L’histoire d’une pâtissière québécoise et l’opinion publique

Un fait divers autour d'une pâtissière québécoise montre que nos dirigeants ne suivent qu'une seule chose : l'opinion publique.
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L’histoire d’une pâtissière québécoise et l’opinion publique

Publié le 29 janvier 2022
- A +

Des histoires surprenantes et riches d’enseignement surviennent au Québec, durant cette pandémie.

À l’approche des fêtes, le chef de cette province avait des comportements erratiques, il promettait des rassemblements familiaux jusqu’au moins 20 personnes. Soudainement, les médias y vont de nouvelles affolantes sur la croissance du nouveau variant omicron. Les pages du Journal de Montréal étaient particulièrement alarmantes. Il a donc réduit à 10 cette limite, le temps d’un réveillon. Une fois la fête finie, il y est allé de la fermeture des restaurants, d’un couvre-feu, puis de l’interdiction des visites à domicile.

Comble de malheur pour lui, la nouvelle a été mal digérée. Les articles affirmant qu’il perd le contrôle se sont multipliés. Ses plus virulents soutiens sur Twitter se sont mis à douter de sa science. Les sondages ont démontré une perte de ses appuis, au profit d’une petit organisation marginale hostile aux mesures sanitaires dont les soutiens excèdent maintenant 10 %. Sa réaction ? Il a mis fin au couvre-feu, mais tout en maintenant sa résolution de fermeture des restaurants.

Ses ennuis ne se sont pas arrêtés là. Une pâtissière de Jonquière a décidé d’ouvrir son commerce malgré les lois, préférant recevoir des amendes. Elle a reçu une immense vague de sympathie du public, faisant le tour de plusieurs plateaux télé, dont le célèbre Tout le Monde en Parle.

Quelle fut la réaction du chef ? Il décida d’ouvrir à nouveau les restaurants.

 

Complot, science ou opinion publique ?

Cette nouvelle n’est pas banale. Elle peut intéresser la France et le reste du monde, car elle contient une leçon universelle.

Une des grandes questions philosophiques de cette pandémie a été de savoir ce qui motive nos autorités.

Pour les esprits manichéens aux réactions tranchées, deux réponses sont possibles. Soit elles ont des motivations diaboliques et fomentent donc un plan secret de domination mondiale, soit elles sont guidées par la science et le bien public. Une de mes amies complotistes m’écrit : « Les médias sont contrôlés par les autorités. » Une autre, franchement du côté du pouvoir, m’écrit qu’elle suit les règles, puisqu’elles ont été conçues par les experts.

Cette histoire de pâtissière illustre assez clairement comment ces DEUX théories sont fausses.

La science ne motive pas les autorités

Nous sommes d’accord que la science doit respecter une certaine logique élémentaire. Il est donc utile de mentionner les évidences suivantes :

1- Au moment de la fermeture des restaurants et du couvre-feu durant le temps des fêtes, les hospitalisations au Québec étaient inférieures à 1000.

2- Au moment de les ouvrir, vers la fin janvier, elles sont encore à plus de 3000.

3-  La causalité d’une mesure fonctionne dans deux directions. Si la mettre en place réduit les infections, la lever les augmente.

1-, 2- et 3- sont tout simplement contradictoires, et de façon évidente. Si la société peut vivre avec 3000 hospitalisations et des restaurants ouverts en janvier 2022, elle aurait pu tout autant le faire à la fin décembre 2021 avec moins de 1000 hospitalisés. Si en janvier 2022 le gouvernement croit qu’ouvrir les restaurants n’augmentera pas les infections, il doit tout autant croire que ça ne les réduira pas en décembre 2021.

Et la raison de cette contradiction est évidente. Le Premier ministre du Québec ne suit pas la science, mais l’opinion publique. Relisez attentivement la fabuleuse histoire de la pâtissière. Ce qui motive les autorités, ce sont les grands titres des nouvelles et leur impact sur leur popularité.

