Le changement de Premier ministre ou le transfert d’inefficacité

Avec un changement de Premier ministre, ces remaniements à la française donnent juste une illusion de changement et de réforme.

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Capture d'écran YouTube AFP-Jean Castex

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Le changement de Premier ministre ou le transfert d’inefficacité

Publié le 10 juillet 2020
- A +

Par Nicolas Lecaussin.
Un article de l’Iref-Europe

Le changement dans la continuité. Emmanuel Macron perpétue une tradition monarchique bien ancrée chez les présidents français : se débarrasser du Premier ministre lorsque son parti perd aux élections locales.

Le changement du Premier ministre est accompagné d’un remaniement ministériel décidé par le… président alors que le gouvernement est normalement responsable devant l’Assemblée nationale élue démocratiquement par le peuple français et que, justement, il devrait en être l’émanation. Or, il n’en est rien.

Le nouveau Premier ministre : ça commence très mal

Sans aucune gêne, le Président se débarrasse du chef du gouvernement et en nomme un autre. Pire, il en nomme un qui n’est nullement représentant du parti majoritaire à l’Assemblée (c’était d’ailleurs le cas avec Édouard Philippe). Jean Castex – un total inconnu – vient de la droite, a travaillé et a eu des fonctions importantes auprès de personnalités politiques comme Xavier Bertrand et Nicolas Sarkozy.

Ses seules « références » : il est énarque et haut fonctionnaire. Parcours typique d’un « serviteur de l’État », nous dit-on. Mais de quoi et de qui la France a-t-elle besoin ?

Cette crise économique devrait normalement déboucher sur des réformes. Selon ses premières déclarations, Jean Castex ne paraît pas être la personne idéale. Son directeur de cabinet est Nicolas Revel, le fils de Jean-François Revel. Le père était libéral, le fils est énarque et socialiste.

Lors de la passation des pouvoirs, s’adressant à Édouard Philippe, Jean Castex a affirmé qu’à la fin de l’année dernière, « la France avait l’un des taux de croissance les plus élevés d’Europe ».

C’est faux. Selon Eurostat, parmi les 27 États membres de l’UE, huit ont enregistré en 2019 une croissance d’au moins 3 % du PIB, et neuf une croissance comprise entre 2 et 2,9 % du PIB. Avec 1,3 % de croissance la France fait partie des derniers de la classe, devancée même par la Grèce (1,9 % de croissance). C’est même moins bien qu’en 2018 (1,7 % ).

Un Premier ministre qui ne connaît pas le taux de croissance de son pays par rapport aux membres de l’Europe, ça commence mal…

Lors de son interview sur TF1, il a aussi affirmé que « l’État devrait investir dans les secteurs d’avenir », phrase totalement creuse, une vraie phrase d’énarque pur et dur convaincu que l’État sait tout mieux que tous et dans tous les domaines.

Alors que personne n’a une idée très précise de ce que sont les secteurs d’avenir. L’histoire montre qu’à chaque fois que l’État a cru le savoir, cela a fini en catastrophe (Bull, Minitel, Plan Calcul…).

Ce qu’il faut craindre c’est donc une nouvelle période d’interventionnisme étatique macronien par l’intermédiaire du nouveau Premier ministre, vizir aux ordres de l’Élysée. L’Assemblée sera, de nouveau, une simple caisse de résonance, le Président préférant suivre les propositions (146 sur 149) d’une Convention climatique qui veut instaurer une société totalitaire.

La pratique du remaniement, une tromperie élyséenne

Enfin, faut-il rappeler que ces « remaniements » et changements de Premier ministre après des élections locales sont des pratiques exclusivement françaises ? Avec son double exécutif, la France licencie presque systématiquement le chef du gouvernement et change les ministres si le parti au pouvoir prend une raclée aux élections. Bien entendu, le chef de l’État reste intouchable.

C’est un cas unique parmi les pays occidentaux. Angela Merkel n’a pas modifié son gouvernement après avoir perdu les élections régionales ou municipales. Pareil au Royaume-Uni. Aux États-Unis, si le parti du président perd les élections de mid-term, on ne vire pas le vice-président ou les secrétaires d’État.

