2020, année noire pour la démocratie libérale

La France est, avec le Portugal, l’une de ces « démocraties complètes » dégradées en « démocratie imparfaite » en Europe occidentale par le journal The Economist.

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2020, année noire pour la démocratie libérale

Publié le 23 juillet 2021
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Par la rédaction de Contrepoints.

Pour The Economist, l’année 2020 a été celle du déclin pour les démocraties partout dans le monde. Sur tous les pays étudiés par un rapport commandé par le célèbre journal britannique, 70 % des démocraties ont vu leur situation se dégrader.

Les auteurs se sont concentrés sur deux points en particulier :

– l’impact de la crise covid sur la démocratie et la liberté, qui a abouti à un retrait massif des libertés civiles, à l’exacerbation de l’intolérance et de la censure des opinions dissidentes.

– l’état de la démocratie américaine, qui a tangué toute l’année durant, non seulement en raison de la crise sanitaire, mais aussi du mouvement Black Lives Matter et de la contestation de l’élection présidentielle.

The Economist classe traditionnellement les régimes en 4 catégories : les démocraties complètes, les démocraties imparfaites, les régimes hybrides, et les régimes autoritaires. Les positions varient en fonction de leur respect pour les principes fondamentaux qui gouvernent la démocratie et la liberté.

Chute de la France

La France est, avec le Portugal, l’une de ces « démocraties complètes » dégradées en « démocratie imparfaite » en Europe occidentale. À la lecture du rapport, la raison principale en revient à la multiplication des confinements et des couvre-feux, qui s’ajoutent aux autres restrictions sur la liberté de circulation au nom de la crise sanitaire.

La démocratie est imparfaite selon The Economist quand les élections sont libres et les libertés de base respectées, mais qu’il existe certaines faiblesses, notamment en matière de gouvernance, de culture politique sous développée ou encore de participation politique faible.

L’Europe occidentale demeure toutefois privilégiée. Globalement, 7 des 10 démocraties complètes en tête du classement mondial demeurent en Europe (Norvège, Islande, Suède, Finlande, Danemark, Irlande, Pays-Bas).

Taiwan et Hong Kong

Alors que l’Europe de l’Ouest perd deux « démocraties entières », l’Asie en gagne trois nouvelles, avec le Japon, la Corée du Sud et Taïwan. Le cas de Taïwan donne aux auteurs du rapport une occasion de se réjouir : le pays bondit de la 31e place en 2019 à la 11e place dans le classement des démocraties.

Indépendance de sa justice, transparence du financement des partis, et surtout, sa capacité à répondre fermement aux pressions chinoises ont fait du petit pays le nouveau symbole de la démocratie dans la région. Qui parle du nouveau symbole renvoie à l’ancien, Hong Kong, qui est passée en 2020 de « démocratie imparfaite » à « régime hybride », sous la pression de la normalisation chinoise.

La démocratie américaine sous tension

Depuis 2016, les États-Unis ont perdu leur statut de « démocratie complète » et se retrouvent dans la même catégorie que la France, celle des « démocraties imparfaites ». Pour The Economist, la montée de la défiance politique qui a abouti à l’élection de Donald Trump en est la principale raison.

Seulement, si la démocratie américaine ne semble pas s’améliorer, ses forces et ses faiblesses ont évolué en 2020. Le rapport note positivement la plus grande participation politique du pays en 2020, participation qui rejoint son plus haut score relevé depuis 2006.

Plusieurs événements nationaux ont boosté cet engagement, notamment la politisation de la crise sanitaire, les protestations contre les violences policières et en faveur de la justice raciale, et des élections présidentielle et législative perçues comme décisives.

Seulement, le revers de la médaille s’est traduit par une extrême polarisation du pays et le retour de la guerre culturelle entre progressistes et conservateurs. Le degré de défiance envers les institutions et les partis politiques a explosé, et les problèmes de gouvernance menacent maintenant la liberté d’expression. La confiance envers le processus démocratique s’est effondrée après la contestation des résultats de l’élection présidentielle par Donald Trump.

 

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  • a titre personnel le covid ne m’a rien dit.. mais on m’a beaucoup fait faire de choses en son nom.

