Les résultats des petits Français aux classements internationaux sont en chute libre : selon l’étude TIMSS1 de 2019, seuls 20 % des élèves de CM1 atteignent un niveau élevé en mathématiques et en sciences contre une moyenne de 40 % dans l’Union européenne. Le classement PISA2 2019 nous place en 23e position parmi 79 pays de l’OCDE. Ce classement évalue les élèves en lecture, en mathématiques et en français : les scores des élèves français sont en baisse constante depuis vingt ans.
L’école française est également l’une de celles qui reproduisent le plus les inégalités sociales (rapport de l’OCDE 2018 : Equity in education). Le 25 août dernier Emmanuel Macron a admis devant un collège de recteurs que les résultats de l’école étaient « extrêmement préoccupants » ; il a rappelé qu’un quart des collégiens de sixième n’avait pas le niveau attendu. Pourtant la France consacre près de 7 % de son PIB à l’éducation et le budget de l’Éducation nationale est en constante augmentation (de 1 à 2 % par an).
Pendant que nous chutons d’autres pays tirent leur épingle du jeu. L’Estonie et la Finlande sont respectivement première et deuxième du classement PISA. Il se trouve que ce sont aussi deux pays dans lesquels le taux de scolarisation dans les écoles privées est extrêmement faible : entre 3 et 4 % des élèves. Ne nous y trompons pas : ce n’est pas parce que les élèves fréquentent les écoles publiques qu’ils sont performants, c’est parce que les écoles publiques sont performantes que les élèves les fréquentent. En d’autres mots, dans ces deux pays, peu d’élèves sont scolarisés dans le privé parce que le système public satisfait presque tout le monde.
Il n’y a pas de secret !
Mais alors quelle formule magique, quels secrets ces pays détiennent-ils ? Rien de bien mystérieux : ils récoltent les fruits d’un système très décentralisé.
En Estonie, le ministère de l’Éducation se contente de guider les développements à long terme du système éducatif, d’en fixer les principes de financement et d’élaborer un système d’évaluation national. Pour le reste, la règle est l’autonomie : les directeurs d’écoles gèrent les ressources humaines, leurs budgets, choisissent programmes et méthodes. Les municipalités et les directions d’écoles sont liées par des contrats mais il n’y a pas de comptes rendus obligatoires. Autre curiosité : les établissements s’auto-évaluent, choisissant eux-mêmes les critères retenus et les méthodes utilisées. La confiance est un principe et les inspections n’ont lieu que s’il y a une plainte ou au moment des créations d’écoles.
Les élèves finlandais obtiennent eux aussi d’excellents résultats dans les enquêtes internationales alors même qu’ils ne sont pas obligés d’aller à l’école avant l’âge de 7 ans. Ça n’a pas toujours été le cas. Les Finlandais ont amorcé une réforme complète des formations des enseignants dans les années 1970 afin de leur accorder une plus grande autonomie pédagogique. En 1985, le pays a procédé à une décentralisation générale.
En 1994, le Conseil national de l’éducation a élaboré un programme national fondamental limité à de grands objectifs : les établissements scolaires ont donc le droit de définir leur propre programme local. Et qui dit absence de programme unique et liberté pédagogique dit disparition du corps des inspecteurs, qui n’ont plus de raison d’être. Ce sont les chefs d’établissements qui ont la responsabilité de choisir, recruter et rémunérer les enseignants qui présentent leurs candidatures et débutent en contrat à durée déterminée, période d’essai de fait. Pas de sécurité de l’emploi. Un mauvais enseignant ne sévit pas très longtemps dans ces conditions…
L’effet principal de cette grande autonomie est la responsabilisation de l’ensemble des intervenants, à tous les niveaux. Personne ne peut arguer qu’il a agi pour obéir à des injonctions descendantes. Les élèves, qui ont l’exemple d’adultes libres, autonomes et responsables, sont ainsi encouragés à se prendre en main.
Soyons intelligents : copions !
Les Français se tournent de plus en plus vers des écoles dites alternatives quitte à se saigner aux quatre veines. La croissance des effectifs dans le « hors contrat » est de 10 à 12 % par an. Une centaine de nouveaux établissements voient le jour chaque année. Comme ils ne bénéficient pas d’aides publiques, ils sont plus libres en termes de recrutements, d’horaires, de pédagogies… De fait, ils agissent comme les écoles publiques finlandaises ou estoniennes.
L’État se méfie de cette concurrence : « écoles de riches », « sectaires » voire « séparatistes », elles sont accusées de tous les maux en particulier de ne pas « faire société » selon l’expression aujourd’hui consacrée (qui figure même dans les nouvelles brochures de l’Éducation nationale, Construisons ensemble une école engagée !) Les rectorats s’emploient à contrecarrer leur ouverture, les inspecteurs les harcèlent mais le mouvement est inexorable : le privé prospère alors que, nous l’avons vu, dans les pays évoqués plus haut, il est quasi inexistant.
