Par Pierre Farge.
Saisie par les autorités américaines, la justice britannique a refusé la demande d’extradition de Julian Assange, le lanceur d’alerte des Wikileaks. Si ce refus semble heureux à l’opinion, il ne permet pas pour autant sa libération. Pierre Farge, avocat de lanceurs d’alerte, témoigne ici comment, en réalité, la situation s’aggrave.
Début janvier 2021, onze ans après les premières révélations dites Wikileaks, un énième chapitre s’écrit pour Julian Assange, le lanceur d’alerte détenu dans une prison londonienne depuis deux ans et encourant 175 ans d’emprisonnement s’il est extradé.
Ce n’est qu’à la faveur de fragilités psychiatriques que le refus d’extradition lui a été accordé ; le magistrat appréciant un risque de suicide élevé, plutôt qu’assumant la liberté d’expression ou encore le droit à l’information.
Il est en effet malheureux que le refus d’extradition d’un lanceur d’alerte ayant permis de révéler des pratiques gouvernementales nuisant à l’intérêt général, voire diplomatiquement scandaleuses, se fonde essentiellement sur un état mental fragilisé, plutôt que les droits à l’origine de ces troubles. C’est parce que Julian Assange s’est battu pour la liberté d’expression et le droit à l’information dans le cadre de son alerte (la cause) qu’il est aujourd’hui fragilisé physiquement et moralement (la conséquence), et pas l’inverse.
Il est également malheureux que le magistrat ne se soit pas inspiré des travaux effectués pour la transposition de la directive relative à la protection des lanceurs d’alerte en droit interne, qui aurait dû être transposée au plus tard le 17 décembre prochain, s’il n’y avait pas eu le Brexit. Ce postulat va aux antipodes de pays comme le Danemark ayant annoncé ces jours-ci que cette transposition chez eux interviendrait largement pour s’appliquer à davantage de délits que ceux prévus par le texte européen.
Cet état de fait pose donc quelques questions au regard de la protection des lanceurs d’alerte, leur laissant certes une possibilité théorique d’alerte, mais d’encourir toujours de lourdes peines ou un harcèlement procédural sur des décennies.
Dès lors, comparaison n’est pas raison. Toutefois, le cas de Snowden mérite d’être rappelé pour témoigner de la différence de traitement avec Julian Assange. L’un et l’autre font l’objet de poursuites des autorités américaines pour avoir divulgué des informations confidentielles. L’un et l’autre se sont réfugiés dans un État différent de celui dont ils sont originaires. L’un et l’autre font l’objet d’une demande d’extradition des États-Unis.
Pourtant, la Russie, accueillant Snowden, a refusé de l’extrader, sans jamais le placer en détention ; il a même successivement obtenu l’asile temporaire, un permis de séjour, un droit d’asile, et peut aujourd’hui librement se déplacer sur ce territoire.
Julian Assange, quant à lui, limite ses déplacements depuis bientôt deux ans à 9 m2. Quand bien même son extradition a été refusée, cet atlantisme britannique fait donc honte à l’État de droit, et une protection mondialisée du droit d’alerte.
Le cas Assange pose la question de la nature du lanceur d’alerte quand celui-ci sélectionne, en fonction de ses propres convictions politiques, les informations qu’il rendra publiques et le moment où il le fera.
Ce qui explique qu’il bénéficie du soutien total du gouvernement russe. https://www.rfi.fr/fr/europe/20190411-moscou-soutien-total-julian-assange
Pour le maintien d’Assange en prison, c’est la conséquence directe de ce qu’il a fui la justice britannique, qui avait ordonné son extradition vers la Suède pour y répondre d’une affaire non-politique, en obtenant l’asile à l’ambassade d’Equateur, pays dirigé à l’époque par le très à gauche Correa.
Cette fuite devant la décision de la justice a justifié son immédiat emprisonnement dès qu’il a été forcé de la quitter. C’est également la cause de son maintien en détention pendant l’appel des USA, Assange ayant déjà montré sa volonté de se soustraire aux décisions de la justice britannique.
Il est ironique de noter que cette fuite d’Assange avait, selon lui, été motivée par sa crainte d’être extradé de Suède vers les USA alors que ce risque était plus grand en restant en GB, allié traditionnel des USA.
La bonne vieille méthode des services britanniques ; on tue à petit feu sans sourciller…largement utilisée en son temps en Afrique du Sud….
C’est clair que la déportation des Boers en Inde était c’était à peu près ça. Pour jeter les « casse pieds » dans des oubliettes et jeter la clef la perfide Albion (que j’adore par ailleurs) est vraiment sans pitié.
respect pour les lanceurs d’alerte ; ils ont dans le pantalon ce que n’ont pas les dirigeants ;
Il risque de finir comme Aaron Swartz
https://www.rfi.fr/fr/ameriques/20130125-mort-aaron-swartz-genie-informatique-militant-internet-libre
Pauvre gars, manipulé, et maintenant sans doute en hôpital psychiatrique. En fait, ses révélations, n’ont fait qu’amplifier le phénomène d’asservissement des population à une pensée plus qu’unique, inexistante, ils pensent pour nous.
Le juge londonien n’a pas été courageux en effet. La lecture de son jugement est en effet désolante. Le juge ne se contente pas de refuser l’extradition pour des motifs humanitaires, mais rejette l’un après l’autre tous les arguments développés au fond par la défense d’Assange.
Ce qui attend un vrai lanceur d’alerte, en France :
https://www.huffingtonpost.fr/entry/amar-benmohamed-policier-lanceur-dalerte-sur-le-racisme-averti-pour-avoir-tarde-a-parler_fr_5ffe0609c5b66f3f7961ef49?ncid=newsltfrhpmgnews#EREC-101