Par Patrick de Casanove.
Les Français sont très fiers de leur modèle démocratique, au point de confondre démocratie, république et liberté. Dans les faits, ce modèle est très relatif.
Si l’on se réfère au Democracy index de The Economist en 2018, avant la crise, la France était déjà une démocratie défectueuse. Sa moyenne était en dessous de celle des pays d’Europe de l’Ouest.
En 2020 la situation s’est considérablement dégradée. La France est 24ème, toujours en dessous de la moyenne des pays d’Europe de l’Ouest. Elle ne brille pas non plus par sa liberté économique, 64ème en 2020, entre l’Arabie Saoudite et le Mexique.
Cela n’étonnera personne quand on connaît la formidable régression des libertés en France, depuis que le gouvernement a décidé de gérer la covid à la place des médecins, avec deux moyens d’oppression : la coercition sociale et la vaccination obligatoire.
On reste dès lors abasourdi par cette phrase de Bruno Le Maire s’adressant à Éric Zemmour :
Jamais le général de Gaulle n’aurait autorisé que le Conseil constitutionnel étende ses pouvoirs à ce point […]Le général de Gaulle avait lui-même dit qu’à 70 ans, il n’avait pas l’âge de devenir un dictateur. Mais je pense qu’à 63 ans, vous, vous avez toutes les prédispositions pour le devenir.
C’est l’hôpital qui se moque de la charité.
Le totalitarisme est en marche
Il peut se définir comme suit :
– « L’État tend à confisquer la totalité des activités de la société. Un tel système restreint l’opposition individuelle à l’État. Il exerce ainsi un degré extrêmement élevé de contrôle sur la vie publique et privée. »
– « Le pouvoir politique est souvent détenu par des autocrates […] qui utilisent des campagnes globales dans lesquelles la propagande est diffusée par les médias de masse contrôlés par l’État »
– « La dictature ne s’exerce pas seulement dans la sphère politique, mais dans toutes, y compris les sphères privée et intime, quadrillant toute la société et tout le territoire, en imposant à tous les citoyens l’adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté. »
– « Un monopole idéologique, c’est-à-dire la conception d’une vérité qui ne supporte aucun doute, ne tolère aucune critique, est imposée à tous »
– « Un parti […] qui contrôle la totalité de l’appareil étatique, c’est-à-dire dispose de l’ensemble des moyens de communication de masse utilisés comme des instruments de propagande, […] et dispose d’une direction centrale de l’économie. Le parti […] est dirigé idéalement par un chef charismatique, autour duquel est formé un culte du chef, faisant de lui plus qu’un simple dictateur, un guide pour son peuple, lui seul en connaissant les véritables aspirations. »
– « Un monopole de la force armée, un système à la fois policier qui a recours à la terreur avec par exemple un réseau omniprésent d’agents dormants et de surveillance des individus, basé sur la suspicion, la dénonciation et la délation. »
Le système ne coche pas toutes les cases
Il n’y a pas encore de parti unique.
Mais il y a une pensée unique. Elle est flagrante quand on regarde les positions et programmes des différents partis dits de gouvernement.
Mais le parti au pouvoir a tous les pouvoirs, sans opposition efficace. Il se comporte de fait en parti unique. Il dispose de l’appareil étatique, s’appuie sur une caste autoproclamée, endogame, seule apte à diriger le peuple présenté comme incapable de se diriger lui-même. La quintessence de cette classe étant le président de la République qui décide seul.
Il est encore toléré une opposition organisée acceptable. Celle qui sort du politiquement correct est très corsetée.
Il n’y a pas encore de système concentrationnaire avec son lot de tortures, éliminations physiques, emprisonnements, déportations. Mais déjà certains citoyens sont considérés comme nuisibles et sont victimes de ségrégation, comme par exemple les personnes non- vaccinées (pass sanitaire, non remboursement des tests, licenciements) ennemies de la communauté et responsables de tous les maux.
Mais il en coche beaucoup
Il est flagrant que beaucoup de caractéristiques du totalitarisme collent très bien à la politique coercitive instaurée par l’État au prétexte de la covid.
Ingérence totale dans la vie privée qui disparaît, contrôle total de la vie publique, contrôle complet de l’économie, en particulier de ce qu’il restait de l’économie privée, (confinement et quoi qu’il en coûte).
Campagnes de propagande de masse dans les médias et les réseaux sociaux mainstream. Censure dans et par les médias et les réseaux sociaux. Chasseurs de fake news professionnels et politiquement corrects.
Monopole idéologique avec adhésion très conseillée à la pensée unique, la « doxa du covid ». Vérité officielle, incontestable et qui s’impose à tous.
