Par Claude Sicard.
La crise du Covid-19 s’éloigne et l’activité économique reprend dans le monde. L’économie française redémarre donc, et d’une manière sensiblement plus vive que prévu.
La note de conjoncture de l’INSEE nous indique ainsi qu’au cours du second trimestre 2021 la croissance a été de 1,1 % et que le pouvoir d’achat des ménages a augmenté de 0,6 %. Le taux de chômage baisse d’une manière inattendue : le journal Les Échos annonce qu’il s’établira à 7,6 % en fin d’année, niveau le plus bas constaté depuis la fin 2008.
On ne peut donc que se réjouir de ces très réconfortantes nouvelles, bien que la situation économique de la France reste néanmoins préoccupante. La dette extérieure s’est considérablement accrue du fait de la crise, le niveau de la production industrielle reste le plus faible d’Europe au regard du PIB, la Grèce exceptée, et la balance du commerce extérieur du pays est toujours fortement déficitaire.
Parmi les indicateurs que les conjoncturistes nous invitent à suivre, il y a le chômage, dont le taux reste parmi les plus élevés d’Europe, comme le montre le tableau suivant :
- Pays Bas……………… 3,2 %
- Allemagne…………… 3,6 %
- Norvège………………. 4,2 %
- Grande Bretagne….. 4,6 %
- États-Unis……………. 5,2 %
- France…………………. 8,0 %
- Grèce…………………… 13,2 %
L’importance du temps partiel pour lutter contre le chômage
Dans les pays du Nord la pratique du temps partiel s’est beaucoup développée, et l’on constate que les faibles taux de chômage s’accompagnent d’un recours aux contrats courts, une pratique maintenant très répandue en Allemagne (Kurzabeit). Aux Pays-Bas il s’agit de 47,6 % de la population active, selon Eurostat, et de 27,6 % en Autriche.
En France, nous sommes loin de ces chiffres : il s’agissait de 5,9 % seulement ces dernières années. Pour les comparaisons internationales, l’agrégation des travailleurs à temps partiel aux travailleurs à temps plein se fait en calculant des « équivalents temps plein ».
Mais que signifie exactement cet indicateur du taux de chômage que les médias nous invitent à suivre avec la plus grande attention, trimestre après trimestre ?
Il s’agit du rapport entre le nombre de chômeurs et la population active : le terme de chômeur est pris au sens du BIT (Bureau International du Travail), et la population active est constituée par les personnes ayant un emploi additionnée des chômeurs. Dans le cas de la France les données du BIT se comparent malheureusement très mal avec les chiffres de Pôle emploi : c’est l’INSEE qui par enquête auprès d’un échantillon de ménages chiffre le chômage selon la méthode du BIT, et c’est Pôle emploi qui gère les chômeurs.
Voyons pourquoi les chiffres divergent.
Selon la définition du BIT on entend par chômeur toute personne sans emploi, âgée de plus de 15 ans, ayant effectué une démarche de recherche d’emploi au cours des quatre dernières semaines et qui se déclare disponible dans les deux semaines pour prendre un emploi : on évalue ainsi actuellement à 2 400 000 le nombre des chômeurs en France.
Mais lorsque l’on plonge dans la complexité des données françaises on ne recoupe pas cette estimation. Les chiffres sont bien plus importants :
Catégories de chômeurs en France, selon Pôle emploi (deuxième trimestre 2021) :
- Cat A…………… 3 510 500
- Cat B et C…….. 2 178 200
- Cat D et E…….. 707 800
Catégorie A
Sans emploi, demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi.
Catégorie B
Demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité courte au cours du dernier mois (78 heures).
Catégorie C
Demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi ayant exercé une activité réduite longue au cours du dernier mois (plus de 78 heures).
Catégorie D
Demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi (stages, formation, maladie…) et sans emploi.
Catégorie E
Demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, en emploi (par exemple les contrats aidés).
