Réforme des retraites : vers 43 régimes ?

Alors que tout n’a pas encore été dévoilé, que les hostilités n’ont pas vraiment commencé, le gouvernement commence à reculer. La réforme entre impuissance et échec ?

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edouard philippe by Jacques Paquier (CC BY 2.0)

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Réforme des retraites : vers 43 régimes ?

Publié le 21 octobre 2019
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Par Gérard Maudrux.

Alors que tout n’a pas encore été dévoilé, que les hostilités n’ont pas vraiment commencé, le gouvernement commence à reculer. Soit la France est impossible à réformer, ce que je pense et qui n’augure rien de bon, soit la réforme est mauvaise, ce que je pense encore plus, car une réforme était possible.

Vers 43 régimes ?

Que nous propose-t-on aujourd’hui ? D’étaler encore plus dans le temps, voire carrément de faire cohabiter deux systèmes : l’actuel avec ses 42 régimes, et le régime universel, soit pendant plus d’une génération… 43 régimes !

Le résultat pratique de ce qu’on nous propose aujourd’hui est très simple à deviner, et ne présente que des inconvénients avec un échec total et l’augmentation des inégalités que l’on prétend vouloir gommer aujourd’hui.

Tout d’abord si on ne touche pas à l’acquis, l’extinction des droits d’un régime, c’est 65 à 70 ans. Pourquoi ? Celui qui a 20 ans, a commencé son activité il y a 2 ans, va encore travailler 43 ans, sans doute plus, et bénéficier pendant 22-23 ans de sa retraite ancien régime. Total 65 à 70 ans (davantage pour les centenaires !).

L’ancien et le nouveau persisteront indéfiniment, car si aujourd’hui le gouvernement recule pour intégrer certaines catégories, que feront les gouvernements de demain face aux mêmes menaces ? La même chose, et ils remettront à plus tard. Les 42 régimes actuels cohabiteront indéfiniment avec un nouveau régime qui va passer du statut d’universel à celui de 43ème régime.

Une réforme obsolète avant qu’elle soit née

Si ce nouveau régime prend plus d’une génération pour se mettre en place, il est déjà totalement obsolète. En effet les auteurs de la réforme n’ont pas été capables à ce jour de fournir des projections afin de savoir quelles seront retraites et cotisation dans peu de temps, avec 1,7 cotisant pour un retraité. Or maintenant il faut raisonner avec 1,3 cotisant par retraité (baisse de 23 % de ceux qui financent le régime), avec une tendance inéluctable vers le un pour un.

Avant de mettre les citoyens dans un système qui sera leur source de revenu pendant le tiers de leur vie d’adulte, il faudrait peut-être leur en dire plus. Alors que le monde entier fait évoluer les systèmes en répartition vers des systèmes mixtes, la France enfonce ses citoyens dans un système dont les politiques savent très bien qu’il n’est pas tenable, encore moins demain qu’aujourd’hui.

Une réforme profondément inégalitaire

Les jeunes qui vont commencer leur vie active demain vont entrer dans le nouveau régime. Ils vont cohabiter pendant des décennies avec des collègues qui pourront partir à 55 ans, alors que pour eux ce sera 70, et avec beaucoup moins financièrement.

Vous pensez qu’ils vont l’accepter longtemps ? On voudrait planter les germes d’une guerre civile entre actifs qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Les Français sont déjà assez jaloux les uns des autres pour ne pas remettre des braises dans le feu, attitude irresponsable.

Un échec prévisible mais pas inéluctable

Une fois de plus, comme toujours, nos dirigeants vont arriver à un résultat inverse de ce qui est souhaitable. Pourquoi ? Parce qu’ils n’écoutent qu’eux-mêmes. Depuis le début on leur dit 1P et non 3P1, depuis le début ils n’écoutent pas. Résultat ils vont arriver à un exploit sans précédent : robes noires, blouses blanches, commerçants, artisans, agriculteurs, actifs, retraités, côte à côte avec la CGT dans la rue.

C’est pour cela qu’ils commencent à reculer, mais leurs propositions montrent qu’ils n’ont pas encore compris l’erreur de stratégie, car sur le fond, le diagnostic et l’exposé des motifs de cette réforme sont bons.

