L’Union européenne, c’est vraiment une réussite : non seulement elle nous permet de faire l’expérience sur le sol européen d’une guerre essentiellement paisible, mais en plus, elle nous garantit une économie en croissance maîtrisée, bien à l’abri des tonitruantes innovations qui menacent régulièrement les citoyens européens de leurs bienfaits un peu trop positifs.
Ouf ! Sans les subtils efforts du commissaire Breton et de toute la Commission européenne derrière lui, les citoyens européens auraient été confrontés à l’arrivée de l’iPhone 16 et de quelques-unes des innovations technologiques qu’il propose, notamment en matière d’intelligence artificielle. Il apparaît en effet qu’Apple, confronté aux contraintes imposées par le Digital Market Act européen, a renoncé aux fonctionnalités avancées de son dernier iPhone 16 sur le territoire européen.
Cette décision d’Apple pourrait peut-être sembler déraisonnable : après tout, il ne s’agit que d’une petite conformité à quelques aspects légaux auxquels les législateurs européens tiennent fermement, voilà tout.
Peut-être. Ou peut-être pas, si l’on en croit les conclusions du rapport que Mario Draghi vient de publier, lui qui s’était vu confier la tâche d’évaluer le futur de la compétitivité européenne par l’actuelle présidente de la Commission européenne.
Présenté en conférence de presse il y a de cela quelques jours (et lisible en détail ici), ce rapport brosse un tableau intéressant de l’Europe, et ne laisse guère de doutes sur les petits soucis qui se sont développés ces dernières années.
Pour mémoire, Mario Draghi, c’est un peu ce plombier miraculeux, non pas issu d’un jeu vidéo, mais plutôt de la bureaucratie financière italienne, puis européenne. Il s’agit d’un des artisans de l’entrée de l’Italie dans l’euro, grâce à l’appui de la société JP Morgan qui, juste avant l’avènement de la monnaie unique, achètera pour 35 milliards d’euros de swaps en deux ans, et permettra ainsi de faire passer le déficit budgétaire de la botte italienne de 7,5 % à 2,5 % du PIB… Après ce « succès » de banquier central italien en 2006, il passera à la Banque centrale européenne en 2011. Et c’est à l’occasion de la crise de l’euro à cette période qu’il exprimera tout son talent en s’asseyant avec décontraction sur l’interdiction de la BCE, pourtant inscrite dans les traités la fondant, d’acheter des obligations de pays mal gérés.
Bref, Mario est un homme de Davos, et tout à fait dans la ligne du Forum économique mondial. Dès lors, si son constat semble correct à propos de la dérive technocratique et bureaucratique du Léviathan européen, on devra donc faire extrêmement attention à ses recommandations, ses précédents exploits illustrant fort bien ce qu’il ne faut surtout pas faire.
Parmi les constats, on retrouve – avec une surprise modérée – ceux déjà faits par d’autres avant lui, que la croissance européenne a nettement décroché par rapport à la croissance d’autres zones, à commencer par l’américaine et la chinoise ; dans un monde où les autres avancent, se contenter de faire du sur-place revient à prendre du retard : ainsi, en cinquante années, aucune entreprise de 100 milliards de dollars de valorisation n’a vu le jour en Europe, alors que, dans le même temps, les États-Unis sont parvenus à en créer six, dont la valorisation dépasse maintenant les 1000 milliards de dollars.
Pour l’ex-banquier central, l’une des principales raisons de l’écart de performance est résumé par une poignée de graphiques, et notamment ceux montrant la différence des prix de l’énergie entre la Chine, les États-Unis et l’Europe. Le constat est globalement catastrophique : alors que l’Europe supportait des prix industriels du gaz entre les prix américains (plus bas) et les prix chinois (plus élevés), la guerre en Ukraine les a fait durablement exploser bien au-dessus de tous avec une augmentation de 345 % (!)…
Le rapport note au passage que l’Union européenne est devenue le premier importateur de gaz liquéfié au monde, mais que, négociant de manière dispersée, elle n’arrive pas à tirer le moindre bénéfice de sa taille, à la différence de la Corée et du Japon. Quant à cette nouvelle place de premier importateur, elle provient directement de l’application des lumineuses idées de sanctions mises en place en 2022 qui ont vraisemblablement transformé la situation européenne de sur-place précédemment observée en véritable dégringolade à partir de 2022.
Mais de façon encore plus importante que ces aspects spécifiques à l’énergie (qui reste la base même de l’économie et qui entraîne absolument tout le reste dans son sillage), c’est l’autre constat qui explique le sur-place en premier lieu : l’analyse détaillée des contraintes qui pèsent sur les entreprises européennes montre sans ambiguïté que c’est bel et bien le régulateur européen le premier responsable des très médiocres performances européennes.
