L’agonie rigolote du Parti Socialiste, sans la mort du socialisme

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Parti Socialiste

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L’agonie rigolote du Parti Socialiste, sans la mort du socialisme

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 15 octobre 2018
- A +

Il existe, en France, un parti dont le but est, tout à fait officiellement, de socialiser les moyens de production et d’échange pour transformer la société capitaliste en société collectiviste. Et bien qu’en pleine agonie, ce parti peut légitimement prétendre avoir atteint son but.

Question agonie, difficile de faire plus clair, même si l’aspect éminemment rigolo des claquements de portes fait oublier la situation catastrophique du Parti Socialiste.

C’est sans le moindre pincement au cœur qu’on apprend ainsi que Marie-Noëlle Lienemann quitte le Parti Socialiste, elle qui s’y est pourtant encartée au siècle dernier alors que Led Zeppelin était encore en phase active de production de tubes (ce qui ne nous rajeunit pas). Alors qu’on n’entendait plus aucun éléphant socialiste depuis des lustres, c’est donc à l’occasion de ce départ largement médiatisé qu’on se rappelle que ce Parti ne fut pas toujours cette coquille vide gérée par des tierces-couteaux et autres pièces rapportées.

J’en veux pour preuve la raison même du départ de cette militante antédiluvienne qui parvient à faire parler d’elle (et du Parti) malgré son impact nul dans la vie politique française : elle suit dans sa démarche un certain Jean-Michel Maurel qui, lui aussi, fuit le parti.

Oui. Raphaël Mhorel.

Mais si, enfin, Samuel Morèle, ce député européen dont, au-delà du cercle extrêmement réduit de ses électeurs (qui ont glissé son nom dans l’urne par défaut ou sur un malentendu), personne n’a réellement entendu parler et dont le visage rond, l’absence totale d’aspérité, de passé politique palpable, de pensée propre ou de caractéristique un tant soit peu saillante lui permet de relever le défi de passer pour un François Hollande diaphane.

En tout cas, la presse a eu bien du mal à faire ses choux gras du départ moyennement fracassant de ce brave Mohreyl dont la moelleuse inutilité laisse tout le monde violemment indifférent…

Ou presque, puisqu’Olivier Phaure, un autre poids lourd du Parti, s’est vertement exprimé à son sujet et celui de Lienemann en qualifiant la démarche entreprise de « populiste » (oh !) …

La violence de ce qui a suivi aura laissé plus d’un commentateur totalement coi ou complètement occupé à autre chose. Il faut admettre qu’Olivier Fore n’est pas non plus très connu ni médiatique, et qu’on ne s’étonnera pas d’apprendre qu’on lui demande, assez régulièrement, sa carte de membre ainsi qu’une preuve quelconque un peu solide qu’il est bien, effectivement, premier secrétaire du Parti Socialiste (Wikipedia semble confirmer prudemment).

Il faut se rendre à l’évidence : alors que Lienemann qualifie le parti de « canard sans tête », les dix-huit derniers mois ont amplement montré que le Parti Socialiste n’a plus aucune existence concrète. Absence de programme clair, de têtes d’affiches médiatiques, sa présence à l’Assemblée nationale est parfaitement anecdotique et, par voie de conséquence, ne représente plus que des entrefilets oscillants entre le navrant et le cocasse dans les pages locales des journaux.

À tel point d’ailleurs que ses finances l’obligent à ajuster sa masse salariale, ce qui ne manque pas d’occasionner quelques retours douloureux à la réalité tangible pour certains salariés qui imaginaient que le socialisme marchait pour de vrai.

Terrible constat : ce parti qui entendait gouverner la France et prendre des décisions (notamment économiques) pour son avenir s’est avéré totalement incapable de voir venir l’échec, de provisionner quelque peu pour un éventuel retournement de situation. Pire, lorsqu’il a fallu se séparer de plusieurs dizaines de salariés, les belles valeurs du parti se sont évaporées au profit d’un pragmatisme un peu rêche sur la couenne des concernés, qui avaient bien conscience de quitter un jardin d’Eden à base d’argent public :

« Conditions de travail, salaire, avantages sociaux, le paradis socialiste, on l’avait inventé : c’était à Solférino ! »

Mais voilà, c’est fini ! Les belles paroles socialistes, les belles valeurs humanistes des dirigeants du parti se sont effilochées sur les récifs de la réalité et d’un échec électoral cataclysmique. Triste constat : il n’y avait en fin de compte pas plus de « valeurs de solidarité » que de beurre en broche…

Pour résumer, le Parti Socialiste n’est plus vraiment un parti, et comme son socialisme s’arrête très vite dès qu’on entre dans les difficultés concrètes, c’est – mieux qu’un canard sans tête – un couteau sans manche auquel il manque la lame.

