Eurogroupe : le plan à 500 milliards, un pas vers la mutualisation des dettes ?

L’Eurogroupe s’est mis d’accord sur un plan de soutien d’envergure – 500 milliards d’euros – envergure relative si on le compare aux 2300 milliards des États-Unis.

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Eurogroupe : le plan à 500 milliards, un pas vers la mutualisation des dettes ?

Publié le 15 avril 2020
- A +

Par Nathalie Janson.

Après trois jours d’âpres négociations, la fumée blanche est enfin sortie de la salle virtuelle de conférence… L’Eurogroupe s’est mis d’accord sur un plan de soutien d’envergure – 500 milliards d’euros – envergure relative si on le compare aux 2300 milliards des États-Unis.

Ce plan inclut plusieurs volets.

  1. Soutien aux PME financé par la BEI porté à 200 milliards d’euros garanti par les États membres.
  2. Petite victoire française : création d’un nouvel instrument – SURE – destiné à financer les mesures de chômage partiel. La Commission européenne pourrait lever jusqu’à 100 milliards d’euros avec la garantie des États à hauteur de 25 milliards d’euros comme dans le cas de la BEI.
  3. Non des moindres : accès aux lignes de crédit du Mécanisme Européen de Stabilité – MES –  à tout pays en difficulté à hauteur de 2 % du PIB des pays de la zone euro – 240 milliards – avec comme seule exigence la restriction de l’affectation des fonds aux dépenses directes ou indirectes liées à la crise sanitaire du Covid-19.

Cet accord permet de voir le verre à moitié plein ou… à moitié vide

Cette avancée est-elle le signe que la hache de guerre entre les Pays-Bas et l’Italie est enterrée ? Rien n’est moins certain à la lecture de la différence d’interprétation de la conditionnalité d’accès aux lignes de crédit auprès du MES.

Les Pays-Bas se sont félicités d’avoir obtenu que cet accès soit conditionné à la destination des fonds pour couvrir les dépenses directes ou indirectes liées au COVID-19 alors que l’Italie y voit une victoire étant donné qu’elle y voit un accès sans conditionnalité….

Que révèle cette divergence d’interprétation ? On finirait presque par se demander si ces deux pays étaient assis à la même table de négociation.

En effet, l’Italie le voit comme une victoire parce que d’ordinaire l’accès aux lignes du crédit du MES est assorti de réformes imposées au pays notamment en matière de dépenses publiques. Or en l’occurrence, l’accès aux lignes de crédit n’est conditionné qu’à la destination des fonds.

Mais du côté des Pays-Bas, cette restriction est justement source de satisfecit. Ils y voit l’assurance que ces ressources seront utilisées à bon escient.

En route vers les Coronabonds ?

Ces signes encourageants signifient-ils pour autant que le projet de création d’un fond temporaire dédié au financement à plus à long terme de la crise sanitaire par émission des fameux Coronabonds est en bonne voie ?

Rien n’est moins sûr et l’interprétation divergente sur les conditions d’accès au MES entre l’Italie et les Pays Bas traduit leur désaccord de fond. Si les Pays-bas soutenus par l’Allemagne, l’Autriche et la Finlande ont bien conscience de la nécessité d’utiliser la force de frappe de la zone euro pour aider les États dans le financement de leurs plans de soutien de montants inédits et à la hauteur de l’acuité de la crise, ils ne veulent absolument pas que cet instrument rende les États solidaires de leur situation budgétaire contrastée.

En d’autres termes, les pays du Nord se veulent solidaires dans la crise sanitaire et ses conséquences économiques mais ne le sont pas sur le poids qu’elle fait peser sur les finances publiques de chacun des membres. Il y a une ligne rouge qu’ils ne veulent pas franchir : ils ne sont pas responsables des choix budgétaires passés et de l’état du système de santé de chacun.

Ces décisions sont prises de façon souveraine par chaque État, qu’ils en assument les conséquences. La véhémence avec laquelle les Pays-Bas réaffirment ce principe passe mal en pleine tragédie humaine et les font apparaître comme sans cœur. Le plus terrible est que malgré cette ferme opposition, la mutualisation finira par se faire d’une façon détournée par la BCE via son programme de rachat de dettes d’ampleur inédite qui finira par faire disparaître les spreads sur les titres souverains !

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  • Les pays pragmatiques finiront par abandonner les pays latins, c’était acté dès la naissance de l’Euro. Chaque crise est l’occasion de rappeler les divergences économiques, qui ne peuvent aller qu’en s’intensifiant, puisque notre pays ne remontera jamais la pente, trop gangrené qu’il est par les pertes en ligne et l’impossibilité de réformer un mille-feuille administratif pyramidal sans le foutre par terre.
    Ce jour là, il fera bon ne plus avoir d’euro dans un pays latin.

