Éolien : deux fédérations nationales déposent plainte contre l’État pour pollution

La Fédération Environnement Durable (FED) et Sites & Monuments (SPPEF) déposent un recours devant le tribunal administratif de Paris relatif aux déchets de l’industrie éolienne.

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Eolienne Nordex by Frédéric BISSON (CC BY 2.0)

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Éolien : deux fédérations nationales déposent plainte contre l’État pour pollution

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 5 juillet 2019
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Par Jean-Louis Butré et Bruno Ladsous.

La Fédération Environnement Durable (FED), association d’intérêt général, et la Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF * Sites & Monuments) agréée au plan national pour la protection de l’environnement, attaquent l’État devant le Tribunal administratif de Paris en raison de la pollution croissante du territoire générée par les éoliennes industrielles.

Instruites par la multiplication des friches éoliennes à l’étranger, la Fédération Environnement Durable (FED) et Sites & Monuments (SPPEF) déposent un recours devant le tribunal administratif de Paris relatif aux déchets de l’industrie éolienne.

Ce recours vise à engager la responsabilité de l’État du fait de l’illégalité de sa réglementation applicable aux déchets éoliens, laquelle autorise leur abandon dans les sols, néglige la hiérarchie de leurs modes de traitement et n’impose aucune garantie financière crédible en matière de remise en état des sites.

Le tribunal administratif est saisi du préjudice issu de cette réglementation inopérante, nouvelle faveur faite à des promoteurs déjà coupables d’une atteinte fondamentale à la biodiversité, d’une rupture sociale et de la destruction de nombreux paysages ruraux français pour une production électrique anecdotique ruineuse et dépourvue de fiabilité.

Le 19 juin 2019, la Fédération Environnement Durable avait  déposé au Conseil d’État un premier recours pour excès de pouvoir contre le ministère de la Transition Écologique et Solidaire demandant notamment l’abrogation de l’arrêté du 26 août 2011 relatif à la remise en état et à la constitution de garanties financières pour les installations de production d’électricité utilisant l’énergie mécanique du vent.

Annexe

Selon le calendrier de la programmation pluriannuelle de l’énergie, (PPE) annoncé par le gouvernement (3), environ 14 500 éoliennes seront installées à l’horizon 2028, ce qui correspondra à une artificialisation massive des sols ruraux, puis à la constitution d’une colossale déchetterie industrielle.
La situation de l’Allemagne (1) confrontée à ses premiers démantèlements d’éoliennes, nous révèle qu’aucune précaution à la hauteur des enjeux n’a été prise par l’État français (2) pour protéger l’environnement.

Le démantèlement de multiples éoliennes géantes est en effet illusoire compte tenu de son coût, pour une consignation de seulement 50 000 euros. Le territoire de la France, lorsque la perfusion de deniers publics cessera, sera couvert de friches industrielles disséminées sur tout le territoire et de lignes de très haute tension devenues inutiles.

Après avoir détruit des haies, rasé des chemins ruraux historiques et construit des routes en plein champ pour acheminer des éoliennes atteignant aujourd’hui 250 mètres de haut, les industriels de l’éolien dont les structures financières sont volontairement insuffisantes, vont abandonner une quantité gigantesque de matériaux polluants non recyclables, voire non traitables : (4)         

  • 36 millions de tonnes de béton armé pour fabriquer les socles à tout jamais enterrés soit l’équivalent de 1,8 million de camions-toupies représentant une file de 18 000 km.
  • 435 mille tonnes de plastiques spéciaux pour les pales fabriquées à base de polymères, de fibre de verre et de carbone, très difficilement traitables voire non recyclables. Si ces pales de 55 mètres étaient mises bout à bout, elles couvriraient 2800 km.
  • 8 millions de tonnes d’acier ordinaire, d’aciers spéciaux à base de manganèse, de chrome, de nickel, de molybdène pour les mâts, les rotors etc.
  • des centaines de milliers de tonnes de cuivre pour les génératrices d’électricité, les câbles électriques, les milliers de transformateurs constituant les postes sources, sans compter les milliers de km de nouvelles lignes à HT pour raccorder les 14 500 éoliennes au réseau et distribuer leur courant intermittent.
  • 6 mille tonnes de terres rares dont principalement le néodyme, un produit chimique stratégique pour fabriquer les aimants des nouveaux alternateurs, difficilement recyclable et produit en Chine dans des conditions écologiques et humaines toxiques défrayant la chronique depuis des années. (4)
  • 15 mille tonnes par an d’huile de vidange par an dont une partie s’écoule dans les sols, polluant durablement les nappes phréatiques.

 (1Le (polluant) recyclage des vieilles éoliennes allemandes : article du Figaro  publié le 29 janvier 2019. De nombreux sites subventionnés pendant des années ne sont plus compétitifs au prix actuel de l’électricité. Leur démantèlement implique des investissements que n’ont pas prévus les exploitants, et risque de poser de vrais problèmes écologiques…

( 2) Provisions actuelles pour démantèlement d’une éolienne : 50 000 euros.