Pouvoir politique détenu par un autocrate : « souverain dont la puissance n’est soumise à aucun contrôle » Dans les faits, en Cinquième République le président a tous les pouvoirs, et pas vraiment de contrôle. Le contrôle électoral n’est qu’un fantasme.
Direction du pays par une autorité centrale. Culte du chef, aux paroles duquel le pays est suspendu.
Gouvernement par la peur, mise en avant d’informations angoissantes et anticipation péjorative de l’avenir. Au mieux les bonnes nouvelles sont occultées, au pire elles sont discréditées comme fake news. Le tout maintient l’effroi des populations.
Surveillance des individus (QR code, pass sanitaire). Après les « aviseurs fiscaux », délateurs patentés, voici la délation des dissidents non vaccinés.
Monopole de la violence légale, qui est aggravée pour les délits d’infraction à l’état d’urgence sanitaire.
Ministère de la Vérité
La novlangue, la pensée unique, l’acculturation, l’embryon de crédit social sont déjà bien présents. En attendant un ministère de la Vérité officiel (Miniver), nous avons « Les Lumières à l’ère numérique ». La nouvelle commission anti-complot missionnée par l’Élysée a tenu sa première réunion lundi 4 octobre pour «poser les préliminaires des quatre prochains mois de travaux ».
Tous les pouvoirs pour un homme seul
Il s’entoure certes d’un CARE, et d’un conseil scientifique. Mais ils sont l’alibi à l’arbitraire de l’autorité centrale et à la mise hors circuit des dizaines de milliers de médecins de terrain. Ces derniers sont dès lors inutiles puisque l’autorité centrale, brillamment conseillée et éclairée, comprend tout, sait tout, peut tout et est la seule à pouvoir agir. Médecins, infirmières, directeurs d’établissements sanitaires et sociaux, tous les professionnels de terrain n’ont qu’à obéir. C’est pourquoi il agit essentiellement en secret, au sein d’un Conseil de défense.
Ce conseil court-circuite aussi les institutions représentatives à l’Assemblée nationale et au Sénat. Dans la Cinquième République ce sont des suiveurs, mais cette façon de faire n’arrange pas les choses. Il écarte également les maires, très proches de la population. Il paraît qu’Emmanuel Macron apprécie le « caractère très opérationnel » du Conseil de défense.
En vérité, ses décisions sont immédiatement applicables, avec toute la puissance de l’appareil répressif de l’État, sans discussion ni contestation, sans explication ni motivation, autre que son bon plaisir.
Défaillance des organes de contrôle
Les organes de contrôle tels que le Conseil d’État ou le Conseil constitutionnel valident les décisions parce que, issus du sérail, ils se comportent conformément à ce que l’État attend d’eux. De toute façon le gouvernement n’hésite pas à faire fi de leur avis.
Dès qu’un homme ou un groupe tout-puissant agit légalement pour soumettre à ses croyances, ses règles, ses lois, l’ensemble des populations, il y a perversion de la loi.[…] Cette perversion aboutit inéluctablement au totalitarisme.
Dit autrement :
Mais quand la Loi, — par l’intermédiaire de son agent nécessaire, la Force, — impose un mode de travail, une méthode ou une matière d’enseignement, une foi ou un culte, ce n’est plus négativement, c’est positivement qu’elle agit sur les hommes. Elle substitue la volonté du législateur à leur propre volonté, l’initiative du législateur à leur propre initiative. Ils n’ont plus à se consulter, à comparer, à prévoir ; la Loi fait tout cela pour eux. L’intelligence leur devient un meuble inutile; ils cessent d’être hommes ; ils perdent leur Personnalité, leur Liberté, leur Propriété. La Loi (1850)
ce n’est pas macron qui me fait peur…
c’est « fuck their freedom » qui passe comme une lettre à la poste, et pas qu’en france ,et pas qu’à propos du covid..’
le citoyen se délecte de constater qu’il peut punir, grâce à la tyrannie de la majorité, , celui qui ne commet le seule crime que de ne pas partager son opinion… certain qu’il est que ce ne sera jamais son cas..
le collectivisme ne fut pas un accident de l’histoire contemporaine et le peuple allemand des monstres.. justement non..
la démocratie sans garantie des libertés et un état de droit est une tyrannie, non la démocratie n’est pas de laisser parler tout le monde..
le « demos » va sans cesse tenter de réduire les libertés et la justice fondée sur la preuve de l’accusation.
Mais cela ne sera jamais son cas, le « citoyen » a précisément et en toute circonstance l’opinion de la majorité. Il est la conclusion de la citation de Bastiat, il a cessé d’être un homme.
