Contrairement à ce que rapporte The Times, l’Ukraine n’est pas en mesure de construire un dispositif simple à base de plutonium, doté d’une technologie similaire à celle de la bombe Fat Man larguée sur Nagasaki en 1945. Même si le pays dispose de six sites d’entreposage et de stockage de sources et de déchets radioactifs, l’industrie et la technologie de fabrication de son combustible nucléaire sont dans les mains de Westinghouse Electric Compagny, en Suède, et il y a gros à parier qu’il en va de même de la gestion du combustible usé duquel serait tiré le Plutonium239. Ce Plutonium devra être rendu de qualité militaire par des spécialistes devenus aussi rares que les spécialistes civils en France, dans des installations que le pays ne possède pas. Cela est encore plus vrai pour la fabrication d’une bombe primitive à fission d’uranium prétendument constructible en 5 ans, en l’absence de capacités d’enrichissement de ce dernier à 90 % d’uranium 235, quelle qu’en soit la provenance.
En revanche, si, selon Sascha Bruchmann, analyste militaire à l’Institut international d’études stratégiques de Londres, la mise sur pied par l’Ukraine d’un programme d’armes nucléaires aurait un coût politique, économique et militaire prohibitif mettant en péril l’assistance de ses partenaires occidentaux, ces derniers pourraient être moins regardants en ce qui concerne l’usage de projectiles à uranium appauvri. Or, on imagine sans peine que la tentation de recourir sans retenue à cette arme puisse croitre chez les Ukrainiens en cas de progression des Russes vers la victoire militaire.
On sait que les munitions à l’uranium appauvri que les Etats-Unis sont censés avoir livrées à l’Ukraine à l’automne 2023, avec la bénédiction de la Grande-Bretagne et au grand dam de Vladimir Poutine, sont réputées avoir déjà servi lors des deux guerres du Golfe, en Yougoslavie et, plus récemment, en Syrie. On sait également qu’on les veut pour leur incomparable pouvoir de pénétration des blindages de chars les plus épais et de tout matériau de construction civile ou militaire. On sait enfin que le droit international n’interdit pas d’en faire usage. Ce qu’on sait moins, c’est que l’ingéniosité dont les Ukrainiens n’ont plus à faire la démonstration pourrait ouvrir à de telles munitions un champ d’application bien plus large que le champ tactique limité à la destruction des chars.
L’uranium appauvri titre entre 0,20 et 0,25% d’U235, quand l’uranium naturel en titre 0,7 %, ce dernier étant par ailleurs 225 000 fois moins radioactif que le plutonium. Non, ce qui est avant tout demandé à un uranium-métal quasi indéformable par le choc, 1,7 fois plus dense que le plomb et trois fois plus dense que l’acier c’est de pénétrer sa cible le plus profondément possible, quelle qu’en soit la matière. Or, c’est précisément de l’exhaustion du pouvoir destructeur de l’effet balistique de tels projectiles qu’un belligérant convaincu de n’avoir plus rien à perdre pourrait être tenté d’user largement et à haute fréquence, après en avoir amélioré le rendement.
Lors de l’impact, l’énergie cinétique emmagasinée par cet effet balistique est transformée en chaleur fondant instantanément acier et autres métaux présents, avec formation d’eutectiques. Tout cela provoquant la combustion flash d’un uranium quasiment pulvérulent, à la manière d’un feu de magnésium, et la libération d’aérosols. La surpression interne communiquée à tout espace clos par l’énorme déflagration est de nature à détruire partiellement ou totalement l’infrastructure le contenant. Dans tous les cas, ses occupants non tués sur le coup encourent la mort rapide par une asphyxie due à la disparition de l’oxygène consommé par la combustion.
Ajoutons que, selon la commission canadienne de sûreté nucléaire, l’ingestion ou l’inhalation de quantités importantes d’aérosols et d’autres poussières métalliques peut nuire au fonctionnement des reins, de même qu’accroitre les risques de cancer du poumon, si inhalés dans la durée.
