L’Europe de Macron : un projet source de divisions

À l’heure où le système français est en crise et se fait remarquer avec les Gilets jaunes, il n’est guère surprenant que la politique de Macron n’inspire pas confiance au sein de l’Europe.

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Emmanuel Macron at European Council 22-23 june 2017(CC BY-NC-ND 2.0)

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L’Europe de Macron : un projet source de divisions

Publié le 10 mars 2019
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Par Alexandre MASSAUX.

Le lundi 4 mars, le président Macron a publié, sur le site de l’Élysée, une lettre adressée aux « citoyens d’Europe ». Celle-ci détaille sa vision de l’UE et est, depuis sa publication, sujet à polémiques. Loin de fédérer, le projet européen de Macron attise avant tout les divisions et l’opposition face à lui. Les discours et prises de positions du président sont ironiquement défavorables au développement de l’UE.

Une vision européenne étatiste et clivante

Emmanuel Macron n’a jamais caché être partisan d’une Union européenne plus forte et institutionnellement plus développée. « L’Europe puissance », consistant à faire de l’UE un centre de puissance, est au cœur de sa politique étrangère (tout comme François Mitterrand avant lui). Mais cette conception de puissance est essentiellement une vision française qui ne soulève guère d’enthousiasme chez les autres pays membres. En effet, dans la pratique, l’idée « d’Europe puissance » a été et s’avère être un moyen pour exporter le système politique bureaucrate français dans le reste de l’Europe. C’est là le principal problème de la politique européenne de la France et plus précisément d’Emmanuel Macron : exporter l’étatisme, qui montre clairement ses limites en France, dans des pays qui se portent très bien sans lui.

De fait, la lettre du président propose, entre autres, la création d’une Agence européenne de protection des démocraties contre les fausses nouvelles, une Banque européenne du climat pour la transition énergétique et un Conseil européen de l’innovation. De même, il préconise une harmonisation sociale à travers un bouclier social commun aux membres. Ces exemples révèlent un souhait de centralisation à l’échelle européenne dans des domaines non régaliens.

L’accent de la politique d’En Marche est aussi mis sur le progressisme. Le président Macron et En Marche ont clairement adopté une politique de confrontation entre les progressistes qu’ils incarnent et qui seraient européens face aux populistes qui seraient eurosceptiques/euro réalistes. Cette résurgence de la stratégie « moi ou le Chaos » utilisée face à Marine Le Pen en 2017, semble contre-productive pour la stabilité européenne tant elle apparaît réductrice de la réalité. Tout progressiste (comme Jean-Luc Mélenchon) est-il pour l’Union fédérale ? Et tout conservateur est-il vraiment opposé à l’UE ? Viktor Orban, pourtant cité comme le porte-parole des eurosceptiques, a pourtant bien accueilli la lettre du président Macron en estimant que :  « cette initiative sera un bon début pour un dialogue sérieux et constructif sur l’avenir de l’Europe ». Si Macron perdure dans cette stratégie, il va créer des divisions et renforcer celles qui existent au lieu d’unifier.

La France isolée face aux autres États membres

À bien des égards, ce sont les conceptions « d’Europe puissance » de la France et « d’Europe espace » portée principalement par le Royaume-Uni qui s’opposent. Les divergences sur l’UE entre le Premier ministre Margaret Thatcher et le président français François Mitterrand sont toujours d’actualité. La première était partisane d’une Europe, espace de coopération plutôt que structure internationale tournée vers la puissance. Si cette conception « d’Europe espace » a temporairement perdu en force avec la transformation des Communautés économiques européennes en l’UE avec le traité de Maastricht, elle ressurgit désormais. « L’Europe espace » n’est actuellement pas seulement soutenue par les eurosceptiques qualifiés de populistes mais aussi par des États partisans de l’UE comme ceux de la nouvelle ligue hanséatique. Les petits pays sont en effet, plus hostiles au concept de « l’Europe puissance » qu’ils considèrent comme un moyen pour l’Allemagne et la France de renforcer leur puissance institutionnelle en Europe. Néanmoins, contrairement à Paris, Berlin se montre plus prudente et ne se montre pas hostile à « l’Europe espace » isolant encore plus Macron.