Il fallait procéder par étapes, ne pas mettre la charrue avant les bœufs. Un régime de base universel, à 1P, personne n’aurait rien trouvé à redire. Et jusqu’à 3P, créer des caisses complémentaires pour ceux qui n’en ont pas (régimes spéciaux et fonctionnaires), avec des règles communes, et gérées par les intéressés, avec leurs propres cotisations.

La réforme proposée n’était pas bonne, le bricolage que l’on nous propose sera pire. Il n’est pas encore trop tard pour rectifier le tir.

  1. P = plafond de Sécurité sociale.
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  • Ue réforme basée sur la simplicité et le bon sens, en préservant l’autonomie des catégories professionnelles, vous n’y pensez pas?

  • Pas touchez aux privilèges de la noblesse communiste……….

  • Le probleme vient directement des fonctionnaires et assimilés dont les retraites ne bénéficient d’aucun abondement de l’etat en cours de carrière..
    je veux dire qu’un fonctionnaire embauché aujourd’hui pèsera sur le budget a la retraite dans 60 ans..
    Les fonctionnaires ont augmenté de 40% en 40 ans, aujourd’hui nous avons 2 générations a la retraite ceux qui sont nés a la fin de la guerre + la generation Mitterrand..
    les conditions de retraite des fonctionnaires sont scandaleuses et ce n’est pas du a leur sois disant traitement qui s’avère etre supérieur a ceux du privé.
    Noyauté par le syndicalisme , il est facile de voir que les avantages sont directement indexés sur la capacité de nuisance des intéressés.. RATP, SNCF , EDF,,EN, Etc..
    La reforme envisagée était une reforme de JUSTICE, mais comme c’est l’administration qui règne , elle ne se fera pas..
    votez qui vous voulez, Notre « mur de Berlin » ne tombera pas comme çà, nous n’échapperons pas a une revolution

    • d’accord avec toi.. comment faire plier 5 ou 6 millions de fonctionnaires ou assimilés, et leurs ayants droit avec eux? Le pays partirait en lambeaux immédiatement. Il est donc plus facile de bricoler une sombre merde en siphonnant les indépendants qui se mobilisent plus difficilement. C’est de la realpolitik.. et ça ne sert qu’a faire durer le bouzin un peu plus.. jusqu’à la guerre civile

      • le probleme vient du fait que les élus n’ont pas le pouvoir qu’ils prétendent avoir et que c’est l’administration et ses syndicats qui gouvernent..
        resultat c’est encore les gens du privé qui vont casquer, car notre democratie ressemble de plus en plus a celle de la chine

    • « Nous n’avons point d’Etat. Nous avons des administrations. Ce que nous appelons la raison d’Etat, c’est la raison des bureaux. On nous dit qu’elle est auguste. En fait, elle permet à l’administration de cacher ses fautes et de les aggraver. »
      Anatole France – 1844-1924 – L’Anneau d’améthyste – 1899

  • Macron se branle de la reforme des retraites ! Il souhaite simplement faire adopter un « principe de reforme » , même a long terme, qui justifie qu’il puisse « Quasi immédiatement » confisquer le pognon, (Des Milliards), des caisses bénéficiaires bien gérées. Sans cela on est dans une impasse financière colossal.
    L’opération Macron s’apparente plus a un « Braquage » qu’a une reforme.

    • exact , des que le GVT mettra la main sur la caisse , s’en sera fini des reformes

      • exact.. tout idée de réforme n’est qu’un chiffon rouge pour faire main basse sur le blé qui reste.. et une fois cela fait, ce sera abandon en rase campagne face à la colère du peuple (grève, grand soir, résurgence appropriée des gilets jaunes…).. on aura eu droit à un hold up en col blanc pour alimenter la pyramide de Ponzi encore quelques années.. des génies je vous dis

        • Effectivement, les spectacles de rue ont contribué à insuffler une une certaine dose de sagesse dans la macronie.
          Après avoir piqué les réserves des régimes excédentaires, le gouvernement sera ouvert au dialogue à l’approche du renouvellement du quinquennat; le grand grenouillage est déjà en cours!…

    • Et il braque pas mal les cheminots.