En somme, le PS est-il vraiment en train de mourir ? Réjouissons-nous, cela semble assez bien engagé en effet.

Pourquoi s’en réjouir ? Est-ce seulement souhaitable ?

Évidemment oui, tant ce débris d’un autre siècle trimballait avec lui des élites surannées, tant il a démontré avoir gangrené la vie politique française avec ses idées économiquement néfastes, ses dogmes sociétaux particulièrement délétères qui se sont infiltrés partout, jusque dans les autres partis, y compris à droite où tout libéralisme, tout combat pour la liberté se sont complètement évaporés pour laisser place au mieux à des gimmicks, au pire aux propositions parfaitement socialistes de taxations tous azimuts ou aux idées ridicules d’interventionnisme débridé.

Maintenant, il ne faut pas se leurrer. Cette mort prévisible, joyeuse et souhaitable n’en laisse pas moins un espace que la nature politique n’a pas traîné à remplir : La République En Marche, c’est l’ancien PS ripoliné à grands coups de jeunisme savamment dosé (et franchement artificiel), c’est un Parti Socialiste hors de Solférino, sans le mensonge « Socialiste » écrit en toutes lettres mais avec lui comme mur porteur.

D’ailleurs, outre une proportion (grandissante !) de vieux caciques du PS, le contingent de jeunes socialistes qui ne veulent pas de cette étiquette mais en conservent les traditions et les programmes empêche de différencier vraiment ce que fut le PS de ce qu’est LREM actuellement. Et si l’on peut éventuellement accorder à LREM de ratisser un peu plus large que le PS puisque ce nouveau parti agglutine aussi quelques globules politiques du centre, cela ne change pas la coloration générale, traversant décidément tout le spectre de rose à rouge.

La mort du PS était probablement l’occasion de faire un bilan critique du socialisme en France, et, qui sait, faire ouvrir les yeux d’une population shootée aux subventions, à la redistribution de l’argent des autres sur les méfaits qu’elles entraînent. Il n’aura jamais eu lieu ; la pantalonnade de l’élection présidentielle, soufflée par l’enfumage massif qui aboutit à l’élection de Macron, ne l’aura pas permis, laissant les politiciens français, coincés entre les populismes de plus en plus marxistes (tant à droite qu’à gauche), asperger leur socialisme démagogique sur tout le spectre politique sans plus offrir la moindre alternative. La mort du Parti Socialiste n’est que la traduction d’une évidence : ses membres tentaient de vendre un programme qui est déjà en place et déjà appliqué. Pas étonnant que l’électorat ne suive plus.

À présent tourné vers un collectivisme tous azimuts, le pays consacre plus de 57 % de son produit intérieur brut à la dépense publique. Ses impôts sont supérieurs à 53 % de son PIB. L’État représente plus d’un actif sur cinq (plus de 20 %), là où la moyenne dans les pays industrialisés se situe à 15 %. Enfin, avec un nombre de textes de lois, règlements et décrets estimé à 520 000, la France nage dans un corpus légal de volume double de tous ses autres partenaires du G7…

Le PS est mort ou tout comme, mais pratiquement, le socialisme a pris le contrôle du pays.

Ce pays est foutu.
—-
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  • Concernant l’absence de programme, il me semble que c’était déjà le cas en 2002, 2007 et 2012. Ça a quand-même mis du temps à faire effet !

  • j’adhère a cette analyse, le ps est mort mais le pays est foutu car il possède toutes les caractéristiques qu’avait dans le temps l’allemagne de l’est , et nous sommes partis sur un « trend » a la grecque

  • 20% de ponctionnaires est un chiffre plutôt optimiste, hé hé. Tout comme les 57% du PIB.
    Attendez les dégâts su à la hausse des prix suivant les prix du pétrole…
    CPEF 🙁

    • 20% de fonctionnaires auxquels il faut ajouter tous les salariés des entreprises publiques, agences et organismes publics divers et variés qui n’ont pas le statut de fonctionnaire… Le pourcentage de fonctionnaires est un indicateur intéressant, mais celui qui écrase vraiment le pays ce sont les 57% de dépense publique. Les administrations captent plus de la moitié de la richesse crée par ceux qui produisent.