Ces remaniements à la française donnent juste une illusion de changement et de réforme. L’idéal aurait été de supprimer la fonction du Premier ministre et de mettre en place un programme capable d’apporter des bouffées d’air à l’économie.

Il est à craindre que rien ne se passera et que la France sombrera encore plus. De toute façon, il est probable que désormais, la priorité de Macron est de se préparer pour la présidentielle…

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  •  » la France avait l’un des taux de croissance les plus élevé d’Europe…. » commencer son mandat avec un si gros mensonge , ça promet ….

    • je crois que le pire c’est qu’ils y croient à leurs mensonges car ces infos leurs sont données par leurs conseillers et ils les prennent pour argent comptant ce qui explique leur déphasage avec la population de ce pays et leur incompréhensions des problèmes , il y à bien longtemps que ce gugusses ne réfléchissent pas par eux même

      • Ce sont des mots qui embellissent leurs discours, alors ils se moquent pas mal de savoir si ce sont des mensonges ou des vérités.

        • N’oubliez pas que l’imposture est partie intégrante d’une campagne électorale à la française!…

        • De toute manière, vous pensez que le citoyen lambda a conscience que c’est un mensonge ? Ils n’y connaissent rien en économie, comment pourraient-ils savoir quel est le taux de croissance d’un pays et encore pire, ce qu’est la croissance du pays ?

          • Les gens sont moins cons que ça, d’ailleurs c’est rare de trouver quelqu’un satisfait de son gouvernement en France quelque soit l’époque. Mais c’est plutôt que c’est de la macro économie qui n’a qu’un impact indirect sur leur vie. Si le PIB fait +1% ou +3%, tant que la société pour laquelle il bosse tourne, où est le pb ? On lui rabâche depuis 40 ans que c’est la crise de toutes façons.

    • En fait de croissance, fin 2019, la France entrait en récession.

      « Au quatrième trimestre 2019, le PIB baisse légèrement (–0,1 %) »
      https://www.insee.fr/fr/statistiques/4299215

      « Mon Dieu, ils ont un fou en liberté ! »

  • L’idéal n’est pas de supprimer le poste de premier ministre, mais de respecter la constitution
    Ce n’est pas le cas,le calife élyséen s’asseyant dessus.
    Il est grand temps de virer ces gignolos
    Il y a des coups de pied au cul qui se perdent.

    • « Il est grand temps de virer ces gignolos »

      Ah le fameux « dégagisme » !… On a vu ce que ça donne : ceux qui sont virés avec « des coups de pied au cul » sont remplacés par de nouveaux zozos tout aussi nuls, si ce n’est pire…

  • Hollande croyait en l’aspect cyclique de l’économie et qu’il suffisait donc de ne rien faire pour assurer sa réélection.

    Macron est plus moderne. Il croit en la « destruction-créatrice ». Il s’attache donc à bien tout casser pour relancer l’économie – avec un super-fonctionnaire en chef pour créer …

    Encore un qui va guetter le début de tendance d’inversion de la courbe d’accélération du chômage pendant 2 ans.

  • Emmanuel Macron aspire à la prorogation de son règne au moins jusqu’en 2027 et, avec ce changement d’équipe gouvernante, il est persuadé d’avoir mis en place la meilleur équipe de campagne électorale pour 2022!
    Tout le reste n’est que littérature….

  • Nous n’allons quand même pas regretter le têtu Edouard.

  • Le président peut faire ce qu’il veut , une petite minorité a la majorité pour imposer sa bureaucratie pour tuer l’économie.
    70 % ne votent pas , certains reçoivent beaucoup d’aides en ne choisissant aucun parti. Les énarques se chargent de tout . Maintenant in le faut pas pleurer sur la déconfiture de la France.

  • Le problème de M. Macron est qu’il ne pense qu’à la présidentielle de 2022 depuis son élection en 2017! Il est en campagne perpétuelle. Ceci étant, le premier ministre devrait être choisi par le parlement, pas par le président.

  • Un plouc qui plait … ❗
    Plouc, enfin, selon certains…

  • Article remarquable de justesse…. C’est à désespérer de la France!

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