Vers la fin du partenariat franco-allemand ?

L’Allemagne n’est plus le grand partenaire de la France. En matière d’exportations allemandes, les États-Unis dépassent la France tandis qu’en matière d’importations, la France est troisième après la Chine et les Pays-Bas. Cette situation a pour conséquence que la France, qui était le principal partenaire il y a trois ans, est moins importante pour l’Allemagne qui se tourne de plus en plus vers des partenaires extra-européens. Le protectionnisme et le discours de confrontation à l’encontre des États-Unis, de la Chine et de la Russie (autre partenaire non négligeable) proposés par Macron risquent donc d’être mal perçus par Berlin.

De plus, au sein de l’UE, l’Allemagne se tourne de nouveau vers les pays du groupe de Visegrad, réputé être le bastion des eurosceptiques. L’existence d’enjeux stratégiques historiques fait que Berlin souhaite renforcer ses liens avec ces pays. La présence d’Angela Merkel  au dernier sommet du groupe en février 2019 le confirme. Cette situation diffère donc fortement du tournant européen vers l’Afrique voulu par Emmanuel Macron, là encore révélateur d’intérêts français déguisés en projets européens.

Finalement, le cœur du problème du projet européen de Macron est d’être le produit des dirigeants français. À l’heure où le système français est en crise et se fait remarquer avec les Gilets jaunes, il n’est guère surprenant que la politique de Macron n’inspire pas confiance dans l’Europe.

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  • Qu’il règle les problèmes de la France .. fiscalité, niche fiscale , dépense publique d’après le 1er ministre a dit: je n’en suis pas capable !! et bien qu’il démissionne !! le 1er handicap de ce pays est fiscale et dépense
    publique … supprimer la Taxe d’Habitation et de l’autre augmenter la Taxe Foncière d’un autre côté !! C’est de la manipulation de cerveau !! Cela ne résout rien ..c’est une escoquerie !!! pour preuve le budget de L’ÉTAT
    pour 2019 est faux !!

  • macron ferait bien lui aussi de se tourner vers des partenaires y compris ceux qui sont eurosceptiques ,sans oublier la Russie ; qu’il ne s’inquiète pas pour l’Afrique puisque c’est elle qui vient chez nous….

    • Un partenaire évident des pays européens, (je ne dit pas l’Europe), c’est la Russie , le plus grand pays du mode, assez proche de nous.
      On parlait le Français a la cour des tsars.

  • l’Europe de Macron n’existe que dans sa tete ,et ne verra jamais le jour ! quand ce mégalomane incompetent va t il arrêter de nous faire croire que sans lui la terre va s’arrêter de tourner ? il est la risée de 20 pays européen qui ne veulent pas de ses idées a coté de la plaque .il est donc très loin d’avoir une majorité qui puisse le suivre sur quoi que ce soit .
    peut être fera t il imploser cette europe bancale, il aura au moins réussi quelque chose dans sa vie !

    • L’Europe de Macron existait déjà dans la tête de Monnet et de quelques autres, avec des arrière-pensées mondialistes.
      Ce projet centralisateur et bureaucratique est à fuir.

      • @La petite bête

        Exactement. Voici un exemple de la « vision européenne » de Monsieur Monnet (« Ce petit financier à la solde des États-Unis », disait De Gaulle qui utilisait ce brillant technicien mais sans aucune illusion sur sa loyauté) :

        « Il faut se résoudre à conclure que l’entente est impossible avec De Gaulle, qu’il est un ennemi du peuple français et de ses libertés, qu’il est un ennemi de la construction européenne (et) qu’en conséquence, il doit être détruit dans l’intérêt des Français. »

        (Jean MONNET)
        Note déclassifiée, adressée à Harry Hopkins, principal conseiller de Roosevelt entre 1940 et 1945 ; cité par Éric Branca, « De Gaulle – Monnet ou le duel du siècle », Revue Espoir, n°117, novembre 1998, p 9.

