Les écologistes instrumentalisent le nucléaire

Les politiques écologistes et le rejet du nucléaire mettent en danger le réseau électrique européen.

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Les écologistes instrumentalisent le nucléaire

Publié le 24 décembre 2021
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À la suite de la détection de fissures par corrosion sous contraintes sur les centrales nucléaires de Civaux (Vienne) et de Chooz (Ardenne), deux réacteurs supplémentaires ont été arrêtés les 16 et 18 décembre 2021. Ceci porte à 15 sur 56 le nombre de réacteurs nucléaires actuellement inopérants. En dépit des propos rassurants de Barbara Pompili  affirmant « qu’il n’y aura pas de black-out général d’ici à la fin de l’hiver », l’indisponibilité de ces 15 réacteurs nucléaires (soit environ 15 GW) pour des raisons de maintenance volontaire mais aussi de défaillances inattendues pourrait-elle créer une situation à risque alors que la saison froide arrive ?

Un risque de blackout faible mais pas impossible

Correspondant à de longues périodes simultanées de froid et d’obscurité, les heures de pointe (début de matinée et début de soirée) de janvier et février coïncident chaque année à des demandes récurrentes en puissance électrique. Couramment comprises entre 80 GW et 90 GW elles ont atteint début février 2012 un pic historique de 100,5 GW.

Si la France peut en théorie compter sur 136 GW toutes sources d’électricité confondues, dans les faits toutes les unités ne peuvent être disponibles au même moment : en oubliant le solaire (10 GW) inopérant l’hiver aux heures de pointe et en comptant avec optimisme sur 25 % d’éolien (le vent fait souvent défaut lors de périodes de grands froids anticycloniques), le parc est alors réduit à 112 GW. Le défaut des 15 GW nucléaires met dont en théorie la production électrique française à risque.

Cela démontre au passage qu’une croissance même démesurée des éoliennes et des panneaux solaires n’aura pas d’intérêt dans ce cas de figure dans la mesure où ils ne peuvent garantir la sécurité d’approvisionnement à un instant donné. Même l’hydroélectricité peut être défaillante en cas de manque d’eau ou de gel. Seules les sources pilotables (charbon, gaz, nucléaire) pourront donc satisfaire des pics historiques de demande.

Malgré ces incontestables tensions, grâce au réseau de mutualisation européenne le risque de blackout reste heureusement faiblement probable. Cette « assurance tous risques » nous coûte toutefois fort cher dans la mesure où elle évalue le MWh électrique sur la dernière source mise en œuvre qui est aussi la plus chère. Refuser cette règle du « merit order » serait implicitement accepter des périodes de blackout électrique.

Cette situation conjoncturelle est une occasion supplémentaire d’alerter les responsables politiques quant à l’aberration de leur politique énergétique. Si depuis 20 ans le monde a investi 5000 milliards d’euros dans les renouvelables, les 1300 TW installés ne fournissent par intermittences que 12 % de la consommation mondiale d’électricité. Si cette somme avait été investie dans l’atome, la puissance nucléaire aujourd’hui installée fournirait de façon pilotable plus de la moitié de l’électricité mondiale.

En France, les 150 milliards d’euros investis dans les renouvelables sont un « tonneau des Danaïdes ». Quelle utilité de produire abondamment des MWh solaires en plein été quand nous n’en avons pas besoin alors qu’en hiver, les intermittences du solaire et de l’éolien sont impuissants à satisfaire le pic de demande ?

Ils ne peuvent que nous plonger dans le noir et dans le froid quand nous avons besoin de lumière et de chaleur. L’éolien et le solaire ce sont des « respirateurs en réanimation fonctionnant entre un jour sur cinq et un jour sur dix ». Si ces 150 milliards d’euros avaient été investis dans le nucléaire nous aurions aujourd’hui plusieurs dizaines de réacteurs neufs supplémentaires.

Un réseau électrique européen mis sous tension à cause d’une politique écologiste en défaveur du nucléaire

Le blackout électrique français ne serait qu’un fantasme et nos voisins nous achèteraient davantage de MWh décarbonés au prix fort. Au contraire, pour satisfaire un éventuel pic de demande en janvier ou en février, il faudra que les centrales européennes au fuel et au charbon fonctionnent à plein régime.

Après la décision déplorable de la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim, la priorité est de ne plus fermer aucun réacteur, de procéder sans tarder au grand carénage des réacteurs existants (il ne réenchérira le MWh que d’une dizaine d’euros) et de lancer rapidement la construction d’au moins 10 EPRs pour remplacer une partie des réacteurs vieillissants. Après de nombreux atermoiements, le président de la République semble s’être enfin rangé du côté de la raison.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que dans la campagne présidentielle le nucléaire est devenu un vrai marqueur politique entre une droite pragmatique et une gauche idéologique.