« Le problème n’est pas que l’Europe manque d’idées ou d’ambition. Nous avons de nombreux chercheurs et entrepreneurs talentueux qui déposent des brevets. Mais l’innovation est bloquée à l’étape suivante : nous ne parvenons pas à traduire l’innovation en commercialisation, et les entreprises innovantes qui souhaitent se développer en Europe sont entravées à chaque étape par des réglementations incohérentes et restrictives. »
Lors de la conférence de presse, Draghi a ainsi assez clairement exprimé ceci avec une formule lapidaire mais que beaucoup de libéraux, beaucoup de chefs d’entreprises, beaucoup d’économistes lucides, et beaucoup de citoyens confrontés à cette réalité quotidienne, ne pourront qu’approuver : l’Europe est en train de tuer ses entreprises à coups de législation. Par exemple, on estime que la règlementation sur la protection des utilisateurs (RGPD) – qui se traduit par une avalanche de fenêtres désagréables à chaque site web européen visité – « réduit les bénéfices des petites entreprises technologiques de 15 % », ce qui constitue un échec catastrophique (prévisible et prévu, du reste) qui profite en fin de compte aux grandes entreprises technologiques ainsi qu’aux petites étrangères.
Au passage, cette catastrophe n’est pas une figure de style, puisqu’une évaluation du coût des contraintes légales qui empêtrent les entreprises européennes a même été réalisé et corrobore le rapport Draghi. Et cette étude évalue ainsi que près de 4 % du PIB sont ainsi perdus en France rien qu’à cause de ces aspects.
En fait, toutes les constatations de Draghi sont un véritable désaveu cinglant des politiques européennes mises en place durant les vingt dernières années au moins, et en particulier celles qui ont porté sur le numérique dans lequel l’Europe se fait assez violemment distancer, non seulement par les États-Unis, déjà leader depuis longtemps, mais aussi par la Chine qui, en vingt ans, a non seulement rattrapé l’Union mais la laisse dans la poussière de l’Histoire.
Ce rapport commandé par Von der Leyen est une véritable gifle à la présidente de la Commission, ainsi qu’à son commissaire attaché au Marché intérieur, Thierry Breton, qui incarne si parfaitement la sur-règlementation, l’arrogance bureaucratique et l’échec institutionnalisé, notamment dans sa ridicule guéguerre contre Musk, qui n’a d’ailleurs pas manqué de relever la pertinence des constats de Draghi.
Ces constats posés, les recommandations de l’ex-banquier feront cependant frémir tous ceux qui ont compris la racine du mal, à savoir l’hubris démesuré des législateurs sans freins : avec une (très) longue litanie d’interventions des États (et du bras législatif et exécutif européen) dans tous les domaines où l’Europe s’enfonce, on sait déjà qu’une application, même modeste, de ces recommandations aboutira à accélérer l’enfoncement.
De tout cela, seuls quelques gauchistes niais trouveront leur compte dans ce qui s’apparente à un suicide désorganisé, inconscient mais obstiné de l’Europe : finalement, la décroissance, on est en plein dedans.
Absolument vrai. Maisl y a un autre problème en Europe. Une société d’un pays européen qui développerait un produit ne serait absolument pas mis en valeur par les autre pays européens. Sauf si ce produit est allemand.
C’est la différence avec les États-Unis. Quand une société américaine commence à percer, l’ensemble des américains et donc des États américains la soutiennent. On pense à google par exemple. En Europe, son concurrent européen est boudé par toute l’Europe depuis des décennies ; donc aucune possibilité qu’il émerge.
Tous les pays européens achètent des F35 qui ne fonctionnent pas et coûtent des sommes folles tant à l’achat qu’à la maintenance ; et personne n’achète du Grippen ou du Raffale. Idem pour la missiles Patriotes.
Les entreprises ont donc d’énormes difficultés à grossir car elles n’ont pas de base européennes.
Bref, double peine.
La Tchèquie la Hongrie la Suède ont acquis des Gripen
La Grèce et la serbie des rafales
Les achats de F35 par les pays européens s expliquent par le gage d interoperabilite de ces appareils au sein de l OTAN ainsi que la protection du parapluie nucléaire américain
D autre part l UE n est pas un état fédéral ce qui engendre beaucoup de guerres picrocholines…..😂😂😂😂
La Grèce a commandé 20 F35 et la Tchéquie 24.
L un n empêche pas l autre……🤣🤣🤣🤣🤣
Cessez donc cette campagne franchouillarde ridicule contre le F35, dont la seule raison est d’être un concurrent du Rafale! Il coûte moins cher, c’est la raison du choix Suisse, car il est produit en grande quantité, plus de 1000 à nos jours. Si autant d’armées de l’air l’ont choisi c’est parce qu’il présentent des qualités que l’ont ne trouvent pas sur d’autres appareils, sa furtivité et sa connectivité. Elles présentent un cahier des charges que devra remplir le candidat et choississent en fonction. Les israéliens viennent d’en commander un lot suplémentaire, car ils l’emploient depuis 10 ans ce qui leur permet de survoler la Syrie et l’Iran sans être détectés. Vous prenez les aviateurs pour des crétins?
Arrêtez de sortir des inepties. Vous croyez que les militaires des forces Aériennes européennes sont des crétins? Le F35 vient de faire la preuve de ses extraordinaires capacités en Israël où il survole impunément sans être détecté la Syrie et l’Iran. On n’achète pas des avions de combat comme des pommes de terre, ils doivent répondre aux besoins opérationnels des forces aériennes en question. LE F35 est moins cher qu’un Rafale car il est déjà produit à plus de 1000 exemplaires, ce qui diminue son prix. Un F16 de nos jours coûte seulement 25 millions car fabriqué à plus de 4500.