  • Avec les derniers articles qui viennent de passer je m’étonne que la France ne soit pas classée en régime autoritaire. Comme disait Montesquieu, « il n’y a point de plus cruelle tyrannie que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice »

    • On parle de 2020. Qui sait comment l’Histoire parlera de 2021 – début d’une tyrannie de fer ou naissance d’un mouvement d’émancipation, l’avenir le dira.

      • Le monde fait une crise d’adolescence à cause de la diffusion de l’information et des réseaux sociaux. On sait que les crises d’adolescence sont une des principales causes de suicide.

        Les médias ou les journalistes ne sont d’aucune utilité en la matière, et au contraire l’aggravent car il font partie du problème.

        Y a-t’il un philosophe dans la salle ?

      • Pour l’émancipation, il faudrait une vision collective, ce qui n’est pas le cas. c’est plutôt chacun pour soi.

  • Quand on a la tête dans le sable, il ne faut pas être agrégé d’anatomie pour comprendre quelle partie est en l’air … Macron doit apprécier.

  • Et en 2021, la chute sera encore plus sévère…

  • Je suis un citoyen ordinaire, et je n’arrive pas à comprendre cette hystérie collective pour ou contre le vaccin. Elle fait suite à celle pour le masque, le confinement , le couvre-feu… Une tradition française?
    Il y a toujours dans les discours des uns et des autres des relents de conspirationnisme et autres dérives, même lorsqu’ils s’en défendent. cela me laisse pleins de réflexions, en vrac:
    – Le gouvernement fait pour moi ce qu’il peut (bien ou mal c’est un autre sujet) pour traiter un sujet qui le dépasse, mais je ne crois pas qu’il ait la volonté de nous nuire, ou involontairement.
    – On n’est pas en dictature, loin de là, je crois, au contraire, qu’on est de plus en plus dans un laxisme généralisé. La dictature demande de l’organisation et de l’autorité (qui a complètement disparue).
    – Le pays est au main de la haute fonction publique qui (tente d’imposer) impose des règles, tout en ne maitrisant pas grand chose.
    – A la charge du peuple, l’égoïsme et l’individualisme qui n’aident évidemment pas à améliorer les choses. On attend tout des autres et plus particulièrement de l’Etat, mais sans contrepartie (à part les impôts).
    – A plus ou moins long terme, je vois 2 issues pas drôles:
    – L’anarchie.
    – la dictature suite à la prise de pouvoir par quelqu’un qui en aura vraiment la volonté.
    Tant que l’on aura Macron et peut-être bientôt Bertrand (comme tente de nous le vendre les médias), on est tranquille, la déliquescence se poursuivra.

    • Un « -1 » c’est bien, mais une réponse ou un commentaire c’est mieux… L’objet de ce site est d’élever le débat et donc de discuter ou de se disputer, mais pas de faire un concours de pouces rouges ou verts…

    • Un commentaire ou une réponse est mieux que ‘-1’. Un site comme celui-ci implique d’élever le débat, pas de faire un concours de pouces rouges ou verts…

    • La dictature n’implique pas un contrôle effectif, simplement une volonté de contrôle. D’ailleurs les libéraux vous diront qu’il n’y a jamais réellement de contrôle effectif, qu’il n’est pas possible d’organiser les gens mieux que ce qu’ils ne s’organisent eux-même.
      Soit vous les organisez de force, ce qui demande des méthodes qui seraient immédiatement identifiées comme totalitaires. Soit vous ne faites rien par peur de l’opinion publique, et c’est le laxisme généralisé.
      Laxisme qui est ensuite utilisé par les extrêmes pour justifier une démocratie plus « musclée » afin de faire appliquer la LOI.
      Le problème fondamental est cette loi, si celle-ci requiert des méthodes totalitaires pour être mise en place, alors la voter revient à choisir entre le laxisme et la dictature.

      Vous semblez également confondre :
      – l’individualisme qui est une doctrine philosophique qui place l’individu au cœur des rapports sociaux.
      – l’égoïsme qui consiste pour chaque personne de prendre les décisions qui lui sont directement bénéfiques (dans la nature du vivant)
      – le Parasitisme qui est la manifestation de cet égoïsme en régime non-libéral.