Après avoir instrumentalisé le climat pour essayer d’imposer la décroissance, la gauche tente de récupérer la situation actuelle à son profit en clamant comme Charlotte Mijeon, porte-parole du réseau « Sortir du nucléaire », que l’atome serait « une énergie elle aussi intermittente, mais contrairement aux énergies renouvelables, de manière non prévisible ». Concédons lui au moins qu’on peut effectivement prévoir qu’il n’y a pas… de soleil la nuit !

La transition énergétique procédera au « grand remplacement » d’équipements thermiques par des équipements électriques. Elle provoquera un presque doublement de la demande électrique à l’horizon 2050. Plus de demande électrique c’est évidemment davantage de pics de demande et donc mécaniquement davantage de risques de blackout en plein hiver sauf à mettre en œuvre les sources pilotables requises.

Seul le nucléaire voire le gaz compensé par la capture et la réinjection du carbone peuvent répondre aux critères de pilotabilité et de neutralité. Mais, moyen terme, le choix de l’option gaz pourrait à conduire à un suicide européen.

Depuis l’été, les prix du gaz sur les marchés européens ont été multipliés par 5 tandis que le prix du MWh sur le marché de gros se négociait mi-décembre autour de 350 euros. Certains analystes jugent que cette situation est purement conjoncturelle et devrait se détendre une fois les beaux jours revenus. Nous considérons au contraire que cette crise est structurelle (Ph. Charlez – « Pourquoi les prix de l’énergie sont-il devenus fous ? » À paraître en 2022 dans la Revue politique et parlementaire) et résulte d’une profonde rupture entre une baisse de l’offre causée par un manque d’investissements dans l’amont pétrolier et gazier depuis 2015 et d’une croissance forte de la demande en gaz induite par l’incapacité des renouvelables à satisfaire l’accroissement de la demande électrique. Renoncer au nucléaire c’est implicitement cautionner une explosion de la consommation gazière conduisant à des prix stratosphériques du MWh.

Les renouvelables ne pourront jamais excéder 50 % (35 % de renouvelables intermittents + 15 % d’hydroélectricité) du mix électrique. Compte tenu du doublement de la consommation, une sortie hypothétique du nucléaire conduirait alors mécaniquement en 2050 à une facture gazière annuelle de 80 milliards d’euros (100 euros le MWh de gaz avec 60 % de rendement et un prix du carbone à 100 euros conduit à un MWh électrique à 200 euros). De quoi grever à tout jamais la balance française des paiements ! Alors que pour la génération électrique nucléaire, le prix du combustible (uranium) compte pour 2 % du prix du MWh, pour le MWh gazier il compte pour 95 %. Les dépendances énergétiques du nucléaire et du gaz n’ont donc rien de comparable.

La neutralité carbone ne sera toutefois pas atteinte sans augmentation substantielle des prix de l’énergie. Cette hausse ne doit pas être occultée à l’opinion publique. Renouvelables, gaz ou nucléaire, pour financer la transition énergétique le citoyen français devra mettre la main au portefeuille. Les politiques qui vous font croire le contraire mentent.

Voir les commentaires (20)

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  • elle a raison le nucléaire est aussi une énergie » intermittente ».. mais la vérité est dans les nombres..

    écoutez…je veux bien que la répétition est pédagogique , mais le problème est ici idéologique..

    les politiques s’en foutent..ELECTION.. sondages, opinion, propagande..

    par ailleurs le black out est un sujet, mais la pauvreté énergétique en est un autre la belle affaire de savoir qu’il ya un black out si les gens ne peuvent plus se la payer quand il y en a..
    par ailleurs des régions connaissent des black out pour des causes météorologiques..

    si vous avez peur du black out général créez des sous régions indépendantes du point de vue réseau….vous aurez des black out régionaux..

    le vrai problème me semble être l’augmentation massive du cout de l’electricté.. d’origine politique..

  • Comment peut on parler de neutralité carbone alors qu’on consomme de plus en plus de gaz et de charbon ?
    Cette fumisterie ne fait qu’augmenter à l’infini et le prix de l’énergie et les bénéfices de certains… Quand le parc d’automobiles sera tout électrique ça va être catastrophique !

    • Le jour où nous verrons un écolo réfléchir n’est pas pour demain.
      Deux exemples récents :
      – Ils demandent la fermeture de Fessenheim et, en contre partie, on ouvre deux centrales au charbon à St Avold ! Si cela n’est pas de l’écolo, j’en rirais presque !
      – Ils veulent des voitures électriques tout de suite mais ils veulent, en même temps, fermer les centrales nucléaires ! C’est ce que l’on appelle une politique imbécile comme la plupart des écolos.
      Par contre, ils ne se sont jamais posés la question d’où venaient les terres rares pour fabriquer leurs éoliennes et leurs batteries !!!???!!!
      Non, les écolos ne veulent pas d’écologie, ils ne veulent que le pouvoir pour, comme certains, se goinfrer de homards à bon compte et occire l’occident.

