Russie : collaboration ou résistance ?

Les démocraties, dépendantes de leur opinion publique, hésitent à soutenir fermement l’Ukraine.

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Kremlin by Larry Koester(CC BY 2.0)

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Russie : collaboration ou résistance ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 27 juillet 2022
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Résister ou collaborer avec les dictatures ? Ce thème historique est à nouveau d’actualité avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les pays de l’OTAN ou ceux de l’UE n’étant pas en guerre avec la Russie, la rupture des relations diplomatiques n’est pas envisagée. Mais les démocraties doivent-elles continuer à collaborer avec la Russie ou faut-il décourager toute coopération économique. Faut-il augmenter l’aide militaire à l’Ukraine, ce qui suppose une production plus importante d’armes et de munitions ?

La tentation est grande d’établir une comparaison avec la réaction des démocraties face à la montée du fascisme et du nazisme dans l’entre-deux-guerres. Le parallèle mérite d’être exploré car nous sommes bien dans un cadre géopolitique globalement identique. Une dictature tente une conquête territoriale à l’encontre d’une démocratie ou du moins d’un pays cherchant à devenir une démocratie. Une idéologie antilibérale et une haine des démocraties occidentales, proche du fascisme, anime les dirigeants russes.

 

La Rhénanie et l’Ukraine

La Rhénanie est une région allemande ayant une frontière commune avec les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la France (Alsace). Le traité de Versailles, conclu en 1919 entre l’Allemagne vaincue et les alliés (France, Royaume-Uni, Italie, États-Unis, Russie), prévoyait la démilitarisation de la Rhénanie, considérée comme une zone tampon entre l’Allemagne et les autres pays de l’ouest européen. Mais, en 1936, Hitler occupe militairement la Rhénanie à l’occasion d’un exercice d’hiver (Winterübung). Première similitude avec l’invasion de l’Ukraine : la simulation initiale de manœuvres militaires.

Quelle fut l’attitude des démocraties en présence d’une violation d’un traité international par l’emploi de la force ? La France entreprend quelques mouvements de troupes à la frontière rhénane mais ne va pas plus loin. Le Royaume-Uni se désolidarise de toute éventuelle action militaire française. Les démocraties iront de renoncement en renoncement face au dictateur.

La région tchécoslovaque des Sudètes était majoritairement peuplée de germanophones. Hitler prétend « libérer les allemands des sudètes » et exige l’annexion de cette région par l’Allemagne (le vocabulaire russe actuel est encore plus fictionnel : la « dénazification » de l’Ukraine). La France et le Royaume-Uni, liées à la Tchécoslovaquie par traité, abandonnent leur allié et concluent en 1938 avec Hitler les accords de Munich, permettant à l’Allemagne nazie d’annexer les Sudètes. Moins de deux ans plus tard, l’Allemagne envahit la France.

La Russie du dictateur Poutine utilise des méthodes analogues à celles de l’Allemagne nazie : annexion de la Crimée ukrainienne en 2014 sans aucune réaction occidentale, sinon purement verbale ; appui aux séparatistes des régions de Louhansk et Donetsk qui s’autoproclament à la tête de deux États indépendants de l’Ukraine dès 2014 ; reconnaissance par la Russie de ces deux « Républiques populaires » en février 2022 puis invasion de l’est et du sud de l’Ukraine par l’armée russe.

Le prétexte invoqué par les autocrates consiste à prétendre venir au secours de populations opprimées. La guerre de conquête territoriale a ainsi une justification que la propagande officielle peut proposer aux populations soumises à la dictature. Le discours officiel est une simple narration n’ayant aucun rapport avec la réalité, mais cela n’a aucune importance aux yeux des dictateurs. Leur peuple doit suivre et obéir, mais ne doit surtout pas pouvoir analyser et comprendre.

 

Les petitesses mercantiles allemandes

La réaction occidentale aux agressions russes du XXIe siècle a été un peu moins indigne que l’immobilisme des démocraties face à Hitler. Une aide militaire importante en armes et en renseignement est fournie, la part américaine étant de loin la plus importante. Des sanctions économiques et financières ont été prévues, tant par les États-Unis que par l’Union européenne. Elles n’auront un impact important que dans plusieurs années.