Lorsque vous comprenez cela, les décisions des autorités vous apparaissent soudainement plus logique. J’ai défendu, ailleurs (ici, ici et ici), que ce fut le cas durant l’ensemble de cette pandémie.

Aucun complot ne les motive non plus

Lorsque j’essaie de défendre cette thèse, je suis souvent assimilé à ceux qui pensent que nos gouvernements ont un plan secret diabolique. Pourtant, la fabuleuse histoire de la pâtissière de Québec contredit aussi les complotistes.

Ils pensent que le gouvernement contrôle les médias. Ils se méfient des autorités, mais sont naïfs par rapport aux journalistes. Ils ont l’impression que sans chantage et intimidation, ceux-ci se mettraient au service de la vérité et du bien public.

La réalité est beaucoup plus stupide : les médias contrôlent les gouvernements et non l’inverse. De plus, ce qui motive les journalistes n’a rien à voir avec la vérité ou le bien public. Ils agissent ainsi pour de multiples raisons personnelles : la recherche de gloire, leur propre peur, leur bêtise, leur volonté de faire sensation pour attirer des clics, leur conformisme et/ou leur manque de courage face à leur public.

Un jour, c’est gagnant d’affoler les gens avec le Omicron. Le jour d’après, ce l’est davantage de mettre en avant une pâtissière de Joliette qui tient tête aux autorités. Est-ce une ligne éditoriale logique pour des personnes soumises à un complot ? Non, pas du tout.

Qu’est-ce qui motive les journalistes ? Pas la science. Pas la logique. Pas un complot. L’opinion publique, tout simplement.

Il n’y a pas de complot, mais juste de la bêtise humaine. Et si vous voulez la comprendre, faites-le le matin en vous regardant dans le miroir.

 

 

Voir les commentaires (16)

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Créer un compte Tous les commentaires (16)
  • « La réalité est beaucoup plus stupide : les médias contrôlent les gouvernements et non l’inverse.  »
    Quand les médias sont indépendants financièrement et juridiquement et hors d’atteinte des pression étatiques, je veux bien le croire. Lorsqu’ils sont dépendants financièrement de l’Etat, les médias ne contrôlent plus grand chose des gvts. La situation de force s’inverse.

  • « Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suffit à expliquer »
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Rasoir_de_Hanlon

  • quand vous regardez un vol d’etourneaux..

    ce qui m’étonne le plus est quand des gens disent que les élections ont été « achetées »…

    on peut acheter une promesse…
    non on peut influencer les gens.. sans doute plus facilement certains que d’autres.. c’est certain mais…le concept de libre arbitre est encore valide..et je dirai doit rester le fondement des nos sociétés..

    on ne peut que dénoncer les mensonges ou plus souvent les absurdités et les biais..

  • Je suis en accord avec votre article, il est toujours bon de rappeler des évidences.
    Cependant, appliqué au COVID, je le trouve un peu incomplet. Certes l’opinion à joué un grand rôle dans les décisions prises. Mais il me semble réducteur d’ignorer deux facteurs de décision :
    1. Le point de vue du soignant et sympathisant qui ne peut négliger la surmortalité créé par le covid sous ses formes agressives. La politique reste un compromis entre les faits scientifiques (mortalité dans beaucoup de familles) et la coercition acceptable (par une majorité de la population ne vous en déplaise)
    2. L’aspect pénal auquel sont soumis nos politiques quand ils prennent un décision ou une non décision

    -1
    • la coercition n’est jamais acceptable.. en soi..par le fait d’une quelconque autorité jugée illégitime par le « coercisé.. »

      à un moment ou un autre…j’accepte la règle…

      le droit de se rebeller contre l’autorité et de la contester est le fondement du droit au bonheur…
      et en regard les sociétés posent toujours des limites aux « emmerdeurs »

      voila…on accepte des règles que l’on sait foncièrement inepte et injustes… mais on se reserve toujours le droit de es contester via l’esprit de la loi…

      il n’y pas d’idée claire encore moins de principe derrière la vaccination obligatoires ou les mesures diverse et variées..

