Dette française : l’épineux problème des retraites

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Dette française : l’épineux problème des retraites

Publié le 13 septembre 2024
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Michel Barnier vient d’arriver, et avec tout le brio d’un teckel neurasthénique, il forme son nouveau gouvernement qui saura, on n’en doute pas, relever les défis qui l’attendent. Parmi ceux-là, l’établissement d’un budget vaguement crédible.

Eh oui, il va falloir trouver « un pognon de fou ».

Bien sûr, la voie choisie consistera à augmenter les impôts (parce que, pourquoi pas, après tout, ces cochons de riches – lire « classes moyennes » – pourront bien payer et l’intendance suivra, hein). L’alternative, bien trop libérale au goût d’un Barnier résolument socialoïde, consisterait pourtant à couper dans les dépenses les plus lourdes de l’État.

Une idée évidente consisterait en l’arrêt de la distribution de pognon gratuit des autres sous forme de subventions (à toutes les associations, à toutes les entreprises, tous les bidules que l’État encourage en pure perte), en accompagnant cet arrêt de saupoudrage par l’arrêt des ponctions correspondantes : l’argent distribué n’ayant jamais été que prélevé ailleurs auparavant, la disparition complète du prélèvement et de la distribution ferait économiser des sommes folles à l’État rien qu’en frais de fonctionnement, et ferait réapparaître des dizaines de milliards dans les poches des Français et des entreprises précédemment ponctionnées.

Pour donner un ordre d’idée, les subventions aux entreprises se montent (selon différents calculs) entre 92 et 260 milliards d’euros, le chiffre de 140 milliards étant généralement utilisé. Pour les associations, on parle d’un montant oscillant autour de 23 milliards d’euros. Au total, au moins 160 milliards resteraient donc dans les poches des Français.

Le coup de fouet économique engendré serait biblique, mais il est absolument garanti que cette solution est politiquement impraticable dans la France actuelle.

Par ailleurs, les dettes publiques étant des promesses auprès du reste du monde qu’il serait particulièrement hasardeux de répudier, l’autre volant de réduction possible serait aménageable dans les redistributions sociales dont la promesse n’est, elle, que politique et n’engage que ceux qui y croient.

Après tout, la société française pourrait fort bien décider (au travers de politiciens courageux – ne cherchez pas, ça n’existe plus malheureusement) de réajuster le train de vie que l’État octroie à certaines populations avec les moyens financiers réels de la nation, et non plus en se basant sur un transfert vers les générations futures au travers de la dette… Autrement dit, arrêter de transformer des promesses politiques (généralement creuses ou pleines de filouteries) en promesses financières qui ne provoquent pas les mêmes problèmes en cas de dédit.

Très concrètement, cela revient à diminuer la redistribution des retraites dont le financement actuel est justement sujet à ce genre de transfert : comme il devient difficile (pour ne pas dire impossible) de boucler les budgets gouvernementaux compte tenu du niveau actuel des pensions versées, l’État crée de la dette qui devra être remboursée par les générations futures. En fait, ces dernières auront mathématiquement une retraite plus lointaine et moins cossue afin de garantir les promesses politiques basées sur des modèles et des espérances de croissances de plus en plus fantaisistes.

La mesure, bien que d’autant plus impopulaire qu’elle constitue un motif pavlovien de grève et de manifestation de tout ce que le pays comprend de gauchistes, est pourtant à la fois la plus efficace et la plus réaliste pour retrouver des marges de manœuvre budgétaires : même avec des changements modestes dans les versements de ces pensions, les impacts seraient modérés sur les individus, mais importants sur les finances publiques.

Cette dernière affirmation n’est pas gratuite.

Elle est en réalité étayée par la plupart des éléments économiques et financiers dont on dispose assez largement et dont, sans surprise, la presse ne fait qu’assez peu de cas, tant il est devenu tabou d’expliquer que les générations salariées actuelles payent pour les pensions un tribut maintenant trop lourd. Oui, la génération des boomers coûte maintenant trop cher, et on arrive actuellement au bout de ce qu’il est possible de faire supporter aux générations suivantes.

D’une part, la population concernée est de 17 millions d’individus, et elle ne cesse de croître à un rythme plus marqué que celui des cotisants, comme le montre assez clairement le graphique suivant (de l’INSEE) :

 

D’autre part, et comme le détaillent les rapports de la DREES, les personnes retraitées sont sous-représentées parmi les Français ayant le niveau de vie le plus bas. Ainsi, le taux de pauvreté des retraités est nettement plus faible que celui de l’ensemble de la population : 8,7 % contre 14,6 % en 2019.

