Le miracle suisse vient d’une société qui met l’éducation au centre

Le budget de la Suisse est excédentaire pour dix-huitième année consécutive. L’occasion de rappeler que derrière le modèle, il y a une éducation qui marche.

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Le miracle suisse vient d’une société qui met l’éducation au centre

Publié le 26 novembre 2018
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Par Erwan Le Noan.
Un article de Trop Libre

Lors de son discours de rentrée, Christophe Castaner a expliqué que son parti souhaitait engager « une réflexion sans tabou pour une refonte de la fiscalité sur les successions ». S’il a laissé toutes les pistes ouvertes, il a expliqué que taxer l’héritage était « l’outil privilégié pour corriger les inégalités de naissance ».

La France impose déjà très lourdement les successions. Pourtant, les inégalités (mesurées par le coefficient de Gini) y sont plus élevées que dans des pays comme la République Tchèque, la Norvège, l’Autriche ou la Suède, où cette fiscalité est nulle. Elles y sont d’un niveau équivalent à celles d’un État voisin que les Français se plaisent à décrire comme un « paradis fiscal » : la Suisse, à laquelle François Garçon vient de consacrer un ouvrage passionnant1.

L’éducation irrigue la société suisse

Dans ce pays, qui compte 400 000 millionnaires, l’incitation par l’éducation est préférée à la punition par l’impôt. Ce n’est pas un vain mot : le système éducatif suisse irrigue la société, de l’école jusqu’à l’emploi.

L’un de ses piliers repose sur la formation professionnelle à laquelle les jeunes sont éveillés dès l’âge de 12 ans : à l’issue de la scolarité obligatoire, les deux tiers choisissent cette voie d’excellence qui les prépare aux meilleures carrières professionnelles. On est loin des élites françaises qui regardent avec condescendance ces formations, qu’elles ne valorisent dans leur discours qu’à la condition qu’elles profitent aux enfants des autres.

Cette formation initiale est complétée par un système d’enseignement supérieur à la réputation internationale (ainsi des écoles polytechniques fédérales, dont celle de Lausanne est emblématique). Il faut dire qu’il est clairement porté par un esprit de stimulation : la loi universitaire de 1999 indique que, « pour promouvoir la qualité de l’enseignement et de la recherche, [la Confédération] encourage […] la compétition entre les hautes écoles universitaires ». Quel contraste avec le discours de certains universitaires français sur les méfaits imaginaires de la concurrence !

Une formation continue de haute qualité

À ces enseignements initiaux, la Suisse ajoute une formation continue de haute qualité, économiquement rentable : elle permet aux Suisses d’envisager des carrières dynamiques, sans « culte totémique du diplôme national » ajoute François Garçon, qui ironise sur l’habitude des Français d’indiquer les diplômes du défunt dans les notices nécrologiques.

Ce cocktail sain conduit la Suisse à se placer en tête des classements internationaux en matière d’innovation, produisant les succès de Solar Impulse ou d’Alinghi (double vainqueur de la coupe de l’America) et accueillant des géants mondiaux comme Nestlé, Novartis ou Roche.

Certes la vie suisse est chère (la faute au déficit de concurrence, dénonce François Garçon) et le pays compte 530 000 pauvres, mais le résultat est édifiant : des inégalités contenues, un revenu médian de plus de 5500 euros (contre 1700 euros en France) et un PIB par tête deux fois supérieur à celui des Français… alors qu’il était équivalent dans les années 1970 !

En France, il est un moyen simple de briller (un peu) en société. Il suffit d’expliquer ce qui se fait à l’étranger, car peu nombreux sont ceux qui ont cette curiosité : chez nous, chacun est convaincu que le génie français se suffit à lui-même. Pourtant, il y a plein de bonnes idées au-delà de nos frontières. Comme éduquer pour donner sa chance, plutôt que taxer pour punir.

Sur le web

Cet article a été publié une première fois en septembre 2018

  1. Le génie des Suisses, Taillandier, 2018.
Voir les commentaires (40)

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  • « Nan, mais c’est pas pareil en Suisse, ils sont riches grâce aux banques. »
    Que celui qui n a jamais entendu une telle ânerie se dénonce.

    • Ou « ils sont tous millionnaires en Suisse ».