L’idée, parfois avancée, que les sanctions frappent davantage les démocraties occidentales que la Russie elle-même est totalement fausse. L’opinion publique occidentale est certes beaucoup plus sensible que la population russe aux variations de son niveau de vie et des démagogues en font un sujet de politique politicienne. Politiquement, il existe donc un risque, mais économiquement, aucun doute n’est permis. La Russie est très faible économiquement (PIB de 1700 milliards de dollars) par rapport aux États-Unis (PIB de 24 800 milliards de dollars) ou à l’Union européenne (PIB de 17 000 milliards de dollars) et s’affaiblira encore beaucoup avec la guerre et la rupture des échanges avec l’Occident. C’est une évidence, mais le temps médiatique n’est pas le temps géopolitique ni économique. Il faut des années pour obtenir un résultat, pas seulement quelques minutes pour faire illusion sur un écran, comme nos politiciens.

L’aide militaire des démocraties est essentielle pour l’Ukraine, mais le comportement économique à l’égard de la Russie jouera un rôle déterminant à moyen et long terme. Affaiblir financièrement et économiquement les autocraties contemporaines est aujourd’hui nécessaire car elles profitent de notre faiblesse en accaparant nos savoir-faire et nos technologies. Livrées à elles-mêmes, les dictatures s’étiolent car leur essence idéologique consiste à étouffer l’innovation en annihilant la liberté. La Chine n’échappera pas à la règle.

La balance commerciale russe étant très fortement dépendante des exportations d’énergies fossiles, cette faiblesse majeure doit être exploitée. Il convient de stopper le plus rapidement possible les importations de gaz et de pétrole russes. C’est à nouveau l’Allemagne qui suscite le problème principal, comme dans les années 1930 mais pour d’autres raisons. Ce peuple est efficace sur le plan organisationnel et industriel mais extraordinairement moutonnier. L’Allemagne doit être surveillée de près par les démocrates car elle a gravement failli à deux reprises en moins d’un siècle. Dans les années 1930, les Allemands portent Hitler au pouvoir et ne sont pas capables de s’en débarrasser. Il faudra une guerre mondiale. Au début du XXIe siècle, le peuple allemand, car il s’agit bien de lui et pas seulement de ses dirigeants, abandonne brusquement l’énergie nucléaire, se place dans la totale dépendance énergétique de la Russie, construit des éoliennes et simultanément remet en route des centrales électriques à charbon. Un enfant de dix ans verrait qu’une telle politique est une absurdité. Pas les Allemands ! L’idéologie écologiste relayée par les partis politiques pour des raisons électorales, la soumission aux impératifs industriels dictant une politique d’approvisionnement en énergie à bas prix et l’aveuglement face aux motivations des dictateurs ont conduit l’Allemagne à être l’otage de Vladimir Poutine. C’est toute l’Europe qui s’en trouve affaiblie.

 

Regarder couler le sang des Ukrainiens ?

Le tropisme allemand pour la réussite économique, au risque d’erreurs géopolitiques majeures, n’est d’ailleurs pas une exception.

Les peuples d’Occident, habitués à un niveau de vie élevé, rechignent de plus en plus à accorder un soutien à l’Ukraine. La consommation est devenue leur dieu. Le cas français est assez intéressant. Le gouvernement actuel est soutenu par une majorité favorable aux sanctions économiques contre la Russie. Mais n’ayant qu’une majorité relative à l’Assemblée nationale, il doit composer avec les populistes de droite et de gauche. À droite, le Rassemblement national (RN) a toujours traité Poutine avec beaucoup d’égards puisqu’il est financé par une banque russe dépendante du pouvoir politique. La France insoumise (LFI), férocement anti-américaine, considère toute alliance avec les États-Unis comme une inféodation. Son programme prévoit de quitter l’Alliance atlantique.

La liberté n’a jamais été la valeur dominante des extrêmes. Radicaux de gauche et de droite sont des collectivistes marxisants ou nationalistes. Certains d’entre eux observent même la dictature russe avec les yeux de Chimène pour Rodrigue. Cette situation politique impose une grande habileté politique dans le soutien à l’Ukraine car les populistes n’hésitent pas à faire peser la responsabilité de toute baisse du niveau de vie sur le gouvernement en fonction, alors que l’inflation et la croissance faible sont liées au contexte international. Les démagogues utilisent toute opportunité politique sans état d’âme. Populisme oblige.