        Il y a une réelle continuité entre
        – cette allégeance envers les États-Unis en trahissant le Gouvernement de la France qui était en permanence confronté à la malveillance de Roosevelt : cf. notamment la tentative d’administration militaire de la France en 1944 (« AMGOT ») parmi mille autres mauvais procédés
        – et la conception actuelle otanisante de l’UE, presque totalement inféodée aux États-Unis.

        Et pourtant, Monsieur Micron persiste à ânonner les idées moisies de Monsieur Monnet, digne père de cette Europe atlantiste couinant après la « Protektion » impériale alors que le danger soviétique a disparu et que la Russie est fondamentalement un partenaire stratégique très intéressant.

    • pouh c’est pas ce bla bla inconséquent qui fera exploser l’europe, c’est encore donner trop d’importance à la France ; les bons de la classe laissent parler l’idiot et font comme si de rien n’était.

  • macron sera fixé apres les europennes , si en marche se plante , il sera cuit

    • C’est exactement pour ça tout ce brassage d’air, pour éviter une grosse déconvenue. L’Europe, c’est juste un prétexte. De toute façon, il ne parle de rien de concret.

    • Cuit mais indéracinable…

      • @ RX33
        Ben oui! Rien n’est prévu pour dégommer un président de la république, en France (sauf si il devient « fou », reconnu par la faculté!). Et puis c’est vous qui l’avez élu!

  • Macron a juste oublié que pour être crédible en Europe, il faut d’abord l’être dans son propre pays…

  • Amusant, un analyste politique roumain compare Macron à Brejnev (la certitude de l’immobilisme) et Orbàn à Trotski.
    Et il conclut par demander un Soljenitsyne.

    • @durru : bien vu

      Voici de quoi illustrer la comparaison entre Micron et Brejnev ; c’est un texte de Vladimir Boukovski qui date de 2005 :

      « Il est étonnant qu’après avoir enterré un monstre, l’URSS, on en construise un tout autre semblable, l’Union européenne (UE).

      Qu’est-ce, au juste, que l’Union européenne ? Nous le saurons peut-être en examinant sa version soviétique.

      L’URSS était gouvernée par quinze personnes non-élues qui se cooptaient mutuellement et n’avaient à répondre à personne. L’Union européenne est gouvernée par deux douzaines de gens cooptés qui se réunissent à huis clos, ne répondent à personne et ne sont pas limogeables.
      On pourrait dire que l’UE a un parlement élu. L’URSS aussi avait une espèce de parlement, le Soviet Suprême. Nous avalisions sans discussion les décisions du Politburo, tout comme le Parlement européen, où le temps de parole de chaque groupe est rationné et souvent se limite à une minute par intervention. À l’UE, il y a des centaines de milliers d’eurocrates, avec leurs émoluments énormes, leur personnel, leurs larbins, leurs bonus, leurs privilèges, leur immunité judiciaire à vie, simplement transférés d’un poste à un autre, quoi qu’ils fassent, bien ou mal. N’est-ce pas l’URSS tout crachée ?

      L’URSS fut créée par la contrainte, très souvent avec occupation armée. On est en train de créer l’UE, pas par la force armée, non, mais par la contrainte et la terreur économique. Pour continuer d’exister, l’URSS s’est étendue toujours plus loin. Dès qu’elle a cessé de s’étendre, elle a commencé à s’écrouler. Je soupçonne qu’il en sera de même pour l’UE.
      « On nous avait dit que le but de l’URSS était de créer une nouvelle entité historique, le Peuple Soviétique. Il fallait oublier nos nationalités, nos traditions et nos coutumes. Même chose avec l’UE, semble-t-il. Ils ne veulent pas que vous soyez anglais ou français, ils veulent faire de vous tous une nouvelle entité, des européens, réprimer vos sentiments nationaux, vous forcer à vivre en communauté multinationale. 73 ans de ce système en URSS se sont soldés par plus de conflits ethniques que nulle part ailleurs au monde.

