Barbara Pompili signe une pétition et s’auto-interpelle…

Étonnamment, Barbara Pompili signe une pétition demandant au gouvernement (dont elle fait partie) « l’interdiction de tous les pesticides de synthèse en France ».

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Barbara_Pompili 2014 Wikipedia

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Barbara Pompili signe une pétition et s’auto-interpelle…

Publié le 18 septembre 2020
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Par André Heitz.

Mme Barbara Pompili, ministre de la Transition Écologique a reçu le mardi 15 septembre 2020 une « délégation » de l’association – c’en est une, elle est enregistrée – Nous voulons des coquelicots. Celle-ci lui a remis les signatures de « 1 135 131 citoyens qui exigent la sortie des pesticides ».

Petite précision : des pesticides de synthèse. Pas de ceux qui sont utilisables et utilisés en agriculture biologique, et dont l’interdiction mettrait dans de beaux draps les sponsors et commanditaires de l’opération.

Rappelons que, loin d’être le fruit d’une génération spontanée, l’opération a été soigneusement préparée en amont, comme en témoigne le fait que le site Web a été enregistré par Générations Futures.

Jusque là, tout va bien. Enfin… que représentent ces « signatures » (Jules César a signé ! Bolobolo Kloop aussi !) ? Quel crédit le gouvernement peut-il accorder à cette opération ? Quel message est envoyé aux propagandistes de tout poil qui peuvent se sentir en droit de monter des opérations largement contestables ?

Mais voici que Mme Barbara Pompili signe l’« Appel à la résistance pour l’interdiction de tous les pesticides » – rappel : sur Internet, on a fini par préciser dans le titre : « de synthèse ». Un appel d’une profonde débilité (petit décryptage ici).

C’est là que commence à se poser un énorme problème pour la gouvernance de la France. Rien que le fait de signer une pétition selon laquelle « Nous exigeons » – elle exige – “de nos gouvernants” – donc d’elle-même – “l’interdiction de tous les pesticides de synthèse en France. Assez de discours, des actes”

Une pétition outrancière et mensongère, qui débute par « Les pesticides sont des poisons qui détruisent tout ce qui est vivant ». Qui prétend par exemple que : « Quand un pesticide est interdit, dix autres prennent sa place. »

Une pétition d’une entité qui n’a eu de cesse de critiquer la gouvernance française et de dénigrer, voire diffamer, l’ANSES et ses dirigeants, une agence dont Mme Barbara Pompili est ministre de tutelle… De vilipender et dénigrer également l’agriculture et les agriculteurs qui nous nourrissent. Et, de temps à autre, d’appeler à la violence.

Non seulement elle signe, mais elle s’en vante :

Il va de soi que cette démarche a suscité un tollé sur les réseaux sociaux, à la hauteur du scandale.

En septembre 2018, le Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France écrivait dans « Attaques contre l’ANSES : une remise en cause inacceptable de la science »

« Il est aujourd’hui primordial que les ministères de tutelle de l’ANSES en charge de la Santé, de l’Agriculture, de l’Environnement, du Travail et de la Consommation réaffirment tous leur confiance dans les travaux de l’agence et s’appuient sur ses avis scientifiques et non sur le lobbying de personnalités ou d’ONG environnementalistes. Celles-ci ont pris pour habitude de diffamer l’excellence du travail réalisé par l’ensemble de l’organisation sanitaire française (pouvoirs publics compris). Cette pression sur la science et les scientifiques est une nouvelle preuve du populisme écologique qui se développe en France et que l’on a vu à l’œuvre dans les débats sur la vaccination. »

Ce populisme est maintenant porté par la ministre de la Transition Écologique !

Pour quels résultats ?

Fabrice Nicolino commente dans Le Monde, dans « Quand la ministre Barbara Pompili signe une pétition réclamant l’interdiction des pesticides », avec en chapô un perfide mais très juste : « La ministre de l’Écologie soutient l’appel des “coquelicots” alors que le gouvernement s’apprête à réautoriser partiellement les néonicotinoïdes » :

« C’est un moment important, on sort de ce mépris épouvantable qui nous a obsédés pendant ces deux années. Le fait que la numéro trois du gouvernement accepte de contresigner notre appel, c’est tout de même une très bonne nouvelle, et ça clôt ces deux années d’efforts collectifs de manière plutôt heureuse. »

Il y a aussi ce commentaire assassin de M. Yannick Jadot :

« Signer d’une main le retour des néonicotinoïdes alors que l’usage des pesticides a augmenté ces dernières années et, de l’autre, signer des engagements portés par les mouvements de la société civile : on dépasse les limites de la duplicité. »

Il a peut-être raison, M. Yannick Jadot. Au-delà de la duplicité, il y a bien autre chose.

Fabrice Nicolino s’est-il réjoui ? Sur son site, dans « Ce que les coquelicots ont vraiment dit à Barbara Pompili… », le ton est fort différent ! Il est d’abord relevé que :

« … après la lecture du texte qui suit, la ministre de la Transition Écologique, sous les regards consternés de ses conseillers, a pris son stylo et signé l’Appel des coquelicots. »

Et ensuite ? Extraits de la déclaration :

« Nous ne pouvons plus attendre, et vous faites pourtant comme si. La crise de la vie sur Terre, et donc en France, est totale. Vous le savez, mais vous faites semblant qu’il n’en est rien, préférant miser sur une carrière politique qui a fait de vous le numéro trois du gouvernement. […]

Madame Pompili, vous êtes responsable. Vous êtes responsable personnellement, et nous n’acceptons pas les subterfuges habituels. Vous ne pouvez décemment vous abriter derrière des arguties. […]

C’est ce droit-là que vous devez défendre contre tous ceux, si nombreux, qui nous enfoncent dans une crise sans issue. Mais vous ne le faites pas. Et pour cette raison, le mouvement des Coquelicots dépose ce 15 septembre 2020 une plainte majeure contre vous. Elle n’est pas pénale, elle est morale. Et fondamentale. C’est une plainte solennelle pour non-respect de votre propre parole. C’est une plainte pour non-assistance à des milliards d’êtres vivants en danger de mort immédiate, dont le peuple des abeilles n’est qu’une première ligne. C’est une plainte qui restera. Cette flétrissure vous suivra tout au long de votre vie. À moins que ? »

Insultée de la sorte, une ministre de la République prend sa plume…

Et au détour d’un entretien sur Europe 1, on apprend qu’elle avait déjà signé « il y a quelques années ».

Au final, est-ce le summum de la duplicité comme le dit Yannick Jadot ? Du machiavélisme ?

Il sera maintenant difficile pour Mme Barbara Pompili de porter une loi qui permettra l’enrobage des semences de betteraves avec un néonicotinoïde pour lutter contre les ravages de la jaunisse. En fait, elle n’a plus sa place au gouvernement.

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