Le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye a réaffirmé en conférence de presse du 26 août que l’Éducation nationale « était une » et que l’égalité était la priorité.
Il a ensuite déroulé une liste de propositions manifestant son attachement à la centralisation : stages en lycées professionnels rémunérés par l’État, recrutement de contractuels par le ministère afin de pallier le manque d’enseignants, droit de regard de l’État sur les projets proposés dans le cadre du nouveau fonds d’innovation pédagogique… Il n’a pas évoqué l’autonomie des établissements pourtant souhaitée par Emmanuel Macron pendant la dernière campagne présidentielle. Tradition jacobine oblige : il est exclu que le petit Lillois reçoive autre chose que le petit Gardois même si c’est plus adapté !
Pourtant, plutôt que d’employer son énergie et ses moyens à prôner l’égalité, je dirais même l’uniformité, urbi et orbi et à persécuter des établissements privés lesquels fournissent pour la plupart un travail remarquable, l’État gagnerait à s’inspirer des réussites étrangères en appliquant le principe de subsidiarité : laisser les entités les plus proches s’occuper des usagers concernés. Promis, on ne le traitera pas de copieur !
« Le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye a réaffirmé en conférence de presse du 26 août que l’Éducation nationale « était une » et que l’égalité était la priorité. »
Ne nous emportons pas, il veut peut-être l’ école Alsacienne pour tous…
Excellent article, plein de bon sens. Lisa Kamen-Hirsig ministre de l’Instruction publique, vite !
J’ai un petit problème, les écoles publiques sont un problème , le classement pisa pour moi ne signifie rien..
si UN enfant est sacrifié sur l’autel du résultat global a n’apparaitpas dans les chiffres..
un pays communiste est parfaitement capable via la coercition d’atteindre des sommets dans un domaine donné..
Il convient au minimum demettre des garde- fous quand on instaure une école publique..
la « satisfaction » des parents est non négociable…
je ne dis pas que c’est facile.. quand il ya une situation vue comme un échec scolaire;…difficile de savoir si ça vient de l’enfant ou du système…
les parents ne possèdent pas de clefs pour savoir si leur enfant peut « réussir »… et ce diagnostic ne doit pas venir de l’école.
En france nous avons une population qui se fout de l’éducation.. et qui est subventionnée..
l’estonie et la finlande sont des pays différents…
la société a explosé..
« En france nous avons une population qui se fout de l’éducation… et qui est subventionnée »
Je ne pense pas que parents se fichent de l’éducation de leurs enfants, c’est l’Etat qui s’en moque. Et les français ayant ou non des enfants participent malgré eux à ce désastre. Tout le monde ne peut pas mettre ses enfants dans le privée ou faire du home schooling ( avec les nombreux sacrifices qui vont avec, et je ne parle pas d’argent hein ) comme ma compagne et moi l’avons fait avec nos enfants.
Personne n’est satisfait, sauf le ministre.
Un pour cent des parents.. dans un système où l’ecole est quasi obligatoire fout un beau bordel.. 10 % qui n’accepent pas le contenu ça fait un beau bordel.
vous parlez de sacrifice alors que c’est un cout ..en temps et en argent.. et vous avez le même problème que le système pour le contenu de l’enseigment..
vous faites des choix éducatifs en fonction des valeurs que vous voulez passer à vos enfants;.c’est la partie « facile »..
vous faites des choix sur le contenu d’enseignement….qui sont essentiellement spéculatif. un expert a le même problème..il en sait certes plus …
selon vos moyens..
alors collectivement…
quel risque épargne le système??? et pour quel cout? et quel risque idéologique faut il accepter!!!!
moins un si vous voulez..mais…
culte du pisa? culte du pib???
à quel prix?
l’école publique est dangereuse!!!! point barre.. que signifient d’ailleurs les pourcents résiduels en Finlande et en Estonie?
je dis science je dis education je dis médecine scientifique… le joker des pseudo- libéraux…pour écarter les mal pensants..
très bien, on va faire différemment.. …quel NIVEAU de math les élèves français doit il atteindre ? pour quel prix?
et POURQUOI bordel de dieu!!!
si vous savez que le niveau est TROP bas. vous devez pouvoir répondre?
ou alors ce qui importe est le niveau relatif par rapport aux autres pays??
c’est comme le taux de couverture vaccinale?
la pensée macronesque..j’emmerde les emmerdeurs…pour dire en fait ..je fais ce que je veux de vos libertés individuelles..
quand on admet l’arbitraire il faut au moins en avoir conscience..et mettre des garde fous!!! sinon ça finit par te bouffer..