      • Je pense aussi au Gold plating, toutes ces petites normes aux petits oignons faites pour faire cracher bêtement du pognon à ceux qui en auraient trop… Sans compter le hors-bilan, pas triste non plus…

        • MichelC oui et les 45% de prélèvements obligatoires annoncés par l’Insee imperturbablement depuis des années, devraient être retraités en incluant le « hors bilan » comme vous dites et toutes les petites manips pour cacher la poussière sous le tapis. Cela démontrerait que ce chiffre est beaucoup plus près de 50 ou 55% que de 45%. Étonnant que personne n’ait cherché à le démontrer formellement…

      • @MichelC & fm06 & Blabolo
        Vous avez parfaitement raison de mettre les chiffres officiels en doute. Ils sont systématiquement faux (voir mon commentaire plus bas).

  • La fin de Solferino, ce n’est que la démonstration à petite échelle d’un principe bien connu : le socialisme s’arrête lorsque l’argent des autres se tarit.

  • Désolé de tempérer votre analyse.
    Le Parti socialiste et son dogme économique ne sont pas tout à fait morts. Ils continuent à enseigner à l’ENA et à produire ces bataillons de brillants cerveaux dont un modèle siège à l’Elysee.
    Pour le plus grand malheur du pays.

  • et revoilà notre flamby national , qui a flambé notre pognon durant 5 ans , qui veut revenir sur le devant de la scène et songe sérieusement à …..2022…..le PS à l’agonie ? certes mais ladite agonie risque de durer et entre temps le PS n’a pas fini de nous emmerder ;

  •  » La mort du Parti Socialiste n’est que la traduction d’une évidence : ses membres tentaient de vendre un programme qui est déjà en place et déjà appliqué. Pas étonnant que l’électorat ne suive plus. »
    Brillant, comme d’habitude, et tellement vrai!

  • Le Parti Socialiste, c’est bien ce parti qui a privatisé tous les grands groupes français, non?

    • @ AdrianSmith
      Il est comique de lire article et commentaires sur le P.S. moribond sans dire un mot de J.L.Mélenchon et la France Insoumise qui ont quand même « siphonné » un bon nombre d’ex-adhérents-électeurs du P.S. ni d’ailleurs de tenir compte des propos d’E.Macron et son électorat de la présidentielle dont la composition plus vaste allait bien du centre droit jusqu’à J.L.Mélenchon. Le futur feu-P.S. a donc bien été divisé, du bleu pâle au rose pas trop rouge, et du rose-rouge au rouge bien vif!
      Sinon Fr.Mitterrand a bien nationalisé de 1981 à 1983, avant de virer sa cuti!

      • Hé non, le gouvernement français qui a le plus privatisé est celui de…Jospin. On a vu pire comme socialistes!

        • On a aussi vu mieux comme privatisations !

        • @AdrianSmith & mikylux
          Les sociaux démocrates les plus intelligents ont parfaitement compris qu’il ne servait à rien que l’État (c’est à dire eux) se rendent « juridiquement » propriétaire des entreprises puisqu’ils en sont les propriétaires effectifs. Est propriétaire de quelque chose celui qui en décide de l’affectation. Quand les producteurs sont expropriés de 60 à 80% du fruit de leur travail, quand ces mêmes producteurs sont soumis à d’innombrables interdictions et obligation par les hommes de l’État, y compris dans la façon dont ils peuvent dépenser le peu qu’il leur reste, à votre avis, qui sont les vrais propriétaires des « moyens de productions » (c’est à dire de nous-même) ?

        • @ AdrianSmith
          L’un n’empêche pas l’autre!

  • regardez le parti communiste , il est toujours là , maintenu en vie
    grâce aux subventions de l’etat et des syndicats .. le ps est mort mais pas les électeurs socialistes.. il deviendra un parti municipal
    c’est juste un changement de Fromage

  • Excellente analyse, malheureusement !
    Qui plus est, le chiffre de 57% de « dépenses publiques » par rapport au PIB est faux. Le vrai taux de prélèvements obligatoires sur les producteurs se situent entre 60 et 80 %, selon leurs situations (cotisations sociales + impôts directs + TVA + droits d’enregistrements + innombrables autres taxes dont TIPP et autres taxes sur l’énergie + impôts sur « le capital »…), sans même parler des impôts non comptés comme tel, comme l’expansion monétaire, les obligations de se conformer à des règlementations coûteuses, le caractère incontournable de monopoles d’État offrant un rapport qualité/prix déplorable, comme la SNCF et autres.
    Rappelons ici que le PIB est un agrégat incalculable sans aucun intérêt pour personne, sauf pour les étatistes. L’INSEE prétend calculer cet agrégat en y incluant la « prétendue valeur de la production des administrations publiques », évaluée tout de même à environ 300 Milliards, soit 13% de l’évaluation du PIB global, plus la part des « associations lucratives sans but », évaluée à 30 Milliards supplémentaires). Donc, même selon les chiffres officiels, les dépenses publiques absorbent au minimum 66,5 % de la production des producteurs privés du pays.

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