      • Je n’ai rien compris à votre réponse en fait. C’est trop décousu pour mon esprit simplet probablement.
        Quoique ce qui se conçoit bien s’énonce clairement dit-on.

    • 1. Justement le point de vue des soignants a été systématiquement mis de coté par le politique, qui a décidé à la place des soignants du premier front; les réanimateurs et les MG. Les faits scientifiques étaient des le début très rassurant (Diamond princess) et se sont révélé par la suite toujours très rassurants (mortalité comparable à une grippe, en tout cas pas dix fois plus létale). Ne vous déplaise, l’argument de la décision de la majorité de la population ne tient pas. La majorité ne peut pas décider de tuer l’autre minorité (DDHC). Hitler, ne vous déplaise, a eu le soutien de la majorité de la population.
      2. On n’a jamais vu un politique être sérieusement inquiété, sauf quand il pique dans la caisse et qu’il est dans l’opposition. Le sang contaminé s’est terminé par un flop, sauf les lampistes.

      • 1. Les décisions politiques ont quasi exclusivement été basées sur des recommandations médicales justement. La mortalité avant Omicron n’était pas « comparable » avec une gripette non. Vous faites de la pseudo science je le déplore…
        Votre allusion à Hitler. Euh… Oui d’accord.. l’argument magique quand on en a pas. Mais a l’inverse, être minoritaire comme les antivax, et même les « libéraux » (quoique je suis libre de me réclamer du libéralisme même si ce n’est pas le votre) ne garantit d’aucune façon d’être dans le vrai.
        2. Vous confondez « inquiété » et « lourdement condamné par la prison, voir la peine de mort ».
        Les dirigeants inquiétés, et condamnés, ne manquent pourtant pas : Cahuzac, Sarkozy, Balkany, …

        -4
        • Avatar
          LasciatemiCantare
          29 janvier 2022 at 22 h 31 min

          La pseudo-science, c’est de croire que les confinements et le passe sanitaire ont eu un quelconque effet positif qui supplanterait leurs aspects incroyablement liberticides.

          Si recommandations médicales il y a eu, elles ont été faites par des médecins qui ne font plus de médecine depuis longtemps, mais de la politique. Continuer à forcer coûte que coûte la vaccination, en multipliant dose sur dose, avec des vaccins peu efficaces contre le variant Omicron, c’est soit de l’aveuglement idéologique, soit une manière d’écouler les stocks, mais en aucun cas de la médecine.

        • Le confinement et le port du masque en extérieur ne sont pas des recommandations scientifiques (OMS). L’INED qui a calculé la surmortalité due au covid en 2020 trouve le chiffre de 42000 en deux saisons corrigé de l’effet boomers, la derniere épidémie de grippe a fait 21000 mort en dec2016-jan2017, ce qui est comparable.
          Une coercition acceptable par la majorité reste une coercition. Violer les droits de l’homme avec l’accord de la majorité reste un crime contre l’humanité. Hitler a bien été soutenu par la majorité, ne vous en déplaise. Encore une fois, il n’est pas question d’être dans le vrai, juste de respecter les libertés individuelles. Interdire aux français de sortir de chez eux est bien une violation des droits individuels, même avec l’accord de la majorité (qui est supposé être d’accord).
          Cahuzac, Zarkozy et Balkany ont piqué dans la caisse. Cela n’a donc rien à voir avec une décision politique « difficile à prendre ».

  • Autant se gaver de pâtisseries pour s’affranchir de la médiocrité de nos dirigeants. L’obligation vaccinale n’a aucun sens, vaccine ou pas vous êtes contagieux par contre, si vous avez eu le covid et survécu vous ne faites rien risquer aux services de santee…. Sont fous au Canada et dans bien des pays ! Comme quoi , bigpharma arrose énormément, seule raison à cette déraison.