Le sang des Ukrainiens et leur résistance héroïque met ainsi en évidence l’extrême médiocrité morale des peuples d’Occident. La hausse des prix a plus d’importance pour eux que la lutte contre le totalitarisme. Si besoin était, ils n’hésiteraient pas à porter au pouvoir un parti populiste afin d’obtenir lâchement une prise de position du gouvernement contre les sanctions économiques, voire contre l’aide militaire. L’une des faiblesses des démocraties réside sans aucun doute dans cet affaissement moral résultant en particulier d’une addiction hédoniste à la consommation. La démocratie suppose rigueur et parfois austérité. Les deux mots sont désormais proscrits et seule la commisération hypocrite pour les moins favorisés subsiste dans le comportement politicien, en particulier chez les populistes.

 

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  • Mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente…
    Georges Brassens

  • Si je puis me permettre, et quoi que l’on pense de ce conflit entre Russie et Ukraine, ces parallèles historiques n’ont aucun sens. Vous avez d’ailleurs oublié la guerre d’Espagne également appréciée des anachroniques de l’Histoire. Point Godwin quand tu nous tiens…
    Ceci étant, si vous pensez réellement que Poutine est la réincarnation d’Hitler, avec toutes les conséquences prévisibles, votre devoir ne vous commande-t-il pas d’aller vous battre et de partager votre sang avec celui des Ukrainiens dans leur résistance héroïques et ainsi laver l’honneur des occidentaux vautrés dans leur médiocrité morale ?

    12
  • La meilleure défense, c’est d’être fort économiquement ainsi que militairement (c’est lié).
    Là, on s’affaiblit.
    Soyons comme les Suisses, neutres et armés.
    PS c’est la même chose pour le RCA, les effets négatifs seront bcp plus faciles à traiter avec une économie forte.

  • Comme dans beaucoup de sujets, une connaissance trop superficielle amène à des conclusions erronées. C’est le cas de cet article, je conseille à l’auteur le magistral exposé de Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France en Russie.

    • Mais oui, faisons appel à l’élucidation des faits par l’un des invités du très pro-russe Olivier Berruyer ! Comme ça, nous aurons, sans en avoir l’air, un point de vue plus proche des intérêts du Kremlin…

      -10
      • L’ennui c’est que tous les gens compétant sur le sujet donnent un point de vue comparable à l’ambassadeur… Et tous ceux qui déblatèrent actuellement sur les plateaux TV connaissent le sujet à peut prés comme un perroquet qui serait basé dans le bureau de Macron.

    • Article décevant et bien trop binaire. J’ai l’impression de lire un article du Monde… Il n’y a pas juste les vilains méchants dictateurs d’un côté et les pauvres victimes qui résistent à l’envahisseur. Il y a tout un contexte géopolitique à l’origine de ce conflit. Les français n’ont aucun intérêt direct à soutenir qui que ce soit et sanctionner les russes comme on le fait c’est d’abord se tirer une balle dans le pied à court et moyen terme. Je pensais qu’être libéral c’était faire preuve de pragmatisme ! Cet hiver sera rude… En revanche, si la Russie fait la démonstration d’un désir d’impérialisme et d’expansionnisme qui va au-delà à l’Ouest de l’Ukraine (composé d’une partie très russophile il faut le dire), il faudra adopter une position bien différente. Quelque chose me fait dire que la Russie et Poutine ne sont pas si fous…

    • @eric2103 : tout à fait d’accord.
      Un grand merci d’avoir donné le lien vers l’entretien avec Jean de Gliniasty : c’est remarquablement documenté et argumenté.
      Voilà qui contraste avec le torrent de sottises, d’inepties reposant sur une abyssale ignorance des questions et d’insanités pseudo-morales qu’on subit de la part des médias grand public et des minables responsables politiques européens qui nuisent frontalement aux intérêts de leurs pays respectifs en raison de conceptions atlantistes archaïques et d’une vision moralisante stupide des rapports entre États.
      Une fois de plus, faisons nôtre ce mot essentiel de Kant :  » Ne rien accepter sans examen. « 

    • Merci pour le lien. L’interview de M. de Gliniasty est passionnante.