  • Il est assez cocasse de voir que la terreur de tous cuire dans notre enfer climatique va nous faire crever de froid dans la misère et la ruine.

  • Nous avons eu dans le passé la recherche de la pierre philosophale, celle qui transforme le plomb en or.
    Nous savons maintenant qu’il s’agit de transmutation. La nouvelle pierre philosophale est celle des écologistes, qui recherchent l’énergie propre, « verte », sans déchet, bref idéale. J’ai beau regarder dans un truc qui s’appelle table périodique des éléments, je ne trouve que des combustions pour fournir directement de l’énergie, sinon, il faut commencer par fournir de l’énergie dont on ne récupérera qu’une partie. Après en cherchant plus loin, il faut attaquer les transmutations, c’est l’énergie nucléaire (fission, réalisée ou fusion en cours d’essai). Dans tous les cas, il y a des déchets…. je pense que si nous voulons continuer de vivre avec une sécurité sanitaire, alimentaire, et un niveau de bien-être minimum nous avons besoin d’énergie. Il ne faut pas oublier les pays qui espèrent améliorer leurs conditions de vie. Il me semble que la solution la moins pire reste l’atome, avec tous les inconvénients….
    Malheureusement l’irrationnalité grandissante, la peur nous restreint dans nos choix. Il n’y a pas d’autre solution à priori. Certains préfèreront la décroissance, mais c’est sans issue.

  • Ce ne sont pas les écologistes qui sont responsables de cette politique suicidaire, puisqu’ils n’ont jamais été au pouvoir.
    Je vous trouve bien optimiste quand vous voyez une droite pragmatique face à une gauche idéologique.
    Je n’ai pas noté que Valérie Pécresse voulait sortir des énergies renouvelables, il y tellement d’électeurs potentiels qui en vivent que ce serait suicidaire de sa part.
    N’oublions pas le fameux pacte de Nicolas Hulot, signé par presque tous les candidats en 2007, qui nous a valu le fameux Grenelle de l’environnement et ses ampoules basse consommation qui commençaient à éclairer une fois la chasse d’eau tirée…
    Ce même Nicolas Hulot a été nommé ministre par Macron, alors que son courant ne pèse rien dans les urnes.
    Je voterai pour le candidat qui nous promettra qu’il supprimera immédiatement toutes les subventions à l’éolien et au solaire.
    J’espère qu’il existe…

  • J’en suis presque à espérer un black-out afin que la population puisse commencer à ouvrir les yeux sur les choix qui ont été fait. Et en même temps, les écolos diront que c’est par ce que l’on consomme trop…

  • Quand nos politiques auront-ils le courage de se débarrasser des écolo qui nuisent à la société?

  • Je serais curieux de savoir s’il est techniquement possible de remettre Fessenheim en service, après il suffirait juste de voter une loi.

  • Je serais curieux de savoir s’il est techniquement possible de remettre Fessenheim en service, après il suffirait juste de voter une loi.

  • On se demande si le site de Contrepoints, porteur à juste titre de l’intérêt inéluctable du nucléaire, atteint le moindre responsable politique. Que lisent-ils sur leurs portables quand ils sont sur les bancs de l’Assemblée ?

    • Ces gens là liisent seulement tweeter quand on parle d’eux ou de leurs adversaires. Je doute qu’ils comprennent vraiment tout, ce n’est d’ailleurs pas necessaire, leurs électeurs sont encore pire…. Tf1 et pour les intellos, le monde et l’équipe.

  • Il faut se débarrasser des socialistes installés confortablement dans les ministères et qui gouvernent sans tenir compte des choix des électeurs

  • Bof ! Rien de nouveau dans le paradis écolo sinon le fait que leur politique conduira a des restrictions de consommation sur les produits de première nécessité. Qui dit restrictions des ressources dit bagarre, vol, guerre et donc diminution de la population et perte des connaissances techniques.
    Donc les écolos auront atteint leur but, diminution de la population, et retour à l’époque des chasseurs cueilleurs ou tout au moins à l’autosuffisance des tribus résultant du cataclysme.
    Enfin, le paradis sur terre !
    Un délire ? Non car de nombreuses civilisations ont sombrées de cette manière.

  •  » le gaz compensé par la capture et la ré-injection du carbone peuvent répondre aux critères de pilotabilité et de neutralité  » Oui, capture du C02 et après ? Si on utilise ce C02 avec de l’hydrogène vert en méthanation, cela revient simplement à différer l’émission de C02 dans l’atmosphère ! Le méthane est neutre en carbone s’il provient de biomasse ou de méthanisation des biodéchets. Or la taxonomie européenne n’accepte pas le bio-gaz ! Ecolo ou pragmatique ? Il faut choisir, mais ceci est un autre débat ???

  • L’instrumentalisation politique des questions de l’énergie devient systématique, le nucléaire par la gauche et l’éolien par la droite.

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