Lorsqu’on contrôle l’argent d’autres personnes, il est très facile d’être généreux. C’est ainsi qu’opèrent la quasi-totalité des politiciens avec leurs promesses exorbitantes.
Joe Biden ne fait certainement pas exception à la règle avec le récent allègement de 10 000 à 20 000 dollars la dette des étudiants pour ceux gagnant moins de 125 000 dollars. Malheureusement pour lui, cette action se bute à plusieurs écueils moraux et légaux.
En effet, de l’aveu même de Nancy Pelosi, c’est le Congrès (le pouvoir législatif) qui contrôle les cordons de la bourse, pas le président (l’exécutif). Ce dernier peut au plus retarder les remboursements, ce qu’il a amplement fait. Voyons voir si la présidente de la Chambre des représentants lui servira ce rappel du cours Constitution 101.
C’est pourquoi, malgré toute objection légitime qu’un libéral normal aurait à ce sujet, les prêts souvent excusés aux entreprises durant la pandémie avaient une solidité légale : ils ont été votés par le Congrès.
À ce sujet, la Maison Blanche adore narguer les politiciens qui dénoncent l’exonération des dettes étudiantes tout en ayant profité du programme Projet Personnel et Professionnel. C’est certes ironique, et un conflit d’intérêt, mais je me garderais une gêne si j’étais l’administration Biden. Quand vient le temps de blâmer les autres pour des fautes qu’elle commet elle-même, elle n’a pas de leçon à donner.
Sans compter que malgré tous les abus, lesdits prêts avaient une certaine justification. Ils n’auraient pas été nécessaires si les gouvernements n’avaient pas verrouillé l’économie et réduit les entrepreneurs et travailleurs à la mendicité.
Une grande perversion des incitatifs
Mais en plus de problèmes possiblement légaux, l’« épongement » partiel des prêts étudiants cause des problèmes d’ordre moraux, notamment en ce qui concerne les incitatifs des acteurs économiques.
Du côté des administrateurs, voyant que d’autres personnes seront incitées à poursuivre des études universitaires, on sera tenté d’augmenter les frais d’admission suite à cette possible hausse de l’offre, à l’instar de Ford pour les crédits d’impôts aux voitures électriques. C’est exactement ce qui s’est produit dans le passé. Les frais de scolarité ont été multipliés par un facteur de plus de cent depuis 1977. C’est même plus élevé que les soins médicaux, qui pourraient occuper 20 % du PIB d’ici 2025.
Mais dans les deux cas, la quasi-totalité des coûts s’explique par une hausse exponentielle du personnel administratif. Pour l’éducation en plus, il n’y a au net que 8 % plus d’étudiants qu’il y a 50 ans.
Les étudiants auront plus d’incitation à poursuivre des études dans des domaines aux débouchés limités. Il n’y a pas de mal à s’instruire, mais être étudiant est supposé ne durer que quelques années, même si on va jusqu’au doctorat. « Qui s’instruit s’enrichit » continue tout le long de la vie, et internet donne accès à des millions de livres et de cours gratuits ou à faible coût.
De plus, pourquoi payer pour son diplôme et pas, par exemple, pour des cours de plomberie ou de soudure ? Ces personnes ont décidé de s’orienter vers des domaines qui offrent des emplois presque assurés et dont les coûts sont amortis rapidement. Pourquoi eux, ainsi que la majorité de ceux n’ayant pas fréquenté l’université, doivent payer pour un prêt – jusqu’à preuve du contraire – contracté volontairement ?
Et que dire de ceux qui ont été responsables et fait d’énormes sacrifices pour que eux ou leurs enfants puissent poursuivre des études supérieures. N’en déplaise à Elizabeth Warren, c’est une arnaque (pour demeurer poli).
Acheter des votes
Cette politicienne avoue sans vergogne le but ultime de cette décision : motiver les gens à voter pour son parti. Ça se voit au calendrier proposé pour entamer le procédé.
Les faits ne mentent pas : la majorité des détenteurs de ces dettes vivent dans des grandes villes universitaires, sont parmi les plus riches et tendent à voter pour les démocrates. C’est donc un transfert de richesse vers les plus riches. Le parti de Joe Biden fait généralement ses choux gras de ne pas agir de la sorte. Quand on lui reproche l’injustice d’une telle mesure, il y va d’ailleurs d’un non sequitur contre les entreprises.