Pôle emploi conseille de se référer à la catégorie A lorsque l’on parle de chômage en France, de sorte qu’il y aurait ainsi un nombre de chômeurs s’élevant à 3 510 500 personnes, à comparer au chiffre de 2 400 000 résultant de la définition du BIT.
Une divergence entre les données de Pôle Emploi et les chiffres du Bureau International du Travail
Il existe donc une divergence considérable entre les données de Pôle Emploi et les chiffres du BIT.
Dans une note de réflexion sur le chômage en date du 1er mars 2018, Bertrand Nouel, expert auprès de la fondation IFRAP s’interrogeait précisément sur l’écart existant en France entre les chiffres du chômage établis selon la méthode du BIT et ceux donnés par Pôle emploi.
Il constate que cet écart ne cesse de se creuser. De 164 000 personnes en 2012 il est passé à 800000 en 2017 ; et aujourd’hui il s’agit de 1 110 500 personnes.
Bertand Nouel énonce que les économistes s’interrogent sur l’interprétation à donner à ces écarts :
Il y a un fort halo sur le chômage : il regroupe les personnes qui souhaitent travailler mais qui ne sont pas disponibles ou en recherche d’emploi.
Compte tenu des imperfections que comportent tous ces chiffrages des chômeurs dans les différents pays et tout particulièrement en France, il semblerait qu’en matière d’emploi il serait bien plus judicieux de s’intéresser à un autre ratio, celui de la population active par rapport à la population totale : serait alors mesuré le nombre de personnes qui travaillent en proportion de la population plutôt que la quantité de personnes qui pour des raisons diverses ne travaillent pas. Celles qui travaillent sont en effet faciles à identifier. Et l’on se réjouirait de la croissance de ce ratio. L’approche que nous proposons présenterait l’avantage de mettre en évidence le mal dont souffre le pays : un nombre anormalement bas de personnes mises au travail.
En effet, la France a cette particularité d’avoir une quantité de personnes au travail tout a fait insuffisante. Le pays souffre d’un très fort déficit de population active, comme le montre le tableau suivant :
Population active, en pourcentage de la population totale (Source BIRD)
- France…………………… 34,4 %
- Italie……………………… 42,1 %
- Grande-Bretagne……. 51,7 %
- Allemagne……………… 52,1 %
- Corée du Sud………….. 54,8 %
- Union européenne…… 47,8 %
- OCDE…………………….. 48,7 %
Le taux de population active du pays est dramatiquement bas, ce qui constitue un handicap majeur pour l’économie.
La population active française, soit 30 033 000 personnes s’articule en deux parties :
- 27 633 000 personnes au travail
- 2 400 000 chômeurs
En appliquant à l’effectif de la population totale du pays le taux de population active qui est celui de l’ OCDE, considéré ici comme une norme, l’effectif de population active de notre pays devrait s’élever à 32 820 000 personnes.
Avec un taux de chômage « normal » de 4 %, chiffre constaté dans les pays dont l’économie fonctionne activement, la population active française se trouverait constituée de 1 312 800 chômeurs et de 31 507 200 personnes au travail.
Le nombre d’emplois qui manquent actuellement en France peut s’évaluer comme suit : 31 507 200 – 27 633 000 = 3 874 200 emplois.
Il manque donc à l’économie française 3,9 millions de personnes au travail. En se référant au taux de population active de l’Allemagne on trouverait un nombre d’emplois manquants bien plus élevé encore.
Ce chiffre de 3 874 200 emplois manquants est à comparer aux 5 688 700 chômeurs en catégories A, B et C de Pôle Emploi, sans compter les personnes classées en catégories D et E .
Pour redresser le pays, il faudrait créer en dix ans 180 000 emplois industriels par an, soir 900 000 au cours du prochain quinquennat.