      Un des buts grandioses de l’URSS était de détruire les états-nations. C’est exactement ce que nous voyons en Europe aujourd’hui. Bruxelles a l’intention de phagocyter les états-nations pour qu’ils cessent d’exister.

      Le système soviétique était corrompu du haut jusqu’en bas. C’est la même chose pour l’UE. Les activités antidémocratiques que nous voyions en URSS, fleurissent en Union Européenne. Ceux qui s’y opposent ou les dénoncent sont bâillonnés ou punis.
      Rien n’a changé.

      En URSS nous avions le goulag. Je crois qu’on l’a aussi dans l’UE. Un goulag intellectuel, nommé « politiquement correct ». Essayez de dire ce que vous pensez sur des questions de race ou de sexualité, et si vos opinions ne sont pas bonnes, vous serez ostracisés. C’est le commencement du goulag. C’est le commencement de la perte de votre liberté.

      En URSS, on pensait que seul un état fédéral éviterait la guerre. On vous raconte exactement la même chose dans l’UE.

      Bref, c’est la même idéologie dans les deux systèmes. L’UE est le vieux modèle soviétique habillé à l’occidentale. Mais, comme l’URSS, l’Union européenne porte en elle les germes de sa propre perte. Hélas, quand elle s’écroulera, car elle s’écroulera, elle laissera derrière elle une immense destruction et de gigantesques problèmes économiques et ethniques. L’ancien système soviétique était irréformable. De même, l’Union européenne.

      Mais il y a une alternative à être gouvernés par deux douzaines de ronds-de-cuir à Bruxelles. L’indépendance.

      Vous n’êtes pas forcés d’accepter ce qu’ils vous réservent. On ne vous a jamais demandé si vous vouliez vous joindre à eux.

      J’ai vécu dans votre futur, et ça n’a pas marché. »

      (Vladimir BOUKOVSKI)
      Transcription/traduction d’un entretien avec Vladimir Boukovski en 2005, qu’on peut retrouver sur youtube.com

      Vladimir Boukovski est un ancien dissident soviétique qui a passé douze ans de sa vie emprisonné. Il est le premier à avoir dénoncé l’utilisation de l’emprisonnement psychiatrique contre les prisonniers politiques en URSS. En 1976, il est échangé contre le dirigeant communiste chilien Luis Corvalán et vit actuellement au Royaume-Uni.
      Il évoque ici un point commun entre l’Union européenne et l’URSS : le totalitarisme et développe sa thèse dans un essai au titre évocateur : « L’Union européenne, une nouvelle URSS ? » (Éditions du Rocher, 2005, 179 p).

      Qu’on ne vienne pas soutenir sans apporter de preuve sérieuse que Vladimir Boukovski est un individu dont l’ « horloge mentale » est restée à l’heure de l’URSS. Or il a tenu ces propos en 2005, soit 29 après avoir quitté l’URSS et après avoir complètement refait sa vie, notamment en passant un mastère en biologie et en écrivant plusieurs livres et essais politiques. Bref, pour rester modéré, l’appréciation non argumentée que vous portez sur Vladimir Boukovski est pour le moins téméraire.

      Pour le reste, sans entrer dans des débats interminables, quelques points sont à garder en mémoire :
      – plusieurs conceptions des relations entre nations européennes sont envisageables et tout autant légitimes : il est donc inacceptable que les européistes – dont vous êtes et c’est votre droit – affirment qu’il n’existe pas d’autre conception que la leur, sauf à être nationaliste, fasciste, réactionnaire, etc. Et ils se définissent comme « européens » et ils qualifient ceux qui ne partagent pas leur avis d’ « anti-européens » : ce strident sectarisme est inacceptable ;
      – parlons de la soi-disant démocratie pratiquée par l’UE : depuis des décennies, dès qu’il est question de demander (si peu souvent) aux peuples de s’exprimer directement sur des sujets majeurs comme la soi-disant constitution européenne en 2005, les hiérarques non élus de l’UE s’étranglent de rage et hurlent que la canaille est bien trop ignorante pour voter sur des questions qui échappent à son petit entendement ; dois-je rappeler combien de textes majeurs, comme l’accord de libre-échange avec les États-Unis, ont été négociés en douce, le vil peuple ne devant en apprendre l’existence qu’une fois ces beaux traités signés, c’est-à-dire trop tard pour les contester ?
      – enfin, et ce n’est pas un détail, Vladimir Boukovski aurait aussi pu rappeler que, comme les dirigeants de feue l’URSS, les européistes ne cessent d’affirmer – et sur quel ton ! – que l’intégration européenne est irréversible. Comme conviction et pratique démocratiques, on fait mieux ! Dès lors, on comprend encore mieux la haine et la hargne avec laquelle les européistes ont réagi suite au Brexit : il ne s’agit pas là de dire si ce vote bénéficie(ra) ou non au Royaume-Uni (au passage, qui peut en être sûr à moyen ou à long terme ?) ; simplement, n’en déplaise aux eurocrates et à leurs partisans européistes, les Britanniques se sont prononcés souverainement et librement et ont ainsi fortement mis à mal le mythe de l’irréversibilité que j’évoque ci-dessus, grâce leur en soit rendue.