En 2019, selon l’enquête “Revenus fiscaux et sociaux de l’Insee”, le niveau de vie médian des retraités vivant en France métropolitaine dans un logement ordinaire (hors institution) s’élève à 1900 euros par mois et est supérieur de 3,3 % au niveau de vie médian de l’ensemble de la population, qui est de 1840 euros par mois. En outre, si l’on tient compte du fait que beaucoup de retraités sont propriétaires de leur logement, leur niveau de vie médian s’élève alors à 2310 euros par mois. Il est supérieur de 9,5 % au niveau de vie médian de l’ensemble de la population qui est de 2110 euros par mois (toujours en tenant compte du fait d’être propriétaire).

 

Par décile, la répartition des niveaux de vie est fort intéressante et permet de bien visualiser comment se répartissent les retraités. On note ainsi que les déciles à partir du quatrième (D4) offrent tous un niveau de vie moyen supérieur ou égal au niveau de vie moyen de la population générale (1837 euros).

À titre d’illustration, une baisse de 10 % des pensions versées dans les déciles de 4 à 10 (soit les 9,7 millions de retraités les plus aisés) permet d’économiser plus de 30 milliards d’euros par an ; de la même façon, une baisse de 20 % sur les pensions versées dans les déciles de 6 à 10 (soit les 6,4 millions de retraités les plus aisés) permettrait d’économiser plus de 47 milliards d’euros par an…

 

Bien évidemment, entre de nouvelles ponctions fiscales – difficile alors que le pays est perclus d’impôts comme jamais et que les Français le savent – et la diminution des prestations sociales (dont les retraites font partie et ne constituent qu’une des pistes possibles), le choix du gouvernement sera cornélien, qui devra équilibrer le nombre d’individus impactés et la pénibilité (réelle et ressentie) de l’action.

Certes, les électeurs de Macron sont largement puisés dans le réservoir des retraités, mais d’une part, le mur de dettes est maintenant impossible à éviter et d’autre part, Macron ne peut espérer un troisième mandat, ce qui rend ce stock d’électeurs sans intérêt pour lui. La douloureuse facture pourrait donc s’abattre sur ces derniers avec d’autant plus de désinvolture qu’en réalité, le pouvoir en place n’a cure ni de ces retraités ni des autres Français, à partir du moment où son avenir personnel est menacé.

Enfin, ce billet ne pourrait être complet sans rappeler que ces calculs, arguties et prises de tête sur la retraite (et les pistes d’économies possibles) ainsi que l’espèce de guerre intergénérationnelle qu’ils entraînent ne se seraient jamais produits si le système de répartition avait été convenablement remplacé par un système de retraite par capitalisation individuel qui est toujours bien meilleur que l’actuel, véritable vol pur et simple des classes les plus modestes.

Cependant, ne nous leurrons pas : les coupes nécessaires n’auront pas lieu, ni dans les retraites ni ailleurs.

Et plutôt que d’augmenter la richesse en diminuant l’intervention de l’État, on peut parier que ses représentants choisiront l’accroissement de cette intervention afin de garantir l’égale répartition de la misère, bien plus politiquement vendable.

Et c’est exactement ce que nous aurons.

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  • Et pendant ce temps là mon beau frère vient de recevoir un chèque dodu de sa retraite suisse car les rendements ont été meilleurs que prévu…. La gestion de la question des retraites est la preuve la plus éclatante que nos hommes politiques sont soit des imbéciles , soit des forbans , soit des lâches . C’est plus probablement la somme des trois. L euthanasie de ce pays fera sans doute écrire beaucoup de futurs historiens, ils s’acharneront à comprendre pourquoi une telle catastrophe a pu ne pas être évitée .

  • Je recommande à tous ceux qui travaillent et qui payent des impôts et à ceux qui touchent des retraites et qui ont des revenus annexes de quitter rapidement la France, si ils veulent garder la moindre qualité de vie. Je sais que ce n’est pas une décision facile à prendre, mais il faut faire des choix, soit vous allez travailler pour rien, et si vous êtes retraités votre capital et vos revenus diminueront. Vous pourrez toujours revenir le jour où ces régimes socialiste-étatistes auront chuté. Vous aurez préservé vos revenus et votre capital. Malheureusement j’ai peur que le retour ne soit pas pour tout de suite…