Ainsi, l’Ukraine pourrait-elle ne pas tarder à identifier tout le profit stratégique qu’elle pourrait tirer du déploiement d’opérations de guerre assez inédites et le profit qu’elle pourrait tirer dans un premier temps de la menace d’y recourir à grande échelle, y compris sur le territoire de l’agresseur, partout où la logistique militaire, l’armement et les effectifs mobilisés peuvent être atteints. Cette évolution de la guerre pourrait tout au plus être qualifiée de guerre dépendant du nucléaire ou de guerre nucléaire du pauvre, mais en aucun cas de guerre nucléaire tout court.
Reste que, pour l’alimenter, l’Europe aurait, seule, à la fournir durablement en uranium appauvri. Ses membres en ont largement les moyens, la France tout particulièrement et une Suède fournisseur du combustible nucléaire sous l’égide américaine, depuis peu affiliée à l’OTAN et déjà en situation de défense passive. Mais en auraient-ils ou en auront-ils la volonté ? Nous ne tarderons pas à le savoir. La nouvelle administration de la Maison Blanche devrait signifier prochainement à l’UE que le financement de la guerre d’Ukraine est davantage son affaire que celle des Américains. Jusqu’où ira le désengagement de ces derniers ? Une chose est sûre dans tous les cas : n’ayant plus rien à perdre, les Ukrainiens ont déjà montré qu’ils sont prêts à tout.
J’imagine que les brillants ingénieurs ukrainiens sauront concevoir un rainurage hélicoïdal optimal de la surface des projectiles assurant une encore meilleure pénétration par vrillage sans perte significative d’énergie cinétique due à une surtraînée aérodynamique négligeable.
Faut il rappeler que durant son premier mandat Trump n’a pas été tendre envers la Russie de Poutine. Je ne pense pas que les USA vont se désengager de l’OTAN. Surtout vu son affection pour la Pologne en première ligne, qui a déjà 10.000 GI sur son sol.
Trump est un businessman. Il n’est pas tendre avec ses rivaux, mais il sait mieux que tout autre que la guerre ouverte est mauvaise pour les affaires.
Cet article entretient une grande confusion. Lorsqu’on parle d’arme nucléaire, on parle de matières radioactives : soit la réaction en chaine (bombes A et H), soit la diffusion de matières nucléaires dans l’environnement (bombes “sales”). On ne parle pas de munition en métal Uranium non-radioactif. Ces dernières munitions ont effectivement été livrées à l’Ukraine, mais elle ne constituent en aucun cas une arme nucléaire, et encore moins “l’arme nucléaire des pauvres”. Poutine déjà a joué sur cette confusion en disant que les alliés fournissaient de l’équipement nucléaire à l’Ukraine. C’est entièrement faux. Dommage que la confusion soit entretenue par Contrepoints.
Rien compris.
L’uranium appauvri a un effet très limité. C’est utilisé pour percer un blindage ou une fortification, mais ne changera pas la tournure du conflit. De plus, quel vecteur ils vont utiliser? Les avions? ils ne peuvent pas s’approcher du front. Les missiles? le seul qu’ils ont en supersonique est l’atackms américain, je doute qu’ils puissent y intégrer une ogive qui en plus ne serait pas très grosse. Les autres missiles capables de porter une charge >100Kg sont subsoniques ce qui limite fortement… Les drones? à vitesse largement subsonique, et avec une masse trés faible, les dégâts seront minimes.
Quant au plutonium, pour en obtenir de qualité militaire, il faut pouvoir laisser l’U238 peu de temps en réacteur. A ma connaissance ils n’ont que des réacteurs à eau pressurisée, donc incompatibles. S’ils avaient pu prendre le contrôle de la centrale de Koursk qui a encore des RBMK, ce serait différent… mais c’est pas demain l’avant veille qu’ils y parviendront…
La seule chose qu’ils pourraient faire est de disperser des déchets très radioactifs pour polluer des zones entières, mais je doute que ce soit vu d’un bon œil par les escrolos qui les soutiennent… Et ne pas oublier que ours russe a beaucoup “d’armes nucléaire de riche” et des meilleurs vecteurs au monde pour les livrer…
Donc à moins de vouloir se suicider, je ne pense pas qu’il soit pertinent pour les ukrainiens de se lancer dans ce type d’aventure…