      Bref, l’UE est une entité qui tourne de plus en plus en circuit fermé avec comme premier objectif de se perpétuer indépendamment de ce que pensent et veulent les citoyens des différents États membres : malheureusement pour nos chers européistes, leur terrorisme intellectuel perd de son efficacité, la parole se libère et il devient de plus en plus difficile d’interdire le printemps des peuples.

      • « J’ai vécu dans votre futur, et ça n’a pas marché. »
        Tout est dit. Malheureusement, on peut pas faire boire un âne qui n’a pas soif…
        L’expérience roumaine a été un peu plus courte que celle soviétique, mais elle a laissé à peu près les mêmes traces. Pas étonnant, du coup, d’arriver aux mêmes conclusions.
        Je partage très partiellement votre optimisme. L’évolution du mouvement des GJ m’inquiète, quant aux priorités actuelles et à la vision de notre société.

      • Chacun peut avancer ses arguments contre ou pour l’Europe. Mais prendre tout le peuple pour servir votre opinion c’est un peu gros. Je pourrais très bien procéder de la même façon en sens inverse avec plus de chance d’obtenir satisfaction. Si les européens sont moins contents (surtout en France et en Grèce mais là on peut comprendre) on est loin du printemps des peuples.
        Je pense que la question primordiale à se poser c’est pourquoi les français ont la plus grande minorité hostile à l’Europe ? La réponse est en France pas en Europe. C’est tellement facile d’accuser les autres avant de se remettre en question !

        • @indivisible :

          Vous écrivez « Chacun peut avancer ses arguments contre ou pour l’Europe. » Dès le départ, vous commencez mal, et même très mal, en reprenant la doxa européiste selon laquelle si on rejette le supranationalisme, le fédéralisme, etc., bref la conception européiste des relations entre États européens, on est « contre l’Europe » (c’est-à-dire souverainiste, facho, xénophobe, etc. « tout ça, c’est la même chose »).

          La libération de la parole permettant une discussion honnête sur ce sujet exige que l’on mette fin à cet abus de langage qui revient à interdire le débat en pratiquant un terrorisme intellectuel. Cette pseudo-dialectique « européen – anti-européen » est inacceptable car malhonnête : on nous tympanise avec cette propagande depuis des décennies mais cette volonté d’interdire la discussion ne passe désormais plus.

      • @ Liger
        Bon! Vous détestez l’idée d’Union Européenne: c’est votre droit mais c’est bien une réalité qui ne paraît pas s’écrouler.
        Sinon, vos comparaisons (ou celles de V.Boukovski) entre URSS et UE sont assez délirantes pour ne servir en rien d’arguments de comparaisons qui ne tiennent pas à l’analyse un tant soit peu sérieuse.

        • Le rapprochement que fait Boukovski – lequel a l’avantage d’avoir un recul qui manque à beaucoup – constitue une riche source de réflexion.

          L’Histoire permet aussi des rapprochements – tout aussi impies pour les européistes – et qui sont pourtant fort éclairants, ce qu’illustre bien la citation suivante.