Ces chiffres devraient conduire à des objectifs figurant dans le tableau de bord des autorités qui gouvernent le pays. La tâche du prochain président sera donc de prendre toutes les dispositions voulues pour créer le plus vite possible tous ces emplois nouveaux, de préférence en puisant dans le stock des 5,7 millions de « sans- emplois » recensés aujourd’hui par Pôle Emploi.
Sur la période avant confinement, la France avait aussi comme particularité une forte proportion de CDD. Il suffit de travailler une journée pour être compté comme travailleur à temps plein selon le BIT.
L’assistanat nuit à l’emploi. La gauche aime les chômeurs car ils votent pour elle. La droite pétocharde et qui est aussi de gauche n’ose pas réformer le système.
Donc pas de création de nouvelles entreprises racketées, donc pas d’emplois.
D’ailleurs la gauche dit qu’on travaille trop en France. Vivement les 18h par semaine avec doublement du salaire comme les enseignants ; et pour les cadres les 228 h par an comme les enseignants chercheurs (ex : S. Rousseau).
pour etre franc , la majeure partie des gens en france accepte l’idée d’une durée légale du travail qui est en fait une norme..
travaillez 18 heures si ça vous chante…
le temps de travail moyen en france devrait RESULTER du contentement des gens concernant leur revenus..
en gros mon collègue me dit toujours que sans la loi les patron feraient bosser leur salarié 12 heures par jours. quand il se plaint de on revenu…il faut augmenter les salaires.. tous les salaires de son niveau..
je ne vais pas le blamer, c’est la logique du système.. chaque groupe essaye d’obtenir le max des autres..
chaque groupe essaye d’obtenir le max des autres
il y a quand même une différence fondamentale entre le patron et le salarié, à ce niveau : la patron n’oblige pas le salarié à travailler pour lui. Tandis que le salarié qui exige (et obtient via les politiciens) une hausse de salaire exerce une contrainte sur son patron, ce qui n’a rien de contractuel.
CE qui compte c’est le salaire horaire et le contrat qui lie l’employé et l’employeur. SI quelqu’un ne veut pas travailler qu’il le fasse (si son contrat de travail est compatible) mais qu’il ne s’étonne pas de gagner peu et significativement moins que quelqu’un qui bosse !
Pourtant un chômeur qui veut un emploi ne devrait pas voter pour des gens sabotant l’économie du pays. Après les socialistes, Macron détruit le reste des fleurons économiques français: nucléaire, aviation, automobile, agro-alimentaire (de 1er en Europe nous sommes dépassés par l’Allemagne et les Pays-Bas, important plus que nous exportons, merci les écolos).
je ne comprends pas pourquoi on estime que les chomage des autres est d’une façon ou ‘une autre ma responsabilité.
le sujet c’est les aides sociales et la redistribution. redistribution qui en France se fait à de multiples niveaux , a chaque fois que celui qui reçoit n’est pas celui qui paye, qui pose que le pauvre doit être aidé quelque soit les raisons de sa pauvreté.
vous trouvez des tas de gens en France qui vous disent que certains salaires sont indécents, et qu’il est donc légitime de les refuser ..mieux les aides sociales sont parfois un choix « logique sur le plan strictement financier. J’ai entendu de la part de gens se disaient au rsa des commentaires avec un tel niveau de mépris pour les travailleurs tel que j’ai douté de leur authenticité..
Et tiens, il parait qu’amazon est un esclavagiste…
la question est pourquoi il y en a qui acceptent de bosser pour pour aider des gens qui leur crachent à la figure.
L’autre ratio qui conditionne le succès des économies est le nombre d’emploi étatiques rapporté au nombre d’emplois non-étatiques. Ce ratio n’est jamais donné en France
De l’ordre de 25%.
Nous avons un fort déficit de population active, deux qui regardent un qui bosse (ça vous dit rien) !
Nous avons un fort excédent d’Etat genre qui brasse de l’air en se mêlant de tout !
