Gérer l’hôpital comme une entreprise

Qui fera sauter le tabou que l’État est le seul gestionnaire compétent d’un système de santé juste et magnifique ?

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Gérer l’hôpital comme une entreprise

Publié le 12 octobre 2019
- A +

Par Gérard Dosogne.
Un article d’Entrepreneurs pour la France

Les soins aux malades sont-ils ou non un service marchand comme un autre, et faut-il le laisser à des fonctionnaires d’État, ou bien à professionnels de gestion d’entreprises ? Je reviens sur un récent article du Docteur Guy Vallancien, membre de l’académie de médecine.

Guy Vallancien nous invite donc à repenser l’hôpital en entrepreneur dans une tribune publiée dans Les Échos du 27 septembre 2019. Mais qui est ce « nous » ?

Et pourquoi donc ? Nous sommes de plus en plus conscients de la gestion catastrophique de l’hôpital, exacerbée par celle criante des urgences, mais qui n’est pour ma part que la partie émergée de l’iceberg.

Aujourd’hui, on sait prévoir quotidiennement dans chaque service d’urgence, combien de patients vont se présenter, avec quelles pathologies, mais cette information reste dans les tiroirs et n’est pas exploitée, victime des lourdeurs et procédures administratives d’un autre âge, ou plutôt d’une lourdeur étatique mortifère.

Gérer la santé de manière intelligente

Une gestion entrepreneuriale permettrait en effet, grâce à ces informations, de gérer de manière intelligente les flux de patients qui arrivent aux urgences.

Je reprends le diagnostic du docteur Guy Vallancien :

« Aujourd’hui, on sait prévoir les urgences, leurs types, leur fréquence, en fonction de l’heure, du jour, de la semaine, du mois et de la météo, grâce aux bases de données et aux algorithmes qui les moulinent. S’il fait -10° la nuit du 13 janvier 2020, le service d’urgence de l’hôpital X accueillera avant midi trois entorses à la cheville, une fracture du poignet, une du col du fémur, deux plaies à la main et un traumatisme crânien. Avec de telles informations, l’urgence disparaît, remplacée par la gestion des flux. »

Une gestion entrepreneuriale de l’hôpital, que l’on devrait retrouver dans tous les services, serait donc bien mieux adaptée aux soins efficaces des patients.

Alors, qui est le plus capable d’instaurer cette gestion ? Vers qui se tourner ? Le ministre de la Santé, un grand gestionnaire devant l’éternel ? Les autorités étatiques de santé qui pullulent dans notre pays ? Les brillants énarques qui vont ajouter des procédures aux procédures ?

L’incompétence de l’État et de ses serviteurs est démontrée, mais pas toujours acceptée, et la solution est bien entendu là, à portée de main, mais un mur de verre, un tabou français nous empêchent d’y recourir.

Qui est le mieux à même de gérer une entreprise sinon les entrepreneurs privés qui ont prouvé leur efficacité dans la plupart des domaines marchands, par exemple les assureurs. Qui fera sauter le tabou que l’État est le seul gestionnaire compétent d’un système de santé juste et magnifique ? Il faut mettre les pieds dans le plat et oser mettre sur la table la privatisation des hôpitaux publics et aussi de l’assurance maladie qui lui dicte ses règles et procédures étouffantes et souvent inefficaces, et la suppression de la plupart des agences de santé, excepté une autorité de contrôle forte qui veillera à la qualité des soins et l’égalité des patients, sur tout le territoire.

Laissons à l’État le contrôle et aux entrepreneurs privés la gestion. Docteur Vallancien, osons franchir le pas pour enfin retrouver un service de santé que le monde nous enviera !

PS : on peut d’ailleurs rappeler que les cliniques privées assurent déjà aujourd’hui 20 % des prestations hospitalières totales et ceci pour un coût inférieur de 30 % environ à celui de l’hospitalisation publique. Augmenter leur poids serait assez facile puisque ce pourcentage maximum fixé par l’État est la seule raison qui limite l’hospitalisation entrepreneuriale. Ce pourrait être un premier pas vers un changement plus global de système.

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  • Malheureusement, le critère de réussite des politiques de santé publique est le % du PIB dévolu aux soins de santé : donc, plus on est inefficace, plus on paraît se soucier de la santé des gens

  • Ancien praticien hospitalier, après une carrière partagée entre l’hôpital et mon activité libérale, j’ai assisté à l’envahissement administratif de l’hôpital (1 directeur, 1 « économe » au début, 1 directeur général, 12 « directions » à la fin) au cours de ma carrière de 40 ans.
    Le problème des urgence n’a qu’une source : l’accueil sans condition (« gratuit ») à l’hôpital, versus l’accueil « payant » en médecine libérale (qui a fini par rendre les armes : cessation totale des gardes -obligatoires à l’époque- par les médecins de ville).
    Réflexion d’un ami, médecin comme moi, entrepreneur dans l’âme, qui a créé ou repris quatre cliniques (quatre !) : « Tout ce que vous faites à l’hôpital, je peux le faire aussi bien -mieux !- pour 70% de votre coût ».

    • Petite ville (touristique) de 25.000 habitants l’hiver (hors saison) : pas de SOS médecin et AUCUN médecin généraliste ne se déplace à domicile : résultat la seule solution, quand on ne peut se déplacer au cabinet d’un médecin, ou les week-end est d’aller aux urgences (le « 15 » etc…).
      (Je suis moi même médecin…les choses ont bien changé !!)

  • Faites payer le patient , la crise sera resolue

  • Article débile et inculte.
    L’hôpital public est depuis fort longtemps géré selon les principes de l’entreprise, avec des contraintes proches de chiffre d’affaire à réaliser et de gains de productivité à atteindre.
    Le propos sur la méconnaissance des informations relatives aux patients aux urgences est simplement crétin, sans plus de commentaire à faire, quand à l’exemple pris de la grève des urgences, l’impasse est faite sur son caractère essentiellement politique et, précisément, anti-entreprise (anti équilibre des finances).
    La seule question, non posée évidemment, est : comment donner aux hôpitaux davantage d’autonomie de gestion dans sa production de recettes de manière à optimiser ses équilibres.
    Que l’auteur essaie de se renseigner avant de se répandre en élucubrations même pas idéologique, seulement bêtes.

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