Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ? de Thibault Mercier

Alors que le droit devrait servir à poser les fondements d’une société libre et permettre la libre expression des personnes, il est devenu un instrument d’oppression.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ? de Thibault Mercier

Publié le 29 mars 2019
- A +

Par Jean-Baptiste Noé.

La discrimination est aujourd’hui interdite par de nombreuses lois et très mal perçue par l’opinion. Elle est associée à une faute morale, à une atteinte à l’égalité, à un jugement malsain des personnes. Pourtant, discriminer est un acte naturel et quotidien.

La discrimination est un choix libre effectué par les personnes. Choisir ses vêtements, sa nourriture, le lieu de son habitation, son conjoint, etc. c’est effectuer une suite de discrimination. Mais depuis la loi Pleven de 1972, une série de lois et de décrets ont été pris qui restreignent le champ possible des choix libres et qui criminalisent des actions libres et naturelles.

Ainsi, un employeur ne peut plus recruter sur des critères de sexe, de langue, de religion. Et l’auteur de citer des exemples, comme ce charcutier condamné pour n’avoir pas recruté un musulman, alors que celui-ci refusait de toucher le porc par respect pour sa religion, ou bien Abercrombie, condamné pour n’avoir voulu recruter que des vendeurs à la plastique attrayante, afin de se conformer à l’image de la marque.

Ce que démontre bien l’auteur, qui est par ailleurs avocat au barreau de Paris, c’est que la nature du droit a été dévoyée. Alors que celui-ci doit servir à poser les fondements d’une société libre et permettre la libre expression des personnes, le droit est devenu un instrument d’oppression, favorisant la constitution d’une tyrannie des juges et des magistrats qui échappe au pouvoir populaire. Cette déviance invisible pour les non-initiés modifie les rapports humains et le fonctionnement de la société.

La hantise de la discrimination conduit aussi à provoquer l’effacement de la culture française au profit de cultures extérieures, parfois jusqu’à l’absurde. Ainsi, une entreprise de BTP ne peut pas sélectionner ses ouvriers sur le critère de la maîtrise de la langue française, alors que pour certaines opérations délicates il est essentiel que les ouvriers ou les conducteurs d’engins sachent lire et comprendre le français.

Argumenté de très nombreuses références et puisant autant chez les auteurs littéraires et philosophiques que chez les juristes (comme Jean Carbonnier, Jean-Louis Harouel et Michel Villey), Thibault Mercier démonte aussi les soubassements intellectuels de cette dérive juridique. Les conséquences juridiques de la non-discrimination que nous subissons sont les conclusions d’une révolution intellectuelle commencée bien en amont.

Portée par des auteurs comme Michel Foucault ou Jacques Derrida, ce processus de déconstruction cherche à affaiblir la pensée européenne, en lui ôtant tout élément de résistance intellectuel et aujourd’hui juridique pour la soumettre aux assauts extérieurs. C’est un processus classique de constructivisme qui vise, par le droit et la pensée, à dissoudre les capacités de résistance intellectuelle.

Le droit arme de guerre

Ce que Thibault Mercier analyse ici sur le plan de la politique intérieure, est le même processus qui est à l’œuvre en politique extérieure avec la guerre du droit et la stratégie de l’intimidation. L’intimidation permet d’annihiler les défenses immunitaires intellectuelles, la guerre du droit permet ensuite de gagner les combats, sans avoir même à combattre.

L’interdiction de la discrimination est donc une atteinte aux libertés individuelles et nul ne sait encore jusqu’où cette atteinte va porter : imposition des lieux de logement, du conjoint, organisation de l’éducation des enfants… une fois que les principes juridiques ont été sapés, la tyrannie du droit peut aller très loin.

L’ouvrage a le mérite de la synthèse, et donc de présenter les points saillants de façon immédiate. Il propose aussi une réflexion intéressante sur la frontière comme garante des libertés publiques, du droit et de la rationalité, à l’image de l’Athéna à la borne du musée de l’Acropole, qui donne son titre au livre et qui illustre la couverture.

Thibault Mercier, Athéna à la borne. Discriminer ou disparaître ? Pierre Guillaume de Roux, 2019.

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)
  • Les planètes , la vie, les sociétés, tout repose sur la discrimination. Partout ou le hasard et des phénomènes gigantesques en nombre se produisent quelques-uns plus probable que d’autres de part des lois de Physiques, de chimie, de biologie etc.…, d’intelligence etc. prennent le dessus et oriente les systèmes, c’est la discrimination Innée, absolue, forme de loi fondamentale.
    Pour celui qui refuse la discrimination je ne vois qu’une solution, le suicide.
    Précision « La discrimination Positive » hérésie imaginée par des timbrés, n’est en réalité que le négationnisme du réel humain.

  • je dois être un vieux con, mais quand je veux aller dans un restaurant Chinois, si le personnel n’est pas asiatique, je n’entre pas…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Avec le retour de la volonté présidentielle d’inscrire l’IVG dans le texte fondamental qu’est la Constitution du 4 octobre 1958, certaines critiques sont revenues sur le devant de la scène, notamment venant des conservateurs, qu’ils soient juristes ou non.

Sur Contrepoints, on a ainsi pu lire Laurent Sailly, à deux reprises, critiquer cette constitutionnalisation en la qualifiant de « dangereuse et inutile » ou plus récemment, Guillaume Drago dans le « Blog du Club des juristes », critiquer ce projet, reprenant pour ce dernier une publ... Poursuivre la lecture

La capacité - ou non - pour un personnel politique de voir l’antisémitisme dans la société et de le dénoncer peut bien souvent servir de marqueur de son attachement aux valeurs républicaines et de sa capacité à traiter les faits de manière objective. L’actualité nous en a de nouveau donné une preuve, en excluant par là même une partie de la classe politique du champ républicain. La réaction de la France Insoumise à l'épisode du bombardement de l'hôpital sud de Gaza est à cet égard très représentative.

Dans la nuit du 17 au 18 octobre 2... Poursuivre la lecture

Première partie de cette série ici.

Deuxième partie de cette série ici. 

Dans leur lettre de saisine, les requérants font mention de l’existence d’un « principe fondamental reconnu par les lois de la République » (ci-après PFRLR) selon lequel le jury populaire est compétent pour statuer sur les crimes de droit commun.

L’existence d’un tel principe fondamental conduirait nécessairement à l’inconstitutionnalité des cours criminelles départementales (ou CCD). En effet, celles-ci étant dépourvues de jury populaire, elles ne p... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles