Déficit public : le symptôme de déconfiture qui ne trompe pas

Le déficit mensuel est un signe que tout dérape et échappe au contrôle : il signifie que les impôts ne rentrent plus.

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Déficit public : le symptôme de déconfiture qui ne trompe pas

Publié le 16 avril 2019
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Par Simone Wapler.

Comment commence vraiment une crise des finances publiques ? Lorsque le manque de rentrées fiscales au mois le mois suscite des déficits imprévus.

Dan Denning a publié le 2 avril une note inquiétante sur les finances publiques américaines. En février, les États-Unis – ou plus exactement l’État fédéral – n’ont pas bouclé leur fin de mois.

« Rien de nouveau sous le soleil », pensez-vous peut-être, « tout le monde baigne dans les déficits et la dette ».

Certes, mais il y a une différence entre planifier un déficit sur l’année, émettre des emprunts puis payer ce qu’on doit chaque mois avec l’argent préalablement emprunté… et être pris au dépourvu, au pied du mur.

Voyons les chiffres avancés par Dan Denning :

« Le gouvernement des États-Unis a affiché un déficit de 234 milliards de dollars au mois de février, le plus gros déficit mensuel de l’histoire du pays. Trois postes de dépenses – la Sécurité sociale pour 87 milliards, Medicare pour 52 milliards et les intérêts sur la dette à 25 milliards – cumulent 164 milliards de dépenses en février. Cela a absorbé la TOTALITÉ des recettes mensuelles à 3 milliards près. »

Évidemment, une fois ces dépenses sociales payées ainsi que les intérêts de la dette, il reste pas mal de factures. Dan Denning accompagne ses chiffres d’un schéma :

Le déficit mensuel est un signe que tout dérape et échappe au contrôle : il signifie que les impôts n’entrent plus.

En fait, le mirage du programme de Trump était la baisse d’impôts auto-financée par les recettes en raison de l’expansion économique qu’elle allait susciter.

Sauf si vous croyez au Père Noël, on n’a jamais vu des baisses d’impôts sans baisse des dépenses publiques.

Sauf si vous croyez aux Martiens, on n’a jamais vu un pays mettant en place un système de Sécurité sociale réduire ses déficits.

En France aussi, il est très important de suivre mensuellement le budget de l’État. Un gros déficit sera le signe avant-coureur de la crise.

Souvenez-vous de novembre 2018 et du premier rassemblement des Gilets jaunes. Ils ont été poussés sur les ronds-points par une augmentation de la taxe sur le diesel.

Cette augmentation était brutale et le motif invoqué (fiscalité verte, changement climatique) inepte. Les deux bons ingrédients pour une révolte fiscale classique étaient en place : taxe imprévue et explication mensongère. N’importe quel énarque a cependant une petite culture historique des révoltes fiscales. Donc pourquoi une telle mesure ?

Parce que, justement, le déficit mensuel de l’État français était béant, comme le démontrait implacablement Eric Verhaeghe dès le début de l’affaire des Gilets jaunes ; la taxe sur le diesel était un expédient pour faire entrer de l’argent en urgence.

Les quatre impôts majeurs qui composent 80 % des recettes de notre État boulimique sont l’impôt sur les sociétés (IS), l’impôt sur le revenu (IR), la TVA et la taxe intérieure sur le carburant (TICPE). C’est cette dernière recette que l’État a voulu rapidement augmenter, le reste étant plus difficile à faire en passant sur le ventre du parlement. D’autant plus qu’Emmanuel Macron s’est engagé à baisser l’impôt sur les sociétés.

Pour rappel : sauf si vous croyez au Père Noël, on n’a jamais vu des baisses d’impôts sans baisse des dépenses publiques.

Depuis 2017, les recettes fiscales s’infléchissent (malgré tout ce que nous payons en impôts) et au 30 septembre 2018, le déficit devenait un vrai problème. D’où l’urgence.

Le déficit mensuel devient un indicateur pertinent de future crise budgétaire, aux États-Unis comme en France ou en Italie.

Évidemment, les États-Unis pourront toujours détruire le dollar et emprunter le chemin financier de l’Argentine ou du Zimbabwe. Mais pour la France, tant que nous restons dans l’Eurozone, ce sera plus difficile.

Le ralentissement de la croissance mondiale va peser sur les recettes fiscales françaises alors que le gouvernement avait vendu à Bruxelles un budget 2019 à l’équilibre. Comme aux États-Unis, le poste le plus important de dépenses est le poste social, qui représente 575 euros sur 1 000 euros de dépenses publiques. La situation peut donc très vite dégénérer.

Pour plus d’informations, c’est ici.

Voir les commentaires (23)

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Créer un compte Tous les commentaires (23)
  • 87 milliards de sécurité sociale
    52 milliards de Medicare
    46 milliards pour la santé (health)
    16 milliards pour les vétérans

    Comment un pays qui n’a (selon nos collectivistes franchouillards) aucune protection santé peut il dépenser 201 milliards dans ce domaine pour le seul mois de février, le plus court de surcroît ?

    Quelqu’un peut expliquer ?

    • je serais tenté, benoîtement, de vous dire que nos collectivistes franchouillards ne sont pas la meilleure d’information possible.