  • Pourquoi les retraites seraient elles la seule variable d’ajustement ?
    Comme vous l’écrivez, il existe moult subventions qu’on peut largement rogner. On peut aussi mettre un coup d’arrêt à la délirante transition écologique. On devrait également inciter au retour à l’emploi de tous ceux qui bénéficient du RSA sans aucune raison, j’en connais.
    Pour revenir au sujet des retraites, il me semble que la réforme voulue par Macron lors de son premier mandat et sabotée par l’homme politique préféré des Français, Edouard Philippe, allait dans la bonne direction puisqu’elle généralisait la retraite par points comme l’Agirc Arco.
    Il n’y a pas de raison que seuls paient ceux qui ont travaillé toute leur vie alors que de nombreux jeunes commencent leur vie active par une année sabbatique…

    • Nous dépensons 3 points de pib de plus que nos voisins sur les retraites soit 80 miliards
      Ce coup de rabot peut être réalisé en desindexant les pensions jusqu a revenir dans la moyenne européenne…
      Chiche…..🤣🤣🤣🤣

  • Le majeur problème des retraites est celui des fonctionnaires : 50 milliiards de déficits par an. Excusez du peu. En effet, il ne cotisent pratiquement rien et reçoivent 75% du salaire de leur dernier 6 mois (ils sont pour la plupart augmentés 6mois avant leur départ).
    Mais tant que LFI ne sera pas au pouvoir, la CGT créera des grèves monstres si ce privilège est remis en cause. Macron et sa réforme à points l’a bien compris et vite annulée pour tapper encore sur le régime du privé.
    Le régime de base du privé est en déficit car il finance les retraités qui ont peu ou pas cotisé.
    Le régime Argic-Arco est en excédent de 7 milliards sur lequel Macron a essayé de mettre la main pour renflouer une partie de la retraite des fonctionnaires. Normal, il n’est pas géré par l’état. 50 milliards d’économies par an : qui dit mieux ? Il suffit de faire cotiser la Corporation des fonctionnaires pour que justement cette corporation soit autonome. Ça va vite régler le problème.
    Et il y a plein d’autres dépenses récupérables.

    • Tous les régimes généraux sont déficitaires celui du privé d au moins 10 miliards, idem pour le parapublique et 50 milliards pour le publique soit 70 milliards au total tous les ans
      L agirc arrco est une complémentaire du privé
      La réforme a points fort complexe a été lancé sans un gros travail de réflexion préalable ce qui l a conduit dans le mur
      Une réforme sur l age de depart est beaucoup plus simple a mettre en œuvre……voir celle des 62 ans par le gouvernement Fillon…..

  • Musk a dit juste à côté :
    “The most common error of a smart engineer is to optimize a thing that should not exist.”
    On pourrait appliquer cela à la retraite par répartition.
    Comme aussi aux propositions incrédibles auxquelles même leurs auteurs ne croient pas…

  • L’homo “socialisticus” est devenu, à travers les âges, de plus en plus intelligent. Il a fini par comprendre qu’on pouvait vivre aisément sans travailler aux dépens de ceux qui ont la bêtise de persister à le faire.

  • Mes fidèles lecteurs trouveront que je me répète, et ils auront raison. Mais je trouve que les articles sur la retraite se répètent également, répétant la même erreur à mon avis.
    En effet, la retraite n’est pas une question d’argent. Que l’on trouve de l’argent par des impôts nouveaux, par un gisement de pétrole inconnu ou l’augmentation de la dette ne résoudra rien.
    La population active, ce ne sont pas seulement des cotisants, ce sont surtout des producteurs. Or les retraités, ainsi que l’ensemble du reste de la population ont besoin de produits et de services : pas seulement des soins mais aussi la nourriture, d’ascenseurs nécessaires aux vieux (j’en suis) dans la plupart des bâtiments et tout le reste.
    Qui peut les produire ? Les actifs bien sûr, mais ils ne sont pas en nombre suffisant. Il faudrait qu’il travaillent davantage chaque semaine, chaque année (mes vacances !) ou qu’ils partent à la retraite plus tard. Ou encore que l’on importe quelques millions de travailleurs des pays exportateurs de main-d’œuvre, principalement africains.

    Tant qu’on parlera en termes financiers (salaire des soignants, dette, ou encore retraite par capitalisation) on ne résoudra rien. Il faut travailler plus ou recevoir davantage d’immigrés.
    Pour la retraite par capitalisation, voir Google : « Yves Montenay capitalisation »
    .

  • jacques lemiere
    14 mars 2025 at 21 h 47 min

    La guerre contre la russie permettrait de rééquilibrer le rapport démographique si macron avait le courage d’envoyer les retraités combattre à la place des actifs..

    D’autant plus que les jeunes n’ont souvent pas fait le service militaire
    C’est une opportunité sans précédent;

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