Le problème est parfaitement décrit dans l’article! Lorsqu’une entreprise européenne veut se développer elle le fait aux USA où elle trouve du capital risque, des conditions fiscales et législatives favorables.
Les intellectuels de gauche (pléonasme) ont longtemps affirmé que si le communisme avait échoué, c’est parce qu’on n’était pas allé au bout du processus. Pour l’Europe, c’est pareil.
Quand comprendra t’on qu’il est impossible de faire les Etats Unis d’Europe et que l’intégration ne pouvait se faire avec autant de nouveaux entrants ?
Les USA se sont construits sur plusieurs siècles avant d être le leader mondial en 1945
et sont composés de 50 états fédérés
L UE comprend seulement 27 états et evolue au fil de l’eau depuis la création de la CEE en 1957……avec les prémices du conseil de l europe en 1949…..😅😅😅😅
Les USA sont une nation alors que l’UE est un empire (27 nations). Pour un libéral, la société précède l’état. La société américaine pré-existe à l’état américain. Alors que la société européenne ne pré-existe pas à l’état européen. La nation américaine a fondé l’état américain. Alors que l’état européen essaye de fonder la nation européenne. L’UE est une expérience socialiste, au sens rousseauisto-utopique. Pour comparer, il faudrait imaginer la constitution d’un état fédéral unique sur les deux Amériques (et encore, les nations européennes sont beaucoup plus anciennes et différenciées). Et puis, à ce tarif, pourquoi limiter notre “Bruxellisme” à l’Europe ? Pourquoi ne pas fusionner avec les états du monde entier ? En fait, l’UE me semble un projet bizarre : un mélange de socialisme utopique et de résidu identitaire inconscient (de l’ancienne chrétienté médiévale) en parfaite contradiction avec le cosmopolitisme bruyant de nos dirigeants. Je ne sais pas où ça va, mais c’est assez baroque à observer.
Il existe d autres associations d états comme l ASEAN, le MERCOSUR….. et plus récemment les BRICS qui ont parfaitement joué leur rôle avec des configurations extrêmement différentes
Un libéral devrait être ouvert au lieu de se recroqueviller sur son quant a soi…..😆😆😆😆
Le problème n’est pas le nombre de participants, et encore moins leurs particularités. C’est au contraire un avantage! Le problème est très bien analysé dans l’article. Et nous savons tous qu’il vient de la commission de Bruxelles et de ses fonctionnaires qui, imitant les français, se livrent à une débauche de règlementations toutes plus inutiles et grotesques les unes que les autres. Sabotant ainsi la croissance, ce qui explique le décalage croissant du pouvoir d’achat entre l’EU et les USA.
“Le problème n’est pas que l’Europe manque d’idées ou d’ambition.” Effectivement, avec des politiciens qui se font fort, en s’appuyant sur des prévisions de modèles mathématiques éprouvés, de régler la température moyenne du globe dans les années qui viennent et cela à coup de plantations d’éoliennes, d’interdiction des horribles moteurs thermiques et de surfacturation de notre consommation d’électricité. Mario n’a-t-il pas entendu la déclaration de son amie Ursula, une déclaration qui fera date dans l’Histoire :
“I want this decade to be the Roaring Twenties of climate action and climate investment. Europe must lead this change. It’s our last chance to stop climate change,” ?
Alors , vous pensez bien, quelques petites fermetures d’usines, une décroissance finalement bienvenue de nos économies, qu’est-ce que tout cela au regard du sauvetage de la planète … Nous sommes dans les “roaring twenties” comme dit cette sacrée farceuse.
Ou voyez vous une décroissance actuellement au sein de l UE ????
La destruction créatrice de Schumpeter est toujours d actualité….😁😁😁😁
Vous jouez à l’autruche? Pourtant lors de la crise Covid nous avons constaté quelques soucis dans nos fournitures de certains produits, introuvables en Europe.
Chaque pays se specialise sur ce qu il sait le mieux faire……
Ce sont les avantages comparatifs de la théorie de riccardo….😁😁😁😁
Rappelez vous que Trump durant son mandat a fait la chasse aux règlementations et les a supprimé. ce qui avait permis la baisse du chômage au niveau des années 1950, surtout chez les noirs. C’est l’avantage d’avoir un homme d’affaire au pouvoir plutôt qu’un politicien minable, dont la première décision a été d’interdire recherche et exploitation du pétrole et du gaz, provoquant une hause de l’énergie déclenchant l’inflation des prix.
L exploitation du pétrole et du gaz de schiste a permis aux usa de retrouver leur place de 1 er producteur d hydrocarbures
Votre trumpisme vous égare…..😄😄😄😄
Que Biden s’est empressé d’interdire en arrivant au pouvoir, ce qui a provoqué l’inflation aux USA et permis l’élection de Trump. Je ne suis pas pro Trump, je m’en tiens aux faits que vous ignorez ou occultez!