction Act, un texte américain qui met à l’honneur le made in America notamment pour tous les investissements colossaux liés à la transition énergétique.

 

Cibler ce texte est une erreur

En premier lieu, même si cela ne concerne pas vraiment les Français, l’Inflation Reduction Act recèle de fortes contradictions, ne serait-ce que dans son nom : en rapatriant certaines productions, dans un premier temps il sera inflationniste contrairement à son nom inepte. Il faut plus le voir comme une continuation de la politique Make America grat again de Trump, simplement plus orientée vers le verdissement de l’économie.

Par ailleurs, comme l’a fait remarquer Christian Lindner, le ministre de l’Économie allemand et chef de file des libéraux, depuis le covid chaque pays a mis en place des mesures protectionnistes au niveau industriel et énergétique, y compris en Europe. Il revient aux États de se défendre dans les industries stratégiques qu’ils souhaitent ne pas ouvrir à la concurrence (en acceptant la réciprocité des mesures) ; au lieu de perdre du temps à dénoncer les Américains, la France devrait se poser la question des industries et secteurs qu’elle souhaite elle aussi protéger, car c’est le principe de réciprocité qui doit guider nos relations commerciales avec les États-Unis : on ne peut être libre échangiste que dans les secteurs où des deux cotés de l’Atlantique on a décidé que le libre échangisme serait souhaitable.

Macron a perdu un temps précieux en poussant un hypothétique « Buy European Act » qui ne peut faire fi des disparités au sein de l’UE.

Il eut mieux valu faire deux choses :

  1. Dresser avec plus de volontarisme ceux de ces secteurs que nous souhaiterions protéger.
  2. Dénoncer les effets à venir d’un protectionnisme généralisé qui ne serait qu’un repli sur soi.

 

Avec des coûts de production déjà élevés, la France n’a rien à gagner à avoir des prix en hausse en Europe. Imiter les Américains sur les subventions serait suicidaire vu notre niveau de dette et de déficits publics. Pour relancer son industrie la France a besoin de plus de compétitivité, de recherche, d’un meilleur système éducatif, d’une meilleure fiscalité. Le problème ne peut être résolu à coups de subventions publiques ou en accusant – sans effet concret- les Américains.

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Créer un compte Tous les commentaires (11)
  • Macron n’a aucune idée de ce qui doit être fait pour la France et il s’en fout.
    Il profite de son second mandat pour étoffer son carnet d’adresses et se prépare à son poste d’après.
    S’il continue comme ça et que l’hiver est rude, il pourrait même être dégagé de ses obligations hexagonales avant 2027…

  • Macron, qui creuse à son tour encore et encore la dette, n’a plus aucune marge de manœuvre de politique étrangère. Il en est réduit à faire du cinéma pour exister. Il n’a aucun moyen de pression sur personne, il est le toutou de l’Allemagne. La France de De Gaulle qui influait sur le monde n’existe plus et n’est pas prête de renaître de ses cendres. Les pays riches s’amuse de voir Macron gesticuler, les pays africains et particulièrement francophones s’en détachent de plus en plus pour trouver d’autres sources de financement (pour preuve : ils ne font même plus semblant de récupérer leurs migrants) , l’Australie n’a aucun problème à la ridiculiser (elle sait que quoi qu’elle face, le toutou revient la queue entre les jambe), et pour l’Asie et la Chine en particulier, elle est un pays sans intérêt qui n’existe plus sur la scène internationale.
    Seuls les pays du golfe s’y intéressent : c’est le pays le plus faible d’Europe (avec la Belgique) par lequel ils peuvent faire pénétrer l’islam.
    Ce pays est malade de sa gauche caviar et de ses pseudo écolos et tout les autres pays s’en détournent.

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  • « on ne peut être libre échangiste que dans les secteurs où des deux cotés de l’Atlantique on a décidé que le libre échangisme serait souhaitable. »

    Pouvez vous expliquer pourquoi ?
    En quoi n’est t-il pas possible (ou souhaitable) qu’un pays ait une attitude libre échangiste envers un second pays a caractère protectioniste ?

  • Il n’y a pas vraiment de contradiction dans :  » l’inflation Reduction Act  » . Au début il y a , oui ,de l’inflation ; mais le rapatriement d ’emplois fait diminuer le chomage et augmente l’autonomie du pays .
    On oublie que dans la baisse du cout des produits « délocalisés  » il y a en couts indirects le cout du chomage et le cout social qu’il faudrait ajouter au cout du produit importé , ainsi on verrait que ce dernier est faussement plus bas .

    • La diminution du chômage résultant du protectionnisme est naturellement inflationniste, puisqu’elle revient à produire plus cher les mêmes biens, alors que la diminution vertueuse du chômage proviendrait, elle, de la production de richesses nouvelles. En gros, diminuer le chômage par le protectionnisme est une autre version du sophisme de la vitre cassée.

    • Mode de pensée furieusement collectiviste. Autonomie du pays, cout social, cout du chômage etc.. Peu me chaut qu’un produit soit français ou chinois, j’achète à un prix. Et ne me parlez pas de chômage, il existe à cause de l’état providence. Sans lui pas de chômage sur une longue période.

    • Oui Petra vous avez raison mais il faut tenir compte de la précision suivante selon moi. Les « drogués » de la délocalisation ne se posent pas ce genre de question, ils voient seulement le gain immédiat que leur apporte la délocalisation sur leur coût de revient grâce au moindre coût de la main d’oeuvre (directe). Je dirais que le coût de la main d’oeuvre indirecte induite (diverses cotisations sociales) ils pensent que c’est toute la collectivité qui la supporte et que cette dépense est diluée, donc tout bénéfice pour eux. Mais jamais ils ne réfléchiront que la concurrence peut penser et faire la même chose.

  • Vous avez entièrement raison. Il reste à souhaiter que M. Macron vous lise et suive vos conseils mais il a les yeux tellement rivés sur sa propre personne et sur le spectacle qu’il pense assurer qu’il ignore le monde autour de lui.

  • Déjà, les Usa ont le gaz de schiste et du pétrole que nous nous interdisons d’exploiter. Alors nous leur achetons cher leur gaz ce qui altère notre compétitivité. Et puis nous avons « le meilleur modèle social du monde », beurre ou argent du beurre, il faut choisir et je crains bien qu’à force nous n’ayons ni l’un ni l’autre.

  • L’auteur n’a pas compris que le protectionnisme, c’est bien seulement si ce n’est pas un « dictateur », un conservateur ou « non progressiste » plus globalement qui souhaite le mettre en place 😉
    Bush a lancé une guerre, c’est pas bien, Obama en a lancé une autre, c’est bien. Trump fait du protectionnisme, c’est pas bien, Biden fait du protectionnisme (plus fort que Trump), c’est bien.
    le RN propose un contrôle aux frontières, c’est pas bien, LREM propose un contrôle aux frontières, c’est bien…
    Et ne cherchez pas « d’erreur », c’est « normal » selon nos medias, sinon vous êtes un « complotiste », « facho », « néonazi », « antivax » ou « climatosceptique ».

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