En effet cette phrase de BLM m’a scotchée ! Ceci dit, plus aucun des membres du Gvt n’a de retenue en rien, Macron a réussi à faire croire à ces vessies qu’elles étaient des lanternes….
il gouverne seul mais il gouverne mal ; n’est pas président qui veut ;
« Tous les pouvoirs pour un seul homme »
C’est bien la source de TOUS nos problèmes.
L’organisation de l’état Français est un terreau pour les dérives autoritaristes.
Plus de 2 siècles après la révolution, nous n’avons toujours pas une constitution inspirée par la DDHC et basée sur le droit naturel.
Le totalitarisme moderne s’appuie sur deux piliers: 1/ la coercition, qui n’a jamais été aussi étendue car elle s’appuie sur des outils de traçage numériques qui infiltrent tous les aspects de la vie, 2/ la propagande, qui instille dans l’esprit de chacun que tout ceci est normal, bénéfique, et qu’en fait « vous êtes libre ».
C’est en cela que l’énormité proférée par Le Maire est efficace : il est beaucoup plus difficile de contredire un gros mensonge qu’un petit.
Monsieur de Casanove, la pertinence de votre analyse est indiscutable et effrayante.
Ce qui est encore plus effrayant, c’est notre docilité.
Oui, d’accord, totalement, mais personne d’autre que nous-mêmes n’arrêtera d’être docile à notre place, remarquez le.
Et ça ne suffit pas d’arrêter d’obéir si on ne respecte pas la propriété et la personne d’autrui. On deviendrait voleur, criminel ou homme politique.
Ni maître, ni esclave, c’est tatoué sur mon torse. ( même pas vrai )
Alors la solution est simple, mais il faut déjà compter sur soi-même, puis sur les autres si ils en ont envie. Et ceci n’a rien d’effrayant.
« On deviendrait voleur, criminel ou homme politique »
Excellent ! et tellement probable…
L’autoritarisme commence avec Mitterrand qui met sur écoute les journalistes, spolie les entrepreneurs par ses nationalisations staliniennes.
Cela continue avec l’interdiction de la voiture, des sapins de Noël,… des mairies écologistes. Et du nucléaire, des trajets en avion…
Ne parlons pas de la diabolisation sans débat d’idées des individus qui ne sont pas d’extrême gauche : bravo Melanchon et à bas Zemmour.
Tous les pays gauchistes ne peuvent gouverner que par l’autoritarisme qui par essence bride tout liberté individuelle pour créer l’homme socialiste.
Dans notre pays gauchiste, il faut que le français pense socialiste. Donc il faut l’éduquer comme le faisaient Staline et Mao à leur époque. Et pour l’éduquer, une seule méthode : l’autoritarisme.
J’adhère 100% à la teneur de l’article, avec un bémol: la dérive autoritaire est mondiale. Certes la France a le malheur d’avoir des institutions particulièrement pourries; mais on assiste au même putsch de la technostructure en Allemagne, Australie, Canada, etc.
La consanguinité media/ administration/ capital de connivence tourne à plein régime dans des sociétés qui, toutes, ont plus ou moins cédé le contrôle à la technostructure, infantilisé et désarmé leurs citoyens.
BLM a, une fois de plus, parfaitement illustré la maxime d’Audiart:
« Les cons, cela ose tout, c’est même à cela qu’on les reconnaît. »
Et il fera encore plus fort la prochaine fois, à n’en pas douter…
Récemment en contact avec un groupe d’expatriés très divers, je leur demande ce qui les a motivé à quitter le pays: les opportunités professionnelles, l’enfer fiscal et première fois que je l’entend: la réduction des libertés.
Le pire est que la réduction de la liberté concerne certaines personnes mais pas l’ensemble.
La discrimination dite positive est incompréhensible au regard de l’article 1er DDHC « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »
Ne déresponsabilisons pas l’électeur et le citoyen !
Pourquoi diable continuons nous donc à voter pour une majorité de députes du même parti politique au législative ?
Commençons par voter pour des parlementaires « indépendant » et libre de voter ou pas le bon sens d’une nouvelle loi !
Exactement,
En réalité ça grogne mais ça va remettre une pièce tous les 5 ans pour choisir son bourreau
En fait il faut voir le covid comme un aboutissement: il a cristallisé en une seul fois toutes les petites ou grandes libertés auxquelles on a renoncé depuis 1990, alors là oui, ça choque mais pendant ce temps là l’agenda poursuit sa course folle: voir par exemple ce qui est en train de se passer avec les normes ecolo dans l’immobilier: carnage. C’est difficile à admettre mais on est probablement les tcheques, les polonais ect de 1950 voyant leur pays sombrer dans le soviétisme … la descente a duré 40 ans …