          « Depuis sa création (1503), la Casa [de Contratación, de Séville : c’était l’administration coloniale espagnole] n’avait cessé de croître et de s’étendre, augmentant ses effectifs et ses pouvoirs. Elle était devenue une plante monstrueuse, une araignée géante, une pieuvre, et ses règlements de plus en plus précis et péremptoires ordonnaient tout, prévoyaient tout sur les navires et en Amérique, depuis la largeur des bords des chapeaux des Indiens esclaves des colons espagnols jusqu’aux cantiques à entonner chaque matin à bord des galions selon le propre du temps – et cette masse de règles minutieuses et maniaques était une montagne creuse, un néant, car plus elle grandissait, moins on la respectait, la Casa finissant par être une bureaucratie en soi sans effet hors d’elle-même. »
          (Georges BLOND, Histoire de la flibuste, 1969, chap. 1 ; Éd. Stock – Paris-Match, 1969, p. 15)

          Tout rapprochement avec l’UE serait le fait de mauvais esprits « anti-européens », faut-il le préciser, voués à la damnation éternelle par les européistes, lesquels sont les seuls à connaître le Vrai, le Bon, le Beau, le Juste, etc. On doit dire que, à l’époque de la marine à voile et des lampes à huile, une partie de ces tumeurs règlementaires et leurs métastases juridiques se noyaient dans les océans ; hélas, armé des techniques les plus sophistiquées et coûteuses payées avec les impôts levés sur les citoyens des pays européens, l’organisme actuel visé dans ce débat peut développer sans entrave son délire règlementaire…

          Phantasme, comparaison absurde ? Eh bien, je laisse les lecteurs de Contrepoints en juger après avoir rappelé les 2 affaires suivantes, pour lesquelles je puis fournir toutes les références utiles si nécessaire :

          1 – il y a 11 ans, l’UE pondit une « norme » détaillée sur la courbure tolérable pour les concombres admis à la commercialisation : la sottise monstrueuse de ce texte finit par être tellement évidente que le texte disparut enfin ;

          2 – plus récemment, au nom de la protection du consommateur, l’UE sortit un oukase en vertu duquel il est interdit de mettre sur les tables des clients de restaurants des conteneurs d’huile d’olive remplissables à plusieurs reprises ; en clair, on interdit à un aubergiste de Kalamata de mettre sur les tables de son établissement des fioles remplies de l’excellente huile d’olive produite par un agriculteur-récoltant établi à un jet de pierre de l’auberge alors qu’est implicitement érigée en référence la fourniture aux clients de berlingots en plastoque fabriqués par Unilever – on sait que les Bataves sont des arbitres incontestables en matière de gastronomie – qui les remplit avec un mélange aseptisé d’huiles d’olive de provenance indéterminée.

          On pourrait continuer longtemps, le drame étant que pour quelques cas repérés comme ceux que je cite, il y a des milliers de règlements aussi absurdes qui aboutissent à nous normaliser l’existence en éradiquant méticuleusement tout ce qui n’entre pas dans le cadre normatif imposé par ces fonctionnaires incontrôlés. En revanche, nada quand il s’agirait d’être utile en imposant par exemple une norme unique pour les chargeurs de portable, de sorte à pouvoir recharger avec le même câble un ordiphone SAMSUNG ou APPLE ; peut-être parce que cela dérangerait les intérêts de groupes puissants et compromettrait des évolutions de carrière pour certains fonctionnaires de l’UE ? Le pantouflage n’est pas une exclusivité française.