      Que n’ai-je entendu ça de la part de mes cousins qui vivent en France. Quand je leur expliquais, il y a 25 ans, que je gagnais CHF 4’000.00/mois, l’équivalent de 16’000 francs français à l’époque, ils me voyaient comme un nabab, entouré de serveurs. Las, même quand je leur expliquais combien je payais de loyer, d’assurance véhicule, d’assurance maladie, d’impôts … et ce qu’il me restait après m’être nourri durant un mois, ils avaient de la peine à croire qu’il me restait aussi peu. Et je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui encore ils croient ce que je leur ai expliqué.

      • Vous avez surement raison de vouloir témoigner à d’autres d’une situation vécue, mais cela valait il le coup ?
        En Suisse alémanique, on dit :
         » M’r redd nìt über Gald, ma hàtt’s oder ma hàtt’s nìt…  »
        ( De l’argent, soit on en a, soit on en a pas, mais on en parle pas… »

        • @ Leipreachan
          C’était le cas aussi dans bien d’autres pays à l’entour: « ça ne se faisait pas! », ou, alors, en entretien privé, entre un parent (le père) et son grand enfant.
          Ça a bien changé!

      • Microcosme du manque d’éducation économique des Français : la notion de coût de la vie leur échappe !

    • L’ignorance et la bêtise règnent en France, doublées de mauvaise foi.

      • Eh bien, voici donc en contrepartie un commentaire tout en nuances sur lequel règnent et le savoir et l’intelligence…

        • Désolé, mais quand vous citez l’exemple de la Suisse et qu’on vous répond que c’est grâce aux banques, c’est faire preuve de ce que je cite! Les faits sont imparables et SANS nuance aucune!
          Le PIB de la Suisse est constitué à 30% par son industrie, en France 12% ! La finance ne représente que 22% de son PIB contre 30% pour la France!

    • Preuve du socialisme français, il est tellement profond que pour expliquer la richesse des Suisse ils prétextent les banques!

  • C’est pourtant simple: une économie libre produit de la prospérité et une économie entravée par l’Etat, produit de la pauvreté. Pourquoi cette constatation ne peut-elle atteindre le cerveau d’un énarque?

    • @ Jacques Peter
      Je ne suis pas sûr que la Suisse se réduise à un état strictement régalien, indifférent au « bien social » de ses citoyens où la loi ne règlemente que le strict minimum!
      Et si l’état « régule », sans doute « fait »-il moins lui-même, comme dans d’autre pays.

      La Suisse est un partenaire important de l’U.E., pourtant non-adhérent, statut qui doit poser question fréquemment.
      Et ce n’est pas, en Europe, le seul pays « à économie libérale ou libre »!

      • Non, la Suisse n’est pas un état régalien. Elle se mêle de tout comme en France.
        Simplement un peu moins, dans des secteurs un peu moins nuisibles, et c’est ce qui fait son succès.

        • l’état tente de s’accroître comme partout, sauf que dans le cas suisse, il y a deux très gros contre-poids : les cantons et les votations.

    • L’énarque se fait élire par les pauvres, qu’il a intérêt par conséquent à multiplier, et nourrir par l’état, qu’il a donc intérêt à enrichir. Comme les deux intérêts vont bien ensemble, tout va pour le mieux pour les énarques !

    • @Jacques Pourquoi ? Mais parce qu’ils en sont les bénéficiaires. Et comme ils ont le manche, aucune chance que cela change.

    • Un énarque est trop imbu de lui même pour simplement envisager qu’il n’ait pas raison! Et ils ne sont pas habitués à analyser.

    • A croire qu’en Suisse on a parfaitement intégré le concept:
      L’éducation fait la puissance des nations avec son corollaire
      l »éducation fait la puissance des individus

  • ….ça aide aussi d’être le coffre fort de toute la planete ,faut remettre les coucous a l’heure de temps en temps ..et puis c’est sans doute un des rares pays où il faut payer pour aller au petit coin …

    • Le banquaire c’est 8% du pib de la suisse

    • Il me semble qu’il faut payer encore plus si comme à Paris, on fait ses besoins dans un simple coin sombre pas forcément petit…

    • Suisse 30% du PIB vient de l’industrie!
      France 12% vient de l’industrie.
      Ils n’ont pas les 35 heures et ne font pas grève! Cessez donc ces dénigrements pour excuser votre sottise. Comme l’explique l’article les Suisses fournissent un enseignement de très haute qualité à leurs jeunes, contrairement à la France qui les abandonne!