  • « Une idéologie antilibérale et une haine des démocraties occidentales, proche du fascisme, anime les dirigeants russes. »
    Les dirigeants actuels de la Russie haïssent surtout les Etats-Unis et pas tant les pays européens qu’ils méprisent plutôt. Ils sont nostalgiques de l’époque où la Russie via l’URSS constituait un des deux piliers de l’ordre mondial alors en vigueur. Ils cherchent par tous les moyens à redonner à la Russie le rôle de puissance géopolitique qu’elle avait avant l’effondrement de l’URSS. Ca se comprend, mais ils feraient mieux de faire en sorte d’y parvenir via l’économie (comme le fait la Chine) plutôt que par la force militaire.
    « l’inflation et la croissance faible sont liées au contexte international. »
    L’inflation est d’abord causée par les flots d’argent déversés par les pays européens (et peut-être aussi ailleurs) pour pallier les graves mesures liberticides et destructrices sur le plan économique qu’ils ont prises en 2020 et 2021 face à un virus certes gênant mais somme toute pas bien méchant.
    « Les peuples d’Occident, habitués à un niveau de vie élevé, rechignent de plus en plus à accorder un soutien à l’Ukraine. La consommation est devenue leur dieu. »
    Je pense surtout qu’ils sont devenus beaucoup trop peureux face aux risques sanitaires, ce sont des pleutres à un point que je n’imaginai pas.
    « Le sang des Ukrainiens et leur résistance héroïque met ainsi en évidence l’extrême médiocrité morale des peuples d’Occident. La hausse des prix a plus d’importance pour eux que la lutte contre le totalitarisme. »
    Ca se discute, pour l’instant il ‘y a pas eu de grondement social face à la flambée du prix des carburants et autres augmentations déjà sensibles dans l’alimentaire par exemple. Il me semble que les réfugiés ukrainiens ont plutôt été bien accueillis dans les pays de l’UE. Après, on peut comprendre que la lassitude s’installe alors que le peuple français et ses voisins n’y sont pour rien dans cette histoire.
    J’ajoute que parler de totalitarisme pour la Russie est excessif, le régime soviétique était totalitaire, le régime chinois actuel sans doute aussi, mais la Russie actuelle est une dictature (le terme démocrature a même été employé) qui cherche certes à retrouver la grandeur de son époque totalitaire, mais pas un régime totalitaire.
    Par contre ce sont bien les démocraties occidentales qui sont gangrenées par l’idéologie totalitaire qu’est l’écologisme.
    « La démocratie suppose rigueur et parfois austérité. »
    Oui, mais quels sont les partis qui se sont succédés aux manettes de la France depuis un demi siècle et n’ont jamais été capables d’instaurer le minimum de rigueur et d’austérité nécessaire pour éviter le lent naufrage économique qui va bientôt nous faire couler comme la Grèce et e Sri Lanka ?

  • Je pense que le parallèle avec Hitler n’est ni juste ni justifié. C’est une solution de facilité pour tenter d’expliquer un problème bien plus complexe.

    • @Mariah : en moins de 2 lignes vous avez superbement résumé le problème et montré l’inanité des argumentations  » moralisantes « .
      Pour le reste, il faut écouter le passionnant entretien avec Jean de Gliniasty signalé par eric2103 dans son commentaire de cet article.

  • Merci pour ce résumé de la position officielle des « démocraties » occidentales.

    L’ennui c’est qu’un examen de situation montre que ça ne tient pas debout: L’affaire Ukrainienne n’est pas une invasion classique d’un peuple uni par un dictateur belliqueux du pays voisin.
    Il suffit de regarder les cartes électorales ukrainiennes d’avant conflit pour voir que l’unité du peuple ukrainien est un mythe inventé par l’occident . On est ici en présence d’une guerre civile entre ukrainiens qui est maintenant dopée d’un coté par la Russie, et de l’autre par l’occident, chacun défendant ses partisans.

    A ce stade, plus on armera les nôtres plus la Russie défendra les siens, et dieu seul sait jusque ou cela va nous mener… La meilleure issue est de négocier un arrêt des livraisons d’armes en échange d’un cessez le feu, dans le but de négocier la partition juste de ce pays en fonction des ethnies majoritaires avant conflit et en essayant de maintenir une libre circulation pour ne pas séparer les familles. Il y avait une autre solution mais il aurait fallu s’en occuper avant, maintenant c’est trop tard!

    Espérer de faire perdre la Russie est un pari très risqué, car leur économie est en grande partie refermée sur elle même du fait qu’elle produit une bonne partie de ses besoins, et qu’au surplus la majeure partie du monde se range à ses cotés. Le résultat le plus probable sera la prise par les russes de toute la partie russophone de l’ukraine et la « neutralisation » de l’autre partie.