A cause de cela nous avons certainement le plus fort taux d’actifs en économie souterraine. Voilà pourquoi le pays ne s’écroule pas… encore.
Certes ce ne sont pas eux qui enrichissent l’état et l’URSSAF mais cela peut sauver un pays. L’italie survie uniquement grâce à cela.
Et on ne parle pas de tout ceux qui ont quitté le circuit et ne se sont pas inscrits a pole emploie et qui vivent hors circuit de petit boulots au noir plus ou moins légaux.
Une étude de l’OCDE de fin 2018 avait comparé les pays sur la base d’un indicateur plus pertinent – le plus pertinent à mon sens : le nombre d’heures travaillées par an et par habitant. Cet indicateur a l’avantage de synthétiser les autres : taux de chômage, âge moyen d’entrée dans la vie active, âge moyen de départ à la retraite, nombre d’heures travaillées par semaine, nombre de jours de congés et fériés par an, notamment.
Et selon cette étude, la France se classe dernière avec 630 heures/habitant/an. De mémoire, la Corée du sud est première avec près de 1050 heures. Des pays comme les USA, le RU, la Suisse sont à environ 850 heures.
Le chantier est titanesque !
PS : la productivité des Français semble très élevée, mais elle ne compense évidemment pas le différentiel d’heures travaillées.
PPS : dans les heures travaillées, nous avons en France un % d’heures de fonctionnaires – ou plus généralement d’administratifs – qui doit tutoyer les sommets, là aussi… et à mon avis, cela ne joue pas en faveur de la productivité horaire.
La productivité horaire est calculée pour les fonctionnaires par le salaire, rien d’autre. Une partie de l’emploi public est donc « officiellement » très productive. Le calcul faramineux de la productivité du travail français devrait être analysée en tenant compte de ce biais.
oui….
Désolé mais mon QI surement limité ne me permet pas de comprendre comment « la Population active de la France, en pourcentage de la population totale (Source BIRD) puisse être de… 34,4 % et que pour vous cela donne 30 033 000 de personnes ? La France aurait-elle dorénavant plus de 90 millions d’habitants, voir même plus de 100 millions? On nous aurait caché quelque chose?
Je pense que le terme (population active) a été mal choisi dans le texte juste avant le pourcentage de 34.4% puisque l’auteur parle de population effective au travail par rapport à la population totale du pays (cf texte juste au-dessus).
Si vous considérez la population exerçant un travail, il faut retirer de la population active tout ceux qui n’exercent pas de travail réel càd l’ensemble des différentes catégorie A, B, C, D et E de Pôle Emploi càd à peu près 6.4 millions de personnes.
Il reste donc 23,4 millions de personnes travaillant. Rapporté à une population de 67,4 millions d’habitant, cela donne une %age de 35%.
Il faudrait préciser ce qu’on appelle population active : population en âge de travailler, population au travail ou en cherchant, population au travail, population au travail en équivalent temps plein. Les 34,4% pourraient faire référence à la dernière.
Après il y a inactif et inactif. Je n’ai pas de jugement à porter sur quelqu’un qui voudrait pratiquer un hobby ou élever ses enfants au lieu de travailler.
Tant que cette personne ne devient pas un fardeau pour les travailleurs…
attention, kurzarbeit en allemand c est le chomage technique, pas le temps partiel !
pour le reste, comment l auteur propose de creer des millions d emplois ? ca ne se decrete pas.
Meme en admettant que le prochain president fasse tout ce qu il faut sans se tromper (une sorte d infaillibilité) ca mettrait des annees a faire effet (on cree pas une industrie comme ca en partant de 0. ce qui est en chine ne reviendra pas)
apres il reste evidement le probleme de la formation : si vous creez des postes de specialiste en production de vaccin (par ex) vous ne pourrz pas y caser les employes de bosch rodez qui fabriqueaient des diesels
Le taux de gens qui ne travaillent pas est directement provoqué par les aides sociales, rendant le travail non désirable!