L’autocensure des médias vous prive d’informations importantes

Les médias sont financés par leurs annonceurs et les fonds publics. Tout en délivrant un message politique, ils occultent des informations vitales pour leurs lecteurs.

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L’autocensure des médias vous prive d’informations importantes

Publié le 24 octobre 2018
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Par Simone Wapler. 

J’estime que la crise italienne est très dangereuse pour l’euro et notre patrimoine financier.

Le travail des agences de notation a été vidé de sa substance en ce qui concerne les dettes d’État. À quoi sert de noter les obligations souveraines d’un pays si la Banque centrale en reste acheteuse quoi qu’il arrive ? Et pas seulement acheteuse lorsque personne n’en veut plus, puisque la BCE rachète sept fois les émissions nettes, donc finance sept fois les déficits des pays dépensiers.

Quand on sait cela, on comprend pourquoi l’Italie n’a pas à se gêner et pourquoi des démagogues peuvent promettre la lune à leur électorat… « C’est l’État qui paye » avait dit l’ineffable Hollande à la télévision. En Italie « C’est la BCE qui paye ».

Ne comptez pas sur les agences de notation pour tirer la sonnette d’alarme avant la prochaine crise.

Qu’on le veuille ou non, il y a des Européens du nord, les buveurs de bière et des Européens du sud, les buveurs de vin, pour reprendre la belle terminologie imagée de Charles Gave. Nous ne sommes pas des Américains que le Coca-Cola fédère.

Pour les buveurs de vin, l’argent est gratuit, les riches paieront et toute inégalité est nécessairement injuste. Chez les buveurs de vin, on est habitué à la monnaie faible, aux déficits publics, aux défauts de l’État.

Chez les buveurs de bière, c’est une autre histoire. Curieusement leur niveau de vie est plus élevé que celui des buveurs de vin. Mais ces derniers fustigent alors les « inégalités » auxquelles sont exposés les buveurs de bière.

Le message biaisé des médias

Les médias français parlent aux buveurs de vin et leur délivrent le message qu’ils souhaitent entendre. Des finances publiques bien gérées sont assimilées à de l’austérité, les dettes peuvent se dissoudre dans l’inflation, l’État sera toujours là pour soulager toute les souffrances, l’argent tombe du ciel et il y aura toujours des riches pour payer.

Peut-on attendre des médias des buveurs de bière un  traitement plus objectif  de l’actualité économique et financière ?

La réponse est NON.

Un éditorialiste vedette du célèbre quotidien financier britannique Financial Times s’est récemment confessé à l’occasion de l’anniversaire de la crise de 2008 :

« Le moment est venu d’admettre que j’ai une fois délibérément occulté des informations importantes pour les lecteurs. C’était il y a 10 ans et je pense avoir bien fait. »

John Authers

Retour au 17 septembre 2008.

Nous sommes deux jours après la faillite de Lehman Brothers.

La nouvelle tombe : l’assureur AIG vient d’être sauvé de la faillite avec 85 Md$ de fonds publics. Une faillite d’AIG aurait entraîné celles des banques européennes. Un gros fonds monétaire annonce de lourdes pertes en raison de son exposition à des obligations de Lehman Brothers. Il met en danger la banque américaine Citibank.

John Authers est un déposant de Citibank. Il sait qu’il peut perdre son argent. À l’heure du déjeuner, John Authers – qui travaille depuis New-York – se dirige vers son agence de Manhattan. Il découvre une longue queue de personnes comme lui-même, des initiés de Wall Street inquiets pour leurs dépôts et souhaitant les retirer.

C’est ce qu’on appelle une panique bancaire, un bank run.

Plutôt que d’appeler un photographe du journal et de faire un article sur ce sujet, John Authers décide de se taire. Il fait la queue, comme les autres initiés. Il fractionne ses dépôts et les envoie dans une autre banque. Il sauve son argent et se tait pour ses lecteurs.

Il estime avoir bien fait puisque finalement Citibank n’a pas fait faillite et que la panique ne s’est pas propagée. Je suppose que si Citibank avait fait faillite, nous n’aurions pas eu droit à la confession « comment j’ai sauvé mon argent et trahi mes lecteurs ». John Authers conclut sa confession sur la future crise :

« La prochaine crise ne sera pas bancaire mais elle portera sur l’insidieux danger des pertes au sein des fonds de pension qui laisseront une génération sans suffisamment d’argent pour leur retraite ».