    La Russie pourra se passer de l’occident après quelques années difficiles, et probablement le reste du monde aussi… Ne pas oublier que le pétrole russe aura toujours une valeur, les bouts de papier décorés qu’on donne en échange, c’est pas sur…

    • « car leur économie est en grande partie refermée sur elle même du fait qu’elle produit une bonne partie de ses besoins » .
      Plus c’est gros, plus ça passe.

      -4
      • Les russes se produisent leur bouffe, leur énergie, et pas mal d’autres choses essentielles… Pour le moment leur préoccupation est de faire baisser le rouble qui est devenu trop fort du fait des contres sanctions.

        Concernant une partie de leurs importations, ça concerne (ou peut se remplacer par) des produits made in china vendus par les occidentaux qu’il suffit d’approvisionner directement de chine (les chinois se feront un plaisir d’encaisser la marge manquante…) , ce qui n’a pas été très compliqué à mettre en œuvre…

        Pour le reste, certes ils vont souffrir de manque de pièces détachées sur des matériels spécifiques, ou de pièces sous traitées pour certains secteurs…. (Ce qui fera le bonheur des acteurs du marché noir) mais les sanctions sont aussi pour eux une aubaine car agissent comme un protectionnisme temporaire qui leur permets de rattraper leur retard technologique. Par exemple avant 2014 ils étaient importateurs de viande de porc français, et grâce aux sanctions de F.Hollande, la Russie a pu développer son agriculture qui est devenue plus qu’autosuffisante dans ce secteur.

        Dans le futur on risque de voir le retour des avions russes sur le marché, et de bien d’autres choses…

  • L’auteur prend des risques ici dans un univers très peu libéral en fait. L’allégeance assumée ou implicite à la Russie qui va de pair avec un anti-atlantisme forcené fait totalement l’impasse sur l’économie. Ce jour, le gaz cote à 2,600 $ le m3. N’importe quel économiste vous dira qu’un tel prix est un non sens économique et résulte simplement de la soudaineté de la coupure de l’approvisionnement. Dans le désert, l’eau est plus chère qu’au Canada. Le gain de Poutine est donc instantané mais voué à disparaitre aussi vite qu’il est apparu. Question de quelques mois et l’on s’apercevra qu’il suffit de creuser un peu sa cervelle ou quelques lieux y compris en France pour trouver bien moins cher. Je suis même sûr que ce qui reste de gaz à Lacq peut aujourd’hui être extrait de manière compétitive. Les choses sont éphémères, le règles de base en économie prennent toujours le dessus et à la fin le gagnant sera ? Faites vos paris. La chance de Poutine, ce sont quelques politiciens écolos ou wokistes qui préfèrent mourir que renoncer à leur idéologie. Aussi têtus que Poutine lui-même. Lesdits écolos ici et en Allemagne en pointe contre Poutine après lui avoir déroulé inconsciemment le tapis rouge. S’ils gagnent ici, l’Europe basculera au Nord dans cette nouvelle Europe qui semble plein d’avenir; le Sud sera lui mi-africain, mi russe, avec des Kadirov un peu partout..

    -2
    • @pirouette : vous errez totalement en ce qui concerne le gaz, notamment pour les raisons suivantes :
      – le gaz est importé (i) soit sous sa forme d’origine (gazeuse, donc) via des gazoducs (c’est ainsi que nous parvient le gaz russe ; mais, précisément, on n’en veut plus pour de nobles raisons morales), soit (ii) sous forme liquide dès qu’il vient d’un autre continent, ce qui implique de disposer à l’arrivée d’installations de regazéification… qui manquent précisément dans maints pays, dont Allemagne, et qui ne se construisent pas en deux mois ;
      – l’imbécile politique de sanctions économiques qui nuisent d’abord aux  » vertueux  » pays européens combinée à l’imbécile politique dite de  » transition énergétique « , autre crétine spécificité européenne, nous prépare plusieurs années compliquées : je me demande si ces délires survivront au prochain hiver, surtout s’il est un peu froid, lorsque les consommateurs paieront leur gaz beaucoup plus cher… quand il y en aura ;
      – il faut beaucoup de temps, facilement une année, voire plus selon la configuration géologique, pour réactiver des puits de pétrole ou de gaz, quand c’est possible car certains puits ne peuvent être réactivés ;
      – le gaz de schiste pourrait peut-être contribuer à résoudre le problème… sauf que, grâce aux escrologistes, on a interdit non seulement l’exploitation de ces gaz mais même leur prospection : en gros, il est probable qu’il y ait du gaz de schiste en France et dans d’autres pays européens mais on ne sait pas exactement où ni dans quelles quantités ; là encore, lorsque la raison nous sera venue et qu’on aura enfermé les escrologistes dans un cabanon pour aliénés, il faudra des années pour produire le premier mètre cube de gaz de schiste ;
      – évoquer Lacq comme une solution alternative montre que vous n’avez aucune idée des ordres de grandeur entre ce que pourrait produire ce site – si tant est que ce soit possible – et les volumes provenant de Russie ; quand au prix de revient…