    • en effet mais je crains fort que les prochains « brexits » se soient hanséatiques…

      • Je serais eux, je mettrai au pot une dernière fois. Le bateau coule et je suis dessus. Je fais tout pour colmater. Mais après, je me barre à n’importe quel prix, même en y laissant un bras.
        Quand ça marche pas, ça marche pas. Et cela ne s’arrangera pas.
        Même plus la peine de chercher la faute à qui.
        Il ne fallait tout simplement pas monter sur le bateau. C’est comme un divorce.
        Bon… maintenant qu’est ce qu’on va faire de toutes nos assurances vie.
        Que vont elles valoir dans 2 ou 3 ans quand les teutons, bataves et autres hanséatiques se seront barrés?

        • « Je serais eux, je mettrai au pot une dernière fois. »
          Pourquoi donc?
          Apporter de l’argent frais aux pays dispendieux mal gérés leur permettraient de relever un peu la tête certes. Mais jamais ils en profiteront pour se reformer. En fait, ce serait leur redonner un peu plus de force pour leur permettre de mettre des bâtons dans les roues des pays sérieux.

          Au contraire, si ces pays sérieux s’en vont rapidement, les dispendieux seront bien trop occupés à gérer leur m…e intérieure. Les dispendieux n’auront pas les moyens de s’opposer à quoi que ce soit tellement ils auront besoin des qq miettes lâchées opportunément par les pragmatiques.

    • « Ce jour là, il fera bon ne plus avoir d’euro dans un pays latin. »

      Au contraire, ce jour là conservez précieusement vos euros, quitte à ouvrir un compte à l’étranger. Pensez également au franc suisse, à la livre sterling, au dollar…

      • Oui, justement, dans un pays étranger et pas latin.

        Le risque, vous le savez, c’est que pendant une nuit entre un dimanche et un lundi, vos euros soient transformés en nouveau-nouveau francs ou une autre daube comme celle-là.

  • ces ressources utilisés à bon escient ? en France ? certains fonctionnaires vont toucher 1000 euros de prime ; coût pour l’état : un peu plus de 300 millions d’euros ….notre état est très dépensier , il n’a jamais su gérer l’argent correctement , je ne vois pas pourquoi cela changerait maintenant ;

  • Accepteriez-vous , au nom de la solidarité, de rembourser les dettes de votre voisin ? Si la réponse est « non », vous n’accepterez jamais les fantaisie collectivistes comme les « eurobonds » qui n’existent ni plus ni moins que leur nom.
    Par ailleurs, les pays qui seraient tentés de sortir de l’Europe pour pouvoir emprunter à meilleur compte risque de chercher longtemps des préteurs et d’être finalement contraints d’accepter des taux plutôt élevés.

  • Pour Rome c’est une compensation, l’Italie n’ayant reçu aucune compensation du Brexit, Allemands, Hollandais, Belge et Français ayant récupéré les actifs Européens de la » City », on suggère que le virus est tombé à pic dans une des régions les plus riches d’Europe et qui n’a jamais bénéficié d’une quelconque aide de la CEE durant ces 50 dernières années, le ministre teutons des finances n’a pas tout a fait tort en affirmant qu’une part non négligeable de cette argent ira à la mafia sicilienne et Américaine ou tout autre organisation criminel du sud, les pays du Nord de l’Europe comme aime les prendre en exemples sur contrepoint n’ont pas du tout une économie libérale a l’inverse de l’Italie, comme certains l’écrivent, il ne serait pas étonnant de voir l’Italie quitter l’euro et même l’Europe

    • « Pour Rome c’est une compensation, l’Italie n’ayant reçu aucune compensation du Brexit,  »
      Si l’Italie avait été mieux gérée, elle aurait récupérer sans aucun problème les qq structures technocratiques et les entreprises privées qui ont quitté l’UK.

      « il ne serait pas étonnant de voir l’Italie quitter l’euro et même l’Europe »
      Elle n’en avait déjà pas les moyens avant le covid. Elle en a encore moins maintenant.

  • On devrais laisser crever ces entreprises, il n’y a aucune raison que l’état, donc nous, les aidions. Le principes de l’offre, de la demande et la loi des marchés suffisent. S’endetter pour des entreprise qui ne valent pas tripettes, non. L’état s’immisce dans le fonctionnement des entreprises, c’est inacceptable et anti-libéral. si elle n’ont pas les rein solide qu’elles crèvent. Regardez Boeing aux US sauvez par l’état. FUN, çà c’est de l’économie libérale. Sauver des emploi ? 97% des business dans le monde, ne sont que de la spéculation. 3% sont de l’économie réelle de production.

    • Sauf que c’est une décision étatique qui les a mis dans cette situation. Certes, certaines entreprises sont en meilleures état que d’autres et il y a des entreprises qui ne mériteraient pas d’être sauvées.
      Mais ne vous inquiétez pas, au vue de la conception énarchique de l’économie, l’Etat stratège sauvera les plus bruyantes médiatiquement et syndicalement parlant, et laissera couler les autres…

  • Rassurez vous ce n’est pas encore la veille des « Coronabonds »

  • Un immense merci aux gouvernants européens qui refusent la mutualisation des dettes, décision qui aboutirait à une catastrophe sans échappatoire si jamais elle était mise en oeuvre.

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