Et qui va payer tout ça ?
Selon des estimations statiques, sans considération pour les impacts réels – il va en coûter plus de 500 milliards de dollars pour « essuyer» toutes ces dettes. La Maison Blanche n’a pas de réponse, et quand elle tente d’en avoir une, elle patine plus que Surya Bonaly.
Bref, les démocrates continuent de piller l’économie de leur pays. Non seulement cet « épongement » de dette est probablement anticonstitutionnel, mais il est hautement immoral en récompensant ceux ayant arbitrairement contracté la bonne dette.
Mais dans notre monde relativiste où l’identité semble flexible, je me demande si mon hypothèse peut s’assimiler à un prêt étudiant…
Avec le déficit des USA, 500 milliards, c’est une goute d’eau dans l’océan de la dette public.
L’enseignement se doit d’être gratuit pour ceux qui étudient réellement (et pas pour les multi-redoublants de nos syndicats étudiants). C’était une promesse des démocrates.
Arriver dans la vie active avec une dette de 60.000€ pose de nombreux problèmes. Si se soigner coûte si cher aux USA, c’est aussi parce que les médecins doivent rembourser leurs prêts étudiants qu’ils ont contractés pendant 10 ans.
Personne n’est obligé de faire des études supérieures (cf la suisse qui a un taux très faible de gens à la fac et un taux très élevé d’apprentissage), et personne n’est obligé de financer ça avec de la dette (on peut bosser au McDo ou ailleurs pour financer ses études).
Par ailleurs, la dette c’est un service (coûteux évidemment) de décalage temporel de la consommation. On s’en sert pour consommer maintenant et payer plus tard, il faut donc au moment de la contracter savoir ce qu’on devra payer et comment.
Si se soigner aux US coûte « si cher » c’est que les réglementation poussent les prix à la hausse, de même que chez nous et en Allemagne (les trois pays les plus réglementés niveau santé… et où la « santé » est la plus grosse en part du PIB). Mais la santé chère aux US c’est la « santé de luxe », il y a moyen d’avoir des soins décents pour beaucoup moins cher… En France, par contre…
Il y a un scandale absolu dans l’enseignement supérieur… D’une les administratifs se multiplient (et viennent généralement créer des tâches supplémentaires aux enseignants et aux étudiants au lieu d’alléger leurs soucis) et deux la course à la publication augmente massivement le coût des enseignants (sans qu’il ait été le moins du monde prouvé que, dans la majorité des cas, ou même en moyenne, un gus qui publie plus enseigne mieux, quand la logique serait que si on passe 90% de son temps à préparer ses cours et 10% à faire de la recherche, les cours seront meilleurs en moyenne que si on passe 90% du temps à chercher des financements pour la recherche, 5% à faire faire de la recherche à ses étudiants et 5% à préparer ses cours) ce qui rend le coût pour l’étudiant de plus en plus lourd sans que ça lui bénéficie (du fait des régulation gouvernementales et des « classements et autres bidules » des médias).
En France les nouvelles directives et autres ont fait exploser le cout administratif de chaque cours tout en nuisant considérablement à la liberté pédagogique (on arguera du fait qu’on peut librement ne pas se soumettre à ces paperasseries et autres mises en petites cases des enseignements… on perd juste le visa gouvernemental pour les formations concernées, et donc les étudiants).
L’Etat vient en général se plaindre du cout de l’enseignement supérieur « privé » et tance les écoles ou « éponge les dettes » aux US, mais est à l’origine en grande majorité des coûts massifs du supérieur. On pourrait se satisfaire de cela si au moins ça donnait des jobs de qualité pour les administratifs et une recherche performante et socialement utile, mais ça n’est pas le cas, les jobs administratifs crées sont pourris, mal payés, sous pression (turn-over rapide) et 90% au moins de la recherche publiée ces dernières années est inutile voire mauvaise (200 réédition de la même étude « qui marche », un taux de réplicabilité frisant le zéro absolu dans énormément de disciplines, des articles qui se citent en rond entre potes sans ne rien apporter de nouveau sinon « mon délire est vrai parce qu’il cite un copain qui délire pareillement et qui pense que mon délire est vrai »… )
Privatize Higher Education (and everything else)… NOW!!!