Chez nous en Europe, ce rôle de fonds de pension est assumé par les produits d’assurance-vie…

Les médias nous informent très bien et quotidiennement sur le niveau de surendettement privé et public. Cet endettement n’est soutenable que parce que les taux d’intérêt sont maintenus artificiellement bas.

Mais il est évident que cette situation n’est pas éternelle. Les taux montent aux États-Unis.

À un moment, les autorités devront avouer que le stock de dette ne pourra jamais être payé. C’est ce que j’appelle le jour J du jubilé.

Ne comptez pas sur les médias pour vous avertir à temps. Un vendredi les marchés financiers clôtureront comme d’habitude. Ensuite, un jour de la semaine suivante, vous apprendrez que les dettes ont été « restructurées », que votre assurance-vie est gelée ou amputée, que les dépôts bancaires au-delà d’un certain montant sont frappés d’une taxe de solidarité…

C’est avant qu’il faut vous préparer au jour J du jubilé.

Pour plus d’informations, c’est ici.

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  • et comment se préparer au jour “J” si nous sommes maintenu dans l’ignorance ? z’avez une boule de cristal ?

    • L’auteur propose une newsletter, qui propose à son tour d’accéder à des contenus payants pour investisseurs. N’ayant pas testé, je ne peux pas témoigner de l’intérêt de ce contenu.
      “Ain’t no free meal” de toute façon.

      • Le leitmotiv de l’auteur est quand-même : “l’or, l’or, l’or”. Physique, bien sûr. Ou tout autre actif dont la valeur réelle est indépendante des fluctuations des monnaies fiat. H16 mentionnerait éventuellement les crypto-monnaies, non dans un but de spéculation mais plutôt dans l’idée de varier les placements pour mitiger les risques.
        Attention cependant, que ce soit l’or physique ou les crypto, en France leur possession est censée être déclarée. Faut pas déconner non plus !

    • S’il ne l’a pas prononcée, il l’a pensée tellement fort que tous les Français ont entendu, et c’est ça qui compte.

    • Quoiqu’ait dit F Hollande, ce sont les contribuables qui paient effectivement et cela n’est pas une fake news.

    • On mesure a quel point l’état est capable de manipuler les foules et faire croire l’inverse de la réalité…

      Non seulement il l’a prononcé, mais le pire est le nettoyage de la vidéo et des résumés audios qui ont étés effectués derrière ont étés effacés.

      Une question de Gilles Bouleau porte bel et bien sur le coût des emplois d’avenir et Hollande répond effectivement et sans aucune équivoque possible « c’est l’Etat qui paye »…

      C’est pas le monde comme lien qu’il faut montrer c’est la vidéo introuvable qui a été effacée de tous les supports.

    • @ Lucx
      Si vous comptez sur les décodages mensongers du Monde pour vous faire une opinion, vous allez être déçu! Ce torchon étant socialiste ne comptez pas sur lui pour dire la vérité sur son idole!

    • J’ai le net souvenir d’avoir vu cette émission et d’avoir sauté sur ma chaise… Quels qu’aient été les termes précis, le sens perçu était limpide : “Ça ne vous coûtera rien, il y a une grande piscine pleine de pièces d’or où je puiserai”…

  • C’est dit et bien dit et la France est loin de faire exception à la règle . Déjà quand un média est pendu aux subventions de l’Etat – du contribuable donc – il est dépendant qu’il le veuille ou non . Tout ce qui se passe ailleurs est observé à la loupe , analysé , décortiqué . Rien de tel pour la France , déjà pour la télé . Un ” évènement ” people , une catastrophe , un accident …..sont répétés en boucle jusqu’à satiété .
    Les sujets sérieux , quand ils sont traités , le sont à une avancée . Il est vrai que le bon peuple est demandeur et que cela fait de l’audience . Et comme on ne veut pas que l’éducation soit formatrice , bien au contraire , il n’y a pas d’effort à faire . Le danger vient des réseaux sociaux ” trop ” libres . Il faut donc les contrôler et les museler en amont au nom des grands principes . Les dictatures ont seulement changé de forme . Elles sont devenues sournoises .

  • Etant un peu un ancien professionnel du vin je ne peux pas souscrire aux argumentations de cet article Lie-tigieuse.

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