      Un régime libéral suppose l’égoïsme et propose des règles permettant à chacun d’agir selon ses propres intérêts sans nuire à autrui. Un régime Socialiste suppose l’Altruisme et se contente de punir tout ceux qui dérogent à ce modèle de l’Homme idéal.
      Dans un pays où les Goulags sont mal vus, punir les parasites se révèle difficile politiquement. D’autant plus difficile que de nombreux parasites sont contraints d’adopter cette position tant leurs opportunités sont réglementés et leurs revenus taxés. D’où un laxisme à leur égard et une multiplication de ces comportements revenant à vivre au crochet des autres à en usant de la puissance étatique.

      La France est un régime Socialiste en plein effondrement économique et social, elle peut s’effondrer à la Vénézuélienne, avec un renforcement du pouvoir, une suppression de l’opposition et une discipline toujours plus stricte afin de garder le contrôle.
      Ou elle peut s’effondrer à la Scandinave avec des réformes massives de la dépense publique, de la réglementation et du rôle de l’Etat.
      Le quinquennat de Macron soit disant réformateur à en réalité été constellé de lois anti-fake-news, anti-casseurs, passe sanitaires, confinements, anti-haine sur internet, … La direction est donnée.

      Quand un gouvernement se considère mieux placé que vous pour choisir ce que vous devez faire de votre propre vie, alors il vous considère comme un moyen et non comme une fin. Il vous traite comme un objet, un chiffre à faire monter ou descendre en fonction des besoin du moment.
      Vous considérer comme fondamentalement immature et incapable de vivre votre vie en adulte autonome c’est DÉJÀ vous nuire. Que les gouvernements fassent ça avec des bonnes intentions, ça peut arriver, mais l’enfer en est pavé vous savez.

      En parlant de pavé, il me parait urgent de m’arrêter. J’espère avoir expliquer pourquoi votre commentaire a suscité des -1 sur ce site libéral.

      • Réponse longue et argumentée.
        Je suis libéral de nature, et malheureusement ce qui me désole parfois sur contrepoints c’est un peu une sorte « d’extrémisme » libéral, sans nuance ni demi-mesure. Et si vous osez dire dans un commentaire que, un (tout petit) peu, d’état est tout de même nécessaire pour la cohésion de notre société, les « -1 » tombent assez vite.
        Sur certains sujets, les commentaires sont un peu dans l’entre-soi du style « plus libéral que moi, tu meurs », alors oui c’est valorisant de collectionner les « +1 », mais cela reste de l’autocongratulation de salon.
        De même, et je le redis, je pense que beaucoup de (soi-disants) libéraux se servent du libéralisme pour défendre des intérêts bassement égoïstes ou individualistes, sans aucune considération pour le collectif.
        Le meilleur système est un mélange subtil de libéralisme et de socialisme, mais nous sommes bien d’accord que chez nous, la balance penche un peu trop du côté du second.

        • Sans vouloir vous offenser, si vous souhaitez un système mixte entre Socialisme et Libéralisme, alors vous n’êtes de fait pas libéral. Vous semblez plutôt défendre une certaine Sociale-Démocratie à la Macron/Merkel/Juppé.
          Un Etat qui subordonne les activités sociales et économiques aux intérêts du groupe, tout en laissant dans la mesure du possible les individus libres de leurs choix en d’autres termes. Le fantasme de la troisième voie, qui mène justement à la faillite (Scandinavie, UK, France) ou au Fascisme, qui étaient les premiers à emprunter cette « troisième voie ».

          Cette analyse n’est pas compatible avec la vision libérale car l’intérêt Général (Transcendant les individus) n’existe pas, il existe au mieux un intérêt commun (Commun à l’immense majorité de la population).
          Pour un libéral, assujettir les individus à la recherche de l’Intérêt Général, consiste ni plus ni moins à favoriser certaines groupes par rapport à d’autres, sur la base de leur taille (99% > 1%), de leur influence (Syndicats > Majorité Silencieuse), de leur image sociale (Handicapés > Valides), …
          Pour Bastiat « L’Etat est cette grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre au dépens de tout le monde », on pourrait ajouter que l’appel à l’intérêt Général en est généralement le moteur.