(3) Renouvelables-La France vise un rythme soutenu d’appels d’offres PARIS, 25 janvier (Reuters)
La France prévoit un rythme soutenu d’appels d’offres dans l’éolien terrestre et le solaire photovoltaïque afin de doubler ses capacités de production d’électricité renouvelable en dix ans, selon le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) publié vendredi.…
Selon le calendrier prévu de développement des renouvelables, des appels d’offres représentant près de deux gigawatts (GW) de capacités d’éoliennes terrestres seront lancés chaque année sur la période 2019-2024… Pour multiplier par environ 2,5 les capacités installées d’éoliennes terrestres. En dix ans, environ 14 500 mâts seraient installés sur le territoire métropolitain à horizon 2028, contre 8000 à fin 2018.

(4) Évaluation de la quantité totale de matériaux du parc éolien français constitué de 14 500 mâts, chiffre issu des brochures techniques de constructeurs allemands et danois d’éoliennes.

(5) La guerre des métaux rares : La face cachée de la transition énergétique et numérique.

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  • et donc si l’etat est condamné le contribuable payera les amendes a l’etat

    • on devrait prévoir des amendes pour les députés qui votent des lois qui s’avèrent plus tard une erreur économique et sociale Tout français doit être responsable de ses actes et en assumer les conséquences

    • Ne serait-il pas préférable de payer des amendes plutôt que de continuer à payer des subventions pour un système non fiable qui renchéri la facture de plus de 22%? Les amendes, c’est une fois, les factures gonflées c’est réguliérement . Sans compter que le black-out du aux EnR ne sera pas toujours évité de peu comme en janvier cette année

  • le seul point positif est par le simple choix du nom de l’association la démonstration que la « défense de l’environnement » est une impasse.. toujours un plaisir de voir des écologistes défendre des positions opposées.

    pour juger du truc on doit normaliser au wattheure (vendable!) produit, sinon de la richesse produite tout court.
    il faut pouvoir comparer un déchet toxique et un déchet radioactif par exemple…PAS POSSIBLE de façon objective..

  • On estime le coût de dépollution totale selon les critères des écologistes à environ 300.000 € par éolienne voire plus.
    Il apparait de plus en plus que ce mode de production n’est pas une alternative viable de production d’énergie.
    seul un mix comportant une production d’origine nucléaire permettra de disposer d’énergie en permanence, en quantité suffisante sans répression des consommateurs par le prix comme cela se produit actuellement.

    • le principe de remettre les choses en état originel me gêne un peu…il faudra vraiment remettre remplir les mines de minerai?
      et pourquoi pas réaccelerer le vent avec des ventilateurs pour ne pas modifier le climat derrière les éoliennes..pour le brassage bien le bonjour!!
      ce genre de principe peut aussi conduire à « ne rien faire ».

      ON DEGRADE L’environnement quand on fait un truc…
      y a des trucs comme le second principe de la thermodynamique et la conservation de l’énergie qui vont coincer quelque part.

      on a toujours fait des tas d’ordures..tant qu’il ne représentent pas un danger substantiel pour les humains c’est pas grave

    • Il y a non seulement le prix, mais également la stabilité du réseau électrique européen. L’éolien et le solaire étant capricieux, chez nous ce sont les centrales nucléaires qui modules leur puissance sur de grandes amplitudes en peu de temps pour compenser les fluctuations de l’éolien et du solaire. A force d’ajouter du renouvelable et de supprimer du nucléaire, tant que les avancées en matière de stockage d’énergie ne seront pas significatives, il sera de plus en plus difficile de maintenir un équilibre production/consommation sur notre réseau, et de maintenir une fréquence stable à 50 Hz.

  • La duree de vie d’une eolienne semble vraiment tres courte , 24 h ,le temps que’le finnciers deguerpissent aux bahamas…

  • c’est toute la France qui devraient porter plainte contre l’état pour pollution ; quand on voit comment ils emmerdent les Français qui roulent au diésel , et  » en même temps « , l’état laisse s’installer une pollution non seulement esthétique mais en plus dangereuse pour l’environnement et qui nous coûte la peau des fesses ;

    • l’ecologie est une idéologie..l’ecologie politique est arbitraire à donf..

      la pollution ne fait que justifier de taxer le diesel davantage..la vraie raison est que dans le grand manuel écolo..diesel= méchant.
      si on taxe les particules ont doit taxer toute les sources de particules..ou sinon …

      ne cherchez pas plus loin que les ancienne fumées noire des diesels.. ça suffit pour creer une conviction.

  • A force de vouloir tout et son contraire, la boucle est bouclée : pas de pétrole, pas de charbon, pas d’éoliennes… Achetez des chandelles !

