Le pouvoir d’achat a été un sujet central lors des campagnes électorales qui viennent de se dérouler. La NUPES, première force d’opposition qui a obtenu 137 sièges à l’Assemblée, s’est fait le parti de l’amélioration de ce dernier avec un SMIC qui serait porté à 1500 euros, le dégel du point d’indice des fonctionnaires et le blocage des prix sur les produits de première nécessité.
Il faut donc examiner comment se situe le pouvoir d’achat des Français par rapport aux autres pays européens. De nombreuses études existent en ce domaine. Mais une précaution essentielle est à prendre dans ces comparaisons internationales : il faut tenir compte avant tout du niveau de richesse des pays, ce que l’on omet généralement de faire, faute de quoi on aboutirait à des conclusions totalement irréalistes.
Les économistes raisonnent d’une part sur le salaire moyen des habitants et de l’autre sur le salaire minimum. Les comparaisons se font soit en monnaie ordinaire soit en parité de pouvoir d’achat. En effet, avec un même salaire nominal le pouvoir d’achat n’est pas le même selon les pays.
Le salaire moyen, selon les pays :
Nous nous référerons aux données fournies par l’OCDE : salaire moyen annuel brut en dollars
- Hongrie………….. 25 409
- OCDE…………….. 49 165
- Chili……………….. 26 729
- Allemagne………. 53 745
- Portugal………….. 28 410
- Norvège………….. 55 780
- France…………….. 45 581
- Pays-Bas………….. 58 828
- Suède………………. 47 020
- Suisse………………. 64 824
En tenant compte des PIB/tête des pays, l’indice utilisé par les économistes pour exprimer la richesse des pays, on a la corrélation suivante :
On voit sur ce graphique que la France se situe au-dessus de la droite de régression. L’équation qui lie le niveau de richesse des pays aux salaires moyens indique que compte tenu de son niveau de richesse notre pays en est à un salaire moyen se situant à 10,5 % au-dessus de ce qu’il devrait être. Les Français auraient donc ainsi un niveau de rémunération sensiblement supérieur à ce que permettrait normalement la richesse du pays.
On notera qu’il s’agit ici des salaires bruts. Pour en arriver aux salaires nets il faut déduire les cotisations salariales. Cela ne change pas la conclusion car la France est dans la moyenne de ce qui se pratique ailleurs : 8,3 % sur le salaire brut contre 8,21 % pour la moyenne des pays de l’OCDE.
Le salaire minimum, selon les pays
Dans un certain nombre de pays la puissance publique a fixé un salaire minimum légal. Nous nous en référerons, ici, aux données fournies par Eurostat :
Salaire minimum mensuel en euros
- Hongrie………. Â 624
- France…………Â 1603
- Pologne………. Â Â 635
- Allemagne……Â 1621
- Tchéquie………  646
- Pays-Bas………Â 1725
- Espagne……….. 1126
- Luxembourg…. 2257
Comme précédemment, nous ramènerons ces données aux PIB/tête des pays. C’est ce que montre le graphique suivant :
On voit sur ce graphique que la France est très au-dessus de la droite de corrélation, l’équation qui lie les niveaux de salaires minimum aux PIB/tête indiquant que nous nous situons à 30 % au-dessus de la norme.
En France, le niveau du salaire minimum a donc été fixé à un niveau extrêmement élevé, traduisant le fort souci d’égalité qui est celui de notre république, avec pour conséquence de resserrer l’écart entre le salaire minimum dans le pays et le salaire moyen : en France, le coefficient s’élève à 2, alors que partout ailleurs le rapport est de 2,5.
Le salaire moyen, en PPA
Il s’agit d’apprécier le niveau de vie réel de la population, en tenant compte du coût de la vie dans les différents pays. Nous nous référerons pour cela à une étude INSEE intitulée « Salaires, niveaux de vie et pauvreté », parue en décembre 2020 :
Niveau de vie moyen annuel en euros et par an
- Bulgarie………………..   9 336
- France………………….. 23 097
- Roumanie………………Â Â 7 311
- Grande Bretagne……. 22 009
- Grèce…………………….. 10 621
- Pays-Bas………………… 24 067
- Espagne…………………. 18 363
- Suède…………………….. 22 143
- Union européenne…… 19 517
- Luxembourg……………. 38 234
En tenant compte des niveaux de richesse des pays, on est conduit à la corrélation suivante :
On voit sur ce graphique que la France est nettement au-dessus de la droite de corrélation, ce qui signifie que les ménages ont en moyenne un niveau de vie supérieur à ce qu’autorise normalement le niveau de richesse du pays. L’équation de la courbe indique qu’avec le PIB/tête qui est le nôtre, le pays devrait se situer à seulement 19 187 euros annuels, soit un niveau de vie supérieur de 20 % à ce qu’autorise le niveau de richesse du pays.
Les enseignements à tirer de cette approche
On dégage de l’approche que nous proposons les enseignements suivants :
Le salaire moyen des Français est supérieur de 10,5 % à ce qui serait attendu normalement du niveau de richesse du pays.
Il s’ensuit un niveau de vie supérieur de 20 % à ce qu’autorise le degré de développement du pays, ceci résultant des prix des produits en France. Les Français vivent donc au-dessus de leurs moyens, et bénéficient par ailleurs d’une prise en charge de leurs dépenses de santé presque totale, c’est-à -dire avec des reste à charge plus faibles que partout ailleurs, et une quasi gratuité de l’enseignement aux différents niveaux. Il en résulte un recours chaque année à l’endettement. La dette dépasse maintenant le PIB, et ne cesse de croître.
Un salaire minimum est fixé extrêmement haut afin de favoriser les personnes se situant tout en bas de l’échelle sociale, ce qui s’exprime par un indice de Gini relativement proche de celui des pays du Nord : 29,3 pour la France, contre 26,3 pour la Suède, et 27,7 pour le Danemark. Des pays beaucoup plus inégalitaires sont à des niveaux bien plus hauts : 41,5 pour les États-Unis, et 44,8 pour le Venezuela, par exemple.
Avoir un salaire minimum se situant très haut a pour effet de resserrer beaucoup l’échelle des rémunérations : en France le coefficient est de 2 entre salaire minimum et salaire moyen, alors que partout ailleurs le coefficient est plutôt de 2,5.
Puissent donc ces informations confirmer le caractère totalement irréaliste des mesures préconisées par le parti de la NUPES. Quelles sont donc les sources des économistes sur lesquelles se fonde monsieur Mélenchon pour envisager ses réformes économiques ?
Je rappelle les trois moyens dont dispose le Gouvernement pour améliorer le pouvoir d’achat des Français :
1) Prendre aux uns (ceux qui ne peuvent rien dire) pour donner aux autres (ceux qui réclament).
2) Distribuer de l’argent magique ce qui conduit à renforcer l’inflation et la dette.
3) Augmenter le temps de travail. (Durée hebdomadaire (↑), Vacances (↓) et âge de la retraite(↑)).
article : https://www.contrepoints.org/2022/05/30/428488-le-mythe-du-pouvoir-dachat
Dans le 3), ajouter : âge de l’entrée dans la vie active (↓).
autre possibilite, se concentrer sur les secteurs ou la france a un avantage (cf avantage comparatif de ricardo). il faut mieux travailler 4 h comme ingenieur que 15 comme maneuvre
PS: augmenter le temps de travail a une autre limite: le rendement n est pas lineaire. par ex super creatif/productif la 2eme heure et apres 9 h de travail juste capable de remplir les taches basiques
Voisins? Pourquoi ne pas parler de la Belgique, il me semble plus voisine que la Pologne ou la Bulgarie