Par Ioannis Lixouriotis.
Avions-nous besoin de la brutalité de la récente crise de Covid-19 pour comprendre, non seulement en Grèce mais dans de nombreux pays à travers le monde, qu’il existe un grave problème de compatibilité de la réglementation du travail avec l’ère moderne de la mondialisation et de la quatrième révolution industrielle ?
En Grèce, un droit du travail rigide et inadapté
En tout état de cause, il convient de noter que cette fois l’hésitation des gouvernements des pays européens à résoudre le problème de l’insuffisance du droit du travail a été fortement réduite par la soudaineté et l’extrême intensité du phénomène de la pandémie.
Étant donné que le modèle traditionnel de gestion réglementaire de l’environnement du travail semble totalement inadapté pour répondre aux besoins des entreprises touchées par la crise sanitaire, des injections de flexibilité dans les modes de travail ont dû être pratiquées hic et nunc.
Il est maintenant devenu évident que l’extrême rigidité de la réglementation du travail n’est pas en mesure de protéger la santé des travailleurs menacés par la pandémie ni de protéger les emplois affectés par le ralentissement économique.
Ainsi, en raison de la complexité particulière des circonstances développées par le Covid-19 et de la nécessité de protéger directement la santé de la population et des travailleurs, un grand nombre des fondamentaux des conditions de travail a dû être relativisé.
Le caractère sacré de l’inviolabilité des termes du contrat de travail semble être remplacé par l’impératif du maintien de l’emploi et même de la vie des travailleurs.
En particulier, il s’est avéré que la modification de certaines conditions de travail, en particulier celles relatives au lieu et au temps de son exécution, ne constitue pas une violation ex principio de l’intérêt du salarié, mais, au contraire, peut être un outil important pour maintenir la fonction productive, et par conséquent, pour sauver les emplois.
Télétravail et incohérence syndicale
Prenons l’exemple du télétravail qui est fortement critiqué en Grèce. Cette façon de travailler n’est rien d’autre qu’une application des technologies de l’information et de la communication dans tous les types d’emplois et repose principalement sur l’utilisation de l’Internet et de ses diverses applications (smartphones, Skype, fax, etc.).
Il est incontestable qu’après l’assaut de Covid-19, l’utilisation ou le recours au travail à distance permet de sauver, en Grèce mais partout dans le monde, des centaines de milliers, voire des millions d’emplois, en gardant active une grande partie des activités économiques des pays touchés.
De cette façon, la difficulté des travailleurs à se déplacer vers leur lieu de travail a été largement remplacée par la mobilité en ligne qui a permis de poursuivre dans une large mesure la fourniture de la main-d’œuvre, non seulement à l’intérieur des frontières des États mais aussi à l’échelle internationale.
Cependant, au-delà de l’utilité circonstancielle du télétravail pour faire face aux risques sanitaires sont apparus des avantages importants.
En plus de l’utilité occasionnelle du télétravail pour se protéger de la pandémie, son usage a mis en évidence des avantages permanents importants. Nous ne faisons pas seulement référence à la réduction du trafic et de la pollution de l’environnement qui en résultent, qui sont sans aucun doute des effets positifs, mais aussi à sa contribution significative à la question de la soi-disant réconciliation du travail salarié avec les choix et les besoins personnels et familiaux des travailleurs.
Il convient de noter que, depuis plusieurs décennies, cette question est au centre des principales stratégies des syndicats, de l’Union européenne et de l’Organisation internationale du travail.
Par conséquent, il n’est pas cohérent que d’une part les syndicats exigent que des mesures soient prises afin de concilier travail et besoins personnels et familiaux des salariés et, d’autre part remettent en cause l’expansion du télétravail en raison de leurs obsessions, à un moment où celui-ci prouve de plus en plus son importante contribution dans la vie quotidienne des travailleurs.
Par exemple, nul besoin d’une grande intelligence pour constater que le télétravail résout quelques problèmes pour les travailleurs ayant des enfants mineurs ou qu’il convertit le temps perdu en transport en un temps utile pour la satisfaction de leurs besoins personnels.
La flexibilité comme autre réponse
Sur la base des dispositions spéciales dues à Covid-19, en plus du télétravail, le gouvernement grec a introduit d’autres mesures qui ont donné une aura de flexibilité dans la gestion des relations de travail.
Nous faisons référence au transfert temporaire d’employés entre entreprises coopérantes, de sorte qu’au lieu que l’employé de l’entreprise affectée par le Covid-19 se retrouve sans activité et donc licencié, il puisse être transféré par son employeur vers une autre entreprise du même groupe, afin de continuer à travailler. Ainsi il maintient une activité professionnelle, tout en conservant son poste de travail.
De même, en Grèce, dans le même contexte de crise sanitaire, des dispositions spéciales ont été prises pour la gestion du temps de travail, la facilitation de l’utilisation du travail posté, mais aussi pour la mise en œuvre de l’organisation de suspensions temporaires des relations entre employés. Cela évite la surpopulation sur le lieu de travail tout en maintenant des relations de travail satisfaisantes, malgré la réduction de l’activité de l’entreprise.
Pour conclure, alors que ce serait souhaitable et une excellente occasion pour les syndicats grecs de faire preuve de maturité et de traiter sérieusement la question de la crise du Covid-19, malheureusement, tout au long de la crise sanitaire, ils se sont malheureusement à nouveau limités à leurs récriminations habituelles en ravivant des revendications dénuées de sens. Une fois de plus, les syndicats ont raté l’occasion de comprendre la réalité et de prouver leur utilité.
La Grèce est en train de devenir plus libérale que la France…
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