          Je suis d’accord avec vous qu’il y a une tendance pour les Libéraux à devenir Libertariens, Minarchistes ou Anarcho-Capitalistes.

          En tant que Libéral la poursuite de l’intérêt Commun par l’Etat ne me dérange pas. On pourrait citer en exemple les Chèques Scolaires, un Revenu de base (500-800€/hab), et même éventuellement la prise en charge de maladies orphelines pour lesquelles l’obtention d’assurance pourrait être difficile. Dans chacun de ces cas, on peut argumenter que – dans la mesure ou l’impôt est équitablement réparti (= pas de progressivité) – même les contributeurs nets, sont gagnants.
          On peut raisonnablement estimer que ces mesures apportent plus en termes de sécurité, de propreté, de prospérité, d’économies dans d’autres budgets (baisse de la criminalité, …) que ce qu’elles ne coûtent, même dans le cas des contributeurs nets. Et sont donc des réformes qui améliorent la situation de tout le monde.

          Mais cela nécessite une grande rigueur est un contrôle constitutionnel et démocratique qui n’existent simplement pas en France. Je comprends donc la position de nombreux lecteurs de ce site, qui préfèrent la solution absolue, seule garante réelle du respect des droits.

    • Merci pour vos réponses très intéressantes.
      Pour le débat vaccin / pass sanitaire, je crois que l’idée du gouvernement est d’atteindre le plus vite possible un taux de vaccination suffisamment élevé (de l’ordre de 90 %) afin que l’immunité collective fasse effet et que le virus disparaisse de lui-même, ce qui est évidemment souhaitable. Après le gouvernement tente une manière un peu forte, parce que peut-être il ne fait pas suffisamment confiance aux gens pour qu’ils prennent la décision eux-mêmes. c’est l’éternel débat de la relation état/citoyen subtil mélange de liberté/consentement/contrainte. La question que je me pose, c’est si l’état n’imposait aucune contrainte de vaccination, si ce n’est la faciliter et l’expliquer, est-ce que cela aurait une incidence sur le taux et la vitesse de vaccination?

  • La note de la France était de 7.80 en 2018, 8.12 en 2019 et 7.99 en 2020 ( https://en.wikipedia.org/wiki/Democracy_Index ). Il faut 8.00 pour être considéré comme « démocratie complète ». Ce qui interroge, c’est donc bien plutôt ce qui a fait progresser la note de la France entre 2018 et 2019…

    • Le classement est un peu au doigt mouillé par des observateurs externe qui se renseignent sur Internet ou dans les médias sans connaître intimement les systèmes politiques et leurs réalités.
      .
      La Suisse, une des rares démocraties directes ou le peuple vote les lois est ainsi moins bien classée que des royaumes parlementaires et la France est bien trop haut.
      « 9.58 » pour le pluralisme en France c’est une vaste blague, ils sont tous socialo-étatistes jusqu’au bout des ongles et les collectivistes ont même de vraies entrées.
      La Suisse a la même note alors que des « libéraux » et une vraie droite sont au pouvoir ce qui n’existe pas en France.
      .
      Disons que ça reste une base.

  • La descente devrait continuer au rythme auquel notre gouvernement va

  • Le liberalime en 2021, ca existe vraiment… Non. Aucun pays n’est liberal.. Et c’est normal, chacun fait ce qu’il veut en face des événements, hors de question déprendre les sondages comme guide ou l’avis du figaro.
    Le libéralisme n’existe pas , il faut en prendre conscience si c’est possible, en tout cas c’est difficile pour les liberaux ce qui explique que, ils disparaissent.
    Corona virus, probleme simple, que peut apporter le libéralisme, rien.
    L’avenir est aux gens qui défendent leurs convictions, ce qui n’est pas le cas des libéraux… Parler, écrire, ne suffit pas.

  • Si on parle bien de la même chose, l’indice de démocratie, il y a bien longtemps que la France est une démocratie imparfaite… Une bonne dizaine d’années.

  • Le Japon et la Corée du Sud économies complètes!
    The Economist est un sacré farceur!

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