      Désolé : ce que vous écrivez n’est que du « Yakafaucon » fondée sur une méconnaissance mélanchonienne des faits les plus élémentaires.

      En réalité, la seule solution est de cesser dès que possible cette absurde politique des sanctions économiques qui plombe essentiellement les économies des pays européens et fait le jeu des États-Unis et de la Chine, de l’Inde qui nous revend le pétrole et le gazole russe que nous achetions directement, voire de la Russie.
      Pas fous, les États-Unis ont cessé d’acheter du pétrole russe dont ils peuvent de passer mais ils n’ont en rien réduit leurs achats d’azote à la Russie car leur agriculture en dépend massivement et qu’il n’y a pas de vraie alternative.

    • J’aimerais être aussi enthousiaste que vous mais je crains que la future Europe, même la partie nord se paye une crise économique carabinée, doive s’éclairer régulièrement à la bougie au rythme des délestages (quand le vent ne souffle pas suffisamment) et devra fouiller les poubelles pour récupérer les matières premières nécessaires à ce qui restera de son industrie.

      D’une certaine manière l’Europe occidentale suit un parcours final similaire à l’union soviétique car elle applique les mêmes principes que ceux qui ont conduit l’URSS à sa perte : le socialisme (converti à l’écologisme qui est encore pire).

      A ma connaissance, le gisement conventionnel de Lacq est épuisé. Au meilleur de sa forme, on sortait 150Twh/an, la conso actuelle de la France c’est 500Twh/an. A voir si on peut en extraire par fracturation mais de toute façon, vu que les économies montantes sont en Asie, la Russie n’aura bientôt plus besoin de l’Europe pour vendre son gaz. Quant au pétrole, il lui suffit de passer par des intermédiaires pour nous le revendre indirectement…

  • J’ai tenu jusqu’à : « Une idéologie antilibérale et une haine des démocraties occidentales, proche du fascisme, anime les dirigeants russes. », soit la fin du 1er paragraphe.
    Comment peut-on être aussi aveugle

  • L’ occident a aussi tiré sa force grâce au pétrole peu cher des monarchies du golfe qui sont de grandes démocraties…..

  • Contrepoints se réveille avec cet article.
    Les trolls poutinistes des commentaires s’indignent, amusant. 🙂

    -1
    • Je ne savais pas que les insultes étaient admises, sur Contrepoint.
      Pas amusant du tout

    • @JB : « La violence est le dernier refuge de l’incompétence » (Isaac Asimov, Fondation)
      Cela s’applique à vos insultes, violence verbale indigne d’un forum de discussion dans lequel la contradiction est normale mais la courtoisie indispensable.
      Cette courtoisie vise notamment à respecter Contrepoints qui met gracieusement à notre disposition cet espace de discussion et les lecteurs soucieux d’échanges, y compris de confrontations, de points de vue argumentés au mieux des connaissances de chacun, droit à l’erreur inclus.
      Mais il est plus facile d’insulter (« trolls poutinistes ») les gens dont l’opinion déplaît que d’essayer d’argumenter à l’appui de son point de vue.
      Concernant le débat sur le présent article, commencez par faire l’effort d’écouter le passionnant entretien avec Jean de Gliniasty signalé par eric2103 dans son commentaire de cet article. Ensuite, vous pourrez tenter d’exposer votre opinion, arguments à l’appui.
      C’est ainsi que doit se dérouler une discussion courtoise et constructive. Au passage, ces vertus d’écoute et de tolérance font parte des valeurs des pays démocratiques.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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