          Pour finir, après le grotesque, voici l’odieux révélé par la « crise grecque », sorte de « triangle maudit » :

          – le premier côté, ce sont les Grecs : population généralement irresponsable, politiciens corrompus, etc. ; ceci a été dit et redit, à juste titre : si les politiciens prévaricateurs ont généralement trouvé le moyen d’éviter de rendre des comptes, le peuple grec paie durement depuis des années les conséquences de ces énormes erreurs, souvent avec courage et dignité, comme j’ai pu le constater à l’occasion d’un séjour dans ce pays ;

          – le deuxième côté, ce sont les banques : la majorité de celles qui ont prêté de l’argent à la Grèce sans se montrer trop regardantes (alors que si vous voulez emprunter pour développer votre PME… passons) se sont gavées avant l’éclatement de la crise, pendant et après, ayant fortement contribué, souvent dans les coulisses, à définir les mécanismes d’assainissement de l’économie grecque ; mais concentrons-nous sur la tête d’affiche, Goldman-Sachs : on sait que cette banque a fourni aux gouvernements grecs les « recettes » pour tripatouiller et truquer les comptes de ce pays afin que la Grèce puisse satisfaire – en apparence, du moins – aux critères de l’entrée dans l’euro ; comment la conception et la mise en œuvre des manœuvres perpétrées par Goldman-Sachs ont-elles été sanctionnées par l’UE ? Hein ! Quoi ? Ben… rien du tout ! Ni amende, ni interdiction d’exercer son activité pendant plusieurs années dans l’UE, nada, gar nichts ! Imagine-t-on comment les États-Unis auraient sanctionné une banque allemande, chinoise française ou britannique si ladite banque avait été complice de tripatouillages des comptes publics du Nebraska ou du Delaware ?
          Un rapide examen du troisième côté fournit une piste de réflexion ;

          – le troisième côté… c’est l’UE, sa pompe et ses œuvres, enfin ses dirigeants et ses hauts fonctionnaires ;
          . soit ces gens-là n’ont pas été capables de détecter le maquillage des comptes de la Grèce : un peu surprenant pour des gens bardés de diplômes des plus grandes écoles et des plus prestigieuses universités, assistés par une riche et puissante administration, ayant de surcroît le droit de vérifier ce qui leur est déclaré et de demander la fourniture de dossiers aussi énormes que complets ; cette cécité collective est regrettable : en fait, elle est difficilement crédible ;
          . soit ces gens-là ont vu au moins l’essentiel de cette escroquerie à l’adhésion de la Grèce à l’euro mais ils n’ont pas réagi ; pourquoi ? Si des États ont fait pression, ils se sont docilement couchés sans protester et encore moins démissionner ; il faut reconnaître que renoncer à ces grasses rémunérations accompagnées de leur farandole de gros avantages demande un certain héroïsme
          . « Un indice chez vous », comme on dit dans un jeu télévisé : M. Barroso, président de la Commission européenne entre le 22 novembre 2004 et le 3 novembre 2014, a été embauché en juillet 2016… chez Goldman-Sachs !!!

          Non, cher mikylux, je n’aime pas l’UE et je récuse cet européisme mortifère que l’on prétend ériger en norme unique pour les relations entre États européens alors que d’autres conceptions sont envisageables. Pour paraphraser cette réplique de l’excellentissime pièce de Jean Anouilh, « La foire d’empoigne », on pourrait dire de l’UE : « Qu’est-ce qui vous dégoûte au juste dans l’Union européenne ? Il y a le choix… »

  • Pour masquer leur incompetence à resoudre nos problémes en France , il va occuper l’espace médiatique , ne laissant aucun temps mort jusqu’à l’election Européenne …
    l’on parle de revenir sur la hausse des retraites pas toute , c’est du foutage de gueule !!! il brasse de l’air !!!

  • C’est très bien analysé et tout-à-fait juste.

  • Il y a une Antinomie totale et parfaite entre la volonté d’agrandir systématiquement sans aucune logique l’Europe » si ce n’est la volonté de fuite du fric en avant, et la possibilité de la rendre Homogène , convergente, et stable pour assurer le bien être des peuples des nations qui la Composent. La direction donnée a l’Europe actuelle est la volonté de tout bordelier pour assurer les profits de quelques-uns qui ne sont pas tous européens.

    • @ Esprit critique
      « tout bordelier pour assurer les profits de quelques-uns qui ne sont pas tous européens ».
      Ah oui! Évidemment, le complot mondial …

  • La seule ‘Europe à Macron’ est cette petite partie d’Europe formée par un cercle de CRS dans lequel il se déplace…

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