L’expérience allemande montre que la participation du secteur privé et la recherche du profit, contrairement aux craintes largement répandues au Québec, sont associées à une meilleure qualité des soins et peuvent accroître l’efficacité d’établissements peu performants.
Comme nous l’ont encore rappelé les manchettes des derniers jours, l’engorgement dans les urgences et les temps d’attente pour subir une chirurgie n’ont pas diminué au Québec. Pourtant, d’autres pays développés réussissent mieux à gérer ces problèmes en ayant recours au secteur privé.
Un nombre considérable d’hôpitaux publics aux prises avec des difficultés financières ont été privatisés en Allemagne au cours des deux dernières décennies. La part des hôpitaux privés à but lucratif est ainsi passée de 15 à 33%. Comme l’illustre Frederik Roeder, économiste de la santé et auteur d’une Note économique publiée hier par l’Institut économique de Montréal (IEDM), ce changement a permis une amélioration de la qualité des soins, sans compromettre l’accessibilité.
« Contrairement à une crainte répandue au Canada, les hôpitaux privés ne tournent pas les coins ronds [1] en matière de qualité des services afin de réduire leurs coûts. Les études montrent plutôt que le succès de ces établissements repose sur leur réputation : c’est une meilleure qualité de soins qui leur permet d’attirer des patients et de réaliser des profits », souligne M. Roeder. Par exemple, l’organisme chargé de surveiller la qualité des soins en Allemagne a relevé 9% de plus de problèmes dans les hôpitaux publics que dans les hôpitaux privés à but lucratif.
Le Canada et l’Allemagne partagent les mêmes valeurs d’universalité des soins et consacrent tous deux environ 12% de leur PIB à la santé. Par contre, sur le plan des soins, les Allemands sont beaucoup mieux servis. « L’attente aux urgences est un phénomène inexistant en Allemagne », fait remarquer l’auteur.
Pour mieux répondre aux besoins des patients, les hôpitaux allemands privés ont par exemple réduit le nombre de cas par médecin à un rythme cinq fois plus rapide que les hôpitaux publics. Dix ans plus tard, les médecins pouvaient ainsi passer 25% plus de temps avec leurs patients. De plus, on observe que les hôpitaux privatisés ont généré des gains d’efficacité de 3,2 à 5,4% supérieurs à ceux des hôpitaux publics.
« La présence d’acteurs privés en santé améliore la qualité des soins pour les patients sans qu’aucun d’entre eux soit laissé pour compte. L’Allemagne en est la preuve puisqu’elle a intégré une proportion importante d’hôpitaux privés à l’intérieur de son système de santé tout en conservant un seuil de financement public comparable à celui du Canada. », affirme Michel Kelly-Gagnon, président-directeur général de l’IEDM.
La Note économique intitulée Le secteur privé dans un système de santé public : l’exemple allemand, préparée par Frederik Cyrus Roeder, économiste de la santé, en collaboration avec Yanick Labrie, économiste à l’IEDM, peut être consultée sans frais sur le site de l’IEDM.
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[1] « Tourner les coins rond » est une expression québécoise. L’expression équivalente française est « faire les choses à moitié ».
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« Tourner les coins ronds » est plutôt la traduction littérale (les francophones canadiens en sont friands) de l’expression anglaise « to cut corners », qu’il vaut mieux traduire par « prendre des raccourcis ».
Une rapide recherche google et je trouve pourtant toujours les mêmes « traductions » : accomplir un travail avec négligence, bacler quelque chose, faire les choses à peu près…
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@amirKhadir hier a Dutrizac: …la privatisation allonge les listes d’attentes. Pas en Allemagne entk http://t.co/DB7yufjg @radiopirate2
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En effet, tourner les coins ronds = to cut corners = mégoter
Le #Québec réfléchit à la privatisation des hôpitaux en analysant le modèle allemand (lien vers note dans l’article)
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