    • medicare = securite sociale pour les pauvres
      Je sais pas d ou sortent les 87 et 46 milliards.
      De toute facon le Systeme US de santé est quand meme un sacre contre exemple: il coute tres cher, couvre pas une bonne partie de la population et a des performances globales mediocre (esperance de vie, Etat de sante) . Ce qui est logique : vu les couts les gens hesitent a consulter et le font quand ca fait vraiment tres mal. du coup on doit sortir la chirurgie lourde alors que si pris a temps ca aurait ete un traitement plus leger

  • 2018 est une année pour laquelle il n’y aura pas d’impôts sur le revenu (cependant pas dans tous les cas de figure). On peut estimer raisonnablement qu’environ vingt à trente milliards n’entreront pas dans les caisses de l’état. Comme les dépenses ne baissent pas. L’unique que solution qui reste est le financement par la dette.

  • L’Etat s’endette aujourd’hui presque gratuitement, donc ce problème n’est pas la grande urgence. Il le deviendra peut être, mais pas tout de suite.
    L’endettement privé en France a explosé et vaut plus de 134% (l’endettement public d’un peu moins de 100%). La grande crise des dernières années était dûe à une explosion de l’endettement privé (marché immobilier US) et non de l’endettement public. Il faut donc prioriser les urgences au lieu de simplement répéter que l’Etat c’est le Mal.

    • Pas si facile de découpler endettements public et privé puisqu’il y a une rétroaction positive entre les deux.
      L’endettement public excessif entraîne une hausse de la fiscalité qui appauvrit les contribuables qui se surendettent pour continuer à vivre.
      Inversement l’appauvrissement du public surendetté entraîne une baisse des recettes fiscales qui aggrave à son tour l’endettement public.
      Il me paraît oiseux de prétendre que la crise de 2008 était due au surendettement privé.

      • Il existe sûrement des effets entre dette publique et privée, mais l’augmentation de la dette publique peut ne pas impacter directement les impôts si celle-ci est financée via les marchés.
        De même, plus d’impôt ne signifie pas forcément moins de consommation si cela concerne des personnes à partir d’un certain niveau de revenus (celles-ci ont plus tendances à placer leurs économies dans placements à haut rendement, ce qui a tendance à alimenter les bulles). Ces personnes ne vont pas s’endetter pour pouvoir continuer à consommer, cela ne pourrait être envisageable que pour des bas revenus.
        Enfin il me parait difficile de contester que l’explosion de l’endettement immobilier des ménages aux Etats-Unis a été le prémisse à la crise de 2008. Je pense qu’on peut être d’accord que cela n’était pas dû à un surendettement de l’Etat en tout cas, ce que cet article désigne comme le pire des maux et qui me semble se tromper de bouc émissaire.

        • « l’explosion de l’endettement immobilier des ménages aux Etats-Unis a été le prémisse à la crise de 2008 »

          Cette légende a été propagée par les étatistes forcenés pour disculper l’Etat.
          Il faut chercher en amont pourquoi les banques se sont mises à tellement prêter à des emprunteurs manifestement insolvables.

          • Sans rentrer dans un débat sur l’oeuf et la poule (oui l’Etat a voulu favoriser l’accès à la propriété, mais aussi la finance dérégulée a permis l’extension exponentielle du risque de défaut), mon point était de dire que ce n’est pas la dette publique qui a créé la crise, que ce n’est pas l’urgence à considérer contrairement à ce qu’affirme l’article. A contrario l’augmentation de la dette privée (qui atteint de nouveau les sommets de 2008) peut faire craindre une nouvelle crise.

            • La dérégulation en question (très ciblée, par ailleurs) a été elle-même l’oeuvre de l’Etat, dans le but précis d’encourager les banques à avoir les comportement qu’elles ont eu.
              Il n’y a donc pas eu plus de poule que d’oeuf.

              • Je pensais que sur ce site on était plutôt favorable à la dérégulation non ? Donc quand on laisse faire les entreprises privées et qu’elles se mettent à faire n’importe quoi (prêter à des gens insolvables, spéculer sans garde-fou sur les dérivés ), ça reste la faute de l’Etat ?
                Merci d’avoir montré qu’un Etat régulateur est donc absolument indispensable !

                • Dérégulation n’est pas dérèglementation. Par exemple un État qui impose l’existence d’un monopole règlemente, mais dérégule (entre autres) les mécanismes de prix qui auraient cours sur un marché libre. Dans le cas présent, un État qui promet de sauver les banques (ou qui le laisse entendre) empêche la régulation du crédit en biaisant l’appréciation du risque.

          • Les banquiers ont prêté à des gens des minorités insolvables pour ne pas avoir à justifier leurs refus devant les commissions qui les auraient taxés de discrimination.

  • Une supposition qu’il puisse exister un journaliste intelligent, bon admettons. Il pourrait nous indiquer au jour le jour, les prix des carburants pratiqués et les prix que l’on aurait sans les annulations de hausses des taxes de fin 2017.
    La, les français comprendraient facilement.

    • Fin 2018, vous voulez dire ?
      Je préférerais, moi, un graphique qui met en parallèle le prix du pétrole, le prix à la pompe et le total des taxes empochées par l’Etat.

  • « jamais vu des baisses d’impôts sans baisse des dépenses publiques. »

    Il faudrait préciser cette affirmation.
    Bien sûr si l’état baisse les dépenses, il peut baisser les recettes (et/ou le déficit) mais cela marche aussi en sens inverse: en baissant les prélèvements obligatoires il améliore la capacité d’investissement et de consommation des contribuables, donc la prospérité générale, entraînant à relativement court terme une baisse des dépenses sociales (le pognon de dingue).
    C’est cet effet retard qui peut poser problème à cause du sursaut transitoire du déficit.

  • Pourquoi se pourrir la vie pour de simples questions d’argent , l’argent ca va ca vient quand ca vient ca va..et y a pas de probleme ont trouve toujours quelqu’un pour vous en donner ,il suffit de tendre la main ou de baisser son pantalon.

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