Vous n’y pensez pas! L’Etat français qui sait tout, qui réussit tout, ne saurait prendre modèle sur ce qui fonctionne bien hors de ses frontières. Finlandais, Estoniens, qui sont ces anciens colonisés?
Le budget de l’EN est pratiquement totalement consommé pour payer 1 million de fonctionnaires enseignants qui doivent enseigner à 13,5 millions d’élèves (chiffres de l’EN). Cela fait 13,5 élèves par classe en moyenne. Mais ils sont en moyenne 32 élèves par classe. Ce qui fait que plus de la moitié des enseignants n’enseignent pas. Et notre Ministre en recrute encore et toujours !!!
En comptabilisant les congés et les semaines de 4 jours et en ajoutant 25% de temps à préparer les cours, pour les conseils, rencontre des parents…. Un enseignant travaille environ 850h/an pour 1550h pour une personne dans le privé.
Et cette situation ne date pas d’hier.
La méthode est mauvaise, l’organisation est mauvaise, le personnel n’est pas motivé par la réussite des élèves. Seuls les syndicats et leurs affiliés (+ de 90% des enseignants) sont contents. Tout ça concourt aux minables résultats PISA : niveau en lecture, calcul, français dernier de l’OCDE. Les parents qui en ont le niveau font travailler leurs enfants et tant pis pour les autres. Et les ministres sont comme les enseignants, ils se foutent complètement des résultats : aucun ne fait ou ne fera La Réforme nécessaire qui l’éjectera immédiatement de son poste. Depuis C. Allègre, tous ont compris combien l’EN est motivée pour ses élèves.
Et pour conclure, 95% de réussite au bac sans que les élèves sachent lire et comprennent leur langue maternelle, n’est ce pas un glorieux exploit du corps enseignant ?
Toujours à raconter les mêmes conneries…
Vous êtes bien le résultat de l’EN : vous êtes incapable de poser correctement un petit problème de calcul simple.
Dans les collèges et lycées, un enseignant fait environ 20h de cours devant les élèves. De leur côté, les collégiens et lycéens ont environ… 32h en salle de classe.
Eh oui, je vais visiblement vous apprendre quelque chose : un élève du secondaire peut avoir devant lui plusieurs profs dans la semaine… Par conséquent, non, cela ne correspond pas à 13,5 élèves par classe, car on ne peut pas diviser le nombre total d’élèves par le nombre total d’enseignants. Il faut dividiser le nombre total d’heures de classe à réaliser par le nombre total d’heures de main d’oeuvre. Un DRH saurait faire ce type de calcul. Heureusement que vous n’êtes pas le DRH de l’EN.
Concernant le temps de travail effectif : un enseignant fait en moyenne 20h devant sa classe, soit en moyenne 40h de travail par semaine (il ne faut vraiment rien connaître au sujet pour prétendre comme vous le faites qu’une heure de cours n’est complétée que par 1/4 d’heure de préparations, corrrections de copies, etc.). Sur l’année cela revient à environ 1500h de travail… C’est légèrement moins que dans le privé, mais comme ils ont un salaire beaucoup plus faible que dans le privé à niveau de diplôme équivalent…
Visiblement vous vous intéressez aux études comparatives de l’OCDE. Au lieu de raconter n’importe quoi à partir de calculs foireux, vous devriez aller chercher aussi les données officielles de l’OCDE (bizarrement vous ne vous intéressez pas à celles-ci…) pour comparer :
– le temps de travail des enseignants français par rapport à celui pratiqué dans les autres pays
– le salaire moyen des enseignants français par rapport à celui pratiqué dans les autres pays
Ah, j’oubliais, le taux de syndicalisation des enseignants est de 30%, et non 90% comme vous le prétendez.
Un prof du secondaire fait 18h environ. Un élève 25h environ. Donc cela donne 18.7 élèves par classe a lieu de 32. Donc 40% des profs n’ont pas d’élèves.. Décharges, direction, inspection, formateurs, etc, c’est effectivement honteux…
1.25h de travail pour 1h de cours, par contre, c’est une blague? 1h de cours, c’est bien plus que 1.25h de travail classique. Bien sûr, on pourrait me répondre que c’est mon avis.
Mais on peut regarder le marché sinon. Actuellement, n’importe qui (oui, n’importe qui!) ayant une licence peut devenir prof. Il suffit de traverser la rue, en 10 min vous êtes pris. Et pour 1500€/mois. Et ce d’après votre point de vue, pour un mi-temps. C’est bien au dessus de ce qu’on peut espérer dans le privé.
