Par Paul Ginabat.1
Xavier Niel (patron de Free, actionnaire de Le Monde, Télérama, L’Obs, Courrier international…), sur le ton de l’humour selon lui, déclarait il y a quelques années
« Quand les journalistes m’emmerdent, je prends une participation dans leur canard et ensuite ils me foutent la paix ».
Il faut comprendre pour guérir. Comprendre pourquoi le journaliste serait devenu une sorte de mercenaire idéologique pour patron de presse militant. Comprendre pourquoi la fracture entre les journalistes et le peuple français semble augmenter. La défiance ambiante est une sonnette d’alarme !
À l’heure d’Internet, il est préoccupant de constater que Reporter Sans Frontières classe la France à la 32e place sur 180 de son classement mondial de la liberté de la presse. Certes, nous pouvons nous rassurer en pensant qu’en 2016, la France était 45e. Mais pas de quoi se réjouir si vite, nous avons beaucoup de progrès à faire. Un des grands maux dont souffrent les médias, en particulier ceux du service public, est bien sûr celui du manque de pluralisme. S’il est compréhensible qu’un média d’État ne soit pas à l’exact opposé de la ligne du gouvernement, l’ampleur du conformisme d’opinion actuel l’est beaucoup moins. Et financé par mes premiers impôts, encore moins.
Le conformisme touche tous les sujets. Sur le plan sociétal, le progressisme donne le la : PMA, GPA… gare à celui qui ne « pense pas bien », il sera victime des pires anathèmes. Immigration, islam, minorités, travail, État, fiscalité, liberté d’expression, géopolitique. Rien n’est épargné, et les Français ressentent douloureusement cette concentration idéologique. Si rien n’excuse les violences contre les journalistes par certains militants Gilets jaunes, celles-ci sont les symptômes de ce ressenti.
Du journalisme à contre-courant
Nous pouvons trouver de nombreuses raisons à ce nivellement par le bas de l’esprit critique. Entre-soi mondain, journalistes partageant les mêmes opinions, écoles de journalisme orientées, journalistes découragés face aux pressions… Mais alors, n’y aurait-il pas des journalistes à contre-courant prêts à produire du contenu dans des médias également à contre-courant ?
Les sites Internet d’information et d’opinion se multiplient, et permettent d’entrer plus facilement qu’au siècle dernier dans l’univers du journalisme. Le contact est facilité par les réseaux sociaux, l’accès à la publication est plus large. Il serait facile d’accuser Internet de tous les maux, notamment de celui des fake news, plus présentes sur le Web. Cependant, quelle bouffée de liberté face aux médias traditionnels !
Mais tant que les écoles de journalismes formeront des journalistes à la pensée conforme, le pluralisme des médias et dans les médias est un vœu pieux. Le pluralisme d’opinion passe par la formation de journalistes aux profils différents. L’Institut Libre de Journalisme a ainsi été lancé il y a un an dans ce but. Les médias en ligne se développent, les journalistes de demain se forment. Puissent ces nouveaux médias et écoles œuvrer au pluralisme dans les médias. La liberté d’information passe par là.
- Paul Ginabat est étudiant de l’Institut Libre de Journalisme (promotion 2018/2019). ↩
En 2013, l’Alsace était une région et nul ne parlait du ‘GrotEsque’, il n’y avait aucune raison valable de fusionner deux départements traditionnellement ‘chamailleurs’ , principalement sur des petites différences linguistiques. mais qui cohabitaient en toute inimitié. 😉
La collectivité européenne d’Alsace, parodie de fusion, est un pis aller pour tenter de calmer l’opposition massive du peuple alsacien à cette chimère de grand est…
Le combat ne fait que commencer !
Hopplà !
” Le journalisme français est l’art de faire croire au peuple ce que le gouvernement juge bon. ”
( Die französische Journalistik ist die Kunst, das Volk glauben zu machen, was die Regierung für gut findet. )
Heinrich von Kleist, Manuel de journalisme français, 1809
Si vous avez un Etat et un pouvoir centralisés, vous avez par effet gravitationnel toutes les chances de favoriser un conformisme journalistique.