La culture en péril : Le dernier livre (7)

La bande dessinée Le dernier livre nous place dans une dystopie sanitaire avec un monde dirigé par des GAFAM. Un tel scénario est plus plausible que d’aucuns peuvent l’imaginer.
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La culture en péril : Le dernier livre (7)

Publié le 3 janvier 2022
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Le scénario de cette bande dessinée se déroule à Paris en 2040. La pandémie mondiale n’a finalement jamais été endiguée et les variants ont causé d’immenses dommages humains, ce qui a conduit notamment à la fermeture des écoles, ainsi que des librairies et bibliothèques.

Le règne des GAFAM et de la censure

À l’ère du numérique, le savoir est tout entier digitalisé et les enfants apprennent de chez eux via des casques de réalité virtuelle diffusant des neuro-informations. Non seulement les livres papier ont pratiquement entièrement disparu, mais ils sont interdits lorsqu’ils ont échappé à la destruction. En détenir vous expose aux assauts de la police des livres, exactement comme dans Farhenheit 451, les auteurs de cette BD y faisant d’ailleurs explicitement référence.

Huit ans auparavant, le fondateur de Fatalbook a été élu président des États-Unis, bénéficiant de la connaissance des électeurs grâce à la collecte universelle des données personnelles. Comme tant d’autres au cours de l’Histoire, son administration entend bâtir un nouveau monde expurgé de ce qui est considéré comme immoral, subversif, séparatiste. L’enjeu est le contrôle du savoir, donc du pouvoir. Une Commission de surveillance et de contrôle des publications est ainsi chargée de faire disparaître définitivement la version numérique de romans ou œuvres littéraires non conformes aux bonnes mœurs (de grands fleurons de la littérature bien connus sont ainsi éliminés).

Vieux rêve et instrument de tous les totalitaires également, on propose de simplifier le langage et de le remplacer par un langage unique, universel, compréhensible par tout le monde. Les interactions humaines sont en outre contrôlées, les gens se sont habitués aux couvre-feux systématisés, la surveillance par drones dissuadant les éventuels récalcitrants. En parallèle, on assiste à de mystérieuses disparitions d’enfants…

Les dangers de la remise en cause du passé

Si le sujet de cette BD est intéressant, malgré une fin un peu bâclée et certains stéréotypes éventuellement critiquables, j’en tirerais différentes remarques.

Au-delà des dangers liés au numérique et au contrôle des données et informations, ce qui me préoccuperait davantage que la puissance des GAFAM est le contrôle de la population déjà exercé par la Chine et la recherche probable de son extension à ses sphères d’influence puis au-delà.

Concernant les États-Unis et, par extension, le monde occidental, ce qui me préoccupe également bien davantage dans l’immédiat sont toutes les formes de révision du passé, de déboulonnage des statues, de wokisme, ou de mouvements de déconstructeurs en tous genres qui s’attaquent à nos libertés, sous couvert comme toujours d’agir au nom de la liberté.

Hélas, il est prouvé historiquement que les minorités agissantes et bruyantes ont une fâcheuse tendance à l’emporter trop souvent sur les majorités silencieuses, rendant d’autant plus plausibles tous les scénarios de remise en cause des libertés, d’effacement du passé et des pires plaies humaines que l’on peut considérer.

Que l’on pense aux révolutions, où il est avéré que les enragés commettent les pires horreurs au détriment de toute raison (éventuellement en son nom), faisant subir massacres et destructions à l’immense majorité qui désapprouve mais ne réagit pas ou peu, des mouvements (manipulés) type Gilets jaunes, des mouvements woke qui sévissent actuellement sévèrement dans la société et les universités américaines et de plus en plus ici, le résultat est pratiquement toujours le même : le manque de courage, les errements de la politique politicienne, la gangrène progressive des esprits, le faible esprit de résistance, le panurgisme, l’emportent sur le souci de justice et de vérité, faisant peser de plus en plus de dangers sur nos libertés fondamentales.

Et depuis l’apparition du covid, que dire des renoncements insidieux à certaines de nos libertés, certains gouvernements dits démocratiques manifestant une propension inquiétante à rogner peu à peu et incidemment sur celles-ci sans qu’on s’en alarme (collectivement) outre mesure ?

C’est pourquoi, malgré les petites critiques éventuelles que l’on pourrait exprimer à l’égard de cette bande dessinée, elle n’en demeure pas moins assez juste sur le fond : rien n’est impossible, nos libertés sont constamment menacées, un tel scénario est plus plausible que d’aucuns peuvent l’imaginer. C’est bien là l’intérêt des dystopies.

 

  • François Durpaire et Brice Bingono, Le dernier livre, Glénat, novembre 2021, 72 pages.

 

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  • Avatar
    Laurent Lenormand
    3 janvier 2022 at 7 h 32 min

    À leur naissance, Internet et les technologies numériques ont été vus comme des instruments de liberté, d’échange et de diffusion du savoir. On s’aperçoit aujourd’hui qu’ils peuvent être les pires outils de contrôle qui soient. C’est peut-être la destinée de l’homme d’être asservi par les outils qu’il a lui-même crée…

  • Je ne crois pas au « danger » des GAFAM, du moment que la libre concurrence est bien en place. Dans le secteur des nouvelles technologies, même les plus grosses entreprises peuvent disparaitre très rapidement. Qui aurait prédit de la chute de Nokia par exemple ? La concurrence peut arriver sur des futures technologies que l’on est même pas en mesure d’imaginer aujourd’hui.
    Au contraire, je vois plutôt les nombreux avantages qu’apportent les GAFAM au quotidien et qui, pour avoir grandit aussi vite et aussi fort, répondent parfaitement aux attentes du plus grand nombre.

  • Les commentaires sont fermés.

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