Pourquoi personne de vient alors? Il semblerait qu’une heure devant 32 enfants ignares qui vous insultent, et ce dans une horrible banlieue à 50 km de chez soi (chaque heure de cours étant non consécutive, car c’est « meilleur pour les apprentissages » hein), accompagné de 15 min d’une hiérarchie quasi débile n’enseignant pas et de parents persuadés que leur rejeton « calvin genius » (prénom véritable) n’est pas apprécié à sa juste valeur, eh bien ça vaut plus qu’une heure de cadre sup en entreprise.
copier le meilleur ( collectif) n’est pas la voie vers le meilleurs.. mais la voie vers l’uniformisation..
on est tenu d’admettre qu’etre classer le plus haut possible au pisa est un point indiscutable..sans précision de prix au passage..
désolé..non..
en soi la décentralisation ne résout pas les problèmes.. elle diminue juste les problèmes systémiques,..
premier problème ..idéologie via le programme..
second problème ,ne pas avoir le droit de choisir combien on paye sans savoir ce qu’on peut obtenir..
il suffit d’un innocent sacrifié… un seul…
Oui, il est indiscutable que savoir lire, écrire et compter est une nécessité. PISA permet de mesurer à combien on se situe de cet objectif, et c’est une BONNE CHOSE. Imiter ceux qui parviennent relativement facilement à obtenir de bons scores à PISA est une autre BONNE CHOSE. La différentiation peut tout aussi facilement se faire ensuite.
Beaucoup de ceux qui réussissent ont certains aspects singuliers, mais se singulariser en renonçant aux acquis de base n’est pas un chemin vers la réussite.
Enfin, avez-vous essayé vous-même les tests PISA ? Il y a des exemples sur le site de l’OCDE, j’aurais eu un plaisir immense à essayer des trucs comme ça quand j’étais gamin…
Finlande et Estonie sont des états bien moins « pollués »par toutes les racailles d’afrique que la france , véritable poubelle en la matière;Il serait miraculeux de progresser au classement pisa dans ces conditions.
Le nivellement par le bas, conséquence de « l »égalité avant tout » prônée et rendue obligatoire par les syndicats d’enseignants qui sont les véritables patrons de l’Éducation Nationale explique une grande partie de la situation de l’enseignement en France…
Il ne faut pas s’étonner de la réussite des écoles publiques en Finlande et Estonie, elles sont libres, apparemment plus libres que nos écoles privées sous contrat et même que nos écoles hors contrat inspectées régulièrement. Le financement des écoles de ces pays est donc, je pense, presque entièrement à la charge de l’Etat ou de la collectivité locale.
La liberté fait partie des trois mots qui font la devise de la France, « Liberté, Egalité, Fraternité », tout un programme! Choisir l’école de ses enfants devrait être un droit légitime de la famille et non un privilège pour quelques uns de ces Français qui ont l’égalité des droits pour devise. Cette mesure de justice et de liberté serait aussi une mesure éducative, mettant les parents face à la responsabilité d’un choix à faire et d’une éducation à donner. Cette mesure de liberté pourrait relever le niveau de l’école car la concurrence est stimulante, elle oblige à des résultats, donc bonne pour pour l’école, pour l’éducation, pour la famille, pour le pays. Les réformes faites ou à faire ne visent qu’à sauver le système, pas les enfants.
Comme dans ces pays cités, le financement national ou local pourrait suivre l’enfant là où il est scolarisé et chez nous aussi les écoles privées disparaîtraient, transformées en écoles publiques libres. On ne peut plus continuer à ne rien faire d’efficace, à laisser les ministres pondre des réformes ou directives régulièrement, faire croire que tout va bien, que tout est un problème de moyens tout en en consacrant d’énormes à des actions dispersées qui n’améliorent pas grand chose et qui exaspèrent les enseignants. Il faut simplement laisser l’initiative aux parents et enseignants: les résultats des élèves décideront de ce qui est efficace ou ne l’est pas pour atteindre le niveau fixé pour la suite des études, et le débat sur les méthodes de travail ou d’apprentissage se basera non pas sur des théories mais sur des expériences.
Donc comme dans ces pays et dans d’autres, il nous faut l’école libre pour tous, « l’école publique libre ». J’ajoute que je suis devenue enseignante de l’école publique à 45 ans après avoir suivi la scolarité de mes 5 enfants, après une « formation » à l’IUFM, et qu’après quelques années de remplacement dans les écoles où j’ai constaté le faible niveau de lecture, j’ai pris une classe de CP pour employer la méthode syllabique, alors déconseillée, pour le plus grand bien de mes élèves qui ont tous appris à bien lire. (voir ma page Facebook, « Facile de lire! ») Françoise.