  • « Il n’y a pas de complot mais juste de la bêtise humaine. Et si vous voulez la comprendre, faites-le le matin en vous regardant dans le mirroir ».

    Eh bien, quelle condescendance auprès de vos lecteurs !

    Tout l’édifice de votre article repose sur l’induction réalisée par l’exemple de votre patissière canadienne : et par cela, vous en tirez une « leçon universelle » que nul complot n’existe en l’état contre les peuples.
    Mais le raisonnement n’est-il pas un peu léger ?

    Vous soutenez à la fois que
    « Ce qui motive les autorités, ce sont les grands titres des nouvelles et leur impact sur leur popularité »
    Et
    « Les médias contrôlent les gouvernements, mais non l’inverse »

    Mais je me demande déjà : qui subventionne qui ?
    Si ce qui motive les autorités se trouve en ce qui impacte leur popularité, et que les médias sont subventionnés par ces mêmes autorités, comment pourriez vous démontrer qu’il n’existe pas une collusion entre les médias et ces dernières ?

  • Point de vue intéressant, que je ne partage pas en l’état. L’opinion publique joue effectivement un rôle important et c’est bien la raison pour laquelle nous autres libéraux cherchons à lui apporter un regard différent. Car, justement, l’opinion publique ne naît pas, comme par hasard, du néant, mais d’un grand nombre de facteurs, parmi lesquels les médias, les gouvernements et diverses institutions étatiques comme « l’éducation nationale », les syndicats, les associations subventionnées jouent un rôle important. Dans l’exemple ci dessus, la pâtissière a décidé de résister malgré les interdictions mais où a-t-elle puisé cette détermination ?

  • « nos dirigeants ne suivent qu’une seule chose : l’opinion publique »
    Si c’était vrai, je serai le plus heureux des hommes.
    Si c’était vrai, le résultat du referendum de 2005 sur le TCE en 2005 aurait empêché le traité de Lisbonne.
    Si c’était vrai, nous roulerions toujours à 90 km/h et le pays ne serait pas vérolé de radars.
    Si c’était vrai, nous aurions mis en place depuis longtemps le RIC.
    Etc.
    Lorsque les politiciens ne sont pas sûr de leurs décisions, qu’ils maîtrisent peu leurs sujets, que les élections approchent, alors oui peut être, ils peuvent s’ouvrir aux opinions des citoyens. Mais le plus souvent ils ont des idées bien arrêtées et prennent des décisions tout aussi intangibles… jusqu’à ce qu’ils soient terrifiés par l’ampleur des manifs hostiles et qu’ils prennent peur pour leur poste voire pour leur vie.
    La liste est longue : le CPE, la loi TEPA, la taxe à 75 %, le 80 km/h, pour ne prendre qu’un exemple par mandat depuis le début du siècle.

  • Dans le film de Besson : « Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec », le ministre lit tous les matins la presse sur son rond-de-cuir pour connaître l’emploi du temps de sa journée…

    Tellement réel et historique que cela est toujours vrai aujourd’hui…

    J’attire l’attention de chacun sur la conclusion de l’article humoristique (mais tellement vrai) de Gabriel Lacoste : les médias contrôlent les gouvernements et l’opinion, mais l’opinion contrôle les médias. Les bémols des commentaires précédents sont justifiés, mais l’absurdité globale demeure. Les supposées interventions de la science, de l’élitisme, des complots apparaissent souvent bien anodines.

    Cela me rappelle aussi le mythe d’Orphée « revisité » par Offenbach dans « Orphée aux Enfer » : il déteste sa femme, est ravi d’en être débarrassé, mais c’est l’opinion publique (symbolisée par le choeur antique) qui l’oblige à aller la récupérer.

    N.B. Je ne nie pas les travers de la presse, des activistes ou des politiciens. J’appelle simplement à dénoncer les comportements guignolesques qui nous enfoncent dans ces problèmes absurdes de société qui traversent les siècles et les millénaires et rendent ridicule la notion de progrès.

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