  • n’ont pas encore compris l’erreur de stratégie

    C’est normal, ils ont fait l’ENA, l’Ecole Nationale d’A.b.r.u.t.i.s.

    Il n’est pas encore trop tard pour rectifier le tir

    Dans la fable, ils jouent le rôle du lapin. Encore un effet de l’ENA. Les tortues des pays voisins seront largement gagnantes.

    La France ridiculisée devra faire appel au FMI. C’est bien parti.

  • « Vous, les Européens, êtes dans une éclipse de l’intelligence. Vous allez souffrir. Le gouffre est profond. Vous êtes malades. Vous avez la maladie du vide » – Soljenitsyne

  • « Soit la France est impossible à réformer, ce que je pense et qui n’augure rien de bon, soit la réforme est mauvaise, ce que je pense encore plus, car une réforme était possible »

    Il y a un 3eme « soit » : – soit nous avons un mauvais gouvernement !

    Ses ennuis ont en effet commencé avec l’irruption dans le débat de l’âge pivot à 64 ans. Ainsi qu’avec la cacophonie gouvernementale, certains ministres jouant une drôle de partition sur le « travailler plus longtemps ».
    Ces éléments sont d’autant plus saugrenus qu’on comprend mal ce que viennent faire :
    – un âge pivot en sus de l’âge minimal dans une retraite par points
    – cette « incitation » à travailler plus longtemps alors que la réforme était censée se faire à périmètre/paramètres constant(s) et que le COR ne s’était pas montré alarmiste sur l’équilibre financier du système.

    Et voilà comment, pour avoir voulu faire faire à cette retraite plus que prévu et plus que nécessaire, le gouvernement s’est tiré une balle dans le pied. Ce qui hélas est devenu coutumier de sa part.

    • Trop à faire dans un temps trop court, la mise à l’écart des interlocuteurs historiques et l’incapacité à négocier sont les erreurs freinant cette réforme. Il eut mieux valu à l’issu d’un premier quinquennat avoir bien amorcé le processus de réforme des retraites
      avec l’acceptation, certes à contre cœur, des adhérents aux divers régimes.

  • Pour réformer il faut considérer une société comme un système thermodynamique.
    Or la thermodynamique nous apprend que les transformations de meilleur rendement sont les transformations adiabatiques réversibles.
    Une transformation adiabatiques c’est une transformation où ça chauffe le moins possible.
    Une transformation réversible c’est une transformation sur laquelle on peut revenir si l’on se rend compte qu’on a fait une connerie, chose courante chez les politiciens.
    Typiquement une transformation adiabatique réversible c’est une transformation par petits ajustements successifs, c’est à dire une série de petites réformes paramétriques.
    Au lieu de ça Delevoye nous propose le grand saut dans l’inconnu. Comment voulez-vous que les Français acceptent cela ?
    Et ce n’est pas avec son mantra « cette réforme sera mieux pour les femmes » que Delevoye arrivera à nous convaincre.
    D’abord parce que la moitié des Français ne sont pas des femmes, et ensuite parce qu’un mantra ne constitue pas une preuve. De plus s’il s’agit de dépouiller les hommes pour faire une réforme sexiste ça passera encore moins.

  • Ce système ne restera en place que si la;Macronie reste eu Pouvoir mais qui peut prédire l’avenir politique,de la France aujourd’hui.?

  • L’idée générale c’est de garder un système avec un grand pot commun, ce qui permet à nos hommes politiques de faire la charité avec l’argent des autres, tout en ayant la couronnes de laurier et pas de compte à rendre…

  • tant qu’on restera sur un système par répartition…

    que le gouvernement s’attache à faire respecter le droit de propriété : ce serait un début de réforme…

  • La réforme n’est pas possible , sinon la sécurité social explose,
    Ce système n’étant pas conforme à UE, il ne passera pas le parlement du coup ,aucune solution ne verra le jour.
    Et nous continuerons a payer pour la pyramide.

  • Il n’y a pas de réforme possible. On ne peut demander à une 2CV de faire un grand prix de F1. Il faut sortir de la répartition quel qu’en soit le coût…

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