  • Ces socles pourrons servir de pistes pour des hélicos, ou pour du patins a roulettes ! ? Voir de fondations pour des constructions d’habitations Zadistes, un race en peine expansion

  • Deux trois remarques.
    La loi impose l’obligation d’éliminer le béton des socles, en cas de démantèlement définitif sur un à deux mètres de profondeur, ce qui autorise des cultures après coup. Et encore beaucoup de parcs sont construits sur des lignes de crêtes, parmi la rocaille, sur des terrains qui n’ont jamais été cultivables.
    Autre chose, l’éolien est en expansion. Le démantèlement définitif des parcs est une option très hypothétique. Le plus probable est que ces parcs continueront de servir, dans 20 ans, pour de nouvelles éoliennes.
    Par ailleurs, on ne peut pas vraiment parler de pollution au béton, matériau de construction plutôt inerte largement utilisé dans nos maisons.
    Enfin, les lignes qui partent des parcs ne sont pas des lignes hautes tensions. L’implantation des parcs tient compte des lignes HT déjà existantes pour minimiser le coût du raccordement.
    Bref, cette plainte a peu de chances d’aboutir.

    • Pour pertinent que soit votre commentaire, il ne tient pas compte des autres inconvénients des EnR . L’éolien n’est plus en expansion, des que les subventions s’arrêtent et que l’électricité produite n’est plus surpayée, c’est le gros bouillon . De toute façon, tant que l’on ne saura pas stocker l’énergie produite c’est un danger permanent pour l’ensemble du réseau . Comme d’habitude, les états stratèges ont mis la charrue avant les boeufs et démontrés leur incompétence

      • Le déploiement de l’éolien n’est pas près de s’arrêter en France (on a pris du retard d’ailleurs). Ne vous tracassez pas pour le subventionnement, c’est vous et moi qui l’assurons à travers nos factures d’électricité.
        Le stokage de l’électricité serait un plus (les batteries des voitures électriques par exemple ?) mais RTE sait parfaitement gérer le transport de notre électricité surtout quand les sources intermittentes (eolien solaire) ne dépassent pas quelques % .

      • ben son commentaire est plein de bon sens, JUSTEMENT cet argument est assez mauvais et à relativiser.

        le défaut de l’éolien est d’abord et avant tout politique.

  • Ils veulent de l’écologie ❓ mais alors, qu’ils fassent donc de l’écologie pour de bon ❗

  • Nucléaire dispendieux et techno-oligarques dangereux pour la démocratie. Eolien polluant: de tout cela on ne sortira que par le progrès humain, qui passe par la décroissance. L’article est très bon: un reproche: le lien concernant l’ouvrage « La face cachée de la transition énergétique et numérique. » renvoie directement au site d’Amazon, société oligopolistique, qui est l’antithèse du libéralisme. Un peu de cohérence, un peu de soutien à nos libraires qui participent, en diffusant les idées, à la démocratie !

    • Vous parlez de décroissance sans même penser aux conséquences. Lorsque l’économie ralentie, le chômage augmente puisque des postes deviennent inutiles. On a déjà 7 millions de gens sans emploi en France. Ce n’est pas assez pour vous? Vous voulez perdre votre boulot? C’est la consommation qui nous fait travailler. C’est incroyable de constater le manque de maturité, de logique et la nullité crasse des français en économie! Toujours en train de sortir des foutaises irréalistes.

    • Ne rêvez pas. Il n’y aura pas (il n’y a jamais eu) de décroissance. Si vous supprimez tout ce qui ne vous convient pas (nucléaire, éolien, bagnole ? ) êtes vous prêt à renoncer à vos vacances, à vivre dans le noir à la nuit tombée et à vous chauffer un jour sur 5 en hiver ? Êtes-vous prêt à devenir chômeur (non indemnisé bien sûr) ?

    • oui oui la « bonne » façon de produire de électricité est s’en passer….
      c’est certain qu’on évite les problèmes liés à la production électrique..pas de bol les gens vont abattre des forets.. continuez ..la solution est la dépopulation..

    • Encore un coup de Maillet 😉

  • L’industrie du pétrole ne se cache-t-elle pas derrière ces attaques ? Parce que les installations pétrolières (oléoducs, raffineries, plateformess) elles ne polluent pas peut-être ?
    Selon l’Opep, les militants du climat sont la « pire menace » pour
    le pétrole. Le secrétaire général de l’organisation estime que l’opinion publique est « induite en erreur » et mène des campagnes « non scientifiques » contre l’industrie du pétrole……

    • tout le monde pollue mon gars..
      c’est un peu comme dire le glyphostae est cancerogène DONC on interdit.

      non.. si on se soucie de l’environnement, il faut mesurer l’impact par source de production par unité de richesse *produite et décider en conséquence, ce qui implique d’ailleurs de l’arbitraire…

      parler des nuisance de l’éolien dans l’absolu n’aide pas..on doit relativiser comparer..
      en fait le discussions sur l’éolien seul sont vaines car hypothétiques..le fait est les renouvelables seuls sont incapables de répondre à la demande actuelle..
      les scenarios renouvelables impliquent toujours une modification de la demande électrique…c’est usant..

      * on ne peut pas dire par kiloWattheure produit car tout kiloWattheure produit n’est pas équivalent.

  • La question des déchets éoliens était déjà soulevé par un journal (subventionné par l’Etat) en 2008, et parlait déjà de cette FDE (à laquelle je ne ferais pas trop confiance, mais ça, c’est juste après avoir creusé un peu leur site. Désolé ne pas être un béni oui-oui).
    http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2008/02/08/01006-20080208ARTWWW00644-eoliennes-miracle-ou-arnaque-.php

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