  • Le probleme n est pas tant la formation que la mentalité. En France tout se joue sur votre diplome initial (il faut dire qu avec une economie en declin il y a deja souvent assez de diplomé pour ne pas avoir a chercher plus loin). En suisse vous avez souvent la surprise de voir que les gens ont au debut fait tout autre chose puis se sont reconverti. En France c est quasi impossible

    Autre probleme de mentalité : l apprentissage. Je lisais il y a quelque temps un article d un journal suisse alemanique. La societe avait ete rachete par un groupe francais. Avant la societe formait des apprenti et considerait que meme s il restait pas c etait un investissement car elle pouvait aussi recruter des apprenti formé par d autres societes. Arrive le patron francais qui met le hola. On ne forme plus et si on prend des apprentis, c est pour les exploiter au max (comme les stagiaires en France). Probleme : dans un pays avec 2% de chomeur, vous avez rapidement mauvaise Reputation et vous ne trouvez plus de stagiaire corveable a merci

  • Petite correction à votre article, deux tiers des suisses ne « choisissent » pas la voie professionnelle. En effet, à la fin de l’école primaire, tous les élèves doivent passer un concours et seulement un tiers d’entre eux peut accéder à des études intellectuelles. Cela ne change en rien votre thèse, à laquelle j’adhère à 100% : la compétition amène à l’excellence

  • Comment ne pas être d’accord avec ce que vous écrivez! Et vous avez raison, l’école polytechnique de Lausanne est une petite merveille, comme la ville, d’ailleurs!

  • Voilà un article qui fait l’unanimité. Le jour où le Monde publiera de tels propos, la France aura fait un pas de géant vers la prospérité. Pour l’instant, on reste à l’économie quasi-administrée. Mais elle a pour avantage de rassurer des premiers de la classe n’ayant jamais mis les mains dans le cambouis et qui, en leur for intérieur, savent que s’ils devaient le faire, ils s’avèreraient incompétents. Donc, l’Etat est pour eux l’ultime protection. Ils ne sont pas prêts d’en diminuer le périmètre.

  • c’est si vrai qu’il est une maxime qui résume le choix de la suisse :
    – l’éducation fait la puissance des nations.

  • Il n’y a pas de miracle suisse, c’est un peuple intelligent et travailleur, contrairement aux français!

    • Tout-à-fait. Croire au miracle, c’est croire au père-Noël.

    • @virgile, il faut arreter de croire que le francais moyen est paresseux ou stupide. D ailleurs le pays ou il y a le plus de francais immigré c est … la suisse (et je compte meme pas les frontaliers)

      Par contre le systeme francais est un systeme de caste ou on met sur l avis de deces le diplome du defunt (genre X-mines). Ajoutez a ca un Systeme fiscal confiscatoire sur le travail, une mentalite de rentier (il n y a qu a voir l adoration pour l immobilier et le dedain pour les actions) et vous avez la recette du desastre francais

    • en fait non, les suisses sont plutôt paresseux, mais ils travaillent, en outre ils sont peu intelligents mais réfléchissent… tombe pas dans le bec tout cuit quoi..

  • ils ont des enseignants gauchistes en suisse?non?
    alors ça vint de là

  • la suisse est un pays de montagne , que le pib soit plus haut n’a rien de bien exemplaire.

  • une difference enorme en France , quand vous avez un peu d’argent l’etat se charge de se l’accaparer en toute l’égalité soit : par l’impots ou taxes en tout genre !!! Et en final ; il reste l’héritage pour certains de nos élus, il y a encore de la marge … pour les héritiers ; ils vous laisseront 10 %…un pourboire…ne pas se plaindre ou ce sera la confiscation des biens !!!

  • Combien de fois j’ai entendu les parasites qui traînent dans les facs de lettres dire que l’université n’avait pas à former à un métier mais à acquérir un esprit critique.

    • C’est pour ça qu’ils avalent comme des veaux (De Gaule le disait déjà) toutes les sottises qu’on leur sort. Question esprit critique il n’y a pas pire que les universitaires, et je suis bien placé pour le savoir, tous de gauche!

  • En 2012, les Suisses rejetaient par référendum les « 6 semaines de vacances pour tous » à 66,5%, avec une participation de 45%.

    Que se passerait-il si le même référendum était proposé en France ?

  • Les commentaires sont fermés.

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